POUR ou CONTRE l'euthanasie
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ARGUMENTS POUR et CONTRE L’EUTHANASIE
http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/17/hollande-relance-le-debat-
sur-l-euthanasie_1734817_823448.html
Hollande relance le débat sur l'euthanasie
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 17.07.2012 à 15h31 • Mis à jour le 17.07.2012 à
16h18
Sans prononcer une seule fois le mot, comme pendant sa campagne
électorale, François Hollande a lancé mardi 17 juillet un débat national sur
l'euthanasie, qui a les faveurs d'une majorité des Français. Le président a pris
l'engagement de développer les soins palliatifs et une forme "dans les
prochains mois". M. Hollande a aussi posé la question de dépasser la loi
Leonetti de 2005 qui s'oppose à l'acharnement thérapeutique sans permettre
de déclencher un geste médical pour provoquer la mort.
"Peut-on aller plus loin dans les cas exceptionnels où l'abstention thérapeutique ne
suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible et qui
appelle un acte médical assuau terme d'une décision partagée et réfléchie ?",
s'est-il interrogé dans un discours à l'issue de la visite d'une maison dicale
dédiée à la fin de vie et aux soins palliatifs, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
"Poser cette question, c'est ouvrir une perspective qui elle-même entraîne un débat",
a-t-il affirmé, demandant qu'il soit "noble et digne".
Le président a annoncé qu'il confierait la mission de la concertation sur ce dossier à
Didier Sicard, président d'honneur du comité national consultatif d'éthique. A un
journaliste lui demandant si le mot euthanasie était tabou, le président a simplement
déclaré : "Ce n'est pas le mot que j'ai employé."
OFFRE ENCORE INSUFFISANTE EN FRANCE
L'offre en soins palliatifs demeure insuffisante en France face au vieillissement de la
population et aux progrès médicaux qui rendent chroniques des maladies autrefois
aiguës, selon un récent rapport de l'Observatoire de la fin de vie (voir en PDF). Le
rapport "Fin de vie, un premier état des lieux", publié en février dernier, relève que
"l'augmentation de l'espérance de vie des personnes atteintes d'une maladie grave,
évolutive, dont on sait qu'elles ne guériront pas, est une réalité nouvelle qui rend
indispensable le développement des soins palliatifs selon une conception élargie
qui ne les limite pas à la toute fin de vie".
D'après les chiffres diffusés dans ce rapport, les deux-tiers des personnes qui
décèdent d'une maladie sont susceptibles de passer par une unité de soins palliatifs,
ce qui représentait en 2008 un total de 322 158 personnes. Sur ce total, près de la
moitié sont atteintes d'un cancer.
ASSISTANCE MÉDICALISÉE
Pendant sa campagne, François Hollande n'a pas pris l'engagement de légaliser
l'euthanasie, un mot qui évoque selon lui "une forme de suicide" inacceptable. Il
avait en revanche proposé dans son programme que "toute personne majeure en
phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance
physique ou psychique insupportable (...) puisse demander, dans des conditions
précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie
dans la dignité".
Le thème de l'euthanasie avait été l'un des grands absents du discours de politique
générale de Jean-Marc Ayrault et avait provoqué une certaine déception chez les
défenseurs de ce droit. Le premier ministre avait expliqué début juin lors d'un
entretien à une radio catholique qu'il envisageait de "perfectionner la loi Leonetti"
votée en 2005.
Le dossier de l'euthanasie reste brûlant en France et a été illustré par plusieurs
épisodes judiciaires comme celui en 2011 du médecin urgentiste Nicolas
Bonnemaison, soupçonné d'euthanasie active des patients en fin de vie et mis en
examen. Des sondages pratiqués durant la campagne présidentielle indiquaient
néanmoins qu'une majorité de français soutenaient le droit à l'euthanasie dite
active.
L'UMP OLLIER "FERMEMENT OPPOSÉ" À UNE RÉFORME DE LA LOI
LEONETTI
Le député-maire UMP de Rueil-Malmaison, Patrick Ollier, s'est déclaré mardi
"fermement opposé" à une réforme de la loi Leonetti sur la fin de vie, après
l'annonce par François Hollande. "Ouvrir le débat sur l'euthanasie sans employer le
terme peut paraître habile, mais cela représente un débat qui va fracturer la société
française", estime l'ancien ministre dans un communiqué.
"Malgré la charge émotionnelle, qui en toute humanité peut nous submerger, je suis
fermement opposé à ce que l'on réforme la loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux
droits des malades et à la fin de vie. J'apprécie d'ailleurs que le président de la
République ait reconnu lui-même les progrès que cette loi a permis de faire",
déclare M. Ollier. "Aller plus loin, c'est-à-dire franchir la limite en autorisant un acte
médical assumé pour provoquer la fin de vie, est un débat qui ne semble pas
s'imposer aujourd'hui. La formation des personnels de santé aux soins palliatifs,
l'information et la pédagogie du public me semblent constituer des pistes prioritaires
dans lesquelles l'Etat doit s'engager", poursuit-il.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/faut-il-instaurer-un-droit-a-mourir_1085585.
html
Faut-il instaurer un droit à mourir?
Par Claire Chartier, publié le 23/02/2012 à 16:34, mis à jour à 16:37
La fin de vie s'est invitée dans la campagne, après que François Hollande a dévoilé
son projet d'autoriser l'aide médicale assistée à mourir. Une proposition défendue
par Marisol Touraine, la "Madame Social" du candidat socialiste. Une idée
"dangereuse" pour Jean Leonetti, père de la loi du même nom.
Présentation des membres du débat :
Marisol Touraine
Au moment de l'entretien : La secrétaire nationale à la Santé et à la curité sociale
du PS a été chargée par François Hollande de diriger durant sa campagne le pôle
"Social, santé, handicap, personnes âgées". Aujourd'hui, ministre des affaires
sociales et de la santé
Jean Leonetti
Au moment de l'entretien : Médecin cardiologue, le ministre chargé des Affaires
européennes a été le rapporteur de la loi relative aux droits des malades et à la fin
de vie. Le texte, voté en 2005, a mis fin à l'acharnement thérapeutique et instauré
un droit au "laisser-mourir". Aujourd'hui, il est député UMP des Alpes-Maritimes.
François Hollande propose que "toute personne majeure en phase avancée
ou terminale d'une maladie incurable [...] puisse demander, dans des
conditions précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée
pour terminer sa vie dans la dignité". Mais il dit aussi qu'il n'est "pas
favorable" à "l'euthanasie". On a un peu de mal à comprendre...
Marisol Touraine: Nous ne parlons pas d'"euthanasie" parce que ce mot donne lieu
à des interprétations très différentes. Dans le sens commun, il renvoie à un droit
sans limites, le droit au suicide assisté. Ce n'est pas du tout ce que nous prônons.
Nous proposons l'ouverture d'un nouveau droit, une aide médicale à mourir dans la
dignité, avec un encadrement strict dont les conditions devront être définies dans le
cadre de la préparation d'un projet de loi, lors d'un débat collectif. Tout cela est
cohérent: nous avions déjà déposé il y a trois ans une proposition de loi qui allait
dans ce sens. C'est Nicolas Sarkozy qui se contredit aujourd'hui, en qualifiant notre
proposition de "dangereuse" alors que lui-même, en 2007, disait: "On ne peut pas
rester les bras ballants devant la souffrance de l'un de nos compatriotes qui appelle
à ce que ça se termine." J'ajoute que plus de 90% des Français y sont favorables.
Cela mériterait un débat apaisé.
Jean Leonetti: La proposition de François Hollande est floue alors que la définition
de l'euthanasie est claire: il s'agit de donner la mort à un malade qui le réclame pour
abréger ses souffrances. En phase terminale d'une maladie, la loi actuelle,
lorsqu'elle est appliquée, est suffisante et permet d'accompagner et de soulager le
malade. Le médecin peut et doit utiliser pour cela tous les médicaments
nécessaires, même s'ils peuvent avoir pour effet secondaire de hâter la mort car, en
fin de vie, la qualité prime sur la durée de la vie. Le médecin ne donne pas
délibérément la mort. Changer la loi, c'est dépénaliser l'euthanasie.
M. T.: Quelle hypocrisie! On administre à des personnes en fin de vie des sédatifs
qui, donnés en grande quantité, ont pour effet secondaire de tuer; d'autres patients
meurent en souffrance ou isolés après l'arrêt du traitement, lorsqu'ils ne sont plus
alimentés ni hydratés. La loi qui porte votre nom a marqué une avancée très
significative, et il faut évidemment tout faire pour que les soins palliatifs se
développent. Mais cette loi ne recouvre pas l'ensemble des situations auxquelles
sont confrontés les malades, leurs familles, les médecins. On estime à environ 8000
le nombre de personnes qui ne trouvent pas de réponses avec la législation actuelle.
Parmi elles, certaines sont amenées à souffrir excessivement ou estiment qu'on
leur impose de vivre dans des conditions qu'elles ne jugent plus dignes. 2000
soignants ont reconnu avoir "en conscience aidé médicalement des patients à
mourir". On a besoin d'un cadre légal.
J. L.: Lorsque les soins palliatifs sont correctement mis en place, conformément à la
loi, ces situations que vous décrivez deviennent exceptionnelles. Cela ne
correspond pas à 8000 personnes. Il y a, en revanche, une situation à laquelle la loi
ne répond pas: lorsqu'un malade n'est pas en phase terminale et demande à ce
qu'on l'aide à mettre fin à sa vie parce qu'elle ne lui paraît plus digne d'être vécue:
c'est le suicide assisté. Toutes les affaires médiatiques de ces dernières années
entrent dans cette catégorie. Faut-il changer la loi pour ces cas? Je ne pense pas,
car il est impossible de dire à qui on accorde ce "droit" et à qui on ne l'accorde pas.
Comment refuser la mort à quelqu'un qui se sait atteint de la maladie d'Alzheimer et
qui n'a pas envie de vivre dans ces conditions, et l'autoriser à celui qui est atteint
d'une tumeur cérébrale?
M. T.: Mais parce que, justement, il n'est pas en phase avancée ou terminale! Je
trouve votre exemple scandaleux! Un malade ne va pas arriver à l'hôpital en disant:
"Tuez-moi", comme si on était au supermarché! Nous proposons une aide à mourir,
parce que nous reconnaissons à chacun, homme ou femme, la liberté de choisir
jusqu'au bout la manière dont il veut réaliser sa vie.
Cette aide pourrait survenir en "phase avancée", dites-vous, mais celle-ci est
beaucoup plus difficile à déterminer que la "phase terminale". Qui va décider
si le patient est entré dans cette étape-là?
M. T.: Il appartiendra aux professionnels d'évaluer le stade de la maladie. Le temps
d'évolution des différentes pathologies n'est pas le même!
J. L.: Ce qui est scandaleux, hypocrite et surtout irresponsable, c'est de faire croire
que tout est si simple. C'est dans le terme "avancé" que le problème réside. Cela ne
veut rien dire et tout dire à la fois. Il sera très difficile de dire non à un malade atteint
d'une maladie grave qui réclame la mort, parce qu'il est impossible d'évaluer la
souffrance psychique qu'il ressent; lui seul peut le faire. Selon quels critères vais-je
concéder aux uns le droit à la mort, et pas aux autres?
M. T.: Vous faites semblant de ne pas comprendre. Il faut évidemment que la
maladie soit incurable, et la souffrance insupportable. La personne doit avoir
exprimé son consentement, celui-ci doit avoir été réitéré et vérifié par un collège de
médecins. Avec un contrôle a posteriori. Il est évident que moins il y aurait de gens
à demander l'aide assistée, mieux cela serait.
J. L.: Ce que vous décrivez là et ce que le PS propose, ce sont les lois néerlandaise
et belge qui autorisent l'euthanasie et le suicide assisté sous certaines conditions.
M. T.: Nous ne disons pas qu'il faut changer la loi sur le modèle de la Belgique!
Notre proposition s'enracine dans une certaine conception de la liberté, de la dignité,
et de l'égalité, aussi : de nos jours, des hommes et des femmes partent à l'étranger
pour être soulagés, parce qu'ils ne trouvent pas de réponse à leur demande en
France. D'autres n'ont pas les moyens de le faire.
J. L.: La pratique des mères porteuses est autorisée ailleurs, et ce n'est pas pour
autant qu'on l'a légalisée en France. Nous sommes face à un conflit de valeurs entre,
d'un côté, le respect absolu de la vie humaine et, de l'autre, celui de la liberté de
l'individu. Deux conceptions de la dignité s'affrontent qui sont deux visions
différentes de la société: l'une, collective et solidaire, qui dit: "C'est notre volonté";
l'autre, individualiste, qui dit: "C'est mon choix."
M. T.: Je ne crois pas du tout que notre proposition oppose une valeur à une autre.
Comme s'il fallait choisir entre la liberté et l'égalité! Nous sommes dans l'articulation
entre la liberté individuelle et la société, le collectif, qui fixe des règles. Et
reconnaître l'homme en tant qu'homme, c'est le reconnaître libre jusqu'au bout de
décider de sa vie.
Un Etat qui donne le droit de tuer, n'est-ce pas symboliquement dangereux
pour la société?
M. T.: Nous n'en sommes plus au temps du droit naturel d'Antigone. D'où vient qu'il
faudrait reconnaître comme s'imposant à la liberté individuelle et à la volonté
collective d'une société un principe transcendant?
J. L.: Robert Badinter est favorable à la loi actuelle car il pense que le droit à la vie
est le premier des droits de l'homme et que c'est d'ailleurs le fondement de
l'abolition de la peine de mort. Il a raison. La question est en fait de savoir pourquoi
la loi qui condamne l'acharnement thérapeutique et prône le non-abandon et la
non-souffrance est si peu connue et si mal appliquée.
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