producteur et exportateur de vin et d'alcool et où on nage en pleine tradition judéo-
chrétienne. En religion le sang du Christ est représenté par le vin et culturellement chaque
événement de notre vie (naissance, baptême, mariage, décès...) se conclue par l'ouverture
d'une bouteille ! Ne pas boire dans un pays comme le notre c'est un véritable handicap
social tellement l'alcool est inscrit dans nos codes sociaux. Les politiques ne sont d'ailleurs
pas clairs à ce sujet, c'est le dernier tabou médical. Quand vous faites une visite chez le
médecin, il vous demande toujours si vous fumez, jamais si vous buvez...
Quelques chiffres
En France, on estime que 20 % de la population adulte est abstinente. Elle ne boit pas ou ne
boit plus.
Chez les 80 % de consommateurs, une grande partie est sans dommage.
6 à 10 millions d'adultes sont des petits consommateurs excessifs. Ils sont dans la
consommation à risque, se mettent en danger mais sans maladie alcoolique ou sociale.
Enfin l'alcoolo-dépendance touche en France 3 à 5 millions d'individus soit 10 % des
buveurs. Le pouvoir addictogène de l'alcool est moins fort que celui de la cigarette (en
comparaison, les 3/4 des fumeurs sont dépendants). Cependant il ne faut pas minimiser les
risques liés à l'alcool et son coût social. En France, il est la première cause de mortalité chez
les 15 / 30 ans (accidents, suicides...). Et c'est la deuxième cause de mortalité globale chez
les 35 / 60 ans (par les maladies cardio-vasculaires, les cancers... qu'il provoque).
Tout l'intérêt stratégique, en matière de santé publique et de communiquer avec les 6 à 10
millions de consommateurs excessifs pour éviter qu'ils ne deviennent dépendants.
Dégâts et seuil de risque
L'OMS a déterminé la consommation au-delà de laquelle l'alcool devient toxique et la
dépendance guette. Pour un homme, la consommation est à risque au-delà de 28 verres par
semaine. Ca fait 4 verres par jour, on y est vite. 30% de la population est très proche de ce
seuil. Passé ce seuil, le buveur s'expose à des dommages quels qu'ils soient (perturbation
du bilan biologique ou hépatique, insomnies, troubles de l'humeur, symptômes
psychologiques ou physiques banaux, hypertension, hémorroïdes...).
Chez les femmes ce seuil est à la moitié, 14 verres par semaine, 2 par jour. Les femmes ont
une susceptibilité plus importante de développer des problèmes, l'alcool leur est plus
toxique. Enceinte c'est encore pire, l'alcoolisation est à éviter absolument pendant la
grossesse.
Un verre, c'est 10 grammes d'alcool pur. Ca équivaut à un demi de bière, un cognac, un
ballon de rouge, une flûte de champagne...
Ces seuils sont théoriques. En réalité, il y a une grande variabilité inter-individuelle. En
fonction du poids, de la tolérance individuelle, des déterminants génétiques de chacun, sa
vulnérabilité toxique change. Certains très gros buveurs, n'ont pas trop de dommages, ils
sont plus résistants. Certains petits buveurs sont malades avec moins.
Il y a dépendants et dépendants
On repère la dépendance à partir du moment ou, tout en ayant conscience de sa
consommation excessive (réflexions de l'entourage, mauvais bilan biologique…) le buveur
est incapable de modifier ses habitudes bio-psycho-comportementales pour ne plus avoir
d'ennuis. C'est la perte de la liberté de s'abstenir.
Souvent on pense que le dépendant est celui qui a des signes physiques de dépendance (ex
: tremblements au réveil). C'est faux. Seulement la moitié des dépendants a une
dépendance physique. L'autre moitié a une dépendance psychologique ou comportementale
à l'alcool. Ce sont des gens pour qui l'alcool est inscrit dans les usages et les habitudes. Le
barman leur fait couler une mousse dès qu'ils entrent, comme à chaque fois. Pour arrêter, il
faudrait qu'ils agissent, changent de cadre, disent non. C'est le poids des habitudes.
Psychologiquement, ils pensent qu'ils sont incapables de parler en public sans un verre...
L'alcool est chez eux une pensée récurrente voire obsessionnelle.
Chez les dépendants physiques, les membranes neuronales ont été rendues perméables