CURRICULUM Forum Med Suisse No22 28 mai 2003 518
Traitement au laser
Les rayons laser sont principalement utilisés
pour la coagulation de tissu tumoral endobron-
chique. L’énergie lumineuse du faisceau très
concentré se transforme en énergie thermique
dans le tissu. Le tissu nécrosé et ratatiné peut
être évacué ensuite sans danger avec le bron-
choscope rigide ou à la pince. Les avantages
pratiques du traitement au laser sont l’effet
immédiat, la relative grande profondeur de
l’action (environ 5 mm) et l’application sans
contact instrumental, ce qui est important pour
les lésions tumorales qui souvent saignent
facilement. Les complications de l’ablation
tumorale assistée par laser sont relativement
rares entre les mains d’un personnel expéri-
menté. En effet, sur 5049 bronchoscopies
thérapeutiques pour sténose maligne, on n’a
enregistré que 2% de complications peropéra-
toires, dont 0,3% furent létales [1].
Electrocoagulation et plasmacoagulation
à l’argon
La coagulation de tissu tumoral peut aussi se
faire par électrocoagulation ou plasmacoagula-
tion à l’argon. Pour cette dernière, on applique
le courant à haute fréquence non par contact
instrumental direct, mais à travers un support
constitué par un faisceau de gaz argon ionisé.
En comparaison au laser, la profondeur d’ac-
tion est cependant plus faible (2–3 mm), de
sorte que cette technique se prête essentielle-
ment à l’hémostase et n’est utilisée que pour les
petites bronches; elle est moins bonne pour
l’ablation de masses tumorales plus impor-
tantes.
Stent
Les indications à la pose d’un stent sont la sta-
bilisation d’une compression des voies respira-
toires par une tumeur, éventuellement aussi
la stabilisation des sténoses cicatricielles ou
chondromalaciques, ainsi que la couverture
de fistules. L’usage de stent tubulaire de silicone
selon Dumon est le plus répandu, car il est peu
coûteux et peut être retiré quand on veut [2].
Entre-temps, divers stent métalliques [3, 4]
avec ou sans strate plastifiée et de nouveau
stents de plastique [5] sont apparus sur le
marché; grâce à leur architecture en forme de
grillage ou construction en mailles de filet, ils
s’adaptent mieux aux contraintes anatomiques.
En général, la tolérance est étonnamment
bonne, bien qu’une légère rétention de sécré-
tions ne soit pas toujours évitable. Les compli-
cations sont l’encombrement du stent par des
sécrétions, la formation de tissu de granulation
ou la croissance de tissu tumoral aux extré-
mités, et rarement aussi la migration ou la rup-
ture de la structure grillagée du stent [6]. Pour
éviter l’obstruction par des sécrétions, les in-
halations par nébuliseur électrique à intervalles
réguliers sont indispensables.
Brachythérapie endobronchique
Par brachythérapie endobronchique, on en-
tend une irradiation endoluminale sur de très
courtes distances de quelques millimètres. On
fait passer une petite source de rayonnement –
aujourd’hui le plus souvent de l’iridium 192
extrait à distance d’un conteneur de protection
– à travers un fin cathéter mis en place et amené
sur la lésion par bronchoscopie. Les sources de
rayonnement utilisées aujourd’hui permettent
un traitement de courte durée et donc ambula-
toire. Les désavantages de cette méthode sont:
la nécessaire fragmentation du traitement en
3 séances avec des intervalles d’une semaine
entre chaque séance pour des raisons de radio-
biologie (3 5 Gy sur une distance de 1 cm),
le délai d’action tardif (au plus tôt après 1–2
semaines) et les complications tardives telles
qu’hémorragies ou formation de fistules.
Indications de la bronchoscopie
interventionnelle
L’indication la plus fréquente est une sténose
maligne des voies respiratoires centrales, le
plus souvent consécutive à un carcinome bron-
chique. Dans les pays industrialisés, ce cancer
est, par ordre de fréquence, la deuxième
tumeur maligne dans les deux sexes et seuls
une minorité des malades peuvent être guéris
par un traitement chirurgical ou multimodal.
Chez environ 30% des patients, on trouve déjà
lors de l’établissement du diagnostic une sté-
nose des voies respiratoires centrales et envi-
Tableau 2. Indications et contre-indications de la bronchoscopie
interventionnelle.
Indications
Affections malignes
sténoses malignes
fistules œso-trachéo-bronchiques
hémostase locale
précancéroses
carcinomes invasifs a minima
Lésions bénignes
sténoses cicatricielles
trachéo-bronchomalacie
tumeurs endoluminales bénignes
ablation de corps étranger
Contre-indications
Pronostic de mauvaise qualité de vie même après suppression de la sténose,
espérance de vie <1 mois.