CHAPITRE 1 : LES TAUX DE CHANGE I. Définition + Le taux de change est le prix d’une monnaie exprimé en une autre monnaie. Par exemple : le taux de change de l’euro en dollar est le nombre de dollars que l’on obtient pour un euro : si on dit que le taux de change de l'euro en dollar est de 1,3 cela veut dire qu’il faut payer 1,3 dollars pour acheter un euro. + Le taux de change nominal/réel est un taux de change permet de comparer la valeur d'un bien ou d'un actif dans deux pays différents. L'évolution de cette valeur dépend de la variation des prix, plus ou moins rapide selon les pays. Le taux de change nominal au comptant indique le nombre d'unités d'une monnaie qui doit être échangé pour obtenir une unité d'une autre monnaie. + Le taux de change effectif d'une monnaie est une moyenne des taux bilatéraux de cette monnaie pondérée par le poids relatif de chaque pays étranger dans le commerce extérieur du pays considéré + Le taux de change effectif réel : pour obtenir ce taux, on corrige chaque taux de change par l’écart de hausse des prix entre le pays considéré et ses partenaires, afin de rendre compte de l’évolution de ma compétitivité prix et du change. II. Le marché de changes 1. Fonctionnement de marché des changes Le marché de changes est un marché informel, rapide et efficace où concentre l'ensemble des offres et des demandes de devises. Il n'est donc guère qu'une interconnexion électronique de tables d'arbitrage (endroit où les cambistes travaillent dans une banque) à travers le monde, faisant appel aux providers (télécommunications) et autres agences spécialisées (agence de liquidation des opérations). Le marché des changes est ainsi un endroit virtuel composé par ce réseau d'ordinateurs spécialisés et interconnectés mondialement. L'interconnexion est assurée par Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), société sise à Bruxelles, qui assure la liquidation des opérations de change internationales. La Swift propose ainsi un langage informatique universel, sorte de carrefour entre l'informatique et les télécommunications représentant le canal de tous les paiements. Elle gère les virements de change de ses 6 600 institutions financières adhérentes. Ainsi, toutes les banques qui agissent sur le marché des changes ont un compte auprès de la Swift et lui communiquent leurs opérations, et celle-ci les comptabilise sur leurs comptes respectifs. Les mouvements de capitaux ne sont ainsi que des données informatiques se modifiant automatiquement selon les ordres d'achat et de vente des opérateurs. Les opérations se déroulent quasiment en continu vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cinq jours sur sept. Lorsque le marché, actif de 9h à 17h environ, ferme en Europe, il est déjà ouvert aux États-Unis. Lorsque le marché cesse ses activités en Californie, les opérations débutent à HongKong ou Singapour où elles cessent quand elles débutent à Londres et Zurich. Ainsi certaines banques à New York opèrent avec des équipes de cambistes qui se relayent jour et nuit. 1.1 La salle de marché. C'est le lieu qui regroupe différents services spécialisés permettant aux banques d'intervenir sur les marchés des capitaux internationaux. On peut appeler ce lieu par autres nom: Dealing Room, direction des marchés. Cette salle est elle- même subdivisée en secteurs permettant: - La négociation des opérations, c'est le front office - Le suivi administratif des opérations, c'est le back office. Le front office est le lieu où les combistes sont regroupés par activité, travaillent et concluent des contrats en direct: c'est la partie visible de la salle de marché. C'est bien souvent une des vitrines de la banque. Un front office se doit en effet d'être à la pointe de la technologie, tant en ce qui concerne les communications, que la gestion des flux d'information, ou encore les différents systèmes informatique. On trouve des cambistes de marché eux -même parfois spécialisés par type de marché: comptant, terme, trésorerie, option, swap de taux, FRA... et par type d'échéance: court, moyen et long termes. On trouve également les cambistes clientèle, dont le rôle et de développer la vente de produits et: ou de stratégies auprès de la clientèle de la banque. Le back office est l'endroit où l'on gère l'exécution administrative des ordres (portage, règlement, vérification). C'est également l'endroit où l'étude des risques et le contrôle de gestion sont réalisés. C'est donc le secteur administratif de la salle des marchés. Les paiements peuvent être de type clientèle (en compte) ou de type interbancaire (Swift, Target). On y comptabilité les opérations et, dans bon nombre d'établissements, on y détermine les différentes positions. On distingue généralement trois missions au back office: + Le traitement administratif des opérations de change: leur transfert et l'annonce aux services comptables des mouvements de fonds qui en résultent. + La définition de la limitation des risques encourus par les opérateurs de salle de marché. + La gestion des relations humaines, cette mission comporte deux volets: - La gestion interne à l'établissement et notamment les relations parfois difficiles avec le front office - La gestion des relations externes avec les partenaires de la banque. 1.2 Les deux niveaux du marché des changes interbancaire Les transactions sur le marché des changes s'effectuent à deux niveaux complémentaires + Le marché de gros (wholesale market). Il s'agit d'un marché strictement interbancaire où se trouvent uniquement les très grandes banques internationales traitant entre elles et avec banques centrales directement ou par l'intermédiaire de courtiers. Les banques qui sont actives sur ce marché sont peu nombreuses: de 50 à 80 au grand maximum. Elles remplissent une fonction de dealer ou de market maker. Pour ce faire, elles sont en permanence présentes sur le marché par l'intermédiaire de leurs cambistes et elles sont en mesure d'offrir à tout instant un cours acheteur et un cours vendeur sur un très grand nombre de devises. + Le marché de détail (retail market). Il s'agit des les transactions entre les banques et leurs clients et mus particulièrement les relations entre les banques et les corporates. Au niveau des établissements financiers, ces relations sont assurées par des cambistes clientèle. 2. Organisation de marché des changes 2.1. Les composantes du marché des changes Pour représenter l'ensemble des opérations de change, Il convient de distinguer: + Le marché des changes proprement dit, où les opérations au comptant et à terme et les opérations de trésorerie + Les marchés dérivés qui font intervenir les produits dérivés 2.1.1. Le marché au comptant: Sur le marché au comptant s'effectuent des achats et des vents de devises qui doivent être livrées au plus tard deux jours ouvrables (48 heures) après la date de conclusion de la transaction. Le marché des changes interbancaire est un marché décentralisé. Les transactions entre les participants se font par téléphone ou internet. Il s'agit par conséquent d'un marché de gré à gré (over the counter market), fonctionnant en continu 24 heures sur 24. Les banques et les autres acteurs interviennent par l'intermédiaire d'opérateurs que l'on appelle les cambistes. Sur ce marché, l' USD est la monnaie de référence. Tous les monnaies sont traitées contre l' USD. Les cotations des autres monnaies entre elles s'effectuent en utilisant le dollar US comme devise pivot. Le taux de change au comptant: Le tau de change de la monnaie A par rapport à la monnaie B exprime le nombre d'unités de B qui peut être achetées sur le marché au comptant par une unité A. Les taux de change peuvent être cotés de deux manière différentes: - Dans la première formulation, dite cotation "à l'incertain", le taux de change est le prix d'une unité de devise étrangère en terme de monnaie nationale. A Paris, le 25 février 2007, l'USD valait 1.3 EURO A Hanoi, le 25 février 2007, Yen Japonais valait 143 VND - Dans la seconde formulation, dite cotation "au certain", le taux de change est le prix d'une unité de monnaie nationale en terme de monnaie étrangère. A Hochiminh Ville, le 25 février 2007, le Dong valait 0,0000623908 USD Ces deux formulations traduisent une même réalité. Le 25 février 2007, la cotation à l'incertain du Vietnam dong donnait 1 VND= 0,0000623908 USD et la cotation au certain donnait 1 USD =16.028,00 VND. Les cotations sur le marché au comptant sont faites sous la forme de deux pris: un cous acheteur et un cours vendeur. Le premier est le prix auquel la banque se propose d'acheter les devises, la seconde est celui auquel la banque se propose de vendre les devises. La différence entre le cours acheteur et le cours vendeur représente la marge de la banque. 2.1.2 Marché des changes à terme C'est un marché où les devises s'échangent pour un montant fixé et à un cours déterminé immédiatement, mais pour une livraison à une date ultérieure, fixé au moment de l'engagement. Le taux de change à terme Taux de change de la monnaie A par rapport à la monnaie B exprime le nombre d'unités de B qui peuvent être achetées sur le marché à terme par une unité A. Le taux de change à terme n'est jamais égal, sauf par hasard, au taux de change au comptant. il lui est supérieur ou inférieur. On considère deux devises A et B, - Le cours à terme de A est en prime ou en report par rapport au cours au comptant quand il permet d'acheter d'avantage de monnaie B que le cours au comptant. La prime est égale à la différence entre les deux cours. - Le cours à terme de A est en perte ou en déport quand il permet d'acheter moins d'unités de la monnaie B. - La devise est dite "au pair" quand le taux à terme est égal au taux au comptant. Le taux à terme se définit de manière différente, se lon que la cotation se fait à l'incertain ou au certain. En cas d'une cotation à l'incertain, un écart positif entre le taux à terme et la taux au comptant indique une plus- value de la monnaie à terme. c'est un report. En revanche, on parle d'un déport. 2.2. Les acteurs du marché des changes. Le marché des changes est réservé aux institutions financiers banques, investisseurs institutionnels et institutions financiers non bancaires. Ces acteurs interviennent la manière plus ou moins importante sur le marché des changes. 2.2.1- Les banques commerciales et les banques d'investissement. Les banques sont le plus importants opérateurs sur le marché des changes. Elles prennent en charge les opérations de change pour leur propre compte ou celui de leurs clients. Pour faciliter leurs opérations, les banques ont des dépôts auprès d'institutions financières étrangères qui jouent le rôle de correspondants. Le profit des banques sur le marché des changes a deux origines: la première est commerciale, la seconde est spéculative. Le profit commercial s'explique par la différence entre les cours sur le marché interbancaire: celui auquel la banque achète des devises et celui auquel elle les vend. A cette différence, le cambiste ajoute une marge supplémentaire lorsqu'il négocie avec un client commercial. La réduction du profit commercial explique que les banques sont conduites à prendre des positions spéculatives sur le marché dans l'anticipation d'une variation du taux de change. Les banques se trouvent souvent en position de change. En entreprenant de telles opérations, elles prennent en effet en charge le risque de change dont se débarrassent les exportateurs et les importateurs. Elles jouent le rôle de contrepartie et apportent de la liquidité au marché, ce qui est fort utile lorsque la grande majorité de leurs clients commerciaux sont soit acheteurs, soit vendeurs de devises. Les opérations de spéculation prises par les cambistes sont encadrées par les limites imposées par la direction générale de la banque. 2.2.2 Les courtiers Les courtiers (brokers) sont des intermédiaires non obligatoires sur le marché des changes. Ils centralisent les ordres d'achats et de ventes de devises et fournissent des cours pour lesquels ils font la contrepartie à l'achat et/ ou à la vente. Ils assurent ainsi, en regroupant les ordres de leurs clients, la fluidité et surtout l'anonymat du marché. Certaines instituions financière, de même que quelques opérateurs importants préfèrent parfois ne pas faire connaître à la place leur position dans telle ou telle devise. Il n'en demeure pas moins que les opérateurs de banque expérimentés savent que tel courtier gère plus spécialement les demandes de tel autre intervenant, voire de la banque centrale; l'anonymat ne porte alors plus sur l'entité, mais seulement sur le montant. 2.2.3 Les entreprises Leurs motivations principales sont liées au commerce extérieur et leur stratégie en matière de placements de capitaux à l'étranger, qu'il s'agisse d'investissements directs ou de portefeuille, de prêts, d'emprunts... D'ailleurs, l'activité de change traditionnelle a pour origine la diversité des monnaies de facturation des importations et des exportations de biens et services et celle des devises dans lesquelles sont réalisées les opérations financières internationales. Un contexte de liberté parfaite des mouvements de capitaux renforce l'importance du marché des changes. Il offre alors à certains trésoriers de groupes industriels non seulement la possibilité de couvrir leurs opérations commerciales, mais aussi d'effectuer des opérations d'arbitrage, voire de spéculation. Dans la majorité des cas, les entreprises accèdent au marché des changes par l'intermédiaire des banques ou des courtiers. Cependant, certains grands groupes possèdent leur propre salle de marché, ce qui ne les empêche pas d'entretenir e, même temps des relations régulières avec les intermédiaires financiers, afin d'échanger les opinions et de recueillir des informations et des impressions. 2.2.4 La banque centrale La banque centrale intervient sur le marché des changes dans un double but: - Satisfaire les ordres de sa clientèle (trésor, banques centrales étrangères,...) - Contrôler et/ ou défendre la valeur de sa monnaie. Ce seconde aspect du rôle de la banque centrale diffère selon que le pays participe ou non à un mécanisme de change. On peut ainsi distinguer deux cas extrêmes mettant en évidence que, en l'absence de liens institutionnels entre les devises, les interventions sont exclusivement discrétionnaires: - Les banques centrales des pays membres du SME étaient obligées d'assurer le bon fonctionnement du régime de change qui prévoyait jusqu'à la fin juillet 1993 que les devises devaient fluctuer selon une marge de ±2.25%, centré autour d'un cours pivot (±6% pour la peseta et l'escudo). Elles s'engageaient donc à intervenir dès lors que leur monnaie tendait à diverger. Depuis la crise du SME, les marges de fluctuation sont passées à ±15% - La Réserve fédérale américaine a très longtemps agi comme si elle ignorait le terme même de politique de change. Aujourd'hui, l'évolution d'USD face à l'euro et au JPY devient un sujet de préoccupation des autorités monétaires. L'intervention d'une banque centrale lui permet de contrôler et de superviser le marché. Cette emprise est plus ou moins forte selon l'importance de contrôle des changes. Elle lui permet également d'influencer l'évolution du taux de change, soit pour des raisons de politique économique interne, soit pour faire respecter certains engagements internationaux formels (le traité Bretton Woods) ou informels (les accords du G7). 2.2.5 Les investisseurs institutionnels. Les investisseurs institutionnels sont les plus importants participants non bancaires du marché des changes. Cet ensemble regroupe plusieurs catégories d'opérateurs: - les fonds de pension, les caisses de retraite, - les sociétés d'assurance, les fonds gérés pour le compte de tiers, - les fonds d'investissement - les départements des banques commerciales chargés de la gestion de fortune de leur clientèle privée. 2.2.6 La clientèle privée. La clientèle privée n'intervient pas directement sur le marché des changes. Elle procède à des achats et à des ventes de devises en s'adressant aux banques qui ont une activité de teneur de marché, ou en utilisant les services de courtiers. La clientèle privée regroupe trois catégories d'opérateurs: - Les particuliers, dont l'influence sont marginaux - Les entreprises industrielles et commerciales, souvent dénommées sociétés non financières - Les institutions financières qui n'ont pas une présence permanente sur le marché des changes ou qui ne disposent pas des fonds propres requis pour participer directement à ce marché. Ces opérateurs interviennent sur le marché des changes pour satisfaire des besoins en devises induits par des opérations commerciales (exportations et importations) ou des opérations financières internationales (prêts et emprunts en devises). Ils interviennent également sur le marché des changes pour des motivations de spéculation. III. Les Régime des changes. 1. Le régime des changes fixes Les régimes des changes fixes rattachent la monnaie domestique à une devise étrangère ou à un panier de devises avec une parité fixe. Ce rattachement se fait lorsque la plupart des transactions internationales du pays sont libellées dans cette devise. Dans un tel système, les taux sont maintenus constants ou peuvent fluctuer à l'intérieur d'une fourchette étroite. Lorsqu'une monnaie a tendance à dépasser les limites prévues, les gouvernements interviennent pour la maintenir à l'intérieur de ces limites. Dans un régime de taux de change fixes, les parités, c'est-à-dire le prix d'une monnaie par rapport à une autre, sont établies en termes d'un étalon (or, DTS, autre devise), des marges de fluctuations étant éventuellement précisées. Dès que le cours de change atteint une des limites inférieures ou supérieures, les banques centrales doivent intervenir sur le marché des changes, des mesures de politiques économiques visant à corriger les déséquilibres à l'origine interventions. Si ces de ces tensions peuvent accompagner ces mesures s'avèrent insuffisantes, une modification du système doit être envisagée: modification des cours de référence (cours pivot dans le SME), aménagements techniques, réforme d'ensemble, abandon, élargissement des marges de fluctuation... 1.1 Les avantages des changes fixes. Le système des changes fixes présente les avantages suivants: - Il confère une certaine confiance en la devise du pays, dans la mesure où celle-ci est rattachée une devise déterminée ou à un panier de devises en garantissant par avance un taux de change fixe ou peu volatil. Dans le cas où il existe une marge de fluctuation de part et d'autre d'un cours pivot, le système permettra aux opérateurs de s'engager sans risque dans des contrats commerciaux ou financiers. La réduction de la volatilité des changes réduit l'incertitude et instaure un climat de confiance. - La fin de la spéculation: théoriquement, ce système découragerait la spéculation puisque les gains potentiels seraient, soit inexistants, soit très faibles. - Une meilleure maîtrise des fondamentaux économiques: la volonté de préserver le système impose aux pays les moins vertueux de prendre les mesures visant à une plus grande convergence des principales variables (prix, déficit budgétaire...) avec celles du pays dont la devise sert de référence (implicite ou explicite). - Il oblige les autorités publiques à s'astreindre à une discipline monétaire et à une coordination des politiques conjoncturelles, sans les quelles les parités ne pourraient être maintenues. - Il encourage la coopération internationale du fait que les changements de parité nécessitent l'accord des pays participants. - Il procure un ancrage nominal bien défini qui réduit les anticipations inflationnistes et donc les taux d'intérêt. 1.2 Les inconvénients des changes fixes Les critiques portées à l'encontre du système de fixité des taux de change sont les suivant: - La perte de l'autonomie de la politique monétaire qui ne peut plus être utilisée en tant qu'instrument de pilotage de l'économie par le biais des taux d'intérêt, conformément aux enseignements de Mundell et du triangle d'incompatibilité. -Les politiques de rééquilibrage des balances des paiements s'appuient sur des pratiques nationales inflationnistes ou déflationnistes, affectant la politique de tarification dans ce pays. - Les taux de change peuvent être maintenus à des niveaux incompatibles avec la situation économique et amener l'Etat à une crise financière comparable à celle que les pays asiatiques ont connue en 1997. - La banque centrale doit posséder des réserves de change. Cela constitue un montant de liquidités inutilisables pour le commerce international et sujet à dépréciation (encas de dévaluation) - L'objectif de fixité du taux de change mobilise un instrument de politique économique qui pourrait être utilisé à d'autres fins. En fixant et en figeant le prix des monnaies, on empêche le système d’aller spontanément vers sa position d'équilibre, c'est-à-dire vers l'optimum. L'inadéquation entre les instruments et les objectifs de politique économique est une source de déséquilibres. Les pays à régime de taux change fixe ne disposent souvent plus que d'un seul instrument, les taux d'intérêt, dont on peut douter de l'efficacité pour atteindre simultanément plusieurs objectifs (prix, monnaie, change), ce qui peut s'avérer préjudiciable, selon les conclusions de Robert Mundell, 1962 - Il facilite la spéculation. Plus la spéculation contre une monnaie participant à un régime de change est forte, plus la dévaluation devient probable. Il suscite alors aux opérateurs d'anticiper le bon moment et d'acheter massivement la monnaie forte, pour la revendre un fois que les autorités monétaires auront été contraintes de dévaluer leur monnaie. 2. Le régime des changes flexibles. Le régime des changes flexibles renvoie au marché des changes la détermination de la valeur des monnaies par le jeu de l'offre et de la demande des devises. Une devise s'apprécie quand elle prend de la valeur, et se déprécie quand elle en prend. Dans un régime de flottement pur, les autorités monétaires s'interdisent d'intervenir. Ce modèle, qui n'existe qu'en théorie, correspond à une conception ultralibérale dans lequel l'État ne doit pas troubler le jeu du marché par des opérations d'achat où de vente de devises. En théorie, la banque centrale n'intervient pas, elle lasse fluctuer librement son cours de change. Dans la réalité, les banques centrales interviennent pour éviter des variations trop brutales des cours des monnaies. Le flottement devient alors un flottement impur. 2.1 Les avantages des changes flexibles. Un régime de changes flexibles présente plusieurs avantages: - La banque centrale n'est plus obligée de conserver des stocks d'or et de devises, d'où meilleure allocation des ressources financières. - Le système décourage la spéculation, ou plutôt encourage une spéculation stabilisante - Le système permet de converger vers le cours d'équilibre de long terme - Il garantit l'autonomie de la politique monétaire - Le système provoque le rééquilibrage automatique des balances de paiement, aucun instrument de politique économique n'est mobilisé pour atteindre l'objectif de change - Il permet à la banque centrale d'intervenir en PDR afin d'assurer sauvegarde du système bancaire, dans ce cas de crise de liquidités par exemple. 2.2 Les inconvénients des changes flexibles Les opposants aux changes flexibles soulignent les inconvénients suivants: - L'ampleur croissante prise par les mouvements de capitaux à court terme, dont les délais de réaction sont beaucoup plus rapides que ceux des flux commerciaux, rend inévitables des surajustements (undershooting et overshooting) des taux de change - Ils introduisent un facteur d'incertitude dans les transactions internationales, ce qui est défavorable à l'essor des changes, entrave une allocation efficace des ressources et freine donc la croissance mondiale. - Le système accroît le taux d'inflation moyen des pays concernés - Le système ne fait pas disparaître les réserves de change, car une banque centrale n'acceptera jamais de voir son taux de change totalement hors de son contrôle - La devise du pays peut inspirer moins confiance qu'une devise à taux de changes fixes 3. Classification des régimes de changes Rappelons que depuis 1975, le FMI avait recours à une classification où les régimes de change choisis par les pays étaient regroupés en 3 grandes catégories : - Régime où la monnaie nationale était établie par rapport à une autre monnaie, au DTS ou à un ensemble d’autres monnaies. On trouvait les monnaies dont le taux était établi par rapport au dollar (ex. : Panama), au franc français (tous les pays de la zone CFA), au rouble (par exemple le Belarus) et à une autre monnaie (par exemple la Namibie avec le rand sudafricain). De plus quelques monnaies définissaient leurs monnaies par rapport au DTS (par ex.: la Libye) ou par rapport à un panier monétaire (par ex. : le Bangladesh). - Régime prévoyant une flexibilité limitée par rapport à une seule monnaie ou une groupe de monnaie. On retrouvait tous les pays européens ayant adhéré au mécanisme de change européen. - Régime prévoyant une plus grande flexibilité. Cette catégorie était ellemême divisée en 3 groupes : les régimes de flottement indépendant (ex. : le Canada), les régimes dans lesquels la monnaie est ajustée en fonction d’une groupe d’indicateurs (ex. : la Colombie) et les «autres régimes de flottement dirigé» (par ex. : la Chine). Depuis avril 1999, le FMI utilise une nouvelle classification officielle des régimes de change de ses pays membres pour mieux refléter l’évolution des pratiques en la matière. La nouvelle classification comprend maintenant 8 catégories : (1) Régime sans monnaie propre Soit la seule monnaie légale est la devise d’un autre pays (dollarisation formelle), soit le pays appartient à une union monétaire. (2) Caisse d’émission Le régime de change est basé sur un engagement explicite (de par la loi) à convertir la monnaie domestique contre une devise particulière à un taux fixe. La monnaie domestique émise est totalement couverte par des actifs en devises. Aussi les fonctions habituelles de la banque centrale telles que le contrôle monétaire et le rôle du prêteur en dernier ressort ne sont plus possibles. Ce régime peut offrir une certaine flexibilité selon les règles de fonctionnement de la Caisse. (3) Change fixe La monnaie domestique est rattachée (formellement ou de facto) à une autre monnaie (ou un panier de monnaie) à un taux fixe. Le taux de change fluctue au plus dans une marge de ±1%. Les autorités monétaires interviennent pour maintenir la parité fixe sans s’engager à la fixer irrévocablement. Le taux de change peut être ajusté occasionnellement. Une politique monétaire discrétionnaire et les fonctions traditionnelles de la banque centrale, bien que limitées, sont possibles. (4) Bandes de fluctuations Le taux de change est maintenu dans une marge de fluctuations (supérieure à ±1%) autour d’une parité centrale (formelle ou de facto) fixe. (5) Change glissant Le taux de change est dévalué périodiquement par petites incrémentations soit à un taux fixe soit en réponse aux changements de certaines variables indicatrices comme le différentiel d’inflation passé (ou anticipé) avec les principaux partenaires commerciaux (règle dite de maintien des Parités de Pouvoir d’Achat relatives), le différentiel entre taux officiel et celui du marché parallèle… (6) Bandes glissantes Le taux de change est dans une marge de fluctuations (au moins ±1%) autour d’une parité centrale (formelle ou de facto) glissante. La bande peut être symétrique, fixe ou élargie graduellement ou asymétrique avec un glissement d’une des marges de la bande (dans ce cas il n’y a pas de parité centrale annoncée) comme au Mexique entre 1990 et 1994. Le degré de flexibilité de ce régime dépend de la largeur de la bande. (7) Flottement géré Les autorités monétaires influencent les mouvements du taux de change au moyen d’une intervention active sans spécifier ou annoncer une trajectoire pour le taux de change. La banque centrale ne s’engage pas sur un taux de change cible. (8) Flottement pur Le taux de change est déterminé par le marché. Les éventuelles interventions visent à modérer les variations du taux de change et à empêcher les fluctuations non justifiées par les fondamentaux sans cibler un niveau du taux de change.