N° 560 Mars 2016 REVUE MENSUELLE (10 numéros) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81 Abonnement : Le numéro ...................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) ............................... 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 Christine Jorez, 01 40 43 61 27 Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : mars 2016 Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit. SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité » .............................................. 3 SYSTÈME DE SOINS Avantages et limites de la téléconsultation (Catherine Chausseray) Brèves ........................... 5 .......................................................................................................................................................................................... 8 MÉDECINE Fibromyalgie : un mal intense et invisible (Aliisa Waltari) ..................................................... 11 PRÉVENTION Générations Cobayes : la jeunesse engagée contre les maladies environnementales (Delphine Delarue) .................................................................................................. 14 FORME Les régimes « tendance » en question (Isabelle Coston) ..................................................... 16 SANTÉ Brèves ....................................................................................................................................................................................... 19 VIE PRATIQUE Protéger ses données personnelles sur les réseaux sociaux (Léa Vandeputte) .......................................................................................................................................................... Voyager avec son enfant (Benoît Saint-Sever) ............................................................................... 21 24 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale. Mars 2016 – N° 560 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “France Mutualité” ». Titre Rubrique Numéro 559 – Février 2016 Cinq bonnes raisons de fréquenter les réseaux de soins Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Lyme : une maladie parfois grave et pourtant négligée Médecine Bien choisir ses produits cosmétiques Prévention Vaincre la peur de l’avion Forme Brèves et filets (5) Santé Le viager, comment ça marche ? Vie pratique Socio-esthéticienne : bien loin des salons Vie pratique Numéro 558 – Janvier 2016 La Sécurité sociale et la branche maladie en questions Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Acné : les nouvelles recommandations de la HAS Médecine Parkinson : mieux vivre avec la maladie Médecine grâce aux thérapies complémentaires Cancer : les gestes indispensables Prévention Bien dormir pour être en forme Forme Brèves et filets (5) Santé Vrai-Faux : connaissez-vous les droits et les devoirs Vie pratique / du piéton ? Droits Numéro 557 – Décembre 2015 Complémentaire santé des retraités : Système de soins le gouvernement fait un pas vers les mutuelles Brèves et filets (5) Système de soins « Mon traitement me fait grossir », comment réagir ? Médecine Le don du sang en questions Médecine Cannabis : une drogue pas si douce Prévention 50 ans : le bon âge pour faire un bilan de santé Prévention Brèves et filets (5) Santé Produits ménagers faits maison : on s’y met ! Vie pratique / Environnement Numéro 556 – Novembre 2015 Des entretiens pharmaceutiques pour les patients Système de soins sous anticoagulant Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes Système de soins Nombre de signes 5 600 4 648 6 433 6 507 4 451 2 120 3 938 5 187 8 988 5 186 5 773 7 539 6 197 4 829 5 055 3 179 4 241 5 755 5 696 8 320 6 893 6 728 5 029 5 388 6 740 5 322 Mars 2016 – N° 560 – 3 Numéro 556 – Novembre 2015 Brèves et filets (5) Système de soins Syndrome du choc toxique : Médecine les tampons hygiéniques sont-ils dangereux ? Des mains propres pour un hiver en bonne santé Prévention Iatrogénie : quand les médicaments font plus de mal Prévention que de bien Brèves et filets (5) Santé Poursuivre sa scolarité à l’hôpital Vie pratique / Education Numéro 555 – Octobre 2015 Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous Système de soins L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA Système de soins Brèves et filets (6) Système de soins Electrosensibilité : en voie de reconnaissance Médecine Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes Médecine Le vaccin contre la grippe en dix questions Prévention Brèves et filets (5) Santé Quand le chien de la famille devient dangereux Vie pratique pour les enfants Numéro 554 – Septembre 2015 Tiers payant généralisé : une mesure controversée Système de soins Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ? Système de soins Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Quand la presbytie s’installe Médecine Apprentissage précoce de la musique : Education un atout pour la scolarité Brèves et filets (5) Santé Numéro 553 – Juin 2015 Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/ et de mon chien en sept questions Famille Dossier pharmaceutique : quels avantages ? Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins 5 061 4 829 5 272 5 874 5 270 6 801 4 160 6 566 5 769 9 038 5 213 6 307 5 050 6 403 7 364 4 380 5 551 5 826 6 259 5 870 4 851 4 104 4 137 4 600 Mars 2016 – N° 560 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 5 780 signes Encadré 1 : 684 signes Encadré 2 : 781 signes Avantages et limites de la téléconsultation Parce qu’il n’est pas toujours évident de se rendre chez son médecin, les consultations à distance permettent, dans certaines situations, d’améliorer la qualité de vie des patients, mais aussi de faciliter l’accès aux soins. 4 visuels : 01_Teleconsultation Depuis la publication, le 19 octobre 2010, d’un décret relatif à la télémédecine (loi Hôpital, patients, santé et territoires), la téléconsultation est clairement définie : il s’agit d’une véritable consultation via Internet (avec ou sans webcam) ou par téléphone entre un ou plusieurs médecins et un patient. Ce dernier peut « téléconsulter » en première intention, avant de se rendre au cabinet du professionnel de santé, ou en deuxième intention, par exemple dans le cadre du suivi d’une maladie chronique ou parce que son médecin traitant souhaite avoir un deuxième avis, de la part d’un spécialiste. Comment ça marche ? Ce sont les agences régionales de santé (ARS) qui donnent leur autorisation, en fonction des besoins de la population et en concertation avec les professionnels de santé, les élus et l’Assurance maladie, pour que ces consultations soient remboursées. Les médecins font des prescriptions, comme dans une consultation classique. Les ordonnances peuvent ensuite être envoyées au patient ou au pharmacien par e-mail ou par voie postale. « Seuls les médecins autorisés à exercer en France peuvent réaliser des consultations dans des conditions définies par le décret qui en garantissent le sérieux, précisait Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, en 2010, à l’occasion de la parution du décret. Des professionnels de médecine de haut niveau, notamment les radiologues et les ophtalmologues, ont montré que la télémédecine était très utile pour les patients. » Supprimer la distance, pour un meilleur accès aux soins Tout le territoire n’est pas pourvu de manière égale en médecins. Dans certaines zones défavorisées, la téléconsultation rapproche donc les spécialistes des patients. Elle permet aux médecins traitants d’obtenir des expertises supplémentaires en communiquant des images, des résultats d’examens… Mars 2016 – N° 560 – 5 La qualité des soins est préservée, ainsi que le confort du patient. Ce type de consultation peut en effet être intéressant pour les personnes atteintes d’une maladie chronique (insuffisance cardiaque, diabète…) ou pour celles souffrant d’une perte d’autonomie. Elle leur évite d’avoir à se déplacer lorsqu’il s’agit d’un contrôle ou d’un ajustement de la posologie du traitement. Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) font également appel à la technologie pour mettre en place des consultations à distance par visioconférence qui permettent aux pensionnaires de bénéficier des services des médecins en restant chez eux. Ces séances sont programmées et s’effectuent entre le médecin de garde de l’établissement, le patient et le professionnel de santé. Un chariot de télémédecine est installé dans la chambre du patient. Des données de santé sont recueillies via les équipements connectés au chariot et saisies dans le dossier du résidant. Enfin, un compte rendu de la consultation est enregistré par le médecin de garde. Pour la Mutualité française, « la e-santé est un véritable progrès, qui offre de nombreuses opportunités pour mieux organiser le système de santé ». Cet organisme, qui fédère 426 mutuelles santé, voit dans la téléconsultation la solution pour résoudre les inégalités en termes d’accès aux soins, à la prévention et à l’information : « Grâce à la téléconsultation, on peut aujourd’hui rapprocher l’expertise médicale de toutes les communes de France. Réaliser une image médicale ou un fond d’œil, mener un premier examen clinique dans une cabine de télémédecine et faire analyser ces informations par un spécialiste situé à des centaines de kilomètres constitue une avancée incontestable. Cela permet de lutter efficacement contre les déserts médicaux et d’organiser une meilleure prévention. » Allô, docteur ? Certains organismes de complémentaire santé et de prévoyance proposent quant à eux des consultations par téléphone entre les bénéficiaires d’un contrat santé et des médecins généralistes. Lors de ces consultations, le secret médical est garanti. Le médecin fait le point sur la situation du patient et établit un diagnostic. Au besoin, il peut aussi transmettre une ordonnance au pharmacien choisi par l’assuré. Ce type de service ne se substitue en aucun cas à une visite chez le médecin traitant, qui reste le pivot du parcours de soins, à un passage aux urgences ou à une consultation spécialisée. Aucun arrêt de travail, certificat médical ou renouvellement d’ordonnance ne peut d’ailleurs être délivré. Bien entendu, certains diagnostics ne peuvent se faire au téléphone, par exemple en cas de maux de ventre. Une automédication peut être indiquée lors de ces consultations, mais, si les douleurs perdurent Mars 2016 – N° 560 – 6 au-delà de plusieurs heures, le patient sera réorienté vers le cabinet d’un médecin, pour que ce dernier procède à une palpation. Consulter depuis son ordinateur Des plateformes délivrent déjà, depuis quelques années pour certaines, des avis médicaux via Internet. Un bouton qui démange ? Pas le temps d’aller chez le dermato ou des délais d’attente trop longs ? Il suffit de poster une photo sur le site pour qu’un médecin vous réponde. Cela paraît simple et pratique, mais ce n’est pas gratuit, car ces sociétés privées, qui travaillent avec des médecins, ont une vocation commerciale. Ponctuellement, ces nouvelles pratiques de télémédecine peuvent « dépanner ». Elles présentent l’avantage d’offrir des réponses rapides et sont évidemment très encadrées, mais elles ne sont qu’une première étape avant une « vraie » téléconsultation médicale, inscrite dans le parcours de soins. Catherine Chausseray Encadré 1 Des cabines de téléconsultation dans les déserts médicaux Dans des régions où le premier hôpital se trouve à près d’une heure de voiture, des cabines d’un nouveau genre apparaissent, à l’instar de celle d’Aups (Var), installée à côté de la caserne de pompiers. Cet espace de téléconsultation, d’où l’on peut solliciter l’avis d’un médecin par le biais d’un écran, assure la permanence des soins pour les 13 000 habitants de la région. Pour établir la connexion avec un praticien situé à plusieurs dizaines de kilomètres, le patient doit d’abord insérer sa carte Vitale. Une technologie encore expérimentale, mais qui offre de belles perspectives là où la démographie médicale est faible. Encadré 2 Téléconsultation : le rôle des mutuelles « Les mutuelles jouent un rôle important en tant qu’incubateurs et expérimentateurs pour améliorer l’organisation de la santé, assure la Mutualité française. Dans plusieurs régions, les Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] mutualistes sont désormais équipés de salles de téléconsultation. Il s’agit de repenser l’ensemble d’un système pour une meilleure coordination des acteurs autour du patient. Les mutuelles vont être amenées à se transformer pour trouver le modèle économique permettant de financer cette valeur ajoutée. Plusieurs d’entre elles ont en outre déployé des cabines de télémédecine via leurs établissements de soins et d’accompagnement, et conçu des services innovants pour leurs assurés. » Mars 2016 – N° 560 – 7 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 1 036 signes 021_Gynecologue 022_Consultation Cancer du col de l’utérus : le dépistage organisé sera généralisé en 2017 La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus le 8 mars, Journée internationale de la femme. Le Plan cancer 2014-2019 prévoit en effet la mise en place d’un nouveau programme de dépistage organisé. L’objectif est que 80 % de la population cible, c’est-à-dire les femmes entre 25 et 65 ans, fasse régulièrement des frottis au lieu de 50 à 60 % actuellement. Cet examen devra également être plus facilement accessible aux populations vulnérables ou les plus éloignées du système de santé. « Un programme national de dépistage pour le cancer du col de l’utérus sera donc lancé, sur le modèle de celui du cancer du sein », précise le communiqué du ministère. Dès cette année, une expérimentation sera menée dans certains départements (Alsace, Cher, Indre-etLoire, Isère, Maine-et-Loire, Martinique, Réunion, Val-de-Marne), ainsi que dans la région Auvergne, avant une généralisation prévue en 2017. Calibrage : 875 signes Un Français sur six est touché par une affection de longue durée En 2014, selon les données annuelles du régime général de l’Assurance maladie, 9,9 millions de personnes bénéficiaient du dispositif des affections de longue durée (ALD). Celui-ci offre une prise en charge totale, par la Sécurité sociale, des soins en lien avec l’affection. Les principales maladies concernées sont les diabètes de type 1 et 2 (2,4 millions de personnes), les tumeurs malignes (2 millions), les affections psychiatriques de longue durée (1,2 million) et les maladies coronaires (1,1 million). En dix ans, le nombre de personnes souffrant d’une ALD a très fortement progressé, puisque 6,5 millions de personnes étaient entrées dans le dispositif en 2004. La tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années, avec le vieillissement de la population et l'allongement de la durée de la vie. Calibrage : 1 334 signes Les questions de santé pas assez présentes dans le débat public Selon un sondage de l’institut Odoxa, 75 % des Français estiment que les questions de santé et d’assurance maladie ne sont que rarement, voire jamais, évoquées dans le débat politique et électoral. Cette thématique est d’ailleurs l’un des rares domaines de fierté, d’après les sondés, qui considèrent que leur système de santé est le meilleur Mars 2016 – N° 560 – 8 et le plus performant. Pourtant, loin de se reposer sur leurs lauriers, les Français ont pour préoccupations prioritaires le coût des soins, les remboursements et l’accès aux soins. Ainsi, 63 % disent avoir rencontré des difficultés pour obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste, et 23 % chez un médecin généraliste, alors que 40 % ont eu des difficultés pour payer les sommes qui ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale et par les complémentaires santé. Par ailleurs, « les trois quarts des Français se déclarent concernés à titre personnel par la question de la prise en charge du vieillissement et de la dépendance » et, dans le cas où leurs capacités physiques se dégraderaient avec l’âge, 87 % préféreraient rester à leur domicile. « L’engouement pour le maintien à domicile s’est donc encore nettement renforcé en l’espace de quatre ans : il a gagné sept points, passant de 80 à 87 % », précise l’institut. 024_Prestations Sociales Calibrage : 1 311 signes Prestations sociales : que savent les Français ? Si la plupart des Français sont plutôt bien informés sur les aides sociales et leurs critères d’attribution, le baromètre d’opinion de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publié le 4 mars* met en lumière quelques nuances. Il en ressort notamment que, si les allocations familiales, les aides au logement, le revenu social d’activité (RSA) et la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) sont bien connus, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS) ou l’aide médicale d’Etat (AME) le sont nettement moins. Selon la Drees, cela s’explique par une moindre médiatisation de ces trois dispositifs. Par ailleurs, ce ne sont pas toujours ceux qui bénéficient ou pourraient bénéficier des prestations sociales qui en connaissent le mieux les critères d’attribution. Cela pourrait expliquer le taux important de non-recours. La Drees souligne toutefois que, pour le RSA et la CMUC, bien connus du grand public, le taux de non-recours est également élevé. * « Prestations sociales : les personnes éligibles sont-elles les mieux informées ? », Etudes et Résultats, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), mars 2016. 025_Handicap Calibrage : 1 139 signes Un nouveau plan national pour les maladies rares En France, plus de trois millions de personnes sont atteintes d’une des 6 000 à 8 000 maladies rares référencées. Le 29 février, Journée des maladies rares, a été l’occasion pour les associations de rappeler les difficultés de prise en charge auxquelles sont confrontées les victimes et de demander qu’un nouveau plan national de lutte soit mis Mars 2016 – N° 560 – 9 en place. Les familles des patients doivent en effet mener un parcours du combattant, d’abord pour obtenir un diagnostic, puis pour trouver un traitement. Afin de limiter l’errance diagnostique, les associations demandent que les médecins généralistes soient davantage sensibilisés aux maladies rares. Elles réclament aussi la création d’une plateforme nationale de séquençage des génomes à très haut débit, afin d’établir un diagnostic précis. Quant aux traitements, la recherche est en berne, car les laboratoires reculent devant le poids des investissements pour la mise au point de médicaments qui seront peu utilisés. Le ministère de la Santé attend la fin de l’année 2016, date prévue du bilan des deux précédents plans, pour donner sa réponse. Mars 2016 – N° 560 – 10 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 4 375 signes Encadré : 1 611 signes Fibromyalgie : un mal intense et invisible 4 visuels : 03_Fibromyalgie Encore mal connu, le syndrome fibromyalgique, qui se caractérise par des douleurs diffuses dans tout le corps et une très grande fatigue, concernerait deux millions de personnes en France. Autrefois considérés comme des malades psychiatriques, les patients sont désormais mieux diagnostiqués et commencent à bénéficier de prises en charge multidisciplinaires qui les aident à gérer leur mal. Des souffrances terribles qui ne se voient pas. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), le syndrome fibromyalgique concernerait entre 1,4 et 2,2 % des Français (soit environ deux millions de personnes), dont 80 à 90 % de femmes. Longtemps ignorée par le corps médical, cette affection chronique se caractérise par des douleurs diffuses permanentes dans tout le corps, une très grande fatigue et un sommeil non réparateur. A ces symptômes s’ajoutent aussi très souvent des comorbidités d’intestin irritable, de céphalées de tension, de syndrome des jambes sans repos, d’intolérance au froid ou encore de troubles de la concentration. Un ensemble de manifestations particulièrement handicapantes, qui peuvent plonger les fibromyalgiques dans la solitude et l’isolement, voire dans la dépression. « Les patients sont parfois confrontés à l’incrédulité de leurs proches et de leurs collègues, explique le docteur Renevier, rhumatologue et médecin adjoint au centre de rééducation fonctionnel de l’Aparc à Rosny-sur-Seine (Yvelines). Or il faut bien comprendre que le moindre effort peut vite devenir très compliqué. C’est toute la vie quotidienne qui est affectée. Certains sont amenés à quitter leur travail. » Diagnostic d’élimination Ces situations sont d’autant plus difficiles que la plupart des malades, et surtout les plus âgés, ont dû parfois attendre des années avant qu’un diagnostic ne soit posé. « Même si les choses s’améliorent (le syndrome fibromyalgique est reconnu par l’Académie nationale de médecine depuis 2007 et la Haute Autorité de santé a remis un rapport d’orientation avec des recommandations de prise en charge en 2010, NDLR), l’errance médicale a longtemps été la règle, précise le docteur Renevier. Les malades passaient de spécialiste en spécialiste, étaient orientés en psychiatrie. Aujourd’hui encore, le diagnostic reste difficile Mars 2016 – N° 560 – 11 à établir, parce qu’on ne constate aucune anomalie physique, psychologique, biologique ou radiologique avec ce syndrome. Il faut donc faire un bilan complet pour écarter les pathologies susceptibles de donner les douleurs évoquées. C’est un diagnostic d’élimination. » Si cette pathologie reste difficile à identifier, c’est aussi parce qu’on ne sait pas vraiment à quoi elle est due. Il existe de nombreuses hypothèses sur son origine, mais aucune n’a pu faire preuve de sa réalité. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il s’agit d’un trouble de l’intégration de la douleur au niveau des centres supra-spinaux cérébraux. En clair, le cerveau n’analyse pas, ne traite pas et ne filtre pas la douleur. Prise en charge multidisciplinaire Autre difficulté pour les patients : l’absence de traitement. « D’après les études, il semblerait que le Tramadol, un antalgique de classe 2, soit susceptible d’être le plus à même de soulager modérément les douleurs. Mais ça ne marche que dans un faible pourcentage des cas… » Parfois, les patients se verront prescrire des antidépresseurs (certains ont un effet antalgique central), voire des antiépileptiques, avec peu de chances que leur état s’améliore. En revanche, les fibromyalgiques semblent se sentir mieux lorsque l’on associe des antidouleurs à des méthodes non médicamenteuses. Certains centres de soins de suite et de réadaptation (SSR) commencent à proposer une prise en charge globale qui intègre plusieurs disciplines alternatives. Au programme, selon les structures : balnéothérapie, thérapie cognitivo-comportementale, groupes de parole, relaxation, musicologie, qi gong, taï-chi et réentraînement progressif à l’effort. « L’idée est de leurrer le cerveau pour que le patient oublie momentanément sa douleur. En outre, se détendre (la douleur contracte les muscles, NDLR) et réapprendre à bouger doucement soulage aussi beaucoup. » Certes, ils ne guériront en principe jamais, mais les malades apprennent ainsi à mieux gérer leur douleur et à ne plus en être les esclaves. Aliisa Waltari Renseignements : Fibromyalgie-france.org. Encadré Témoignage : « Des douleurs non-stop dans les muscles et les os » En 1998, après treize années de « diagnostic de sclérose en plaques probable », les médecins annoncent à Carole Robert qu’elle est atteinte de fibromyalgie. Depuis la puberté, celle qui est aujourd’hui devenue présidente de l’association Fibromyalgie France souffre de « douleurs diffuses, non-stop, dans les muscles et dans les os ». C’est à l’âge adulte que la maladie s’aggrave et devient particulièrement handicapante. « Je ne pouvais pas jouer Mars 2016 – N° 560 – 12 avec mes enfants et je passais le week-end au lit pour récupérer. » Progressivement, Carole s’isole, voit de moins en moins ses amis et finit par sacrifier toute vie sociale. « Quand on a tout le temps mal, on est renfrogné, on pense à ses douleurs et on n’a qu’un souhait : qu’elles s’arrêtent. On n’arrive plus à communiquer, à se concentrer sur ce que vivent nos proches. » Et parce qu’il n’existe pas de traitement, l’annonce du diagnostic ne la soulage pas. Les antidouleurs et les antidépresseurs qu’on lui prescrit sont sans effet. Ce sera finalement l’engagement associatif et la création de Fibromyalgie France, en 2001, qui la sauveront. Elle s’investit corps et âme dans cette structure et contribue largement à la reconnaissance du syndrome en France. En 2006, elle décide de tester toutes les méthodes de relaxation existantes : méditation, sophrologie, musicologie... Peu à peu, elle remet son corps en mouvement, se détend. « Ça m’a beaucoup aidée, explique-t-elle. J’ai appris à gérer ma douleur et à vivre avec, je ménage mes efforts, et je ne prends plus aucun médicament. » Mars 2016 – N° 560 – 13 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 676 signes Générations Cobayes : la jeunesse engagée contre les maladies environnementales 3 visuels : 04_Generations Cobayes Depuis huit ans, les militants du Mouvement Générations Cobayes sensibilisent les 18-35 ans sur les liens entre santé et environnement. Sans jamais dramatiser et avec beaucoup d’humour, ils encouragent les jeunes citoyens à devenir des acteurs éclairés de leur consommation. Objectif : en finir avec l’épidémie de maladies chroniques dont les causes environnementales sont aujourd’hui admises par de nombreux scientifiques. Mobiliser les 18-35 ans sur les liens désormais reconnus qui existent entre l’état de santé d’une population et son environnement, et interpeller les pouvoirs publics sur ces questions, le tout avec humour et originalité : telle est l’ambition du Mouvement Générations Cobayes depuis ses origines. Pour les jeunes militants de ce collectif, soutenus dès le départ par les grands noms de la santé environnementale, tout commence en 2008, au collège ostéopathique européen de CergyPontoise (Val-d’Oise), lorsqu’un étudiant décède brutalement d’une leucémie. Choqués, ses camarades veulent comprendre comment, à 20 ans, on peut mourir du cancer en quelques mois. Ils décident d’organiser des conférences et invitent des scientifiques, des médecins, des chercheurs en santé environnementale et même un moine zen. « Nous avons alors découvert non seulement qu’il y avait une explosion du nombre de cancers au sein de la population, avec une incidence qui a doublé au cours des vingt-cinq dernières années, mais aussi que cette hécatombe pouvait s’expliquer par des causes environnementales, explique Martin Rieussec-Fournier, cofondateur du mouvement. Parmi ces causes, on peut par exemple citer l’alimentation industrielle, l’agriculture intensive, les pollutions chimiques ou l’industrie nucléaire. » Et ce n’est pas tout : de nombreuses études s’accordent aujourd’hui pour dire que l’épidémie actuelle de maladies chroniques (diabète, obésité, pathologies cardiovasculaires, mais aussi troubles de la fertilité et du comportement) pourrait également être due, au moins en partie, à ces facteurs environnementaux. Mars 2016 – N° 560 – 14 40 000 sympathisants Face à ces constats, Martin et ses compagnons passent à l’action. Rejoints par plusieurs associations (Fac verte, Regards croisés, Vive la Terre), ils lancent l’Appel de la jeunesse afin de clamer haut et fort qu’il est « impossible de vivre en bonne santé sur une planète malade ». La seconde étape intervient en 2012, avec la transformation de l’Appel qui devient le Mouvement Générations Cobayes. En quelques années, la structure passe de quelques centaines de sympathisants à près de 40 000. Parmi ses soutiens : le Réseau environnement santé (RES), à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons, le Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique (Criigen) ou encore l’association Générations futures, très active dans la lutte contre les pesticides. A tout cela s’ajoute l’engagement de 800 bénévoles, qui relaient les messages du collectif et participent à ses actions. Des actions essentiellement de terrain, destinées à « diffuser les bonnes pratiques, explique Martin. Il n’y a pas de fatalité à tout cela. Toutes les solutions sont là pour vivre en bonne santé et nous avons la capacité d’agir à notre niveau ». « Do it yourself » Dans cette optique, Générations Cobayes organise par exemple des ateliers « Do it yourself » où les intervenants expliquent comment fabriquer ses propres produits cosmétiques, d’entretien ou d’hygiène. L’an passé, le collectif à monté un « Tour de France de l’écoorgasme » autour du thème de la sexualité, au cours duquel des militants sont allés à la rencontre des jeunes pour leur expliquer « comment se faire du bien sans se faire du mal », c’est-à-dire en utilisant par exemple des sex-toys sans phtalates ou des lubrifiants sans perturbateurs endocriniens. En parallèle, le mouvement organise des conférences, assure des actions de sensibilisation dans les lycées et les universités et s’engage dans une démarche de plaidoyer avec la publication régulière d’ouvrages auxquels participent de célèbres scientifiques. Avec toutes ces actions, Générations Cobayes compte bien encourager les jeunes citoyens à redevenir acteurs de leur santé et à ne plus laisser les industriels et les politiques décider pour eux. « C’est une question démocratique, conclut Martin Rieussec-Fournier. Notre état de santé, celui de la population, reflète l’état de notre démocratie. On ne veut plus subir, être des cobayes. L’avenir n’est pas forcément aussi sombre qu’on nous le dit. Nous avons les moyens d’agir. » Delphine Delarue Pour plus d’informations : Generationscobayes.org. Mars 2016 – N° 560 – 15 FORME Calibrage Texte principal : 6 523 signes Les régimes « tendance » en question Mis en avant par des stars qui vantent leurs bienfaits sur la santé et leur attribuent leur ligne irréprochable, certains régimes font beaucoup parler d’eux, d’autant qu’ils modifient radicalement la façon même de s’alimenter. 4 visuels : 05_Regimes Tendance Détox, paléo, viking, sans gluten, alcalin… : différents modes alimentaires sont en vogue depuis quelques années. Ils séduisent ceux qui cherchent, en changeant leur façon de se nourrir, à se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête. Mais trouver des aliments « alternatifs » à ceux que l’on consomme habituellement peut se révéler contraignant et onéreux. Ces efforts en valent-ils vraiment la peine ? Jeûner pour « se purifier » Véritable thérapie pour les uns, hérésie pour les autres, le jeûne fait de plus en plus d’adeptes. Des chercheurs américains le préconisent pour lutter contre certains troubles psychologiques, contre les maladies cardiovasculaires et même contre le cancer. Une théorie rejetée par l’ensemble du corps médical en France, qui explique que ces pseudo-vertus n’ont été prouvées par aucune étude. Certains disent jeûner ou « semi-jeûner » pour « nettoyer » leur corps en profondeur. « Une ineptie », selon le professeur Monique Romon, présidente de la Société française de nutrition, professeur à la faculté de médecine de Lille et chef de service de nutrition du CHU de Lille, qui considère que, « si le cœur, les poumons, les reins fonctionnent normalement, il n’y a pas lieu de jeûner pour faciliter l’élimination des toxines ». Les régimes « détox » s’inspirent du jeûne, mais sont moins draconiens. Ils ont pour principal objectif une perte de poids, même s’ils ont été mis au point par des médecins britanniques pour prévenir maladies cardiovasculaires, diabète et cancer. Ils proposent des programmes diététiques qui alternent jours de diète et jours de prise alimentaire plus consistante, à l’instar du « 5 : 2 » (deux journées consécutives strictes de « détox », puis cinq journées d’un régime de type méditerranéen) ou du « 4 : 3 » (trois jours de semi-jeûne, suivis de quatre jours « normaux » pour stabiliser le poids). Ces régimes se révèlent très difficiles à suivre et sont déséquilibrés. Mars 2016 – N° 560 – 16 La mode du « sans » L’engouement pour le « sans gluten » ou encore le « sans lactose » pose question. Quel intérêt présentent ces régimes d’exclusion pour ceux qui ne sont pas intolérants ? En France, une personne sur cent est intolérante au gluten, mais 80 % des intolérants ne seraient pas diagnostiqués. Cette intolérance, également appelée maladie cœliaque, peut provoquer divers symptômes, tels que fatigue, diarrhées, douleurs abdominales, vertiges… Le degré d’intolérance au lactose (l’impossibilité à digérer le sucre naturellement présent dans le lait), qui se manifeste aussi par des ballonnements, des diarrhées, etc., varie selon les individus. Contrairement au gluten, absorber une petite quantité de lactose quotidiennement permettrait d’augmenter la capacité à le digérer. Dans tous les cas, supprimer le gluten ou le lactose n’améliorera pas le confort digestif si l’on ne présente pas d’intolérance. Ce sont surtout les marques qui profitent des bénéfices des produits sans gluten ou sans lactose depuis qu’elles se sont emparées de cette tendance, car ces aliments sont bien plus chers. Plutôt que de se contraindre à traquer les traces de gluten ou de lactose sur les étiquettes, « il serait plus judicieux, si l’on a une hésitation, de consulter son médecin pour rechercher la confirmation d’une éventuelle intolérance par un test de dépistage sanguin », conseille le professeur Romon. Faire baisser le taux d’acidité L’acidité serait un autre ennemi à combattre pour retrouver du tonus. Des vedettes de cinéma américaines, comme Jennifer Aniston ou Gwyneth Paltrow, font la promotion du régime alcalin pour son action bénéfique sur la santé et le poids. Afin de rétablir l’équilibre acidobasique de l’organisme, il faudrait supprimer les aliments « acidifiants », tels que la viande, les produits industriels, les sucreries, l’alcool, le café, etc., qui contiennent des sels minéraux acidifiants (chlore, soufre et phosphore), au profit d’aliments sources de minéraux alcalinisants (magnésium, calcium, sodium et potassium), comme les fruits et légumes. De l’avis du médecin nutritionniste, « ce régime qui prône la variété et la modération n’est en soi pas mauvais, mais la justification par la prétendue acidité est absurde, car notre organisme, s’il est sain, régule parfaitement le pH (potentiel hydrogène, NDLR) ». Manger « à la manière de » Manger comme nos ancêtres préhistoriques ou vikings est une autre tendance lourde en matière d’alimentation. Pour le régime paléo, ou Seignalet, du nom de son inventeur, il s’agit de retrouver un mode d’alimentation proche de celui des premiers hommes, qui ne connaissaient bien évidemment pas encore les produits transformés, les huiles, les sodas et les sucreries. Partant du principe que notre génome Mars 2016 – N° 560 – 17 n’a pas changé depuis la Préhistoire, nous devrions toujours nous nourrir comme les chasseurs-cueilleurs. « Si notre génome est identique, explique le professeur Romon, notre environnement n’a plus rien à voir avec celui des hommes du Paléolithique. Comment trouver les végétaux dont ils se nourrissaient ? Sans compter que nous n’avons plus du tout la même activité physique. » Le régime viking, lui, prône des repas de type scandinave, sans céréales raffinées ni autres aliments transformés, au profit des graines entières telles que le seigle, l’avoine ou l’orge. Comme pour le régime paléo, supprimer pâtes, sucres et aliments à base de farine aura un effet sur la perte de poids. Quant à l’intérêt nutritionnel, il reste à démontrer. Les trois fonctions de l’alimentation Aucun de ces « régimes » ne trouve grâce aux yeux du médecin nutritionniste : « Qu’ils soient paléo, viking, alcalin, sans gluten ou autre, tous ces régimes sont inutiles. Les modifications des habitudes alimentaires qu’ils entraînent ont pour seule conséquence un impact financier, car ils peuvent coûter cher. » L’autre inconvénient de ces régimes « farfelus », c’est qu’« ils vous font adopter une démarche sectaire qui vous coupe de la vie avec les autres », déplore-t-elle. L’alimentation a trois fonctions fondamentales, rappelle Monique Romon : la survie, le plaisir et la sociabilité. Elle doit aussi être variée : « Il faut manger de tout, un peu, en symbiose avec son environnement et en adaptant ses menus à son activité physique ». Manger avec bon sens, simplement. Isabelle Coston Mars 2016 – N° 560 – 18 SANTÉ (brèves) Calibrage : 921 signes 061_VaccinMeningite Le vaccin contre la méningite recommandé aux hommes homosexuels Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a renouvelé, pour l’année 2016, sa recommandation concernant la vaccination contre le méningococcique C. Depuis novembre 2014, elle s’adresse plus particulièrement aux « hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et [aux] autres personnes âgées de 25 ans et plus qui fréquentent les lieux de convivialité ou de rencontre gays ou qui souhaitent se rendre à un ou des rassemblements gays ». Pour l’heure, l’efficacité de cette recommandation n’est pas encore établie, d’autant que, depuis 2013, les cas de méningite C ont diminué dans la communauté gay. Pour savoir si cette baisse est due à « une évolution naturelle » ou à « l’impact de la vaccination », l'autorité sanitaire préconise donc de prolonger la vaccination pour les homosexuels jusqu'à la fin 2016, afin de mieux évaluer son efficacité. 062_Pesticides Agricoles Calibrage : 1 164 signes 063_EnfantAsthme Calibrage : 580 signes Pesticides agricoles : les riverains des champs très exposés D'après une enquête de Générations futures, les personnes qui vivent à proximité de champs cultivés sont exposées à un cocktail de pesticides. L’association a fait analyser une vingtaine d'échantillons de poussières, à la recherche de 61 pesticides dans des maisons situées à une distance comprise entre 0 et 200 mètres des cultures. En moyenne, près de vingt pesticides ont été retrouvés dans les poussières analysées dans chaque domicile. Parmi eux, douze sont des perturbateurs endocriniens, soupçonnés d'être à l'origine de troubles hormonaux. C’est à côté des vignes et des vergers que la concentration en pesticides est la plus forte. Plus inquiétant, certains des produits détectés sont interdits dans l'agriculture, en France, depuis plusieurs années. Bien que l’échantillon testé soit réduit et que Générations futures reconnaisse que son « enquête n’a pas la valeur d’une étude scientifique », celle-ci a le mérite de sensibiliser le grand public et permet à l’association de légitimer son combat pour l’interdiction des pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité des zones habitées. Un enfant sur deux serait diagnostiqué asthmatique à tort Une récente étude néerlandaise, publiée dans le British Journal of General Practice, s’est penchée sur le cas de 652 enfants âgés de 6 à 18 ans traités pour de l’asthme. Les chercheurs ont constaté que, Mars 2016 – N° 560 – 19 parmi eux, un sur deux n’était en réalité pas asthmatique. Ils en concluent que cette maladie chronique est sur-diagnostiquée. Pour éviter les erreurs et les traitements inutiles, ils préconisent de faire pratiquer systématiquement un examen de spirométrie, qui permet de quantifier la capacité respiratoire du patient. Calibrage : 1 024 signes 064_LogoPlanning Familial 065_CoeurFemme Le Planning familial a 60 ans Après la Seconde Guerre mondiale, la natalité explose en France, avec près de 200 000 naissances par an : c’est le baby-boom. La régulation des naissances et la liberté sexuelle sont alors des sujets tabous, et il faut attendre 1967 pour que la contraception soit légalisée. Créée le 8 mars 1956 par Evelyne Sullerot et la gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé pour répondre aux demandes des épouses souffrant de grossesses trop rapprochées, la Maternité heureuse deviendra en 1960 le Planning familial, qui jouera un grand rôle dans la libération des femmes. Aujourd’hui, l’association rend encore de nombreux services : numéro vert d’information et d’écoute (0 800 08 11 11) lancé en 2015, séances d’éducation à la sexualité, groupes de parole ou encore formations à l’égalité homme-femme. Soixante ans après sa création, le Planning est toujours en première ligne dans la lutte pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), contre l’homophobie, etc. Calibrage : 990 signes Les femmes au cœur du risque cardiovasculaire A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’Institut de veille sanitaire (INVS) a souligné dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) une aggravation significative du nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde, notamment chez les jeunes femmes. Les chiffres sont parlants : 5 % d’infarctus du myocarde en plus entre 2009 et 2013 chez les 45-54 ans. Les changements de mode de vie (tabagisme, sédentarité, stress, consommation d’alcool et mauvaises habitudes alimentaires), mais aussi des facteurs hormonaux, comme la contraception avec œstrogènes de synthèse, expliquent cette hausse. L’INVS pointe également de profondes lacunes dans le dépistage, le diagnostic et la prise en charge des maladies cardiovasculaires féminines, moins performants que pour les hommes. Par ailleurs, les femmes méconnaissent les signes d’alerte, qui diffèrent de ceux des hommes, et tardent à appeler les services d’urgence. Mars 2016 – N° 560 – 20 VIE PRATIQUE / DROITS Calibrage Texte principal : 4 089 signes Encadré 1 : 858 signes Encadré 2 : 1 361 signes Encadré 3 : 918 signes Protéger ses données personnelles sur les réseaux sociaux 3 visuels : 07_ReseauxSociaux Publier des photos, des vidéos, des articles ou encore discuter avec ses amis : les réseaux sociaux permettent de partager un grand nombre d’informations. Mais une fois envoyées sur Internet, que deviennent-elles et comment peut-on les contrôler pour protéger son e-réputation ? Facebook, Twitter, Google+ pour échanger avec ses amis, ou LinkedIn et Viadeo pour entretenir ses contacts professionnels : les réseaux sociaux sont très présents sur Internet. Ils permettent de faire circuler l’information facilement et rapidement auprès de ses contacts et de partager divers contenus, par exemple ses photos de vacances, les exploits filmés du petit dernier, ses humeurs, mais aussi son état civil (âge, lieu de naissance, sexe, etc.). Or, l’internaute perd la maîtrise de ces informations une fois qu’elles sont publiées. Selon un sondage de l’institut CSA (2014), la protection des données personnelles est une préoccupation forte pour 85 % des Français. Pourtant, sur le tiers de consommateurs ayant cherché à effacer des données personnelles sur Internet, seuls 24 % disent y être parvenus totalement. Des informations très prisées L’exemple de Facebook est parlant. Ce réseau compte 26 millions de comptes ouverts en France. Totalement gratuit pour ses utilisateurs, il tire ses revenus de la vente de publicités en ligne. Facebook est donc très intéressé par les données publiées sur sa plateforme, puisqu’elles lui permettent de proposer aux annonceurs des profils d’acheteurs très précis. Lorsque l’utilisateur remplit sa « biographie » sur le site, il donne des informations sur son état civil, ses opinions politiques ou religieuses ou encore son orientation sexuelle, qui sont collectées et utilisées par Facebook. Préserver son e-réputation Au-delà de l’utilisation des données à des fins commerciales, l’internaute ne doit pas oublier que tout ce qu’il poste aujourd’hui sur Internet reste accessible à tous pendant des années. Dans un contexte professionnel ou personnel, il est de plus en plus courant de faire Mars 2016 – N° 560 – 21 des recherches sur quelqu’un, de le « googliser ». Pour éviter les déconvenues, il est devenu important de contrôler son image numérique. Si une partie de l’e-réputation est facilement maîtrisable en restant attentif au choix de ses publications, une autre l’est beaucoup moins, puisqu’elle ne dépend pas de l’internaute, mais des publications de ses contacts. Prendre ses précautions en amont Pour se protéger des désagréments, une seule solution : anticiper. Bien réfléchir à ce que l’on va poster sur le réseau est un bon début, mais ce n’est pas suffisant. Avant toute publication, il convient de sécuriser son profil. Pour cela, il faut paramétrer correctement son compte, et d’abord être attentif aux personnes avec qui l’on partage des contenus. Facebook permet par exemple de créer des catégories d’amis (collègues, amis proches, connaissances…) et de choisir qui peut accéder à telle ou telle publication ou qui peut publier une information sur nous. Un autre paramètre consiste à choisir si son profil sera visible ou non dans les moteurs de recherche. Bien qu’il soit fastidieux, ce paramétrage aura le mérite de ne pas trop dévoiler la vie privée de l’internaute. Une fois cette première configuration réalisée, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui s’est penchée sur le sujet, recommande vivement de vérifier « régulièrement les paramètres, car ils évoluent très rapidement ». Plus généralement, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), par le biais du site Educnum.fr, donne dix conseils avisés aux jeunes internautes pour naviguer sereinement sur Internet : « Réfléchis avant de publier ; respecte les autres ; ne dis pas tout ; sécurise tes comptes ; crée-toi plusieurs adresses e-mail ; attention aux photos et aux vidéos ; utilise un pseudonyme ; attention aux mots de passe ; fais le ménage dans tes historiques ; vérifie tes traces. » Ces consignes, valables à tout âge, permettront de conserver la maîtrise des données publiées sur le Net. Léa Vandeputte Encadré 1 Que se passe-t-il en cas de décès ? Que deviennent les photos, les vidéos, les commentaires que l’on a laissés sur les réseaux sociaux après son décès ? Le secret des correspondances interdit aux sites Internet de donner à un proche les identifiants d’un défunt. La plupart des réseaux sociaux ont toutefois mis en place des procédures pour signaler un décès et demander la fermeture du compte. Pour ce faire, les copies de la carte d’identité du demandeur et de l’acte de décès sont nécessaires. Facebook va plus loin, puisque l’on peut demander la transformation du compte du défunt en « compte de commémoration » ; Mars 2016 – N° 560 – 22 il sera cependant impossible d’en modifier le contenu. Ce réseau social, tout comme celui de Google, propose aussi de désigner de son vivant un contact légataire qui gérera le compte ou de choisir de le supprimer dès la déclaration du décès. Encadré 2 Quel est le rôle de la Cnil ? La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) « accompagne les professionnels dans leur mise en conformité et aide les particuliers à maîtriser leurs données personnelles et à exercer leurs droits ». Ses missions entrent dans le champ de la loi Informatique et libertés. Celle-ci permet de disposer d’un droit d’accès aux données personnelles que détient un organisme ou une entreprise, notamment sur Internet, d’un droit de rectification de ces données et d’un droit d’opposition à figurer dans un fichier. De plus, avec le droit à l’oubli, un internaute peut désormais demander qu’un lien qui porte atteinte à sa vie privée soit déréférencé d’un moteur de recherche ou qu’une information soit supprimée. Pour exercer ses droits, l’utilisateur doit s’adresser directement à l’organisme détenteur de l’information, mais en cas de refus ou après un délai de deux mois sans réponse, la Cnil peut intervenir afin de garantir l’application de la loi. Les organismes et les entreprises qui utilisent un fichier ou un traitement automatisé contenant des informations à caractère personnel doivent également déposer une déclaration auprès de la Cnil, qui vérifiera l’objectif du fichier, la pertinence des données recueillies, la limitation de leur conservation, leur sécurisation et le respect des droits des personnes. Encadré 3 Et les données de santé ? Les applications santé ou certains sites spécialisés collectent des données sur le sommeil, l’alimentation, le rythme cardiaque, etc. Au-delà du rôle préventif que ces outils peuvent jouer, les professionnels de santé s’inquiètent des dangers qu’une telle collecte fait peser sur la vie privée et sur le secret médical. Les données de santé sont en effet très convoitées et peuvent parfois se retrouver sur la Toile. Pour éviter qu’elles ne soient divulguées, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) fournit des préconisations en termes de « sécurité physique et logique » et recommande aux éditeurs des sites ou des applications ainsi qu’aux professionnels de santé de chiffrer les informations sensibles. Bien que les données de santé soient soumises à la loi Informatique et libertés, il convient de rester vigilant et de préserver autant que possible son anonymat. Mars 2016 – N° 560 – 23 VIE PRATIQUE / FAMILLE Calibrage Texte principal : 4 375 signes Encadré : 783 signes Voyager avec son enfant Que l’on choisisse de partir à l’autre bout du monde ou à quelques kilomètres de chez soi, il n’est pas toujours facile d’organiser un voyage, surtout avec des enfants. Quelques conseils simples permettent de profiter pleinement des vacances en famille. 4 visuels : 08_VoyagerAvecEnfant Entre la crainte d’oublier des affaires ou la peur que les enfants ne supportent pas un long trajet, les parents hésitent parfois à voyager en famille. Les vacances sont pourtant l’occasion de se retrouver dans un cadre différent et de partager des moments de découverte. Une seule solution : s’organiser pour profiter au mieux de cette parenthèse. Bien choisir sa destination Il n’existe pas de liste de destinations adaptées aux enfants. Tout dépend de vos envies de voyage et du type d’hébergement dans lequel vous souhaitez loger, mais aussi de l’âge et de l’état de santé de votre enfant. Le bon sens recommande cependant d’éviter les zones de conflits ou de tensions. Avant de partir à l’étranger, consultez la rubrique « Conseils aux voyageurs » du site du ministère des Affaires étrangères*. Soyez également vigilant sur les conditions sanitaires de votre destination. « Un voyage, ça se prépare, insiste le docteur Sylvie Hubinois, vice-présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Il est important d’anticiper pour avoir le temps de faire les vaccins adaptés à sa destination, sans oublier les rappels habituels en France. Il faut aussi se renseigner sur la présence de moustiques qui transmettent des maladies, afin de s’en protéger en utilisant des répulsifs, des moustiquaires et en habillant les enfants avec des vêtements couvrants. Enfin, dans certains pays, il est impératif de boire de l’eau en bouteille et d’éviter de manger des fruits déjà épluchés pour ne pas tomber malade. » Quelle que soit la destination, le docteur Hubinois conseille d’en discuter avec son médecin traitant, avant de rappeler que « partir avec de très jeunes enfants dans des pays exotiques doit être bien réfléchi ». Préparer son séjour Pour voyager, les mineurs doivent être en possession de certains documents administratifs. Dans l’Union européenne, une carte d'identité Mars 2016 – N° 560 – 24 valide est suffisante, mais d’autres pays exigent un passeport et parfois un visa. L'autorisation de sortie de territoire pour un enfant voyageant à l'étranger sans ses parents a, quant à elle, été supprimée en 2013 et n’est donc plus nécessaire. Une proposition de loi demandant son rétablissement est toutefois en cours de discussion. Il est aussi conseillé de partir avec le carnet de santé, qui mentionne les vaccins et les rappels effectués. Le docteur Hubinois ajoute que, « si l’enfant suit un traitement médical, il est nécessaire de prendre suffisamment de médicaments pour la durée du voyage et de conserver une ordonnance détaillée du traitement. Il peut être également intéressant de prévoir un plan d’action avec son médecin pour savoir comment réagir en cas de problème, par exemple si votre enfant asthmatique fait une crise ». Enfin, si vous voyagez en Europe, pensez à demander, avant de partir, la carte européenne d’assurance maladie à votre caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). Gratuite et nominative, elle atteste de vos droits et vous permettra de bénéficier de la prise en charge de vos soins médicaux. Et pendant le trajet ? Avant d’arriver à destination, il faut parfois passer plusieurs heures enfermé dans une voiture, un train, un bateau ou un avion. Jouets, chansons, devinettes et jeux aideront les plus jeunes à passer le temps. Quel que soit le moyen de transport que vous utilisez, ne négligez pas la sécurité. En voiture, l’enfant doit être installé dans une nacelle ou un siège-auto adapté à sa taille et à son poids. A moto, en plus d’un casque à sa taille, il doit porter un équipement complet de protection : gants, blouson, pantalon et bottes. Notez qu’il est déconseillé de faire de la moto avec un enfant de moins de 12 ans. Pour éviter les maux d’estomac, pensez à prendre quelques sacs avec vous. « Si votre enfant est sujet au mal des transports, ne le laissez pas partir le ventre vide et occupez-le pendant le trajet pour qu’il pense à autre chose », recommande le docteur Hubinois. Là encore, parlez-en avec votre médecin avant le départ. Arrivés à bon port, détendez-vous et profitez des vacances en famille. Benoît Saint-Sever * Diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/ Encadré La trousse à pharmacie de voyage Pour faire face aux bobos et petits maux, la trousse à pharmacie est indispensable. En plus de vos traitements habituels, elle doit contenir : • des instruments (thermomètre, petits ciseaux à bouts ronds) ; • un antiseptique, des pansements et des compresses stériles, pour soigner les blessures ; Mars 2016 – N° 560 – 25 • du paracétamol et de l’ibuprofène pour lutter contre la fièvre et les maux de tête ou de dents ; • au besoin, un médicament contre le mal des transports, de la crème solaire, une solution hydroalcoolique, du soluté de réhydratation pour faire face aux diarrhées ou aux vomissements des petits, etc. Dans tous les cas, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien, qui adaptera le contenu de votre trousse à votre destination et à votre famille. Mars 2016 – N° 560 – 26