FranceMutualite_555

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N° 555
Octobre 2015
REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par
L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE
255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81
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Vente et abonnement à nos bureaux.
Directeur de la publication : Gérard Quittard
Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 ;
Christine Jorez, 01 40 43 61 27
Coordination éditoriale : Laurence Hamon
Rédactrice en chef : Sylvie Irissou
Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard
Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00
Ont collaboré à ce numéro :
Réalisé par la CIEM
67, rue Blomet
75015 Paris
Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue,
Léa Vandeputte, Aliisa Waltari
Numéro de CPPAP :
0518 G 83108
Numéro ISSN :
0015 – 9670
Dépôt légal :
octobre 2015
Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les
articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France
Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit.
SOMMAIRE
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité »
..............................................
3
SYSTÈME DE SOINS
Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous (Delphine Delarue)
...................................
L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA (Delphine Delarue)
Brèves
.........
.......................................................................................................................................................................................
5
7
10
MÉDECINE
Electrosensibilité : en voie de reconnaissance (Aliisa Waltari)
.........................................
13
Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes (Léa Vandeputte) .................................... 17
PRÉVENTION
Le vaccin contre la grippe en dix questions (Catherine Chausseray)
........................
20
.......................................................................................................................................................................................
23
SANTÉ
Brèves
VIE PRATIQUE
Quand le chien de la famille devient dangereux pour les enfants
(Isabelle Coston)
............................................................................................................................................................
25
Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface
imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale.
Octobre 2015 – N° 555 –
2
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers
de « France-Mutualité »
Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue,
« France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante
derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez
télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de
l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “FranceMutualité” ».
Titre
Rubrique
Numéro 554 – Septembre 2015
Tiers payant généralisé : une mesure controversée
Système de soins
Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ?
Système de soins
Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service
Système de soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Quand la presbytie s’installe
Médecine
Apprentissage précoce de la musique : un atout pour
Education
la scolarité
Brèves et filets (5)
Santé
Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/
et de mon chien en sept questions
Famille
Numéro 553 – Juin 2015
Dossier pharmaceutique : quels avantages ?
Système de soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Les maladies thyroïdiennes en huit questions
Médecine
La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir
Médecine
Dengue et chikungunya : le risque s’installe en France
Prévention
Brèves et filets (5)
Santé
Le téléphone portable au collège, pour ou contre ?
Vie pratique/
Famille
Accident du travail : comment est-on indemnisé ?
Vie pratique/
Emploi
Numéro 552 – Mai 2015
Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ?
Système de soins
Solidaire et responsable, votre contrat santé
Système de soins
Brèves et filets (5)
L’incontinence par urgenturie : ça se soigne
Bronzage artificiel : halte à l’intox !
Eviter les petits maux en avion
Brèves et filets (5)
Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte
Numéro 551 – Avril 2015
Quand le patient refuse les soins
Nombre
de signes
7 364
4 380
5 551
5 826
6 259
5 870
4 851
4 104
4 137
4 600
5 234
6 433
7 278
4 706
4 113
6 121
4 553
5 052
Système de soins
Médecine
Prévention
Prévention
Santé
Environnement
5 129
6 540
6 235
5 040
4 287
5 993
Système de soins
6 449
Octobre 2015 – N° 555 –
3
Titre
Rubrique
Nombre
de signes
Numéro 551 – Avril 2015
Brèves et filets (5)
Système de soins
4 821
Infarctus du myocarde : les femmes aussi
DMLA, une maladie de plus en plus répandue
Fruits et légumes : halte aux idées reçues
Déjouer le piège des sucres cachés
Brèves et filets (5)
Conduire à tout âge, c’est possible
Numéro 550 – Mars 2015
Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer
Brèves et filets (6)
Médecine
Médecine
Prévention
Prévention
Santé
Vie pratique
6 497
6 678
4 189
6 967
5 437
6 655
Système de soins
Système de soins
5 441
5 563
Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé
Brèves et filets (6)
Santé
Concilier grossesse et maladie chronique
Médecine
Herpès labial : un virus présent pour la vie
Médecine
Contraception : une méthode pour chaque femme
Prévention
La tétine : pour ou contre ?
Education
Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique
Numéro 549 – Février 2015
Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins
Prise de rendez-vous en ligne : où en est-on ?
Système de soins
6 198
6 544
5 614
6 991
7 755
5 844
4 448
Brèves et filets (5)
Brèves et filets (5)
Apnées du sommeil : ces malades qui s’ignorent
Alimentation et activité physique : les bases du bien-être
et de la santé
Vrai-faux : les pieds, ces malmenés
Parler de sexualité à son adolescent
Numéro 548 – Janvier 2015
Se soigner la nuit et le week-end
Système de soins
Santé
Médecine
Prévention
5 391
4 866
7 353
5 457
Forme
Education
6 481
6 265
Système de soins
7 296
5 075
6 709
Octobre 2015 – N° 555 –
4
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 228 signes
Encadré : 932 signes
Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous
3 visuels :
01_SalariesANI
Au 1er janvier 2016, toutes les entreprises doivent avoir mis en
place une couverture santé pour leurs employés. Née de
l’accord national interprofessionnel (ANI) voté en mars 2014,
cette mutuelle collective obligatoire soulève de nombreuses
questions : qui est concerné, quel sera le panier de soins
garanti, que se passera-t-il si le salarié quitte son employeur ?
Toutes les réponses dans [nom de votre magazine].
A partir du 1er janvier 2016, grâce à l’accord national interprofessionnel
(ANI), les salariés du secteur privé qui n’ont pas encore de
complémentaire santé pourront bénéficier d’une mutuelle collective
obligatoire financée au moins pour moitié par leur entreprise. Tous
ceux qui sont déjà couverts à titre personnel à cette date ou lors d’une
embauche pourront conserver leur couverture complémentaire jusqu’à
la date d’échéance de leur contrat individuel. Ensuite, ils devront
obligatoirement adhérer au contrat collectif souscrit par l’entreprise.
Certains pourront toutefois refuser l’affiliation : les bénéficiaires d’une
aide à la complémentaire santé (CMUC et ACS), les salariés en
contrat à durée déterminée (CDD) ou en contrat de mission de moins
de douze mois (ceux qui sont en contrat de plus de douze mois peuvent
également refuser, mais en justifiant d’une couverture individuelle), les
employés à temps partiel et les apprentis (seulement si le montant de
la cotisation est supérieur à 10 % de leur rémunération) et ceux qui
bénéficient d’une couverture collective comme ayants droit via leur
conjoint ou d’un contrat souscrit en tant que travailleur non salarié (TNS).
Des contrats collectifs étroitement encadrés
Les contrats collectifs souscrits par les employeurs devront garantir un
panier de soins minimum qui garantit la prise en charge intégrale du
ticket modérateur sur les consultations, les actes et les soins réalisés
par les professionnels de santé, à l’exception des cures thermales, des
médicaments homéopathiques et des spécialités remboursées à 15 et
30 %. Ce panier inclut également la prise en charge du forfait journalier
hospitalier à 100 %, celle des frais dentaires (prothèse et orthodontie) à
hauteur de 125 % du tarif conventionnel, ainsi qu’une garantie
forfaitaire pour les frais d’optique, avec un minimum de prise en charge
fixée à 100 euros pour une correction simple et à 200 euros pour une
correction complexe. Seul un équipement pourra être pris en charge
Octobre 2015 – N° 555 –
5
tous les deux ans, sauf pour les mineurs ou en cas d’évolution de la vue.
Dans ces cas-là, les lunettes pourront être renouvelées tous les ans. En
revanche, les franchises médicales (0,50 euro par boîte de médicament
ou acte paramédical, 2 euros par transport sanitaire hors urgence) et la
participation forfaitaire de 1 euro sur les consultations et les examens
radiologiques et biologiques ne seront pas remboursées. Les
dépassements d’honoraires restent également à la charge du salarié.
Possibilité de surcomplémentaire
Ceux qui souhaiteront compléter les garanties de leur contrat collectif
auront la possibilité de souscrire à une surcomplémentaire. Elle
pourra être proposée à titre facultatif via l’entreprise ou souscrite
directement par le salarié à titre individuel. Enfin, s’il quitte son
entreprise, l’ancien collaborateur continuera à bénéficier des
garanties de la mutuelle collective pendant douze mois sans coût
supplémentaire pour lui. Cette portabilité est financée par la
mutualisation, c’est-à-dire par l’ensemble des personnes qui sont
couvertes via le contrat santé d’entreprise.
Au total, cette réforme concerne 4 millions de personnes. Elle laisse
cependant de côté les 3,3 autres millions de Français qui n’ont pas
de mutuelle – essentiellement les jeunes en difficulté d’insertion
professionnelle, les chômeurs et les retraités. Il ne s’agit donc pas
d’« une réelle généralisation, indique-t-on à la Mutualité française. Si
la situation s’est améliorée pour les salariés, les Français exclus de la
complémentaire santé sont de plus en plus nombreux. Il est prioritaire
de s’intéresser à eux. » Un appel qui semble entendu, du moins en
partie, par le président de la République, qui a promis, le 12 juin, une
complémentaire santé pour tous les retraités d’ici à 2017.
Delphine Delarue
Encadré
Mutuelles : du contrat individuel au contrat collectif
L’accord national interprofessionnel (ANI) va profondément modifier
le paysage de la complémentaire santé en France. Pour les
mutuelles, l’impact sera profond : l’écrasante majorité d’entre elles,
qui proposaient jusque-là essentiellement des contrats individuels,
vont devoir adapter leur portefeuille vers davantage de collectif et
affronter la concurrence de structures déjà spécialisées (les
institutions de prévoyance, notamment). Cela induit un besoin de
nouvelles compétences performantes sur le marché des petites et
des moyennes entreprises (celles qui n’ont souvent pas développé
de mutuelles collectives pour leurs salariés), mais aussi des plus
grandes. Les mutuelles vont donc être obligées de former leur
personnel et de recruter à l’extérieur, de repenser leurs contrats et
de diversifier leurs offres, avec tous les investissements que cela
nécessite.
Octobre 2015 – N° 555 –
6
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 281 signes
Encadré 1 : 1 056 signes
Encadré 2 : 1 229 signes
L’Avastin officiellement disponible
pour traiter la DMLA
2 visuels :
02_AvastinDMLA
Depuis le 1er septembre, l’Avastin, un anti-cancéreux développé
par Roche, bénéficie d’une recommandation temporaire
d’utilisation (RTU) pour traiter la dégénérescence maculaire
liée à l’âge (DMLA). Une autorisation délivrée par l’Agence
nationale de sécurité du médicament et des produits de
santé (ANSM) contre l’avis du fabricant : celui-ci estime que
son médicament n’est pas adapté à un usage ophtalmologique
et présente même un risque infectieux accru pour les
patients.
Roche semble bel et bien avoir perdu la guerre qui l’oppose à l’Etat
français. Son anti-cancéreux Avastin bénéficie depuis le 1 er septembre
d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour le traitement
de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) humide, une
maladie de la rétine qui touche des milliers de personnes en France.
Etablie en juin dernier par l’Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé (ANSM), cette RTU devrait
permettre à la Sécurité sociale de réaliser plusieurs millions d’euros
d’économies par an : à efficacité thérapeutique comparable, l’Avastin
coûte trente à quarante fois moins cher que le Lucentis, le médicament
de référence utilisé jusque-là. Extrêmement cher (environ 800 euros la
dose), ce dernier représente même, avec 428 millions d’euros
remboursés en 2013, le premier poste de dépenses de l’Assurance
maladie. Or, Roche a toujours refusé que son anti-cancéreux soit
utilisé pour traiter la DMLA. Contrairement aux souhaits du ministère
de la Santé, il n’a jamais demandé d’autorisation de mise sur le
marché (AMM) pour cette indication. La raison : l’Avastin n’est pas,
selon lui, destiné à un usage ophtalmologique et présenterait même un
risque infectieux accru pour les malades. Avec la RTU, que le
laboratoire suisse estime « contraire à l’intérêt des patients », les
autorités sanitaires ont donc fait le choix de passer en force.
Un conditionnement pas adapté
« Ce qui peut poser problème, ce n’est pas l’Avastin lui-même, mais son
conditionnement, explique le docteur Gérard Dupeyron, ophtalmologue,
responsable du service d’ophtalmologie du CHU de Nîmes. Le produit
Octobre 2015 – N° 555 –
7
n’est pas prévu pour être utilisé directement en injection intra-vitréenne :
il faut d’abord fractionner le flacon en plusieurs doses. Cela peut
effectivement augmenter le risque d’infection, mais si les choses sont
faites sérieusement, ce risque n’est pas supérieur à celui des autres
médicaments injectables utilisés pour traiter la DMLA. » Le protocole
d’utilisation et de suivi défini par l’ANSM dans le cadre de la RTU est
d’ailleurs très strict : seuls les ophtalmologistes hospitaliers peuvent
prescrire et administrer l’Avastin, le produit et les seringues étant
exclusivement préparés en condition stérile par les pharmacies
centrales des hôpitaux et destinés à un usage interne. La RTU est en
outre établie pour une durée de trois ans renouvelable, « en fonction
des données d’efficacité et de sécurité qui seront issues du suivi des
patients », indique l’agence dans un communiqué.
Recours devant le conseil d’Etat
Or, selon l’ANSM, cette surveillance incombe au fabricant lui-même,
c’est-à-dire à Roche.
Cet été, le laboratoire, qui refuse catégoriquement d’assurer la mise et
place et le suivi d’une RTU qu’il n’approuve pas, a engagé un recours
devant le conseil d’Etat. Il a précisé qu’il « ne saurait assumer la
responsabilité et les obligations qui sont mises unilatéralement à sa
charge », alors que « plusieurs alternatives thérapeutiques (Lucentis et
Eylea, NDLR), dûment autorisées, sont disponibles dans [le traitement
de] la DMLA ». En attendant le jugement définitif, qui semble déjà
plutôt favorable à l’ANSM, le conseil d’Etat a décidé de ne pas
suspendre la RTU. Au grand dam de Roche, bien décidé à maintenir la
pression jusqu’au bout. Il faut dire aussi que ce dernier a tout intérêt à
ce que le Lucentis reste le traitement de référence de la DMLA. Le
laboratoire suisse est en effet très lié à Novartis, la firme chargée de
sa commercialisation, puisque celle-ci détient un tiers de son capital.
Roche percevrait même des royalties sur toutes les ventes de
Lucentis. Les deux firmes sont d’ailleurs soupçonnées d’accords
illégaux par l’autorité française de la concurrence. Delphine Delarue
Encadré 1
L’industrie pharmaceutique européenne porte plainte
Début septembre, les représentants de l’industrie pharmaceutique
européenne ont déposé une plainte auprès de la Commission
européenne contre la position de l’Etat français concernant le
traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ils
reprochent aux autorités françaises d’avoir mis en place la
recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour l’Avastin dans
le traitement de la DMLA contre l’avis de son fabricant, le
laboratoire Roche. Un passage en force, selon l’industrie
pharmaceutique européenne. « Il n’est tout simplement pas
acceptable que des dirigeants politiques préoccupés par le niveau
Octobre 2015 – N° 555 –
8
des dépenses de santé passent des lois qui non seulement
contredisent la législation de l’Union européenne, mais aussi mettent
en péril l’ensemble du système de régulation de l’UE visant à garantir
aux patients les normes de sécurité les plus élevées », a déclaré
Richard Bergström, directeur général de la Fédération européenne
des industries et associations phramaceutiques (EFPIA).
Encadré 2
Des états généraux pour la santé visuelle
La Mutualité française a lancé cet été les premiers états généraux
de la santé visuelle, qui se dérouleront le 15 décembre 2015 à
Paris. L’occasion pour tous les acteurs du secteur (opticiens,
ophtalmologues, optométristes, associations de patients, industriels,
réseaux de soins) de se réunir afin de proposer des solutions pour
faciliter l’acquisition d’équipements de qualité pour tous, y compris
les personnes les plus fragiles. Il s’agira notamment de réfléchir à la
façon d’améliorer l’accès aux professionnels de santé dans les
meilleurs délais et de réduire le reste à charge des patients. Un
temps sera également consacré à l’innovation dans le champ de la
santé visuelle et aux problématiques de la filière (formation,
répartition, coopérations professionnelles).
La Mutualité française rappelle que les complémentaires santé sont
aujourd’hui le principal financeur des soins optiques (avec 72 % de
prise en charge), l’Assurance maladie n’en remboursant plus que
5 %. Au-delà du remboursement, la Mutualité « intervient à plusieurs
niveaux de la filière de la santé visuelle, ce qui la conduit à se
mobiliser pour en améliorer l’organisation », indique-t-elle dans un
communiqué.
Sal ar i és : ce q ue
Octobre 2015 – N° 555 –
9
SYSTÈME DE SOINS
(brèves)
Calibrage : 933 signes
031_Gametes
032_Mammographie
Don de gamètes : la loi s’assouplit en France
Les personnes qui n’ont pas d’enfants peuvent désormais faire don
de leurs gamètes. Jusqu’à présent, les dons de sperme et d’ovocytes
étaient soumis à certaines conditions : il fallait déjà être parent et
avoir l’accord de son conjoint. Afin de doubler les dons d’ovocytes
et de spermatozoïdes, qui font cruellement défaut en France, un décret
a été publié le 15 octobre au Journal officiel pour autoriser ces dons à
tous, ce qui réduira aussi le temps d’attente des couples infertiles.
Pour encourager ces dons – et c’est une première en France –, une
compensation en nature est prévue : les donneuses et donneurs
pourront conserver une partie de leurs gamètes s’ils souhaitent, dans
le futur, avoir eux-mêmes recours à une assistance médicale à la
procréation (AMP).
Calibrage : 698 signes
Cancer du sein : un dépistage remboursé à 100 %
pour toutes les femmes à risque
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a profité d’Octobre rose, la
grande campagne d’information sur le cancer du sein, pour annoncer
la prise en charge à 100 % des examens de dépistage pour toutes
les femmes à risque. Jusqu’ici, seules celles qui étaient âgées de 50
à 74 ans pouvaient en bénéficier, tous les deux ans. « La mesure
sera effective au printemps », a précisé la ministre. Les femmes de
moins de 50 ans ou de plus de 74 ans présentant un risque « élevé »
ou « très élevé » pourront en outre être suivies de façon rapprochée,
tous les ans, voire tous les six mois, si leur médecin le juge utile.
033_CarteVitale
Calibrage : 1 121 signes
François Hollande annonce la création
d’une carte Vitale à vie
Une carte Vitale à vie pour assurer la continuité de couverture et
simplifier les démarches auprès des caisses : c’est l’annonce faite
par François Hollande, dans son discours, à l’occasion du soixantedixième anniversaire de la Sécurité sociale. « L’objectif, c’est d’avoir
une carte Vitale pour toute sa vie, dès lors que l’on réside en France,
de l’avoir très tôt et, si on la perd, de la faire renouveler sans
difficulté ; d’avoir cette affiliation reconnue quels que soient les
changements de métier, quelles que soient les interruptions
professionnelles* », a exposé le président. Cette mesure sera inscrite
dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2016,
présentée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et établira
Octobre 2015 – N° 555 –
10
« une protection universelle maladie pour tout individu dès 18 ans
résidant en France de manière stable et régulière ».
* Discours à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Sécurité sociale
(Paris, le 6 octobre 2015), à lire sur Elysee.fr, rubrique « Les actualités », puis
« Déclarations/Discours ».
Calibrage : 1 229 signes
034_Consultation
Medicale
Les « 3 Dire » et les « 3 Quoi » : de nouveaux outils
pour faciliter la communication entre le médecin et le patient
La Haute Autorité de santé (HAS) proposera, d’ici à la fin de
l’année 2015, deux nouveaux outils, intitulés les « 3 Dire » et les
« 3 Quoi », ayant pour objectif de favoriser la communication entre
soignants et soignés. Le premier, destiné aux professionnels de
santé, fournira une méthode pour « dire, faire dire et re-dire » et ainsi
« s’assurer de la bonne compréhension par le patient des
informations médicales essentielles en le faisant reformuler ce que le
professionnel lui a dit* ». Le second outil, à destination du patient,
cette fois, récapitulera « les trois questions importantes à poser aux
professionnels de santé qui le prennent en charge », à savoir :
« J’ai quoi ? Quoi faire ? Pour quoi faire ? ». ils s’ajouteront aux outils
déjà mis en place dans le cadre du Programme national pour la
sécurité des patients (PNSP), lancé début 2013 par le ministère de
la Santé et des Affaires sociales.
* « Programme national pour la sécurité des patients : 8 outils et actions pour
réduire le risque », à lire sur Has.sante.fr, rubrique « Le Webzine de la HAS », puis
« Sécurité du patient », septembre 2015.
035_MedecinTablette
Calibrage : 1 041 signes
Le carnet de santé numérique disponible en 2017
Nicolas Revel, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, a
annoncé, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Sécurité
sociale, mardi 6 octobre, que le dossier médical partagé sera mis en
place dans les deux prochaines années. Sorte de carnet de santé
numérique, le dossier médical personnel, rebaptisé par la suite
« dossier médical partagé », est déployé depuis plus de dix ans par
l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip), mais
son utilisation ne s’est jamais vraiment développée. L’objectif de ce
dispositif est de permettre aux professionnels de santé, qu’ils soient
médecin traitant ou médecin spécialiste, à la ville ou à l’hôpital, de
partager des informations utiles pour le suivi du malade. La nouvelle
version du carnet de santé numérique sera accompagnée, assure
Nicolas Revel, d’une application pour smartphone « ultrasécurisée » à
destination du patient, qui pourra ainsi suivre ses dernières
consultations et ses traitements en cours.
Octobre 2015 – N° 555 –
11
Calibrage : 747 signes
Un timbre commémore les 70 ans de la Sécurité sociale
Un timbre pour marquer les 70 ans de la Sécurité sociale a été révélé
au public le 6 octobre en présence de la ministre de la Santé, Marisol
Touraine, et du directeur général de la Poste, Georges Lefebvre, à la
Maison de la Mutualité, à Paris. Ce timbre-anniversaire rend honneur
aux deux pères fondateurs de l’institution : Ambroise Croizat, ministre
du Travail et de la Sécurité sociale de 1945 à 1947, et Pierre Laroque,
nommé directeur général de la Sécurité sociale le 5 octobre 1944 par
le général de Gaulle. A l’effigie des deux grands hommes, ce timbre,
tiré à 600 000 exemplaires, est en vente dans de nombreux bureaux
de poste et sur Internet depuis le 7 octobre au prix de 0,68 euro.
036_TimbreSecuSoc
Octobre 2015 – N° 555 –
12
MÉDECINE
Calibrage
Texte principal : 4 915 signes
Encadré 1 : 1 658 signes
Encadré 2 : 1 101 signes
Encadré 3 : 1 364 signes
Electrosensibilité : en voie de reconnaissance
4 visuels :
04_Electrosensibilite
Pour la première fois en France, un tribunal a accordé une
allocation adulte handicapé à une femme souffrant
d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Une décision
inédite, qui pourrait bien faire jurisprudence, alors que cette
affection n’est pas reconnue comme une véritable maladie
dans notre pays et que la communauté scientifique reste
divisée sur le sujet.
Depuis 2010, Marine Richard, 40 ans, ancienne journaliste et auteure,
vit recluse dans les montagnes ariégeoises pour échapper aux ondes
électromagnétiques qui, dit-elle, la font tant souffrir. Après des années
de lutte, elle a obtenu, l’été dernier, le droit de toucher l’allocation adulte
handicapé (AAH). Cette décision, rendue par le tribunal du contentieux
de l’incapacité de Toulouse, est une grande première en France et
pourrait bien faire jurisprudence. Elle a également permis de rouvrir le
débat sur l’électrosensibilité, un sujet qui divise la communauté
scientifique depuis plusieurs années. « Les revues de littérature
scientifique dont on dispose ne mettent pas clairement en évidence de
lien de cause à effet entre l’exposition aux champs électromagnétiques
et les symptômes ressentis par ceux qui pensent y être sensibles »,
explique le professeur Gabrielle Scantamburlo, chef de l’unité de
psycho-neuro-endocrinologie du centre hospitalier universitaire (CHU)
de Liège et auteur d’un article sur la question publié cette année dans
une revue médicale belge*. « Mais il est encore bien trop tôt pour
affirmer catégoriquement qu’il n’y a pas de causalité, souligne-t-elle. Les
études doivent se poursuivre, parce que ces symptômes existent et que
des personnes souffrent. » Ces dernières seraient même des milliers à
travers l’Europe : selon l’étude de J. Schröttner et N. Leitgeb réalisée
en 2008, 1,5 % de la population en Suède, 3,5 % en Autriche et
9,5 % en Allemagne estime être concernée. Et pour la France, un
rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et
du travail** (Afsset) datant de 2009 parle d’une prévalence de 2 %.
Des symptômes non spécifiques
Les symptômes en question vont du simple mal de tête aux palpitations
cardiaques, en passant par des nausées, des vomissements, des
rougeurs cutanées ou encore des troubles de la mémoire, du sommeil et
Octobre 2015 – N° 555 –
13
de la concentration. On imagine les répercussions dramatiques sur la
vie quotidienne : la plupart des victimes s’isolent totalement, doivent
faire face à l’incompréhension de leurs proches et, souvent, cesser de
travailler. Cependant, pour de nombreux médecins, ces manifestations
relèvent davantage de problèmes psychosomatiques que d’une exposition
aux ondes émises par la téléphonie mobile, le wi-fi, les lignes à haute
tension, les micro-ondes, la radio FM ou les objets électriques. Et
comme les symptômes ne sont pas spécifiques, ils pourraient très bien
être attribués à de nombreuses maladies autres.
Pourtant, dès 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
reconnaît l’existence de cette affection, qu’elle qualifie d’hypersensibilité
électromagnétique (HSEM). De même, dans un rapport de 2013,
l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (Anses) admet l’idée que l’exposition aux
ondes électromagnétiques puisse provoquer des modifications
biologiques du corps humain. Même si elle conclut à une « absence
d’effet sanitaire avéré chez l’homme », l’agence préconise, par principe
de précaution, de limiter l’exposition de la population, en particulier les
enfants, aux champs émis par la téléphonie mobile.
Recommandations pratiques
En attendant, faute de connaissances, la prise en charge des patients
se révèle particulièrement compliquée pour les médecins. « Les
symptômes ne sont pas clairement définis et ils varient considérablement
d’un sujet à l’autre, indique le professeur Scantamburlo. Nous n’avons
donc pas d’éléments spécifiques qui permettent de faire un diagnostic
précis. » Une série de recommandations pratiques permet toutefois de
soulager certaines personnes : réduire l’utilisation des appareils
électriques, éloigner les lampes de chevet et les radios-réveils,
éteindre son téléphone portable quand on ne s’en sert pas ou encore
désactiver le wi-fi. « Nous conseillons aux patients d’effectuer un bilan
général pour être bien sûrs que les symptômes ne sont pas dus à
autre chose, précise Gabrielle Scantamburlo. Nous proposons aussi
une évaluation psychologique approfondie dans laquelle on s’intéresse
au niveau de stress environnemental vécu par le patient. » De son
côté, l’Anses promet un nouveau rapport pour 2016. Espérons qu’il
apporte enfin des réponses concrètes et des solutions pour tous ceux
qui souffrent d’HSEM.
Aliisa Waltari
* « Champs électriques et magnétiques et santé : quel message au grand public ? »,
M. Ledent, V. Beauvois, I. Demaret, N. Ansseau, G. Scantamburlo, Revue médicale
de Liège, 2015.
** Depuis 2010, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (Anses).
Octobre 2015 – N° 555 –
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Encadré 1
Utilisation du téléphone portable : les règles de base
Pour réduire le plus possible l’exposition de la population aux ondes
émises par la téléphonie mobile, l’Institut national de prévention et
d’éducation pour la santé (INPES) émet un certain nombre de
recommandations. Par exemple, pensez à privilégier l’oreillette, le
haut-parleur ou les SMS, afin de maintenir votre téléphone éloigné de
votre cerveau. Lorsque vous émettez un texto, votre appareil se
connecte à l’antenne relais la plus proche uniquement le temps
d’envoyer le message, alors que, lors d’une conversation, la connexion
est renouvelée plusieurs fois. Evitez aussi de téléphoner dans les
zones de mauvaise réception (moins la couverture réseau est bonne,
plus votre mobile émet d’ondes pour rester connecté) et de porter votre
portable contre le cœur, l’aisselle, la hanche ou les parties génitales.
Sachez en outre que les ondes électromagnétiques peuvent perturber
le fonctionnement des implants électroniques (pacemaker) ; mieux vaut
donc tenir votre téléphone à distance. Il est également déconseillé
d’utiliser votre mobile lorsque vous vous déplacez : pour maintenir la
conversation, votre appareil doit se connecter successivement à
plusieurs antennes relais (à chaque nouvelle recherche, il émet
à pleine puissance). Vous pouvez d’ailleurs éteindre votre appareil
lorsque vous ne vous en servez pas ou le passer en mode « avion »,
car en veille il envoie régulièrement des signaux à l’antenne la plus
proche. Enfin, attendez le plus longtemps possible avant d’équiper vos
enfants, même s’ils sont adolescents : ils sont particulièrement
sensibles aux ondes des téléphones portables.
Encadré 2
Le wi-fi interdit dans les crèches et limité à l’école
Adoptée par le Parlement en janvier dernier, une loi écologique
relative à l’exposition aux ondes électromagnétiques interdit, par
principe de précaution, l’utilisation du wi-fi dans les crèches et les
garderies pour tout-petits. Cette interdiction s’applique en priorité
aux espaces qui leur sont réservés, c’est-à-dire les salles d’accueil,
de repos et d’activité (les parties administratives ne sont pas
concernées). « Les jeunes enfants constituent des populations à
risques, avant tout pour des raisons morphologiques, indique
Laurence Abeille, député écologiste, dans le rapport qui a servi de
base à cette nouvelle loi. La petitesse du crâne, mais également la
perméabilité plus importante de la boîte crânienne les rendent plus
vulnérables. Ce point fait consensus au sein de la communauté
scientifique. Il est donc particulièrement important d’appliquer aux
enfants des mesures de protection drastiques. » Si le wi-fi demeure
autorisé à l’école primaire, il devra toutefois rester désactivé en
dehors des activités numériques pédagogiques.
Octobre 2015 – N° 555 –
15
Encadré 3
A Durbon, bientôt une « zone blanche »
pour les électro-hypersensibles ?
En France, il y aurait cent soixante localités ne disposant d’aucune
couverture mobile et plus de deux mille dans lesquelles la
connexion Internet sur smartphone (3G) est impossible. C’est dans
ces territoires, pour l’essentiel situés en secteur rural isolé
(Ardèche, Ariège, Drôme…), que se réfugient les électrohypersensibles (EHS) souhaitant échapper aux ondes de la
téléphonie mobile ou du wi-fi. Regroupés en associations, certains
militent même pour la création de « zones blanches » d’accueil
structurées et réservées aux EHS, des espaces de vie sans ondes
(ou très peu) que les opérateurs s’engageraient à préserver. C’est
notamment le cas avec le projet du site de la Chartreuse à Durbon,
un hameau de la commune de Saint-Julien-en-Beauchêne (HautesAlpes). Suivie par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), soutenue
par la députée européenne Michèle Rivasi et portée par les
associations Une terre pour les EHS, Robin des toits et Evaléco,
cette initiative pourrait bientôt voir le jour, à condition de décrocher le
marché public de gestion du site, qui appartient à la caisse
d’allocations familiales (CAF) des Bouches-du-Rhône. La Chartreuse
deviendrait alors la toute première zone blanche expérimentale de
France.
Octobre 2015 – N° 555 –
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MÉDECINE
Calibrage
Texte principal : 4 094 signes
Encadré : 1 119 signes
Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes
Source d’inquiétude pour les parents de jeunes enfants, la
fièvre est pourtant une réaction normale de l’organisme qui
combat une infection. Bien que rarement grave, elle nécessite
de connaître les gestes appropriés et de laisser de côté les
idées reçues.
2 visuels :
05_FievreEnfant
La fièvre est définie par une élévation de la température au-dessus
de 38 °C. « C’est une réaction normale du système immunitaire à une
attaque microbienne. Elle signifie que le corps de l’enfant se
défend », explique le docteur Nathalie Gelbert, présidente de
l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Pourtant, les
idées reçues ont la vie dure et les parents sont souvent soucieux
devant cette défense corporelle. Ainsi, les résultats d’une étude de
l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)*,
publiée en décembre 2013 et conduite auprès de 6 500 parents
d’enfants âgés de 1 mois à 12 ans et présentant une fièvre depuis
moins de quarante-huit heures, sont mitigés. Si 89 % des parents
mesurent correctement la température et 61 % savent que 38 °C est
le seuil de la fièvre, seuls 23 % utilisent correctement un traitement et
à peine 15 % respectent les mesures favorisant le bien-être de
l’enfant.
Observer le comportement de son enfant
En cas de soupçon de fièvre, le premier geste consiste à mesurer
précisément la température, mais il est également utile d’observer le
comportement de l’enfant. Celui-ci peut en effet plus ou moins bien
supporter la fièvre. « Les parents doivent se poser les questions
suivantes : mon enfant présente-t-il une sensation d’inconfort ? Est-ce
qu’il geint ? Est-il prostré ? Dans le cas contraire, si l’enfant est
relativement en forme, il ne faut pas s’alarmer », préconise Nathalie
Gelbert. En cas d’inconfort, il convient de dévêtir légèrement son
enfant, de lui donner à boire et d’aérer sa chambre. Quant au fameux
bain qui permettrait de faire baisser la température, il est à éviter, car
il peut provoquer un choc thermique et renforcer la sensation de
malaise. « La fièvre n’est pas dangereuse, rappelle le docteur
Gelbert, il n’est donc pas utile de chercher à la faire baisser. Les
parents doivent se rassurer et être à l’écoute de l’enfant. »
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Des antalgiques en cas d’inconfort
Si ces premières mesures ne se révèlent pas assez efficaces, il faut
alors envisager un traitement médicamenteux à base d’antalgiques.
« Le paracétamol est généralement recommandé, car il est mieux
toléré, mais, s’il n’est pas efficace, on peut proposer de l’ibuprofène »,
précise le pédiatre. La prise d’un seul médicament est conseillée,
puisque aucune étude n’a « démontré l’intérêt d’une alternance ou
d’une association systématique », indique l’Agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)**. Par ailleurs, et
tout au long du traitement, le respect des doses en fonction du poids
et de l’âge et l’observance du délai entre les prises sont impératifs.
« Il faut également rappeler aux parents de ne pas utiliser le même
flacon de paracétamol pour tous leurs enfants, ajoute Nathalie
Gelbert. Il est préférable de donner à l’enfant le produit dans une
petite cuillère pour éviter de souiller la pipette. »
Consulter sans tarder
Malgré les traitements, la fièvre persiste ou votre enfant présente des
signes d’inconfort ? Consultez sans tarder. « Avant l’âge de 3 mois, il
est recommandé de consulter dès que l’on s’aperçoit que le jeune
enfant a de la fièvre, précise le docteur Gelbert. Si son médecin habituel
n’est pas disponible, il faut se rendre aux urgences pédiatriques. Entre
3 et 6 mois, nous conseillons de consulter dans la journée et, à partir de
12 mois, dans les quarante-huit heures si la situation ne s’améliore
pas. »
Léa Vandeputte
* « Managing fever in children: A national survey of parents’ knowledge and
practices in France », PloS One, N. Bertille et al., 31 décembre 2013.
** Mise au point sur la prise en charge de la fièvre chez l’enfant, Agence française
de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), 2004.
Encadré
Savoir prendre la température
En cas d’inquiétude et pour détecter la fièvre, le premier geste
consiste à mesurer la température le plus précisément possible.
Poser simplement sa main sur le front de son enfant est donc bien
trop imprécis. Il faut privilégier l’emploi d’un thermomètre
électronique par voie rectale ou bien celui d’un thermomètre
auriculaire infrarouge – attention, cependant, à ne pas l’utiliser en
cas d’otite. Quant à la prise de température dans la bouche ou sous
l’aisselle, « elle est trop superficielle pour refléter la réelle
température du corps », affirme le docteur Nathalie Gelbert.
L’Assurance maladie préconise donc de majorer la température
affichée de 0,5 °C pour la voie buccale et de 0,6 °C pour la voie
axillaire. Quelle que soit la solution choisie, il est conseillé de prendre
la température à distance des repas et après vingt minutes de repos.
Référez-vous au mode d’emploi du thermomètre afin de garantir
Octobre 2015 – N° 555 –
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l’exactitude de la mesure. Enfin, ne négligez pas les règles d’hygiène :
pensez à nettoyer le thermomètre à l’eau et au savon et rincez-le
avant et après toute utilisation.
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PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 4 744 signes
Encadré 1 : 1 001 signes
Encadré 2 : 562 signes
Le vaccin contre la grippe en dix questions
La grippe, ce n’est pas rien. Ses conséquences peuvent être
graves, voire dramatiques pour les plus fragiles. Chaque
année, en France, cette maladie touche 2 à 8 millions de
personnes de tous âges.
3 visuels :
06_VaccinGrippe
Au-delà de la fièvre et des courbatures qui vous clouent au lit, la grippe
est aussi très contagieuse. Cette maladie infectieuse des voies
respiratoires supérieures est provoquée par un virus dont il existe
plusieurs types et variants. Les variations, qui surviennent avec une
fréquence élevée, peuvent modifier la réceptivité des populations
animales ou humaines et favoriser leur diffusion et la survenue
d’épidémies. Actuellement, seul le vaccin saisonnier permet de l’éviter.
Quand doit-on se faire vacciner ?
« Il faut compter dix à quinze jours avant que le vaccin soit protecteur,
explique le professeur Jean Beytout, chef du service des maladies
infectieuses et tropicales du centre hospitalier universitaire (CHU) de
Clermont-Ferrand. Il est nécessaire d’anticiper l’épidémie, qui survient
le plus souvent après décembre : le mieux est de se faire vacciner dès
que le vaccin est disponible, c’est-à-dire dès octobre. » Mais même si
l’épidémie a commencé, il est encore temps de se faire vacciner.
Faut-il le faire chaque année ?
« Oui, répond le professeur, pour deux raisons : d’une part, la
persistance des anticorps est limitée dans le temps – de six à huit ou
neuf mois chez les personnes âgées, davantage chez les sujets plus
jeunes – ; d’autre part, le vaccin est susceptible d’être modifié d’une
année sur l’autre pour s’adapter. »
Pourquoi ce vaccin n’est-il jamais le même d’une année sur l’autre ?
« Sa composition est définie depuis février 2015, précise le professeur
Beytout. Tous les ans, les experts repèrent l’apparition de nouveaux
variants (souvent isolés en Asie du Sud-Est) et leur potentiel de
diffusion ; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) établit le “cocktail”
de trois souches des types A (H1N1), A (H3N2) et B qui paraissent avoir
le plus de chance d’émerger lors de l’épidémie de l’hiver suivant : c’est
un peu une course-poursuite. »
Octobre 2015 – N° 555 –
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Quelle est son efficacité ?
« Il y a malheureusement une marge d’erreur. Au cours de l’hiver
2014-2015, par exemple, la souche A (H3N2) s’est modifiée de façon
imprévue et les antigènes vaccinants n’étaient pas en phase, ne
permettant pas aux personnes vaccinées de produire les anticorps
appropriés pour être protégées », déclare le professeur, qui précise
que l’efficacité vaccinale est d’environ 70 % pour les
immunocompétents (c’est-à-dire les jeunes en bonne santé) et qu’elle
n’est que d’environ 50 % chez les plus âgés. L’Institut de veille
sanitaire (INVS) estime que la vaccination permet, en l’état de la
couverture vaccinale actuelle, d’éviter 2 000 décès par an chez les
65 ans et plus*.
La vaccination protège-t-elle contre toutes les formes de grippe ?
« Elle ne concerne que les virus grippaux impliqués dans la grippe
saisonnière humaine, indique le spécialiste. Les virus des grippes
aviaires sont donc exclus. »
Est-on aussi protégé contre le rhume ?
« Non, assure-t-il. La vaccination ne concerne pas les autres virus
respiratoires. »
Qui doit se faire vacciner ?
La vaccination est recommandée par le Haut Conseil de la santé
publique (HCSP) aux seniors de 65 ans et plus, aux personnes
atteintes de certaines maladies chroniques (diabète, insuffisance
respiratoire, cardiaque ou rénale), aux femmes enceintes, aux
personnes obèses ou à celles qui séjournent dans un établissement
de soins, aux professionnels de santé, au personnel navigant et à
quiconque est en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois.
Le vaccin est-il remboursé par l’Assurance maladie ?
Les assurés concernés par ces recommandations reçoivent
normalement un courrier d’invitation accompagné d’un imprimé de
prise en charge à 100 %.
Qui peut vacciner ?
Pour une première fois, rendez-vous chez votre médecin traitant.
Pour les années suivantes, sachez que les infirmiers sont aussi
autorisés à vacciner.
Est-ce que le vaccin ne risque pas de me rendre malade ?
Les vaccins grippaux injectables sont préparés à partir de virus
cultivés sur œufs de poule embryonnés. Les virus récoltés sont
traités : fragmentés, purifiés pour obtenir des glyco-protéines
antigéniques et concentrés pour atteindre la dose immunisante
Octobre 2015 – N° 555 –
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définie. Ce sont des vaccins inactivés ne contenant que des
fragments viraux : ils ne peuvent donc pas entraîner une grippe. Les
données de pharmacovigilance montrent qu’ils sont bien tolérés, en
dehors des réactions attendues transitoires (douleur au point
d’injection, épisode fébrile, par exemple).
Catherine Chausseray
* « Avis et rapport relatif à l’efficacité de la vaccination contre la grippe
saisonnière », Haut Conseil de la santé publique, mars 2014.
Encadré 1
Les chiffres de la grippe pour l’hiver 2014-2015 en France*
Epidémie forte de grippe, dominée par le virus A (H3N2).
• 9 semaines d’épidémie.
• 2,9 millions de consultations pour syndrome grippal.
• 55 % de virus A (H3N2).
• Près de 30 000 passages aux urgences pour grippe.
• 3 133 hospitalisations parmi ces passages, dont 47 % chez les
65 ans et plus.
• 1 558 cas graves de grippe admis en réanimation.
• Une surmortalité hivernale jamais vue depuis neuf ans, avec
18 300 décès enregistrés. Parmi les personnes décédées, 90 %
étaient âgées de plus de 65 ans. Cet excès de mortalité est lié à la
grippe et à d’autres facteurs hivernaux.
A noter : 53 % de personnes à risque ne se sont pas fait vacciner en
2014.
La grippe, qui a fortement touché la France l’hiver dernier, devrait
coûter environ 180 millions d’euros, selon le directeur de
l’Assurance maladie, Nicolas Revel, soit 80 millions de plus que
d’habitude.
* Bulletin épidémiologique grippe, Institut de veille sanitaire (INVS), point au 22 mai 2015.
Encadré 2
Bientôt un vaccin universel contre la grippe ?
Actuellement, seule une vaccination saisonnière permet de se
protéger des souches de virus grippaux en circulation, ceux-ci
évoluant chaque année. Un vaccin unique est cependant à l’étude.
Les chercheurs ont déjà réussi à immuniser complètement des
souris et partiellement des furets et des singes, des animaux qui
présentent les mêmes symptômes que l’homme. C’est un pas
important vers le développement d’un vaccin universel, mais de
nombreux essais devront encore être menés avant d’être mis au
point pour l’homme.
Octobre 2015 – N° 555 –
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SANTÉ (brèves)
Calibrage : 999 signes
071_Bipolarite
Homme
Dépister le trouble bipolaire pour prévenir le risque de suicide
Le trouble bipolaire, une maladie psychiatrique qui se caractérise par
« une alternance d’épisodes hypomaniaques ou maniaques et d’épisodes
dépressifs légers, modérés ou sévères, avec des intervalles de rémission
plus ou moins longs », favorise les tendances suicidaires, explique la
Haute Autorité de santé (HAS)*. Un patient non traité sur deux tenterait
de se suicider et 15 % d’entre eux y succomberaient. Ce trouble survient
dès les jeunes années, entre 15 et 25 ans, mais est diagnostiqué très
tard, dix ans en moyenne après son apparition. Pour un dépistage
précoce, une prise en charge adaptée et une meilleure prévention des
risques suicidaires, la HAS a mis au point un guide** détaillant les
symptômes de la maladie à destination des médecins.
* « Trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale », Haute Autorité de santé
(HAS), 6 octobre 2015.
** Patients avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier
recours, HAS, 6 octobre 2015.
072_SeniorsActifs
Calibrage : 952 signes
Sport intense : la prudence est de mise chez les seniors
Pour qu’elles puissent maintenir leur autonomie le plus longtemps
possible, l’activité physique est recommandée aux personnes âgées qui
n’ont pas de problèmes de santé. L’Institut de veille sanitaire (INVS)
rappelle toutefois qu’une pratique sportive trop intense est risquée. Dans
son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH)*, il souligne
l’importance, pour un senior sédentaire, de faire un bilan médical et
cardiologique avant de commencer ou de reprendre un sport, cela afin
de réduire le risque d’accident cardiovasculaire. Les femmes de plus de
50 ans qui font de la course à pied doivent également tenir compte, en
cas d’ostéoporose, d’un risque d’accident. L’activité physique et
sportive, pratiquée avec modération et dans le cadre d’un suivi médical,
reste malgré tout le meilleur moyen de vieillir en bonne santé.
* Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Institut de veille sanitaire (INVS),
6 octobre 2015.
073_MedicamentsSoir
Calibrage : 943 signes
Prendre son traitement antihypertenseur le soir
peut prévenir le diabète
Il a été remarqué que le diabète précède souvent l’hypertension artérielle
(HTA), et inversement. Deux études menées sur plus de 2 000 patients
par des universitaires de Vigo (Espagne), dont les résultats ont été
publiés dans la revue Diabetologia, révèlent qu’il y aurait moins de cas
de diabète chez les hypertendus qui prennent leur traitement le soir
Octobre 2015 – N° 555 –
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plutôt que le matin. Aujourd’hui, la prise du traitement au coucher fait
partie des recommandations de l’American Diabetes Association, de
l’European Society of Cardiology et de l’European Association for the
Study of Diabetes. Une étude portant sur 18 000 hypertendus, qui
seront évalués sur dix ans, doit être lancée par l’équipe de Vigo pour
confirmer ces résultats. Quoi qu’il en soit, avant de changer vos horaires
de prise de médicaments, il est indispensable d’en parler à votre
médecin ou à votre pharmacien.
Calibrage : 965 signes
074_IVG_Affiche
075_RecreationMarelle
Un numéro anonyme et gratuit pour s’informer sur l’IVG
A l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, le
28 septembre, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des
Droits des femmes, Marisol Touraine, a annoncé la création d’un
numéro national anonyme et gratuit : le 0 800 08 11 11 (ouvert le lundi
de 9 à 22 heures et du mardi au samedi de 9 à 20 heures). Confié au
Mouvement français pour le planning familial (MFPF), ce numéro a une
mission d’information, de conseil, de soutien et d’orientation sur les
sujets de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), de la sexualité et
de la contraception. En parallèle de la création de ce numéro, le
ministère a lancé une campagne de communication intitulée « Mon
corps, mon choix, mon droit ». L’objectif est de faire connaître leurs
droits aux femmes et les moyens de les exercer. Enfin, le site
Ivg.gouv.fr a été remanié et propose de nouveaux contenus permettant
de garantir une information neutre et objective sur Internet.
Calibrage : 1 191 signes
Le chiffre : quatre enfants sur dix sont privés de jeux en plein air
Pendant les jours d’école, 39 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouent
jamais en plein air. Voilà le résultat de l’analyse des données de
l’Etude nationale nutrition santé publiée dans le Bulletin
épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire
(INVS) du 6 octobre 2015. L’enquête révèle également que les
enfants qui pratiquent le moins les jeux en extérieur résident dans
l’agglomération parisienne, sont issus d’un ménage dont la catégorie
socioprofessionnelle de la personne de référence est « employé ou
ouvrier » ou dont les revenus sont dans les 15 % les plus bas ou les
15 % les plus élevés. Les chercheurs rappellent que « la pratique de
jeux en plein air est associée à une moindre sédentarité et à une
moindre corpulence chez les enfants de 3 à 10 ans en France » et
recommandent la mise en place d’interventions « pour faciliter et
inciter à la pratique de jeux en plein air en vue d’augmenter leur
niveau global d’activité physique, en particulier pour les plus
sédentaires ou ceux ayant les corpulences les plus élevées ».
* Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), INVS, 6 octobre 2015.
Octobre 2015 – N° 555 –
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VIE PRATIQUE
Calibrage
Texte principal : 4 728 signes
Encadré 1 : 1 064 signes
Encadré 2 : 611 signes
Quand le chien de la famille devient dangereux
pour les enfants
Les services d’urgences pédiatriques des hôpitaux peuvent
en témoigner : nombreux sont les enfants agressés par le
chien du foyer ou de l’entourage proche. Pourtant, beaucoup
de ces accidents auraient pu être évités.
3 visuels :
08_ChienDanger
De l’enquête menée de 2009 à 2010 auprès des centres hospitaliers
universitaires (CHU) par l’Institut de veille sanitaire (INVS) et
l’association des vétérinaires comportementalistes Zoopsy, il ressort
que « l’incidence annuelle des morsures ayant nécessité un recours
aux soins a été estimée de 30 à 50 pour 100 000 enfants de 0 à
15 ans. Chez les enfants les plus jeunes, les blessures sont plus
nombreuses, plus graves et se situent souvent au niveau de la tête et
du cou, ce qui peut entraîner des séquelles physiques, esthétiques et
psychologiques. Le plus souvent, la personne qui a été mordue
connaissait le chien et les agressions se produisent au domicile* ».
Les petits souvent attaqués au visage
Les morsures de chien concernent 0,5 à 1 % des urgences
chirurgicales pédiatriques. Dans 75 à 80 % des cas, il s’agit de
lésions faciales. « Chez les tout-petits, de 2-3 ans, c’est la plupart du
temps le visage qui est touché. En grandissant, l’enfant se protège
avec les bras, et ses membres supérieurs sont alors la partie du
corps la plus exposée aux morsures », constate le docteur Ambre
de Bérail, du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital Purpan à
Toulouse (31). Elle ajoute que l’ensemble de l’équipe intervient
fréquemment pour des morsures, en moyenne deux fois par semaine,
notamment pendant les vacances. Une cellule dédiée à ce type de
blessures a d’ailleurs été créée et compte un psychiatre, qui prend en
charge le stress post-traumatique.
Beaucoup de morsures en été
Prenons l’exemple des enfants gardés par les grands-parents
pendant les vacances. Si ces derniers ont un chien, celui-ci peut
ressentir la présence des petits comme une intrusion. L’été est aussi
la saison des barbecues : non seulement les gens investissent « le
jardin du chien », mais en plus ils y font cuire de la viande. Pour
Octobre 2015 – N° 555 –
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l’animal, la nourriture est une affaire sérieuse, et cette viande qui
attise sa convoitise peut l’exciter et le rendre hargneux.
« Dans 75 à 82 % des cas, ce sont des chiens connus qui attaquent,
constate le docteur Claude Beata, vétérinaire comportementaliste à
Toulon, membre du Collège européen de médecine vétérinaire
comportementale, de l’association Zoopsy et co-auteur de l’enquête
de l’INVS. J’ai eu très récemment le cas d’un chien, au demeurant
plutôt sympa, qui avait pincé un enfant. Il s’était retrouvé en contact
avec plusieurs enfants à la fois alors qu’il n’y était pas habitué. Il a
été apeuré par les cris et l’agitation et cherche depuis à agresser les
enfants dès qu’il en repère à proximité. »
Décoder les signes d’alerte
« Dans la plupart des cas, il y a des signes avant-coureurs. Toutes
les formes de menace (grognements, pincements, etc.) doivent
alerter, mais aussi d’autres signes qui laissent penser que l’animal se
sent mal à l’aise en présence de l’enfant. Si l’on remarque que son
chien a un comportement bizarre, inhabituel, qu’il s’éloigne lorsque
l’enfant entre dans une pièce, qu’il détourne son regard, qu’il se lèche
le bout du museau…, il faut consulter un vétérinaire », recommande
le spécialiste. Le bien-être de l’animal est essentiel : respecter sa
gamelle et sa zone de couchage est une règle à connaître. Il faut
également que le chien ne se sente pas acculé, qu’il ait la possibilité
de s’isoler s’il en ressent le besoin.
Eduquer plutôt que rééduquer
Valérie Allemand, vétérinaire comportementaliste à Eaunes (31), met
en garde les propriétaires de chien contre une sévérité exagérée ou,
au contraire, un trop grand laxisme : « On remarque souvent un
défaut d’éducation chez les petits gabarits. La plupart du temps, ce
sont pourtant les chiens de moins de 10 kilos qui mordent. »
« On consulte un éducateur canin une fois que l’accident s’est
produit, déplore Claude Beata. Or, la rééducation est plus
compliquée. Il est plus simple d’éduquer, quelle que soit la race, dès
le plus jeune âge, même si cela n’empêche pas tous les accidents. »
Le vétérinaire conseille vivement d’amener le chiot, dès ses premiers
mois, dans une « puppy school » afin de l’éduquer et de le socialiser.
Pour apprendre aux enfants à se comporter correctement vis-à-vis du
chien de la famille, c’est plus difficile. « Jusqu’à 5-6 ans, ils ne font
pas ce qu’on leur dit, souligne le docteur Allemand. Ils peuvent alors
se mettre en danger. »
Isabelle Coston
* « Facteurs de gravité des morsures de chien aux urgences », enquête
multicentrique, Institut de veille sanitaire (INVS), mai 2009-juin 2010.
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Encadré 1
Qui a mordu mordra ?
Une étude rétrospective de 2011, menée sur 77 enfants mordus par
un chien et suivis à l’hôpital pour enfants Armand-Trousseau, à
Paris, mentionne « une forte proportion de chiens “récidivistes” ».
Elle souligne que « ces chiens “récidivistes” sont responsables de
morsures de plus en plus graves ». « Un animal qui a déjà mordu
sera plus susceptible de mordre à nouveau, remarque le docteur
Claude Beata, vétérinaire. Si la loi était appliquée, on pourrait
évaluer les risques. Or, les chiens mordeurs dans le cercle familial
sont rarement évalués. » Valérie Allemand, elle aussi vétérinaire
comportementaliste, fait le même constat : « Lorsqu’un chien a déjà
mordu, il faut absolument diagnostiquer le problème pour prévenir la
récidive. » Et de raconter l’exemple d’un jeune rottweiler qui avait
attaqué un enfant de 3 ans. Dans un premier temps les parents
avaient cherché à s’en débarrasser, avant de changer d’avis, mais
sans pour autant mettre en place certaines mesures pour améliorer
les conditions de vie du canidé et écarter tout danger futur.
Encadré 2
Que faire en cas de morsure ?
Dans les quinze jours qui suivent la morsure, le chien mordeur doit
être présenté à un vétérinaire et subir trois examens pour s’assurer
qu’il n’a pas la rage. De plus, il est obligatoire de déclarer toute
morsure auprès de la mairie. Dans le même délai, le chien doit être
soumis à une évaluation comportementale. Le maire pourra imposer
toute mesure nécessaire (prise en charge, formation relative aux
principes d’éducation canine et aux règles de sécurité, etc.). En cas
de refus, il est habilité à ordonner que l’animal soit placé dans un
lieu de dépôt adapté, voire euthanasié.
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