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COMPLICATIONS PSYCHIATRIQUES DE L’ABUS D’ALCOOL ET DE
L’ALCOOLISME
I. PELC*
Il est bien documenté que l’abus d’alcool et l’alcoolisme peuvent entraîner une série de
complications en terme de troubles psychiques.
Un certain nombre de ces troubles sont directement liés aux modifications neurobiologiques ;
d’autres traduisent des actions psychologiques du patient, en conséquence de ses difficultés
relationnelles avec son entourage ; d’autres encore, sont à mettre sur le compte de
comorbidités psychiatriques existantes avant l’alcoolisation chronique.
1. Complications liées aux perturbations d’origine biologique
Sur le plan biologique, une consommation périodique et importante de boissons
alcoolisées entraîne de façon systématique, une déplétion en sécrétion de sérotonine, ce
qui explique bien évidemment des troubles de la lignée dépressive. Après sevrage, mais
cela nécessite souvent du temps, on assiste au rétablissement d’un état thymique
satisfaisant. On peut accélérer ce rétablissement par l’administration d’antidépresseurs à
action sérotoninergique.
D’autres troubles neurobiologiques accompagnent l’état de dépendance envers l’alcool.
Parmi ceux-ci, la stimulation du système glutamatergique, en réaction à l’effet de sédation
chronique induit par l’alcool, est bien documenté. Cliniquement, cela se traduit par des
sensations de nervosité, d’irritabilité, d’anxiété, symptômes composant le syndrome de
sevrage et susceptibles d’être calmés par la reprise de boissons alcoolisées. On sait
combien ce mécanisme est doté de capacités renforçatrices de l’envie de boire.
* Chef du Service de Psychiatrie du CHU Brugmann, 4 place Van Gehuchten B-1020 Bruxelles, Directeur du
Laboratoire de Psychologie Médicale, Alcoologie et Toxicomanies de l’Université Libre de Bruxelles (ULB)
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Dans l’alcoolisme chronique, comme dans d’autres états de dépendance à diverses
substances, on sait combien le système dopaminergique est lui, également, mis sous
stimulation. Ceci entraîne sur le plan clinique, une facilitation du passage à l’acte et
explique les troubles du comportement, voire, l’agressivité, parfois paroxystique, chez
l’alcoolique en phase d’état.
2. Complications liées aux difficultés relationnelles
Un « statut d’alcoolique » est difficile à soutenir, au vu des réaménagements de position et
de rôle que ne manquent pas d’élaborer l’entourage du patient. Ceci est bien connu et a
donné lieu à une importante littérature.
Ce qui est plus récent et notre équipe de recherche y a apporté une contribution
importante est représenté par les perturbations fréquentes des fonctions cognitives et de
reconnaissance émotionnelle, contribuant à l’aggravation des difficultés relationnelles.
Dans le premier cas, on a pu établir que, même en l’absence de troubles majeurs des
fonctions cognitives, existent très régulièrement chez l’alcoolique chronique, des ficits
au niveau des fonctions dites « exécutives », celles qui permettent l’intégration et le
traitement de plusieurs types de données et aboutissent, par exemple, à une prise de
décision. Ces déficits font ainsi que, très souvent, le patient alcoolique prend une
« mauvaise décision », source de difficultés relationnelles avec l’entourage.
Dans le deuxième cas, on a pu également établir, qu’en rapport avec la difficulté, pour le
patient alcoolique, de reconnaître la nature des émotions manifestées par les personnes de
son entourage, naissaient, bien évidemment, de nouveaux conflits relationnels.
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3. Complications liées à l’existence de comorbidis psychiatriques
Il est bien connu qu’à côté du processus d’alcoolisation, en conséquence d’une pression
sociale à la consommation, l’abus d’alcool et l’alcoolisme résultent chez d’autres,
principalement, de fait de tentatives répétées de colmater des difficultés, voire, des
pathologies psychiques majeures préexistantes avant l’alcoolisation.
Il en va ainsi, par exemple, pour l’anxiété généralisée, les phobies y compris la phobie
sociale, les divers troubles de l’humeur ou, encore, l’inhibition et l’introversion, qui
trouvent une solution d’apaisement, voire, une dissolution, dans l’alcoolisation chronique.
Il en va de même, parfois, pour des états de pathologie psychiatrique plus lourds, tels ceux
rencontrés chez des patients pré-psychotiques ou plus franchement dissociés. Chez ceux-ci,
parfois fortement inhibés par leur pathologie, le recours à l’alcool leur apporte stimulation,
désinhibition et sensation de mieux-être.
Malheureusement, la mauvaise nouvelle est, qu’après traitement de sevrage, l’alcool
disparaissant, ces troubles de comorbidité réapparaissent de plus belle et doivent être, eux
aussi, traités en complément de l’alcoolisme.
Il y a lieu d’en tenir compte dans les programmes thérapeutiques du patient alcoolique.
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