4 VIVIEN RIPOLL
Actuellement un axe de recherche important consiste `a tenter d’´etendre la th´eorie de
Coxeter aux groupes de r´eflexions complexes. Cependant, un obstacle capital est que pour
beaucoup de ces groupes, il n’existe pas d’ensemble de r´eflexions minimal «naturel»qui
jouerait le rˆole de S. C’est pourquoi on est amen´e `a travailler plutˆot avec l’ensemble de
toutes les r´eflexions de W, que l’on notera ici R. Dans son article [B], Bessis commence
ainsi `a mettre en place une th´eorie «duale»pour les groupes de r´eflexions r´eels, o`u en
particulier on remplace l’ordre 4Spar l’ordre 4Rrelatif `a la R-longueur. Par analogie
avec le cas classique, il construit un autre mono¨ıde de Garside, appel´e dans [B] mono¨ıde
dual, qui n’est pas isomorphe `a B+(W, S) mais dont le groupe des fractions est isomorphe `a
B(W, S). Dans [BW2] Brady et Watt donnent ind´ependamment des r´esultats semblables.
Pour montrer qu’effectivement ce mono¨ıde est de Garside, le point-cl´e est toujours une
propri´et´e de treillis. Cependant, comme (W, 4R) n’est g´en´eralement pas un treillis, on
consid`ere `a la place l’intervalle [1, c] := {w∈W, w4Rc}, o`u cest un ´el´ement de Coxeter
de W. Ainsi, si l’on reprend l’exemple pr´ec´edent de S3, on a R={s, t, u}avec s= (1 2),
t= (2 3) et u= (1 3). Pour l’ordre 4R,S3n’est alors plus un treillis, il faut se restreindre
`a un intervalle [1, c] o`u cest un 3-cycle :
t u
s
1
su =ts =utc =st =tu =us
Fig. 1. L’exemple de S3: ([1, c],4R), o`u c= (1 2 3), est un treillis, mais pas (W, 4R).
La propri´et´e de treillis pour l’intervalle [1, c] a d’abord ´et´e d´emontr´ee au cas par cas,
en utilisant la classification des groupes de r´eflexions irr´eductibles. Le type Ase r´esoud
de fa¸con assez ´el´ementaire, en utilisant un isomorphisme avec les partitions non-crois´ees
du n-gone (cf. [BDM, Br]). Donnons quelques pr´ecisions sur cet isomorphisme, afin de
faire remarquer sa sp´ecificit´e. Consid´erons W=Sn, que l’on plonge canoniquement dans
GLn(R) ; les r´eflexions sont alors les transpositions de Sn, et un ´el´ement de Coxeter est
un n-cycle. De plus, si pour σ∈Snon note P(σ) la partition de {1, . . . , n}donn´ee par sa
d´ecomposition en cycles, et p(σ) le cardinal de P(σ) (i.e. le nombre d’orbites de σ), alors
on voit facilement que `R(σ) = n−p(σ), ce qui permet de mieux comprendre l’ordre 4R.
Pour cun ´el´ement de Coxeter, on montre que σ4Rcsi et seulement si :
(i) pour chaque cycle γde σ, l’ordre cyclique d´efini par γsur Supp(γ) est compatible
avec celui d´efini par c;
(ii) la partition P(σ) est non-crois´ee vis-`a-vis de c.
On comprend ces conditions en repr´esentant g´eom´etriquement la permutation σdans le
n-gone r´egulier, o`u les sommets repr´esentent les points 1, . . . , n ordonn´es selon c. Le point