De la nécessité D`assurer la stabilité Des changes pour renouer

118 Sociétal n°65
Dans le texte
Delanécessité Dassurer
la stabilité Des changes pour
renouer avec la croissance
Lord Kaldor
Mylords, nous sommes tous reconnaissants àl’égardde
lord Soames qui a eu la bonne idée d’inscrire les pro-
blèmes monétaires à notre ordre du jour.
Depuis la findeBrettonWoods, deux événements majeurs se sont
produits.Lepremier est le ralentissement de la croissance des pays
industrialisés. Ce ralentissement a été si important que certains pays
ontmême connu des cessions. Le second est la néralisationde
l’inflation.Une descausesdeces rupturesest la mise en place d’un
système de changes flottants caractérisé par des fluctuations de très
grande ampleur des cours des principales devises les unes par rapport
aux autres.Cette situationaconsidérablement perturbé le fonction-
nement de nos économies. Ainsi, l’envolée de la livre depuis la fin de
1981 a augmenté le coût du travail britannique par rapport à celui de
nos concurrents de 40 à 50 %. Cette évolution du taux de change de la
livre est largement due à des anticipations sans fondement économique.
Elle est déterminée essentiellement par des mouvements de capitaux à
court terme.
Chacun reconnaît que la situation est insupportableetque les per-
manentesfluctuationsdes taux de change sont un handicap pour la
croissance.Sil’on veut que le monde connaisse une nouvelle période de
croissance,il faut se débarrasser des changes flottants.
L’expérience a montré que le système de Bretton Woods était efficace
en termes d’expansion et de plein-emploi. À l’analyse, on peut consi-
dérer que ce système a dû son succès au fait que,depuis le début des
années1950, il apermis des transferts de capitaux vers les pays les
moins développés qui ontfourni ainsi une demande en biens d’équi-
2. Traduction :Sociétal.
3eme trimestre 2009 119
L’ impasse
pement aux pays les plusdéveloppés. La demande mondiale
entretenue par le flot de dollars venu des États-Unis assurer le décol-
lage économique des pays ruinés par la guerre ou encore en situation
de relative pauvre.Mais ce système a fini par exploser.Ce fut le cas
quand les serves en dollars des pays industrialisés ont atteint de tels
montants que ces pays ontsouhaité s’en défaire;ce qui aconduit le
président Nixon àsuspendre la convertibilité-or du dollar le 15 août
1971. Même si, dès mars 1968, les conditions mises par le gouverne-
ment américain pour accepter la conversion des dollars en or étaient
telles que la non-convertibilité était déjà une alité,le 15 août 1971
marque une authentique cassure. Sa conséquence la plus immédiate est
d’avoir entretenu l’idée que le gouvernement de la principale puissance
économique considérait la lutte contrel’inflationcomme secondaire.
Des mécanismes spéculatifssesontmis en place,conduisant àune
explosion du prix desmatières premières.Personnenepeutnier que
la situation de l’économie mondiale dans l’immédiat après-août 1971 a
été particulièrement décevante.
Aucun économiste sérieux ne peut considérer que cette situation puisse
être durable.Les économistes se divisent néanmoins sur la façon d’en
sortir.Il y a ceux qui militent pour un retour au système de Bretton
Woods ;il y a ceux qui clament le tablissement de l’étalon-or,qui
avait fait ses preuves avant la Première Guerre mondiale ;il y a ceux
qui pensent qu’aucune de ces deux solutions n’est praticable et qu’il faut
reconstruire un système de serves monétaires internationales fondées
surune rencequi ait les mêmesavantagesque l’or mais quisoit
plus abondante ;ilyaceux qui plaident pour un système monétaire
international fondé surune monnaie de papier,sans autre rérence
qu’un accord international visant à mettre en circulation une quantité
de monnaie qui assurelacroissance tout en garantissant la stabilité
des prix. Je pense que cette dernière idée est dépassée,ne serait-ce que
parce que l’expérience a montré qu’aucun pays n’est capable de contrôler
sérieusement la quantité de monnaie créée.Pour moi, il est clair que la
meilleure solution est de recréer un système de changes fixes organisé
autour d’un panier de matières premières.
Pour concevoir un système assurant la croissance tout en évitant l’infla-
tion, il est utile de regarder les préconisations de Keynes au lendemain
120 Sociétal n°65
Dans le texte
de la dernièreguerre. Il avait fait alors deux propositions, àses yeux
inséparables l’une de l’autre. La première était la création d’une cham-
bre internationale de compensation, sorte de banque centrale mondiale,
dont le FMI actuel est une forme très édulcorée.La seconde,qui passa
inaperçue à l’époque mais dont des documents ontcemment confirmé
l’existencetait un fonds de stabilisationducours des matières pre-
mières. Keynes défendaitl’idée de création de stocks gulateursde
matières premières portant sur les principales denrées échangées dans
le monde et servant de gage à l’émission d’une monnaie internationale
qu’il avait appelée le «bancor ». Pour lui, le bancor aurait été une mon-
naie de serve e par la chambre de compensation internationale
et dont la quantitéaurait été déterminée par les stocks de matières
premières mis en serve.Encas de surchauffe, le volume de ces stocks
aurait diminué et la chambre de compensation aurait duit d’autant la
quantité de bancors en circulation, rendant tout emballement de l’in-
flation impossible.
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