La Fed doit faire
preuve de leadership
PersPectives économiques
La Réserve fédérale américaine (Fed) a besoin d’un Winston
Churchill. Elle manque de leadership et de cran pour briser le cycle
actuel où le marché lui dicte la voie, et non l’inverse. Elle a aussi
besoin d’un William Shakespeare pour la rédaction de ses
communiqués. L’écart sensible entre les propos de la Fed en
septembre et le durcissement de ton de sa présidente Janet Yellen
au début d’octobre, fait ressortir la difficulté de rédiger une
déclaration équilibrée qui ne suscite pas la frayeur des marchés.
L’incertitude à l’égard des taux d’intérêt coûte cher. L’aversion pour le risque
a provoqué une autre vague de sorties de capitaux des marchés émergents
(environ 1,5 G$ dans la période de quatre jours se terminant le 24 septembre).
Les obligations des pays émergents représentent maintenant moins de
10 % de la pondération totale des obligations mondiales, leur plus faible
part depuis 2010. Et la pondération des actions des pays émergents est
revenue à 12 %, son plus bas niveau depuis la crise de 2008-2009.
« Les obligations des pays émergents représentent
maintenant moins de 10 % de la pondération
totale des obligations mondiales, leur plus
faible part depuis 2010. »
Le marché et la Fed accordent manifestement beaucoup d’importance à ce
qui se passe en Chine. On craint de plus en plus que les fuites de capitaux
des marchés émergents, en particulier de la Chine, donnent lieu à des ventes
massives d’obligations du Trésor américain qui, à leur tour, feront grimper
les taux obligataires. Il s’agit d’un risque réel, mais peu probable.
En outre, on aurait tort d’interpréter la dévaluation récente de la monnaie
chinoise comme une décision de Beijing d’entrer dans la guerre des monnaies.
Le renminbi étant probablement surévalué de 10 % à 15 %, sa dévaluation
vise plutôt à la rendre plus sensible aux forces du marché. Les autorités
chinoises savent très bien que Beijing doit faire preuve de prudence sur le
marché des changes. Une forte dépréciation du renminbi pourrait avoir de
lourdes conséquences pour l’économie mondiale (celle du Japon, en particulier),
ce que la Chine ne souhaite surtout pas à l’approche de la décision du
FMI au sujet de l’inclusion ou non du renminbi dans le panier de monnaies
servant à établir la valeur des droits de tirage spéciaux (DTS). Par ailleurs,
après des années d’excédents du compte courant et de réserves de liquidités
totalisant moins de 1 000 G$ pour le secteur privé, il est peu probable que
la Chine connaisse une fuite de capitaux dans un avenir rapproché. Cela dit,
le rôle des institutions officielles comme importants intervenants sur les
marchés mondiaux diminue visiblement, ce qui laisse peut-être entrevoir une
faible et lente pression haussière sur les titres à long terme à mesure que
l’influence des intervenants sensibles aux taux d’intérêt augmente.
« ...après des années d’excédents du compte
courant et de réserves de liquidités totalisant
moins de 1 000 G$ pour le secteur privé, il est
peu probable que la Chine connaisse une fuite
de capitaux dans un avenir rapproché. »
Au Canada
Au Canada, l’accélération récente de la croissance des emprunts hypothé-
caires n’est pas surprenante. Elle témoigne davantage d’une augmentation de
la taille moyenne des prêts hypothécaires que d’une hausse des achats de
logements. L’activité des emprunts hypothécaires revient à la normale, après
une période au cours de laquelle la SCHL a resserré les règles hypothécaires.
Ce resserrement s’est traduit par une hausse des prêts hypothécaires à
faible ratio (plus de 20 % de la mise de fonds) et, par conséquent, par un
recul des emprunts hypothécaires. La situation se stabilise désormais.
La Banque du Canada a laissé entendre dans un récent communiqué que
les effets de relance des précédentes mesures de politique monétaire
commençaient à se répercuter sur l’économie canadienne. Toutefois, comme
les taux d’intérêt étaient déjà bas avant que la banque centrale ne les abaisse,
il est peu probable que le secteur du crédit aux ménages ait contribué
beaucoup à cette relance. En fait, la croissance du crédit aux ménages ne
s’est pas sensiblement accélérée depuis la réduction de taux du mois de janvier.