Comment agir
Faire face, sans arrogance
Il n’est plus possible aujourd’hui d’espérer tirer son épingle du jeu et de partir s’isoler sur une
île ou en tout autre endroit du monde protégé et inaccessible. Le mondialisme est partout avec
sa machine de guerre productiviste : à supposer qu’il reste des endroits du monde à l’abri de
ses tentacules, pour combien de temps sont-ils encore à l’abri ? Mêmes les Tibétains, qui
pourtant n’embêtaient personne sur leurs hautes montagnes enneigées, dérangeaient leurs
voisins agressifs par leur quiétude ! Enfin il faut dire aussi qu’il y a de l’uranium au Tibet !
Si je ne souhaite pas rejoindre le clan des « ultra-libéralistes », si je ne peux pas non plus
échapper aux effets destructeurs qu’il génère autour de lui, il ne me reste qu’à faire face, sans
arrogance, mais en posant des actes en accord avec mes convictions profondes, en accord
avec l’esprit qui m’anime.
De la consommation à la consom’action
Concrètement, il y a moyen, pratiquement quotidiennement, de s’exercer à poser des actes
significatifs sur le plan de l’éthique : en achetant avec discernement, en devenant des
consom’acteurs ! bien sûr, au début ce ne sera pas facile, mais ce livre est justement là pour
vous aider à poser des pas dans cette direction en tenant compte de votre sensibilité
particulière. A vous de trouver votre premier pas, ou votre première marche. Si vous êtes
touchés par les arguments développés dans ce livre, et si vous souhaitez vous aussi vous
positionner, que ce soit pour un plus grand respect de la Terre, ou pour que nos enfants
puissent y respirer et y vivre demain, que ce soit pour le respect des individus ou la mise en
place d’un commerce équitable, si vous êtes vraiment déterminé, vous trouverez à coup sûr
votre propre levier, mieux, il se proposera de lui-même.
L’acte d’achat : une façon de voter
Nous sommes tous des consommateurs. Nous sommes des millions. A travers nos achats nous
modelons le monde dans lequel nous vivons. En essayant d’acheter en conscience, nous
développons notre esprit critique. Mieux je serais informé sur l’origine des produits que
j’achète, sur la façon dont ils ont été fabriqués, sur qui j’enrichis en achetant ces produits,
mieux je pourrais choisir le produit qui est en accord avec mon éthique. Acheter
consciemment est une façon très concrète pour chacun d’investir dans un futur viable.
On ne peut se contenter en tant que consommateur de rechercher systématiquement les
produits les moins chers, en pensant que de toute façon « c’est toujours trop cher pour ce que
c’est ». Je suis étonné de constater que beaucoup de gens vont faire des kilomètres (donc
dépenser plus d’argent) pour « gagner » quelques centimes sur l’achat d’un produit. Ils ne
perçoivent probablement pas que quand il s’agit d’acheter une voiture, ils ne sont plus à 1000
€ près. Ce paradoxe flagrant du comportement ne serait-il pas suggéré et soigneusement
entretenu par un rabâchage constant des médias ? Peut-être y a-t-il besoin de prendre du recul,
de relativiser ? Lorsque j’achète un produit, en ai-je vraiment besoin ? quelle est la part du
choix personnel, quelle est la part du suscité, du suggéré par la publicité ?
Face à ces propos, que certains consommateurs trouveront « rabat-joie », il est aussi juste de
dire qu’il y a une véritable joie à acheter le produit dont j’ai vraiment besoin, au moment où
j’en ai besoin, auprès de quelqu’un qui a mis tout son cœur à le réaliser ou à le faire naître ou
grandir.
(p.26-27)