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matiquement avec un neuroprotecteur, soit proposer au patient de boire encore quelques
jours, jusqu’à ce qu’on organise correctement le sevrage. Et ça c’est important parce que
là encore, il n’y a pas d’urgence à arrêter de boire, il a une impériosité, il y a la nécessité de
s’arrêter de boire quand on est alcoolo-dépendant.
Mais mettre en place un sevrage ce n’est pas une urgence et ça c’est important. Et tant
mieux j’allais dire, parce que dans cette population de gens qui sont en grande précarité,
en difficulté, parce qu’on n’a pas que ce problème à régler, on a plein d’autres problèmes à
régler. Et la question c’est de savoir dans quel sens on va le régler et comment on va mettre
en place toute une chaîne qui va permettre de re-stabiliser, de mettre quelqu’un hors de
l’alcool et puis debout, indépendant, autonome et réinséré. Et finalement cette question de
l’alcool ça va être dans le puzzle, une pièce, alors est-ce qu’elle est maitresse, est-ce qu’elle
est accessoire, c’est une autre question, mais elle va se trouver là.
Alors quels sont les avantages et inconvénients de permettre l’alcool versus l’interdire, je
suis caricatural mais à dessein. Alors permettre l’alcool. Moi je suis et je continue à être très
choqué, à l’hôpital aujourd’hui on ne consomme plus d’alcool quand on est hospitalisé, il
n’y a pas d’alcool disponible. Alors il peut y en avoir dans certaines cafètes de l’hôpital, mais
en règle général il n’y a pas d’alcool de disponible. Et pendant très longtemps les orthopé-
distes, vous savez c’est les médecins chirurgiens qui s’occupent des gens qui se cassent, qui
changent une hanche mais qui aussi réparent une fracture. Les orthopédistes, ils avaient
l’habitude de donner de l’alcool aux patients qui étaient hospitalisés, pourquoi ? Parce que
sur 70 % des sujets qui arrivent aux urgences pour une fracture ou pour une blessure, arri-
vent avec une alcoolémie supérieure à 0,8. Et ça, de la petite dame chic du XVIème qui a ouvert
ses huitres et qui a fini par se planter le truc, Au SDF etc. Tout confondu, 80 % ont des alcoo-
lémies élevées.
Et parmi ceux-là il y en a pas mal qui sont réellement alcoolo-dépendant et l’idée c’est de
dire : on ne va pas s’emmerder en ayant un syndrome de sevrage et un delirium tremens au
cours de l’hospitalisation, donc on va leur donner de l’alcool directement en intraveineuse.
Alors c’est une pratique qui a longtemps, et quand je vous dis longtemps, dans mon hôpital
je me suis beaucoup battu mais l’année dernière ça existait encore, existait et qui est encore
pratiquée dans certains services. Avec l’idée de dire : je ne veux pas de syndrome de sevrage
parce que ça va compliquer l’opération donc du coup je les alcoolise.
Et pourquoi je suis contre ? Je suis contre parce que en règle général, le lendemain matin on
dit : envoyez l’alcoologue là bas pour essayer d’aider ce patient quelques heures avant qu’il
sorte, pour faire quelque chose. Et comment vous voulez faire pour pouvoir discuter avec
quelqu’un qui est alcoolisé par voie intraveineuse et qui est alcoolisé par quelqu’un qui est
en blouse blanche. C’est-à-dire que l’inconscient de cette personne qui est là, hospitalisée,
il peut se dire à juste titre : l’alcool c’est bon pour moi, la preuve c’est que mon docteur me
l’a prescrit.
Et comment voulez vous, vous arrivez gros Jean comme devant, pour faire un travail en di-
sant : écoutez, peut-être que l’alcool ce serait pas mal que vous le quittiez, alors que vous
avez un collègue qui vient d’en donner. Et que d’autre part, c’est stupide médicalement,
parce qu’on ne sait pas exactement la dose d’alcool qu’il faut donner, parce qu’on a aucune
idée de ce que le sujet a réellement bu. D’autant que très souvent il arrive dans le coma. Donc
vous imaginez, comme c’est facile de savoir ce qu’il a bu ou pas bu. Et d’autre part on a des