Journal du soldat: 22 aug, 1944
Météo : pluie. Visibilité mauvaise. Le régiment s'est déplacé vers la côte 262, l'intention
étant de rétablir la communication avec les Polonais. Le déplacement devait être
complété en deux étapes, la cote 239 (occupée par les GGFG [Governor General's Foot
Guards]) étant la première. L'escadron no 1 a pris le départ à 0800 sous la pluie battante.
La route, comme toutes celles de la région, était couverte de toutes sortes de véhicules
allemands démolis qui, à certains endroits, bloquaient presque entièrement la
circulation. Des chevaux et des hommes en état de décomposition gisaient à travers les
champs et l'air était empesté par l'odeur fétide de la putréfaction. Cette destruction était
surtout l'œuvre de l'aviation mais les Polonais avaient fait leur part. Dans sa marche sur
la cote 239, l'escadron no 1 a perdu trois chars. En route vers 262, il en a perdu un autre.
C'étaient ceux du lieutenant Hobday, qui a été tué, du sergent Walker et du caporal
Leney, qui a aussi été tué. Cependant, les pertes ennemies furent beaucoup plus lourdes:
2 Panthers et une autre probable, 1 Pz Kw IV, 2 canons automoteurs et probablement de
80 à 100 fantassins tués. Le capitaine B.E. Ghewy a eu un des Panthers, les deux canons
automoteurs et le Mk IV, une excellente performance.
Depuis le départ de 239 jusqu'à l'arrivée à 262, les mitrailleuses co-axiales de l'escadron
no 1 ont tiré presque sans interruption : les résultats ont été désastreux pour l'ennemi.
Tous les Allemands qui se trouvaient dans la région ont été tués ou se sont enfuis et la
jonction a été faite. À la colline 262, le spectacle était le plus affreux que le régiment ait
encore vu. Les Polonais, sans approvisionnement depuis trois jours, avaient plusieurs
centaines de blessés qui n'avaient pas été évacués et environ 700 prisonniers de guerre à
peine surveillés dans un champ. Des véhicules incendiés, tant les nôtres que ceux de
l'ennemi, bloquaient la route. Des cadavres et des membres épars jonchaient partout le
sol. Avant que le dernier escadron arrive, le capitaine Sherwood était sur les lieux avec
son équipe, apportant du ravitaillement pour les Polonais et évacuant les blessés. Il
utilisait des « Priests » pour ce travail et le capitaine MacDonald, l'officier médical, a
mis toutes ses ressources à l'œuvre pour aider à l'évacuation des blessés. Les Polonais
pleuraient de joie à notre arrivée. Après ce qu'ils nous ont dit, je doute qu'ils perdent
jamais le souvenir de cette journée et de l'aide que nous leur avons apportée.”