ainsi compensés, entre autres, par une diminution de 199 millions d’euros des crédits pour le
programme « Infrastructures et services de transports ». Cette tendance au financement des
dépenses d’intervention par des annulations de crédits d’investissement pose de véritables
questions, de même la suppression de 212 millions de crédits pour l’enseignement supérieur
et de 440 millions d’euros pour les infrastructures de transport, si utiles à notre
développement.
Vous vous accrochez à l’équilibre des comptes publics mais le doute s’est installé chez nos
concitoyens.
Une politique de restriction budgétaire entièrement tournée vers l’offre ne peut aboutir qu’à
un appauvrissement global du pays et à une remise en cause des systèmes de solidarité
progressivement mis en place, en France comme ailleurs, pour tenter de dompter la sauvagerie
du libre-échange et du règne de la concurrence.
S’il est nécessaire de remettre à plat la fiscalité, c’est qu’il est urgent de redonner du sens à
l’impôt, de bâtir un impôt plus juste et plus efficace.
Dans cette perspective, la hausse de la TVA au 1er janvier n’est, quant à elle, ni juste ni
efficace. Elle pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages modestes et moyens et bridera
l’activité économique. Cette hausse n’est là que pour couvrir une partie des 20 milliards
octroyés aux entreprises sans aucune contrepartie, y compris à celles qui saccagent l’emploi.
Nous arrivons avec le crédit d’impôt compétitivité emploi au bout de la logique qui consiste à
accumuler les dépenses fiscales sans se soucier des effets d’aubaine. Nous devons nous
interroger en profondeur sur l’efficacité économique des innombrables niches fiscales, niches
sociales et dispositifs dérogatoires qui bénéficient aux entreprises. Revenir à la subvention
permettrait sans doute de retrouver la maîtrise publique sur les dispositifs d’aide aux
entreprises.
Tout le monde affiche la volonté de sortir les PME-PMI de la difficulté. Mais nous sommes
circonspects sur les nouveaux moyens proposés dans le cadre du présent projet de loi.
Nombre des mesures que vous proposez, qu’il s’agisse de la réforme de l’assurance-vie, de
l’amortissement exceptionnel pour favoriser les investissements des entreprises dans les PME
innovantes, des mesures de soutien des entreprises à l’exportation, ont pour fil rouge de tenter
de remédier au rationnement du crédit bancaire.
Ce rationnement touche aujourd’hui l’ensemble des pays européens, en dépit des
1 000 milliards d’euros de prêts accordés aux banques au taux de 1 %. Ce sont les entreprises
industrielles qui ont, en France, le plus souffert de ce rationnement avec un recul de 2,2 % des
encours entre février 2012 et février 2013 et plus encore s’agissant de l’industrie
manufacturière, qui a enregistré sur la même période un recul de 5,1 %.
Face à cette situation, votre stratégie consiste à encourager les PME et ETI à recourir aux
marchés vers lesquels vous voulez canaliser plus d’épargne en actions. Le risque n’est pas
seulement d’accroître la dépendance des entreprises à l’égard des marchés, voire des assureurs
ou des fonds de placement, mais encore de fragiliser l’épargne de nos concitoyens.
Si nous partageons néanmoins l’objectif d’une meilleure mobilisation de l’épargne en faveur
du tissu productif, il faut au préalable poser l’exigence d’une profonde réforme du
financement de l’économie : le développement du secteur public bancaire, la modification des
règles et des critères du crédit, la réorientation de la politique monétaire de la BCE.
Nous devons aussi davantage valoriser l’épargne réglementée, durement mise à mal dans la
dernière période, et dont l’encours demeure très insuffisant en regard des 1 400 milliards