Le 31 décembre 2015 LETTRE TRIMESTRIELLE DES MARCHES FINANCIERS La Mondialisation a-t-elle atteint son paroxysme ? Sommes-nous à la fin d’un cycle ? Allons-nous vers un protectionnisme raisonné ? Le libre-échange est-il sur le déclin ? Autant de questions que chacun se pose sur l’évolution de la société, la mondialisation connait des éclipses avec des cycles longs, elle a produit des dégâts après 1913 qui se sont soldés par deux guerres mondiales, elle a aussi créé des richesses lors de ces 30 dernières années, même si l’excès de libéralisme a permis à certains de s’enrichir de manière outrancière grâce à cette économie mondialisée. La politique a-t-elle encore un sens à l’heure de la mondialisation ? La plupart des électeurs attribuent une grande part de leurs difficultés économiques à l’Europe, la croissance étant faible depuis plusieurs années, le désir de frontières devient de plus en plus un « leitmotiv » entrainant la montée des extrémistes et le nationalisme à travers tous les pays. Les pays émergents combinent astucieusement ouverture prudente, protectionnisme efficace et préservation des intérêts stratégiques. Les Etats-Unis se referment ne souhaitant plus signer les grands traités commerciaux, la Russie avec la crise Ukrainienne montre ses ambitions géostratégiques, et en Chine ou au Japon la résurgence du nationalisme ne fait qu’amplifier l’antagonisme entre les deux pays. Sur le plan économique, on constate un mouvement de renationalisation de la finance avec un contrôle des capitaux à la fois dans les pays émergents, aux Etats-Unis (dû au terrorisme) et en Europe (évasion fiscale). Les excédents commerciaux des deux machines à mondialiser que sont la Chine et l’Allemagne vont diminuer, dû au flux d’endettement symétrique envers la Chine qui ne peut plus durer, et au rééquilibrage des comptes publics en Europe du Sud pour l’Allemagne. Il devient moins rentable d’aller en Chine avec le coût du travail qui augmente, les problèmes de transport, de sécurité, de logistique. De plus les Chinois copient les produits, d’où un mouvement de relocalisation qui se fait aux Etats-Unis et qui arrive en Europe. Après la crise bancaire de 1873, qui démarra à Vienne, puis Berlin, Paris et l’Amérique, résultant d’une spéculation immobilière, une grande dépression s’en est suivie pendant une quinzaine d’année. Ces dettes venaient du « boom » technologique extravagant qu’avait causé la chute des frontières après les années 1850 et l’extraordinaire essor du rail qui a transformé complétement l’économie beaucoup plus que la bulle internet ! Après cette crise on a rétablit les frontières, purgé les dettes avec une croissance au point mort comme aujourd’hui…Les pays qui ont rétablit les premiers le protectionnisme, l’Allemagne, l’Autriche et les Etats-Unis s’en sont sortis beaucoup mieux que les autres et la sortie de crise débouchera progressivement sur la « Belle Epoque »…. Méfions-nous du raisonnement que les grands cycles historiques se reproduisent, il faut être bien présomptueux pour savoir à coup sûr ce qui va se passer, surtout pour imaginer des scénarii avec des époques différentes, des sociétés plus mûres, bref des contextes totalement différents. La mondialisation signifierait un état mondial, avec une monnaie unique, une fiscalité unique, une seule langue, bref une Suisse mondiale…Si cela est utopique, ce n’est surtout pas plausible, voyons déjà l’Europe comme c’est compliqué à 28 ! Je pense que peu de monde souhaite vivre dans un état mondial, ou à l’opposé dans une Corée du Nord, la réalité est qu’il s’agit de bien placer le curseur, car cette mondialisation nous a apporté plus qu’elle nous a couté et nous devons trouver un juste milieu entre la protection et la liberté. Notre Village Gaulois est bien sympathique et joyeux, mais nos deux héros n’ont-ils pas voyagé à travers le monde pour apprendre et rapporter beaucoup de choses à leur Village ? N’était-ce pas le début de la Mondialisation !!! « ENTRE OPTIMISME ET VOLATILITE » LE MARCHE L’ATTENDAIT – LA FED L’A FAIT La FED a monté ses taux d’intérêts après 10 ans d’interruption. L’unanimité de son Conseil en faveur de la stratégie annoncée a coupé court aux rumeurs de dissensions internes, et a permis aux différentes bourses mondiales de réagir positivement. La croissance dans le monde sera modeste mais bien présente, les US sont dans une phase plus avancée dans le cycle de reprise que l’Europe et le Japon, qui eux amorcent tout juste une phase d’expansion. La Chine de son côté poursuit des réformes économiques et structurelles qui seront sur un rythme moins soutenu. L’année 2016 ne sera probablement guère plus facile que 2015. Les quatre dernières années ont été marquées par une hausse significative des prix des actions, tirée par la baisse des taux ainsi que le QE aux Etats-Unis puis en Europe. Il est possible que la croissance européenne puisse surprendre à la hausse, sous l’impulsion d’une embellie de la consommation, grâce à l’emploi, mais également aux salaires, mais cela ne sera pas le cas partout, étant donné les disparités qui existent entre les pays. LES ACTIONS : La croissance frémissante aux Etats-Unis ainsi qu’une reprise en Europe devrait être favorable aux actions qui bénéficient d’un environnement monétaire avantageux marqué en Europe par une politique accommodante de la banque centrale. Si la perspective en 2016 d’une remontée des taux aux US se précise, la FED a prévenu qu’elle continuera d’avoir une politique conciliante tant que l’économie américaine ne sera pas revenue à une situation de plein emploi. Néanmoins nous serons sous pondéré sur les actions américaines. Les perspectives des bénéfices sont toujours positives en zone euro, de 8% en 2016 et de 10% en 2017, cela signifierait une progression des actions européennes du même ordre de grandeur. Nous restons toujours en retrait des marchés émergents et chinois avec la perspective de remonté des taux US et de la hausse du dollar. OBLIGATIONS : La BCE a été un énorme soutien pour le marché obligataire européen, et son Président a fait valoir les moyens dont il disposait pour soutenir la reprise en Europe. Nous anticipons une hausse des rendements des principaux emprunts d’Etat sur les échéances courtes aux US, donc un aplatissement de la courbe des taux US. Le marché obligataire britannique nous semble plus à risque sur le secteur long terme (10 ans) surtout avec le « Brexit ». Concernant les obligations d’entreprise, le récent creusement des spreads de crédit offre un portage intéressant surtout avec un marché monétaire si bas, voir négatif. Mais les obligations à haut rendement sont à éviter, car le taux de défaillance est appelé à augmenter, issu notamment des secteurs liés aux matières premières. Les perspectives sur 2016 : 2016 sera ponctuée par de grands rendez-vous politiques et économiques majeurs parmi lesquels l’augmentation des taux par la Fed qui devrait se poursuivre graduellement, les élections présidentielles aux Etats-Unis, la période de transition de la Chine, et la reprise du marché européen. Même si l’année s’annonce positive en termes de perspectives bénéficiaires du côté des entreprises, nous pourrions assister à des crises de confiances ponctuelles, en effet le relèvement des taux US pourrait affecter des secteurs et régions déjà vulnérables, comme les marchés émergents, et la volatilité risque de rester élevée. Les taux d’intérêts vont subir une période inédite avec une politique divergente entre la FED et la BCE. La classe d’actif obligataire devrait avoir un faible rendement, mieux vaut « parier » sur les obligations indexées sur l’inflation ou sur la convergence des spreads en zone euro qui sera favorable aux obligations périphériques (Portugal, Espagne, Italie) ou sur l’aplatissement de la courbe des taux US. Nos préférences : - Les actions européennes Les secteurs actions favoris : les médias, assurance, télécoms, technologies, loisirs, banque et santé. Le Japon dans une moindre mesure (attention à la baisse du Yen). Une exposition au dollar US en cash ou taux variables court terme Le crédit Corporate moyen terme Les secteurs à éviter : - Les marchés émergents, Chine y compris pour l’instant. Le crédit haut rendement (high Yield). Matières premières ainsi que le pétrole. Obligation d’Etat. Les secteurs à sous-pondérés : Les ressources de base, l’alimentation, tabac, biens et services industriels, chimie. Nous sommes à votre disposition pour tous les renseignements que vous souhaiteriez ainsi que des conseils plus personnalisés sur vos différents avoirs. Nous vous souhaitons une très Bonne Année 2016, qu’elle vous apporte le bonheur et la joie ainsi qu’à tous vos proches. Hubert MANSON Fait le 30 décembre 2015