ATELIERS
171
POST’U(2016)
La désescalade thérapeutique
dans lesMICI
;David Laharie1,Patrick Faure2
(u)1.Service d’Hépato-gastroentérologie, Hôpital Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux,33600 Pessac
2. Clinique Pasteur,1,avenue Sans, 31300 Toulouse
Objectifspédagogiques
–Pourquoi alléger le traitementdes
MICI ?
–Quandetcommentréduire la dose
des médicaments ?
–Quand et commentinterrompre un
traitementencas de combothéra-
pie ?
–Peut-on interrompre tous lestraite-
ments ?
Desavancéesthérapeutiquesmajeures
onobtenuesau coursdesdernières
années dans le domaine des maladies
inflammatoires chroniques de l’intes-
tin(MICI).Latendanceactuelleestcelle
d’une utilisation fréquente, précoce,
prolongéeetsouvent combinée des
traitementsimmunomodulateurs,que
cesoientlesbiothérapies,tellesqueles
anticorps anti-TNFetanti-intégrines,
ou lesimmunosuppresseurs (IS) clas-
siques[1].Sile bénéficeclinique d’une
telleapprocheestréel,celle-cin’estpas
sans poser de questions de torance,
enparticulierentermesd’infectionou
de cancer,mais aussi de coûts pour la
société.Demêmelespatientsenrémis-
sion sous biothérapie doivent-ils
conservercetraitementindéfiniment?
Dansle quotidien,l’arrêtdesbiothéra-
pies s’impose parfois égalementpour
des raisons de grossesses, sociales, de
déménagementoudechoixpersonnel
parlepatient.Enconséquence,laques-
tion de la désescaladethérapeutique
est désormais une préoccupation par-
tagée par lesprescripteurs et les
patients.
Avanttout,ilestimportantdepciser
que lesdonnées de la littérature sus-
ceptibles de guider le gastroentéro-
logue envued’unedésescalade théra-
peutiquedemeurentlimitéesetd’un
niveaudepreuve modeste[2].Ensuite,
deuxoptionssontthéoriquementpos-
sibles pour alléger le traitement:en
réduire la dose ou l’interrompre. Pour
cequiestdelaréductiondedose,celle-
ci doitre rapide avec lescorticoïdes.
Ellen’estpas recommandéeavec lesIS
classiquesetpourraitrepossibleavec
lesanti-TNFchez unmalade enrémis-
sionetdontlestauxrésiduelsdemédi-
camentsonles[3].
La question de l’arrêt d’un traitement
estplusdifficileencore.Elledoitavant
touttenircomptedu nombred’immu-
nomodulateurs associés.En cas de tri-
thérapie (corticoïdes +IS+biothéra-
pie), lescorticoïdessonsuspendre
dès que possibleenraison du risque
élevéd’infectionopportuniste.Pource
quiestdesmaladesrecevantunecom-
bothérapie associantunISàune bio-
thérapie, l’interruption d’un traite-
mentnesediscutequesilamaladeest
en rémission.Plusieurs étudessug-
gèrentqu’au-delà de la seule dispari-
tion de tous lessymptômes, c’est l’ob-
tention d’une rémission profonde, à
savoir biologiquesur la foi destauxde
C-réactive protéine et aussi de calpro-
tectinefécale,endoscopique voire his-
tologique –dans la rectocolite hémor-
ragique uniquement–qui est le gage
d’une rémission très prolongée et per-
metted’envisagerl’arrêtd’undesdeux
traitements [4,5]. Toutes lesoptions
sontdans ce cas théoriquementpos-
sibles :arrêt de l’IS,arrêt de la biothé-
rapieoubien poursuite de la combo-
thérapie. Desessaiscliniques
comparantces troispossibilités ont
débuté. En outre,lesdosages pharma-
cologiquesdesmédicamentssemblent
icitrès instructifs pour guider le choix
du traitementàinterrompre [6,7]. Le
derniercasdefigureest celuidel’arrêt
detouslesimmunomodulateurs,cequi
constitue l’objectif thérapeutique
suprême pour lespatients atteints de
MICI. Plus qu’une interruption défini-
tive de tous lestraitements qui paraît
utopique, c’est le concept émergeant
decyclesthérapeutiques,alternantdes
phasesdetraitementsetdepauses,qui
estmaintenanvaluédansdesétudes
de cohorte.Ces périodes de cycles thé-
rapeutiques sondifférencier des
stratégiespremières de traitements
épisodiques par lesanti-TNF.
En pratique clinique, deux questions
doiventre anticipées pouraider le
médecin et le patientdans la prise de
décision. Quel estlerisque de la
rechute, en termes d’incidence mais
aussi d’enjeu –ainsi, la rechuted’une
maladie de Crohn iléalelimitée sera
172
moinsàcraindrequecelled’unemala-
die ano-périnéaledélabrante ?Quelle
sera l’efficacitédelareprise du traite-
ment qui té interrompu ?Sila
reprise d’une thiopurine est habituel-
lementefficace et bien torée [8], un
retraitementàdistance par l’inflixi-
mabexpose àunrisque allergique
significatif [9,10]. Il n’existe aucune
donnéepubliéeconcernantleretraite-
mentpar l’adalimumab. Néanmoins
l’arrivée de nouvelles biothérapies
dans lesMICIlaisse entrevoir davan-
tagedepossibilitésderetraitementen
casdephénomèneallergiqueoud’effi-
cacitémoindredesbiothérapiesprécé-
demmentutilisées.
La question de la désescalade théra-
peutiquedans lesMICI est devenue
trèsfréquentepourlesgastroentérolo-
gues.Afindeguiderle choixéclairé du
praticien pris avec son patientsur la
based’argumentsscientifiquesetnon
empiriques, ou pires financiers qui
nousseraientimposés,lesdonnéesdes
études en cours seronttrès attendues.
Enl’absencedestratégiesbiendéfinies
actuellement,uneapprocheau caspar
casevaluantleprofil évolutif du
patientetlerapportbénéfice/risque
reste de mise.
rences
1. DulaiPS, Siegel CA,Colombel JF, et al.
Systematic review: Monotherapy with anti-
tumour necrosis factor aagentsversus
combinationtherapy with an immunosup-
pressivefor IBD.Gut 2014;63:184353.
2. ParienteB,Laharie D. Reviewarticle: why,
when and howtode-escalate therapyin
inflammatorybowel diseases. Aliment
Pharmacol Ther 2014;40:33853.
3. Vande Casteele N, FerranteM,VanAssche
G, et al. Trough concentrations of infliximab
guidedosingfor patientswith inflammatory
boweldisease. Gastroenterology
2015;148:13209.
4. Louis E, MaryJY, Vernier-Massouille G, et al.
Maintenanceofremissionamongpatients
with Crohn’s disease on antimetabolitether-
apyafter infliximab therapyisstopped.
Gastroenterology 2012;142:6370.
5. Peyrin-Biroulet L, BressenotA,KampmanW.
Histologic remission: the ultimatetherapeu-
ticgoal in ulcerativecolitis?Clin Gastroenterol
Hepatol 2014;12:92934.
6. Drobne D, BossuytP,BreynaertC,et al.
Withdrawal of immunomodulatorsafter co-
treatment does not reduce trough levelof
infliximab in patientswith Crohn’s disease.
Clin Gastroenterol Hepatol 2015;13:51421.
7. Ben-Horin S, Chowers Y, Ungar B, et al.
Undetectable anti-TNF drug levels in patients
with long-termremission predictsuccessful
drug withdrawal. AlimentPharmacolTher
2015;42:35664.
8. Treton X, Bouhnik Y, MaryJY,et al.
Azathioprine withdrawal in patientswith
Crohn’sdisease maintained on prolonged
remission: ahigh risk of relapse. Clin
Gastroenterol Hepatol 2009;7:805.
9. Laharie D, Chanteloup E, Chabrun E, et al.
The tolerance and efficacy of apostponed
retreatment with infliximab in Crohn’s dis-
ease primaryresponders. Aliment Pharmacol
Ther 200915;29:12408.
10.Baert F, Drobne D, Gils A, et al. Early trough
levels and antibodies to infliximab predict
safetyand success of reinitiationofinflix-
imab therapy. Clin Gastroenterol Hepatol
2014;12:147481.
5
5
Les Cinq points forts
En cas d’association avec d’autres immunomodulateurs, la
corticothérapie doitre interrompue rapidementetcomplètement.
Avantd’envisager la désescalade d’un traitementdefond, il faut tenir
comptedesrisquesderechuteetdeceuxliésàlareprised’untraitement
par biothérapie.
Chez un malade en combothérapie (immunosuppresseur +anti-TNF),
la désescalade n’est envisageablequ’en cas de rémission clinique et
endoscopique.
Chez un malade en combothérapie, lesdosages pharmacologiques
semblentutiles avantdesuspendre un traitement.
Les traitements de fond des MICI ayant un effet suspensif, l’arrêt de
toutmédicamentexpose lesmalades àune rechuteetimpose une
surveillance clinique et biologique rapprochée.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !