
La logique économique qui sous-tend cet objectif prioritaire de stabilité des prix est la
suivante : si stabilité des prix il y a, l’incertitude économique diminue, et les capacités
d’échange des entreprises, des ménages s’améliorent, donc la croissance s’améliore. Il y a
donc une lecture de la politique monétaire de la BCE qui conduit à relier la stabilité des prix
avec la croissance.
La BCE affirme que sa meilleure contribution à la croissance (augmentation du Produit
Intérieur Brut) et à l’emploi est le maintien d’un taux d’inflation stable à un niveau
relativement bas.
Au soutien de cette politique, la BCE fait valoir que les études économiques ont montré
également l’importance de l’indépendance d’une banque centrale dans la mise en œuvre de la
politique monétaire et des objectifs généraux qui lui ont été fixés. Il importe, en effet, selon
elle, que l’action de la Banque centrale présente de la stabilité (de façon à garantir la stabilité
des prix) et qu’elle ne puisse pas être utilisée pour stimuler temporairement l’activité dans un
but politique sans considération aucune pour les effets de ce stimulus sur les prix et l’activité
à plus long terme.
Cette même analyse explique actuellement le refus de la BCE de baisser les taux d’intérêts en
raison notamment de la très grande volatilité des marchés financiers.
Si son président, Jean-Claude Trichet, continue à “aboyer” contre l’inflation, plus personne ne
songe sérieusement qu’il puisse… “mordre”, c’est-à-dire relever ses taux directeurs, comme il
avait pourtant promis de le faire avant la crise des subprimes. Mais combien de temps encore
la crédibilité de la BCE, incapable de choisir entre soutien à la croissance et lutte contre
l’inflation, pourra-t-elle survivre à ce décalage croissant entre ses actes et ses propos ? Son
blocage idéologique risque de la démonétiser aussi sûrement que la Fed ses palinodies. 2
a) L’indépendance de la BCE ne doit pas empêcher le débat sur ses priorités : l’inflation
ou la croissance ?
Il est légitime d’utiliser la politique monétaire pour favoriser la croissance. Certaines études
de l’INSEE tendent à montrer que le taux de croissance augmente de 0,3 point au bout d’un
an à la suite d’une baisse des taux de 1 point. Les taux d’intérêt et donc la politique monétaire
ont donc une importance dans les fluctuations économiques. Il paraît légitime de vouloir
utiliser la politique monétaire pour favoriser une croissance atone.
- Une politique monétaire restrictive implacable appliquée par la BCE au détriment de la
croissance
En 2005, alors qu’aucun signe de retour à une croissance forte n’était en vue, le Président de
la Banque Centrale Européenne (BCE), M. Jean-Claude Trichet, annonçait la fin de « la
politique monétaire accommodante » (en d’autres termes la hausse des taux d’intérêt c’est-à-
dire le loyer de l’argent) a suscité de nombreuses critiques. 3 Le Président de l’Eurogroupe
(réunion des ministres des Finances des pays ayant adopté l’Euro comme monnaie, les douze
pays dits de la zone Euro) M. Jean-Claude Juncker a indiqué par exemple qu’il fallait éviter
de prendre des mesures qui pourraient aller à l’encontre de la croissance économique. Le
débat sur les objectifs de la BCE et la pertinence de son indépendance par rapport aux
gouvernements a ainsi été relancé. 4