Remarque 5.Pour prouver qu’une famille est libre, il faut vérifier que le système linéaire homogène
obtenu en écrivant l’égalité
k
X
i=1
λiei= 0 est de Cramer (le système a toujours pour solution la solution
nulle, la famille est libre seulement s’il n’y a pas d’autre solution).
Exemple : Dans R3, la famille ((2,1,0),(1,−1,−1),(0,3,−1)) est libre car le système
2x+y= 0
x−y−z= 0
3y−z= 0
a pour unique solution (0,0,0) : en effet, z= 3y,x=y+z= 4y, donc
2x+y= 5y= 0, et les trois inconnues sont donc nulles.
Exemple 2 : La famille (1, X, X2, . . . , Xn)déjà citée plus haut est également libre dans Rn[X].
Exemple 3 : Dans l’espace vectoriel des fonctions continues de Rdans R, la famille constituée
des quatre fonctions f1:x7→ ex;f2:x7→ e2x;f3:x7→ e3xet f4:x7→ e4xconstitue une
famille libre. Supposons pour le prouver que λ1f1+λ2f2+λ3f3+λ4f4= 0. Si λ46= 0, alors on
aura λ1f1(x) + λ2f2(x) + λ3f3(x) + λ4f4(x)∼
x→+∞λ4e4x, ce qui est incompatible avec le fait que la
fonction est censée être toujours nulle. Une fois que λ4= 0, si on suppose ensuite que λ36= 0, on
aboutira de même à une contradiction, puis on prouvera ensuite λ2= 0 par la même méthode, et on
concluera enfin que les quatre coefficients doivent être nuls.
Définition 9. Une famille de vecteurs est une base d’un espace vectoriel Esi elle est à la fois libre
et génératrice. Autrement dit, tout élément de Epeut s’écrire de façon unique comme combinaison
linéaire d’éléments de la famille.
Définition 10. Soit (e1, . . . , en)une base de Eet x=
n
X
i=1
λiei∈E. Les réels λisont appelés
coordonnées de xdans la base (e1, . . . , en), et les vecteurs λieicomposantes de xdans cette
même base.
2.2 Espace vectoriel engendré par une famille
Proposition 2. Soit (e1, . . . , ek)une famille de vecteurs de E, alors Vect(e1, . . . , ek)est un sous-
espace vectoriel de E. C’est le plus petit sous-espace vectoriel contenant e1,e2, . . ., ek(c’est-à-dire
que, si Fest un sous-espace vectoriel contenant tous les vecteurs de la famille, alors nécessairement
Vect(e1, . . . , ek)⊂F). On l’appelle sous-espace vectoriel engendré par la famille.
Démonstration. Une somme de deux combinaisons linéaires est bien une combinaison linéaire :
k
X
i=1
λiei+
k
X
i=1
µiei=
k
X
i=1
(λi+µi)ei, et de même pour un produit par un réel : ρ
k
X
i=1
λiei=
k
X
i=1
(ρλi)ei,
donc Vect(e1, . . . , ek)est un sous-espace vectoriel de E. De plus, un sous-espace contenant les élé-
ments de la famille contient aussi ses combinaisons linéaires puisqu’un sous-espace est stable par
combinaisons linéaires, donc il contient forcément Vect(e1, . . . , ek).
Exemple : L’ensemble des éléments de R3de la forme (2x+y, 3x−2y, −x),xet yétant deux réels,
est un sous-espace vectoriel. Il s’agit en fait du sous-espace vectoriel engendré par les deux vecteurs
(2,3,−1) et (1,−2,0), puisque (2x+y, 3x−2y, −x) = x(2,3,−1) + y(1,−2,0) s’écrit bien comme
combinaison linéaire de ces deux vecteurs.
Exemple très important : L’ensemble des solutions d’un système linéaire homogène de kéquations
àninconnues est un sous-espace vectoriel de l’espace Rn. On peut d’ailleurs toujours décrire un sous-
espace vectoriel de Rnà l’aide d’un tel système d’équations.
Exemple : L’ensemble Fdes solutions du système 2x−z= 0
x−y+ 3z= 0 est un sous-espace
vectoriel de R3. Si on résout le système, on trouve facilement que F={(x, 7x, 2x)|x∈R}=
{x(1,7,2) |x∈R}= Vect((1,7,2)).
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