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héroïnomanes car la prise en charge par la
méthadone complique le processus de sevrage.
Il faut savoir avertir le patient désireux de
rompre avec l’alcool du risque de troubles du
comportement alimentaire généré par un déficit
sérotoninergique compensé par une appétence
marquée pour les produits sucrés.
Si le sevrage a un effet bénéfique sur les troubles
de l’humeur, le risque suicidaire est élevé.
L’anxiété disparaît la plupart du temps avec la
poursuite de l’abstinence mais les psychoses
perdurent quand elles ont été associées à l’al-
coolodépendance. Il ne faut pas nier les troubles
de la sexualité que l’arrêt de l’alcool n’améliore
pas toujours. Sans évoquer les troubles soma-
tiques tels que la cirrhose (améliorée), l’hépatite
C, les cancers des voies aérodigestives et de
l’œsophage et le syndrome de Korsakoff, sous-
évalué dans sa prévalence, et qui demandent
des soins appropriés. Si le maintien de l’absti-
nence est un élément incontournable, il ne peut
être considéré comme une fin en soi. Car l’ob-
jectif demeure le mieux-être du sujet dans une
meilleure insertion familiale, professionnelle et
sociale. La prise en charge d’une personne
alcoolodépendante passe par son évaluation par
le médecin mais aussi par le patient lui-même.
Cette pratique addictive est spécifique et son
abord thérapeutique se complique du fait de la
présence d’autres dépendances.
Au mois de mars, la conférence de consensus
(méthode servant à faire la synthèse des connais-
sances médicales) de l’ANAES avait réuni à la
Cité des sciences de la Villette 600 participants
concernés dans l’accompagnement des per-
sonnes alcoolodépendantes. Parmi les conclu-
sions : la validation d’outils d’information, d’éva-
luation de suivi et de prise en charge se révèle
nécessaire ainsi que la mise en place de réseaux
d’intervenants centrés sur le désir du sujet.
A.-L.P.
LIBÉRALE
Alcool
En France, sur environ 5 millions de per-
sonnes ayant des difficultés avec l’alcool,
2 millions sont alcoolodépendantes, et
35 000 décès sont directement imputables à
l’alcool. Le coût social de la consommation d’al-
cool est supérieur à celui de toutes les sub-
stances addictives (tabac, produits illicites). Une
bonne cohésion des réseaux d’addictions s’avère
nécessaire car, par exemple, tabac et alcool sont
des addictions soignées séparément alors qu’elles
sont très liées. La personne alcoolique est un
malade et tout projet d’accompagnement ren-
voie au regard que la société pose sur elle.
Comment soigner
Les associations de lutte contre l’alcoolisme sont
très efficaces et doivent toujours être proposées
aux patients qui ont, un moment donné, exprimé
le désir de s’en sortir. La famille, notamment le
conjoint, joue un rôle important. A leur endroit,
une vigilance particulière doit s’exercer quant
aux éventuelles violences et maltraitances sur les
enfants. La prise en charge psychosociale est
essentielle. Il faut rappeler que la population car-
cérale, avec un taux d’environ 25 %, est des plus
atteintes, de même que les personnes en grande
exclusion. Une hospitalisation à temps plein
dans un service d’addiction est parfois nécessaire,
mais l’hospitalisation partielle permet de soigner
tout en laissant au malade une certaine autono-
mie qui l’engage aussi à se responsabiliser. Il faut
savoir qu’il existe une co-morbidité alcool-tabac.
Il est donc recommandé de proposer un sevrage
tabagique dans les suites immédiates ou à dis-
tance du sevrage éthylique. Car, a contrario, la
prescription systématique de psychotropes,
notamment les benzodiazépines qui ont un fort
potentiel addictif, est déconseillée lors du sevrage
tabagique.
D’après certaines études, l’essentiel des phéno-
mènes de transfert de dépendance concerne les
Professions Santé Infirmier Infirmière - No26 - mai 2001
Pétrie dans des habitudes dites culturelles, la France a
du mal à faire la part des choses dans la lutte contre
l’alcoolisme. Pourtant, davantage que des supposées
épidémies spectaculaires, l’alcool tue de façon directe
et indirecte des milliers de personnes chaque année.
Des objectifs contradictoires
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