CHAPITRE I
ESPACES MESURABLES
Le but de ce chapitre est d’introduire la notion d’espace mesurable et d’en donner quelques
exemples. Nous d´efinirons les applications mesurables qui sont des objets fondamentaux
: elles sont aux espaces mesurables ce que sont les applications continues aux espaces
m´etriques. Nous d´ecrirons leurs propri´et´es plus particuli`erement dans le cas o`u elles pren-
nent des valeurs r´eelles.
1. Alg`ebres de Boole
Pour avoir une id´ee de la notion de mesure, nous allons regarder de mani`ere assez vague
(mais intuitive) un exemple concret. Consid´erons l’ensemble des r´eels Ω = Ret essayons
de voir `a quel type de partie Ade Ω on pourrait associer un nombre r´eel µ(A) qui serait
cens´e repr´esenter une mesure de A. Nous allons commencer par les parties les plus simples,
c’est-`a-dire les intervalles (ouverts, ferm´es ...). Convenons, pour simplifier le langage, de
dire qu’une partie Aest mesurable si on peut lui associer une “mesure”. Cette appellation
reste pour le moment assez vague car le fait qu’un ensemble soit mesurable ou non d´epend
de la mani`ere dont on veut le mesurer.
Si A=|a, b|est un intervalle born´e (ouvert, semi-ouvert ou ferm´e) on pose, par
d´efinition :
(I.1) µ(A) = b−a.
Autrement dit, la longueur de Apeut ˆetre prise comme mesure de A. Si Aest non born´e,
on prend µ(A) = +∞. Il d´ecoule de (I.1) que la mesure d’un point A={a}= [a, a] et
celle de l’ensemble vide ∅= ]a, a[ sont nulles.
i) Soient A=|a, b|et B=|c, d|deux intervalles. Alors il est clair que la mesure de
A∪Bn’est pas toujours ´egale `a la somme des mesures respectives de Aet Bmais :
(I.2) µ(A∪B) = µ(A) + µ(B)−µ(A∩B)
qui implique en particulier que si A∩B=∅, alors µ(A∪B) = µ(A) + µ(B) et il est
raisonnable d’exiger d’une “mesure” de v´erifier une telle propri´et´e. On peut donc mesurer
les r´eunions finies d’intervalles.
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