Par construction vest impaire, c’est-à-dire que v(−x) = −v(x). Le cercle équatorial γ:S1→S2est
donné par γ(exp(2πiu)) = (cos(2πu),sin(2πu),0), et il est homotope au cercle trivial γ1(u) = (0,0,1) par
l’homotopie γt(exp(2πiu)) = (√1−t2cos(2πu),√1−t2sin(2πu), t),t∈[0,1]. Il en résulte que v◦γt
réalise une homotopie entre l’application v◦γ:S1→S1qui est impaire, et v◦γ1qui est constante, donc
de degré nul. Ceci contredit le résultat de 4)c) qui affirme que le degré de v◦γdoit être impair.
Nota: une conséquence du théorème de Borsuk-Ulam est par exemple qu’il existe toujours deux points
diamètralement opposés à la surface de la Terre où il règne exactement la même pression et la même
température ...
6) (Étude des recouvrements fermés de la sphère) Un fermé A⊂S2est dit non antipodal si Ane contient
pas de paire de points antipodaux x,−x.
a) Montrer que l’on peut recouvrir la sphère S2par 4fermés (Ai)1≤i≤4non antipodaux.
Indication. Considérer un tétraèdre régulier inscrit dans la sphère.
`
A rotation près, on peut choisir comme tétraèdre régulier inscrit dans la sphère S2celui formé par le “pôle
Nord” (0,0,1) et les trois sommets d’un triangle équilatéral situé dans un plan horizontal β∈]−1,0[.
On peut prendre pour ces 3 derniers points
(α, 0, β),(−α/2, α√3/2, β),(−α/2,−α√3/2, β).
L’équibarycentre du pôle Nord et des 3 sommets de la face inférieure doit être (0,0,0), ce qui donne la
condition 1+3β= 0, d’où β=−1/3, et on doit avoir aussi α2+β2= 1 ; le choix α= 2√2/3convient
par exemple. On prend comme fermés (Ai)1≤i≤4les “projections radiales” des faces du tétraèdre sur
la sphère. Ces 4 projections donnent des triangles sphériques 2 à 2 isométriques, celui obtenu pour la
face inférieure (disons A1) est contenu dans le demi-espace z≤β=−1/3(puisque pour ceux-ci on aura
z≥1/3). Ceci implique que A1est non antipodal, et par action du groupe des rotations constituant les
isométries positives du tétraèdre, il en est de même pour les 3 autres faces.
b) On se propose de montrer que l’on ne peut pas recouvrir S2par 3 fermés non antipodaux (ou moins).
Sinon, soit Ai6=∅,1≤i≤n0des fermés non antipodaux recouvrant S2, avec n0= 2 ou n0= 3 (le cas
n0= 1 étant clairement impossible). On pose
g:S2→R2, g(x)=(d(x, A1), d(x, A2)).
Obtenir une contradiction en appliquant le théorème de Borsuk-Ulam.
Pour un fermé A, on sait que x7→ d(x, A)est continue (en fait 1-lipschitzienne), et que d(x, A) = 0 ssi
x∈A, ou encore d(x, A)>0ssi x∈{A. Le théorème de Borsuk-Ulam implique l’existence d’une paire
de points antipodaux x,−xtels que
(d(x, A1), d(x, A2)) = (d(−x, A1), d(−x, A2)).
On doit alors avoir nécessairement
d(x, A1) = d(−x, A1)>0et d(x, A2) = d(−x, A2)>0
car sinon on aurait par négation x, −x∈A1ou x, −x∈A2, ce qui contredirait l’hypothèse que A1et A2
sont non antipodaux. Mais alors on en déduit que xet −xsont dans le complémentaire de A1∪A2, par
conséquent n0= 3 et x, −x∈A3, ce qui est encore une contradiction.
Remarque 1. Le théorème de Borsuk-Ulam se généralise aux applications continues Sn→Rn(on a alors
besoin d’une théorie analogue du degré pour les applications Sn−1→Sn−1). On en déduit de manière
similaire qu’on ne peut recouvrir Snpar strictement moins de n+ 2 fermés non antipodaux, n+ 2 étant
possible.
Remarque 2. Stanislaw Ulam est un mathématicien polonais émigré aux États-Unis, qui a contribué à
la mise au point de la bombe H en collaboration avec le physicien hongrois Edward Teller. Il aurait
probablement mieux fait de continuer à faire de la topologie théorique, plutôt que de la topologie et
de l’analyse numérique probabiliste appliquée aux charges fissiles ! Nous héritons malheureusement
aujourd’hui d’une industrie nucléaire totalement pervertie par les choix militaires issus de la seconde
guerre mondiale et de la guerre froide. Voir la rediffusion de la chaîne Arte
http://future.arte.tv/fr/thorium
pour un documentaire édifiant et passionnant là-dessus, où l’université de Grenoble est d’ailleurs très à
l’honneur (en vue d’une technologie nucléaire alternative, très bonne et même sans doute vitale ...)
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