BIOTRAITEMENTS :
LES NOUVEAUX ET LES MOINS NOUVEAUX
Jérome Viala
Hôpital Robert Debré - Paris
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), maladie de Crohn
(MC) et rectocolite hémorragique (RCH), sont des pathologies incurables dont
l’approche thérapeutique repose sur la modification des régulations immunitaires.
Les derniers progrès thérapeutiques utilisent des biothérapies qui ciblent le réseau
cytokinique immunitaire. Certains produits ont fait la preuve de leur efficacité et
d’autres sont encore à l’étude.
L’infliximab (Rémicade®) est le premier a avoir été testé. Il est composé d’une
immunoglobuline anti-TNF-α partiellement humanisée. Le mécanisme d’action reste
discuté mais semble plus reposé sur l’induction d’une apoptose lymphocytaire que
sur la chélation du TNF-α lui-même. L’infliximab s’est révélé efficace aussi bien pour
induire que pour maintenir une rémission. Utilisé par voie intraveineuse, il permet
d’induire une réponse chez environ 60% des patients traités et une rémission dans
un tiers des cas de maladie de Crohn ou de RCH. L’infliximab entretien également la
rémission de façon prolongée au cours des MICI, diminuant ainsi les besoins en
corticoïdes. Les injections systématiques sont plus efficaces que les retraitements
adaptés aux symptômes. L’infliximab est également efficace pour induire et maintenir
la guérison des fistules anopérinéales de la MC.
L’adalimumab (Humira®) est une immunoglobuline humaine dirigée contre le
TNF-α et entièrement humanisée. Elle a fait la preuve de son efficacité dans
l’induction comme dans l’entretien de la rémission des MC. Le certolizumab pergol
(Cimzia®) est un fragment Fab d’un anticorps anti-TNF-α totalement humanisé et lié
à une molécule de polyéthylène glycol. Il est actif au cours de la maladie de Crohn.
Les effets secondaires de ces anti-TNF-α sont de 4 ordres. Les réactions
allergiques systémiques sont plus marquées avec la molécule non humanisée
(infliximab). Elle peuvent engendrée un véritable choc. Les infections sévères, et plus
particulièrement la tuberculose, sont à craindre avec l’ensemble de ces traitements.
Les réactions dysimmunitaires, lupus induit ou anticorps dirigés contre la molécule
thérapeutique ont été rapportés. Enfin, les risques de cancers, et plus
particulièrement de lymphomes, sont encore mal évalués mais plaident en défaveur
de l’association aux immunodépresseurs.
Les biothérapies sont donc des alternatives efficaces contre les MICI
résistantes aux traitements conventionnels, mais leurs indications et leurs effets
secondaires restent encore à déterminer. Leur utilisation se doit d’être rigoureuse et
bien surveillée.
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