N° 556 Novembre 2015 REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81 Abonnement : Le numéro ...................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) ............................... 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 ; Christine Jorez, 01 40 43 61 27 Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : novembre 2015 Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit. SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » .............................................. 3 SYSTÈME DE SOINS Des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticoagulant (Léa Vandeputte) .............................................................................................................................................................. 5 Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes (Catherine Chausseray) ....................... 8 Brèves ....................................................................................................................................................................................... 11 MÉDECINE Syndrome du choc toxique : les tampons hygiéniques sont-ils dangereux ? (Delphine Delarue) ......................................................................................................................................................... 13 PRÉVENTION Des mains propres pour un hiver en bonne santé (Benoît Saint-Sever) ................. 15 Iatrogénie : quand les médicaments font plus de mal que de bien (Léa Vandeputte) ............................................................................................................................................................. 18 SANTÉ Brèves ....................................................................................................................................................................................... 21 VIE PRATIQUE / ÉDUCATION Poursuivre sa scolarité à l’hôpital (Isabelle Coston) .................................................................... 24 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale. Novembre 2015 – N° 556 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “FranceMutualité” ». Titre Rubrique Numéro 555 – Octobre 2015 Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous Système de soins L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA Système de soins Brèves et filets (6) Système de soins Electrosensibilité : en voie de reconnaissance Médecine Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes Médecine Le vaccin contre la grippe en dix questions Prévention Brèves et filets (5) Santé Quand le chien de la famille devient dangereux Vie pratique pour les enfants Numéro 554 – Septembre 2015 Tiers payant généralisé : une mesure controversée Système de soins Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ? Système de soins Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Quand la presbytie s’installe Médecine Apprentissage précoce de la musique : un atout pour Education la scolarité Brèves et filets (5) Santé Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/ et de mon chien en sept questions Famille Numéro 553 – Juin 2015 Dossier pharmaceutique : quels avantages ? Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Les maladies thyroïdiennes en huit questions Médecine La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir Médecine Dengue et chikungunya : le risque s’installe en France Prévention Brèves et filets (5) Santé Le téléphone portable au collège, pour ou contre ? Vie pratique/ Famille Accident du travail : comment est-on indemnisé ? Vie pratique/ Emploi Numéro 552 – Mai 2015 Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? Système de soins Nombre de signes 4 160 6 566 5 769 9 038 5 213 6 307 5 050 6 403 7 364 4 380 5 551 5 826 6 259 5 870 4 851 4 104 4 137 4 600 5 234 6 433 7 278 4 706 4 113 6 121 4 553 Novembre 2015 – N° 556 – 3 Titre Numéro 552 – Mai 2015 Solidaire et responsable, votre contrat santé Rubrique Nombre de signes Système de soins 5 052 Brèves et filets (5) L’incontinence par urgenturie : ça se soigne Bronzage artificiel : halte à l’intox ! Eviter les petits maux en avion Brèves et filets (5) Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte Numéro 551 – Avril 2015 Quand le patient refuse les soins Système de soins Médecine Prévention Prévention Santé Environnement 5 129 6 540 6 235 5 040 4 287 5 993 Système de soins 6 449 Brèves et filets (5) Système de soins 4 821 Infarctus du myocarde : les femmes aussi DMLA, une maladie de plus en plus répandue Fruits et légumes : halte aux idées reçues Déjouer le piège des sucres cachés Brèves et filets (5) Conduire à tout âge, c’est possible Numéro 550 – Mars 2015 Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer Brèves et filets (6) Médecine Médecine Prévention Prévention Santé Vie pratique 6 497 6 678 4 189 6 967 5 437 6 655 Système de soins Système de soins 5 441 5 563 Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé Brèves et filets (6) Santé Concilier grossesse et maladie chronique Médecine Herpès labial : un virus présent pour la vie Médecine Contraception : une méthode pour chaque femme Prévention La tétine : pour ou contre ? Education Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique Numéro 549 – Février 2015 Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins 6 198 6 544 5 614 6 991 7 755 5 844 4 448 5 075 Novembre 2015 – N° 556 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 458 signes Encadré 1 : 1 093 signes Encadré 2 : 1 189 signes Des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticoagulant Les patients sous traitement anticoagulant sont invités par l’Assurance maladie à un entretien avec leur pharmacien. Objectif : réduire les accidents liés au risque d’hémorragie. 3 visuels : 01_Entretiens Pharmaceutiques Chaque année, les anticoagulants par antivitamine K (AVK) sont responsables de 17 300 hospitalisations et de près de 4 000 décès. Utilisés pour traiter diverses pathologies, ces médicaments empêchent la formation de caillots sanguins, mais peuvent, s’ils sont mal dosés, provoquer des hémorragies. Ils nécessitent donc des précautions particulières. C’est la raison pour laquelle, depuis le mois de juin 2013, les patients qui suivent depuis plus de six mois un traitement anticoagulant, par exemple Préviscan, Coumadine ou Sintrom, sont invités par l’Assurance maladie à prendre rendez-vous avec leur pharmacien pour un entretien. Une bonne connaissance du traitement et des signaux d’alerte et un suivi régulier suffisent, en effet, à diminuer le risque d’accident. Les entretiens pharmaceutiques s’inscrivent ainsi dans une démarche d’accompagnement des malades. Deux rendez-vous dans l’année « Le patient vient nous voir à la pharmacie avec le courrier de l’Assurance maladie pour adhérer au programme de suivi, explique Marcelline Grillon, pharmacienne et vice-présidente de la section A des pharmaciens d’officine de l’ordre des pharmaciens. Nous prenons rendez-vous, et lorsque nous le recevons pour le premier entretien, cela se déroule dans une pièce préservant la confidentialité au sein de l’officine. Nous recueillons des informations sur le patient en suivant un questionnaire type, qui aborde les connaissances générales sur le traitement, la vie quotidienne et l’alimentation, mais aussi la surveillance biologique. » Les patients sous AVK doivent régulièrement réaliser des prises de sang pour surveiller leur INR (pour International Normalized Ratio), un test destiné à mesurer la coagulation. C’est en fonction de ces résultats que le médecin ajuste le traitement. « Une fois le questionnaire terminé, nous répondons aux éventuelles questions, puis nous donnons des explications sur le traitement, les complications et les interactions médicamenteuses et alimentaires », Novembre 2015 – N° 556 – 5 poursuit Marcelline Grillon. A l’issue de l’entretien, le pharmacien remet au patient, s’il n’en possède pas encore, un livret d’accompagnement pour noter les résultats de ses prises de sang et les éventuels ajustements de dosage. Cette première prise de contact est complétée par un second entretien organisé dans l’année, « plus rapide et [qui] permet de récapituler ce qui a été dit précédemment, mais aussi de faire un point sur le traitement », ajoute la pharmacienne. Ce suivi est totalement pris en charge par l’Assurance maladie, le patient n’a rien à débourser. Le pharmacien, lui, est rémunéré à hauteur de 40 euros par patient et par an pour deux entretiens minimum. Améliorer la relation et ouvrir le dialogue « L’objectif n’est pas d’infantiliser le patient, souligne Marcelline Grillon, mais d’évaluer les fragilités s’il y en a, de donner des conseils hygiénodiététiques et, surtout, d’ouvrir le dialogue. » Fin 2014, un premier bilan du dispositif a été réalisé : pour près de neuf pharmaciens sur dix*, celui-ci s’inscrit pleinement dans les missions de conseil et d’accompagnement liées à leur profession ; 74 % estiment qu’il permet de développer les connaissances des patients sur leur traitement et 71 % pensent qu’il améliore les relations avec les malades. Du côté des patients, une majorité d’entre eux déclarent que les entretiens permettent de prendre conscience de l’importance du suivi et de mieux comprendre le traitement. Un avis partagé par Thierry, sous AVK depuis trois ans : « Maintenant, ma pharmacienne me connaît et je sais que je peux lui demander conseil si j’ai besoin de soigner un petit tracas du quotidien. Par exemple, si j’ai mal aux dents ou à la tête, elle pourra me donner un médicament adapté qui ne risque pas d’interagir avec mon traitement. » Si, pour le moment, ces entretiens n’ont pas prouvé leur efficacité dans la réduction des accidents, l’évaluation a montré que la part des patients ne réalisant pas assez d’INR a diminué chez ceux qui avaient adhéré au dispositif. Un premier indicateur encourageant pour l’Assurance maladie. Léa Vandeputte * Etude quantitative réalisée par téléphone par l’institut A+A en septembre 2014 auprès d’un double échantillon de patients et de pharmaciens. Encadré 1 Les nouvelles attributions des pharmaciens La convention nationale des pharmaciens, signée en 2012, intègre un objectif d’accompagnement des malades chroniques, formalisé par la mise en place des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous traitement anticoagulant par antivitamine K (AVK). Depuis décembre 2014, les pharmaciens sont aussi partie prenante du dispositif d’accompagnement des patients asthmatiques. Alors que l’asthme concerne 6,8 % de la population française, soit 4,5 millions de patients, ces entretiens ne sont destinés, dans un premier temps, Novembre 2015 – N° 556 – 6 qu’aux patients asthmatiques chroniques en initiation ou en reprise de traitement. Le malade sous corticoïdes inhalés reçoit une lettre de l’Assurance maladie l’invitant à se rendre dans une pharmacie pour un entretien. Sur place, le pharmacien l’informe et le conseille sur l’utilisation de son traitement, tout en en contrôlant la bonne observance. Totalement pris en charge, ce suivi ne coûte rien pour le patient. Le pharmacien est rémunéré à hauteur de 40 euros par an et par patient directement par l’Assurance maladie. Encadré 2 Témoignage Thierry, un patient sous traitement anticoagulant : « J’ai été reçu deux fois par ma pharmacienne de quartier. Chaque entretien a eu lieu dans un bureau de l’officine. Le premier rendez-vous, qui a duré une vingtaine de minutes, a permis de faire un point sur mon traitement. La pharmacienne m’a donné des conseils et m’a prévenu du risque d’interaction entre mon traitement anticoagulant et les médicaments pour soigner les petits bobos du quotidien comme l’aspirine. Je sais maintenant que je ne dois pas associer ces deux molécules sous peine de risquer une hémorragie. Le second rendez-vous a eu lieu environ six mois plus tard. Cette fois, il s’agissait plus d’un entretien de suivi. La pharmacienne a regardé mes derniers résultats d’INR* et m’a interrogé sur mon état de santé général. Comme je n’avais pas de question particulière à poser ou de soucis à signaler, l’entrevue a été plus rapide. J’étais déjà bien suivi par mon médecin traitant et mon cardiologue, mais ces entretiens m’ont permis de recevoir des conseils complémentaires et d’échanger avec ma pharmacienne. » * INR, pour International Normalized Ratio, est un test destiné à mesurer la coagulation du sang. Novembre 2015 – N° 556 – 7 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 450 signes Encadré 1 : 872 signes Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes Les Français méconnaissent les règles encadrant les dons de sperme et d’ovocytes. Qui peut donner ? Dans quel cadre ? Quelle est la législation actuelle ? Démêlez le vrai du faux avec [nom de votre magazine]. 2 visuels : 02_DonDeGametes Il faut être en couple pour faire un don Faux. Il n’est pas nécessaire d’être en couple : les personnes seules, séparées ou divorcées, si elles sont en bonne santé, peuvent donner des ovocytes ou des spermatozoïdes. Le consentement du conjoint du donneur est demandé Vrai. Les donneuses et les donneurs, s’ils sont officiellement en couple, doivent obtenir le consentement de leur conjoint. Il faut déjà avoir eu un enfant pour donner ses spermatozoïdes ou ses ovocytes Faux. C’était vrai jusqu’à il y a encore peu de temps, mais comme les dons de gamètes sont encore trop peu nombreux pour répondre aux besoins des couples infertiles – dont 3 000 sont dans l’attente d’un don en France, selon l’Agence de la biomédecine –, ils sont désormais ouverts à tous. Afin de doubler le nombre de donneuses et de donneurs, le ministère de la Santé, par un décret publié le 15 octobre 2015, a autorisé le don des personnes n’ayant pas eu d’enfant. Si la quantité de gamètes prélevés est suffisante, la moitié pourra être conservée par congélation dans un centre d'assistance médicale à la procréation (AMP) sur demande du donneur et utilisée ultérieurement au bénéfice de celui-ci s’il devenait infertile et souhaitait recourir lui-même à une AMP. On peut faire un don d’ovocytes jusqu’à la ménopause Faux. Une femme peut donner ses ovocytes de 18 à 37 ans. Au-delà de cette limite d’âge, fixée par les médecins pour optimiser les chances de grossesse, le don n’est plus possible, en raison d’une baisse de la fertilité. Le nombre et la qualité des ovocytes commencent en effet à diminuer à partir de 37 ans. On peut donner ses spermatozoïdes sans limite d’âge Faux. Chez les hommes aussi il y a une limite d’âge au-delà de laquelle le don de spermatozoïdes n’est plus accepté. Un homme peut donner son sperme à partir de 18 ans et jusqu’à 45 ans. Novembre 2015 – N° 556 – 8 La donneuse ne sait pas combien d’ovocytes ont été prélevés Vrai. Les centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) préfèrent ne pas communiquer à la donneuse le nombre d’ovocytes qui ont été prélevés afin de ne pas la décevoir si celui-ci se révèle insuffisant. Un don permet en moyenne le recueil d’une dizaine d’ovocytes, qui peuvent être répartis entre deux ou trois receveuses. Les enfants nés d’un don peuvent connaître l’identité des donneurs Faux. Même si la question de la levée de l’anonymat est actuellement posée par plusieurs associations d’enfants nés du don, en France les dons d’ovocytes et de spermatozoïdes sont anonymes. Un enfant issu d’un don ne peut pas connaître l’identité du donneur ou de la donneuse qui a permis sa naissance. Les Cecos conservent le nom des donneurs pendant plusieurs années, mais le couple qui bénéficie du don ne peut pas avoir accès à ces informations. De même, les donneurs et les donneuses ne peuvent pas connaître l’identité du couple receveur. Seuls les couples infertiles peuvent bénéficier d’un don Vrai. Il faut que l’infertilité d’un des deux ait été constatée médicalement pour pouvoir bénéficier d’un don dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation. Il existe toutefois des exceptions pour certains couples fertiles susceptibles de transmettre une maladie grave. Le couple doit en outre être composé d’une femme et d’un homme (lire également l’encadré). Le don de sperme « artisanal », qu’il soit gratuit ou non, est interdit et sanctionné par la loi Vrai. Des banques de sperme étrangères en commercialisent via Internet. Certains hommes proposent aussi leur sperme, avec ou sans rémunération, notamment sur les réseaux sociaux. Ces pratiques, illégales en France, peuvent être punies de deux à cinq ans d’emprisonnement et de 30 000 à 75 000 euros d’amende. Elles enfreignent les règles d’anonymat, de gratuité et de libre consentement au don, inscrites dans la loi de bioéthique. Rappelons que le don de spermatozoïdes doit être réalisé dans le cadre strict de l’assistance médicale à la procréation et pratiquée dans un établissement autorisé. Pour ne faire courir aucun risque sanitaire à la femme du couple receveur, tout est vérifié : qualité du sperme, antécédents personnels et familiaux du donneur, absence de maladies graves ou héréditaires transmissibles. Catherine Chausseray Novembre 2015 – N° 556 – 9 Encadré Homosexuelles, célibataires : deux rapports préconisent l’ouverture de la PMA à toutes les femmes Deux rapports publics ont jeté un pavé dans la mare en juillet 2015. Le premier, émanant du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), et le second, présenté devant une commission sénatoriale par le défenseur des droits, Jacques Toubon, préconisaient l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes homosexuelles et célibataires. Les raisons invoquées : la discrimination des homosexuelles et des femmes seules et l’aspect incohérent de la loi, qui reconnaît le droit à l’adoption pour les célibataires et les homosexuels. Les médecins le savent bien et dénoncent une loi qui ferme les yeux sur une réalité : chaque année, de nombreuses femmes se rendent à l’étranger, en Belgique ou en Espagne notamment, pour recourir à une PMA. Novembre 2015 – N° 556 – 10 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 1 102 signes 031_SecuriteSociale Fraudes à la Sécu : nouveau record Le montant des fraudes à la Sécurité sociale a atteint 196 millions d’euros en 2014, selon le journal Les Echos*. C’est un nouveau seuil qui a ainsi été franchi. En 2013, il s’élevait déjà à 167 millions d’euros, soit une hausse des montants de 17 % en un an. Les plus grands fraudeurs ne sont pas ceux que l’on croit : 37 % de l’argent détourné des caisses de la Sécu le sont par des professionnels de santé, comme des médecins qui émettent de fausses feuilles de soins ou facturent des visites à domicile fictives. Viennent ensuite les établissements de santé, qui représentent 27 % des fraudes (52,6 millions d’euros). Les assurés ne sont qu’en troisième position dans ce palmarès de la « triche », avec moins de 20 % des fraudes (38,8 millions d’euros). Ce sont, notamment, des personnes qui bénéficient indûment de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC). Certains transporteurs sanitaires sont aussi dans le viseur des services de vérification des fraudes de Bercy. * « Santé : un nouveau record de fraudes détectées », Les Echos, 26 octobre 2015. 032_SoinsDentaires Calibrage : 1 009 signes Soins dentaires : des tarifs prohibitifs En raison d’un reste à charge trop élevé pour leur budget, quatre Français sur dix renoncent à des soins dentaires, d’après les chiffres du réseau de soins Santéclair, partenaire de plusieurs organismes de complémentaire santé. Après avoir fait réaliser un devis par un dentiste, 38 % des patients ont en effet décidé de ne pas y donner suite et 17,8 % n’ont réalisé qu’une partie des soins préconisés. Les tarifs pour la pose d’implants sont particulièrement élevés, et le taux de renoncement s’élève à 44 % pour ce type d’intervention. Lorsque la somme à payer par le patient, une fois déduits les remboursements de l’Assurance maladie et de la complémentaire santé, dépasse les 1 000 euros, ce sont 60 % des personnes qui ne se font pas soigner. La Cour des comptes vient d’ouvrir une enquête sur les pratiques et les tarifs des dentistes. Les résultats seront publiés courant 2016, avant la renégociation de la convention entre les dentistes et l’Assurance maladie. 033_Vaccin Calibrage : 955 signes Vaccin contre la rougeole : 17,1 millions de vies sauvées depuis 2000 Le nombre de décès dus à la rougeole a chuté de 79 % dans le monde, passant de 546 800 en 2000 à 114 900 en 2014. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 17,1 millions de vies ont Novembre 2015 – N° 556 – 11 été sauvées depuis le début du siècle, grâce notamment à l’augmentation de la couverture vaccinale contre cette maladie virale hautement contagieuse. Le taux de vaccination stagne pourtant depuis quatre ans, après avoir progressé entre 2000 et 2010. En 2014, les campagnes de vaccination de masse ont concerné environ 221 millions d’enfants. Si la plupart des pays incluent le vaccin contre la rougeole dans leur programme de vaccination systématique, seuls 63 % ont atteint la cible de 90 % d’enfants recevant la première dose. De plus, et si l’OMS recommande deux doses de vaccin pour être bien protégé, seuls la moitié des enfants dans le monde ont eu droit à la seconde dose. Calibrage : 940 signes 034_Publicite Publicité : vers un assouplissement de la loi Evin L’Assemblée nationale va étudier en deuxième lecture un assouplissement de la loi Evin, dans le cadre de l’examen du projet de loi santé. Cet amendement distinguera la publicité sur les boissons alcoolisées – qui reste interdite – de l'information œnologique. Il sera alors possible de faire la promotion d’une région de production viticole, de son patrimoine culturel, gastronomique ou paysager sans que cela soit considéré comme une publicité condamnable. Ce texte suscite toutefois de vives réticences, notamment de la part de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, mais aussi des associations. Dénonçant dans une lettre ouverte « la pression d'un lobby qui cherche à endormir avec un vocabulaire trompeur », ces dernières tiennent à rappeler que, « chaque fois que la publicité s'accroît de 10 %, la consommation, celle des jeunes en premier lieu, augmente mécaniquement de 2,5 % ». 035_AccidentTravail Calibrage : 1 055 signes Le chiffre : 600 accidents du travail par heure En 2014, 1,1 million d’accidents du travail, de trajet ou maladies professionnelles ont été reconnus et pris en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie, dont plus de 750 000 ont entraîné un arrêt de travail ou une incapacité permanente, soit une moyenne de 600 accidents par heure, dont 250 avec arrêt. Après deux ans de baisse consécutive, 2014 marque un palier, mais la fréquence des accidents du travail reste à l’un des niveaux les plus bas des soixante-dix dernières années. Les activités de services comme l’aide et le soin à la personne connaissent néanmoins une hausse des accidents de 6 %, et le BTP reste le secteur le plus sinistré, avec un indice de fréquence deux fois supérieur à la moyenne. Tous secteurs d’activité confondus, les principales causes d’accident du travail sont la manutention manuelle et les chutes (de plain-pied ou de hauteur). Enfin, les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent 87 % des maladies professionnelles, et les maladies liées à l’amiante, 7 %. Novembre 2015 – N° 556 – 12 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 3 680 signes Encadré 1 : 1 149 signes Syndrome du choc toxique : les tampons hygiéniques sont-ils dangereux ? 3 visuels : 04_ChocToxique Cet été, le témoignage d’un jeune mannequin californien amputé de la jambe à la suite d’une infection déclenchée par le port de tampons hygiéniques a fait paniquer des milliers de femmes. En réalité, ce type de syndrome toxique est rarissime et se manifeste uniquement quand plusieurs facteurs de risque très spécifiques sont réunis. Explications. En juin 2015, le site américain Vice diffuse des photos du jeune mannequin Lauren Wasser, amputée de la jambe droite « à cause d’un tampon » hygiénique. Rapidement, la Toile s’emballe. Les clichés sont publiés en boucle sur les réseaux sociaux et la panique gagne les internautes. Une étudiante française lance même une pétition – qui recueille des dizaines de milliers de signatures – pour que la marque Tampax affiche la composition de ses tampons sur les emballages. En quelques jours seulement, la psychose s’est installée. Faut-il continuer à utiliser ces protections hygiéniques ? Si la question est récurrente aux Etats-Unis depuis déjà plusieurs années, elle est très récente en France. Pour les spécialistes, il s’agit avant tout de calmer le débat : le syndrome du choc toxique (SCT) qui a conduit à l’amputation du mannequin américain « est extrêmement rare », tient à souligner le professeur Olivier Graesslin, chef du service gynécologie-obstétrique au CHU de Reims. Seule une vingtaine de cas sont recensés chaque année dans l’Hexagone. Staphylocoque aureus « Le SCT est certes majoritairement lié à l’utilisation de tampons hyperabsorbants, mais aussi à la présence d’une bactérie, le staphylocoque aureus, dans le vagin de la patiente. Pour déclencher un SCT, il faut donc déjà être porteuse de ce germe. Or, il s’agit d’une souche bien particulière*, qui n’est pas commune », précise le professeur. On suppose que ce staphylocoque est importé le plus souvent par l’utilisatrice elle-même, lorsqu’elle introduit le tampon sans s’être lavé les mains (lire l’encadré « Tampons : mode d’emploi »). On ne sait pas vraiment pourquoi, mais c’est cette bactérie qui, associée au port d’un tampon hyperabsorbant, va générer parfois (ce n’est pas systématique) une infection au niveau cervico-vaginal. Novembre 2015 – N° 556 – 13 « Favorisé par le port prolongé du tampon et la présence du sang menstruel – un très bon milieu de culture pour les bactéries –, le staphylocoque va produire très rapidement une grande quantité de toxines, explique le professeur Graesslin. Celles-ci vont passer dans la circulation sanguine au travers de la muqueuse vaginale, inonder et empoisonner le sang, avant de provoquer le choc toxique. » Les premiers symptômes s’apparentent à un début de grippe : forte fièvre, grosse fatigue, douleurs diffuses, frissons. Agir vite Il peut également y avoir des nausées, des vomissements et une éruption cutanée sous forme d’érythrodermie, c’est-à-dire une rougeur qui disparaît par vitropression, un peu comme un coup de soleil. Si rien n’est fait, en quelques heures la pression artérielle chute, le débit circulatoire ralentit et les organes cessent de fonctionner. Ce sont les complications vasculaires qui peuvent conduire au développement de nécroses et à la nécessité d’une amputation. « Si le choc n’est pas pris en charge très rapidement, par des mesures de réanimation associées à une antibiothérapie adéquate (à base de pénicilline, NDLR), il peut aboutir au décès. Heureusement, plus on intervient vite, moins il y a de séquelles », ajoute le professeur Graesslin. C’est la raison pour laquelle il faut se rendre aux urgences le plus vite possible dès les premiers symptômes. Delphine Delarue * Souches TSST-1, productrices de la toxine du choc toxique staphylococcique. Encadré Tampons : mode d’emploi « Il y a un facteur de risque important dans le déclenchement d’un syndrome du choc toxique (SCT) : le port prolongé d’un tampon hyperabsorbant. Il s’agit de la situation la plus décrite dans la littérature scientifique », explique le professeur Olivier Graesslin, chef du service gynécologie-obstétrique au CHU de Reims. Les tampons trop absorbants empêchent l’air de passer et, portés trop longtemps, ils induisent un phénomène d’irritation et de macération qui va favoriser la prolifération des germes. « Evidemment, il n’est pas question d’interdire l’utilisation des tampons, mais de rappeler les règles d’hygiène de base, la première étant le lavage systématique des mains avant chaque mise en place », ajoute le professeur. Idéalement, un tampon se change toutes les quatre heures et ne doit en aucun cas être porté plus de huit heures. On recommande aussi l’usage de serviettes hygiéniques la nuit pour limiter le port nocturne prolongé. Enfin, on ne met jamais de tampon en dehors des règles pour absorber des pertes inhabituelles (sang ou pertes colorées). Celles-ci doivent toujours conduire à consulter rapidement. Novembre 2015 – N° 556 – 14 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 003 signes Encadré : 1 269 signes Des mains propres pour un hiver en bonne santé 3 visuels : 05_MainsPropres Les mains sont les principaux vecteurs de contamination virale et bactérienne. Chaque hiver, les campagnes de communication rappellent l’importance de leur hygiène pour éviter la transmission de maladies infectieuses. Mais encore faut-il savoir comment bien les laver… « Les mains transportent toutes sortes de microbes et de pathogènes », rappelle le docteur Kadoudja Chemlal, chargée d’expertise à l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En période hivernale, les maladies infectieuses comme la grippe, le rhume ou encore la gastro-entérite se propagent par contact direct d’une personne infectée à une autre, mais aussi par contact avec des objets contaminés par les précédents utilisateurs. Prendre le temps de se laver les mains permet de limiter les transmissions de germes et de préserver sa santé comme celle des autres. A la maison ou au bureau, observer quelques règles d’hygiène est donc essentiel tout au long de l’année, et pas seulement en période d’épidémie. Cinq ou six lavages par jour « Il suffit d’adopter quelques réflexes simples, explique le docteur Chemlal. Comme on enlève ses chaussures quand on rentre chez soi le soir, il faut aussi se laver les mains. Dans la journée, nous avons pris les transports en commun, tapé sur notre clavier d’ordinateur ou touché divers objets qui peuvent abriter des germes, il est donc important de procéder à un nettoyage. On doit également le faire avant de préparer le repas, avant de s’occuper de son bébé, après s’être mouché ou avoir éternué ou encore en sortant des toilettes. Cinq ou six lavages quotidiens sont souvent nécessaires. » Mais pour un lavage efficace, quelques règles doivent être respectées. Simple et efficace : le lavage à l’eau et au savon Utiliser de l’eau et du savon est le mode de lavage le plus simple et le plus efficace. L’INPES rappelle que « l’usage du savon est à privilégier, surtout lorsque les mains sont sales ou souillées ». Commencez par mouiller vos mains avec de l’eau chaude ou froide, puis versez une noisette de savon, avant de frotter. « Nous recommandons d’utiliser Novembre 2015 – N° 556 – 15 du savon liquide, car les pains de savon restent humides après utilisation et peuvent retenir des bactéries en surface », souligne le docteur Chemlal. « Pour une hygiène impeccable, il faut frotter environ trente secondes », poursuit-elle. Le savon doit mousser et aucune zone ne doit être oubliée. Frottez les doigts, les paumes, le dessus des mains et les poignets, puis entrelacez vos mains pour nettoyer entre les doigts, et terminez en insistant sur les ongles. Enfin, rincez vos mains à l’eau courante pendant une dizaine de secondes. Sécher minutieusement « L’humidité résiduelle semble favoriser la transmission du virus, comme cela a été démontré pour les bactéries », indique l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)*, qui recommande de « sécher les mains soigneusement ». « Utilisez de préférence une serviette en papier à usage unique, conseille le docteur Chemlal. Chez soi, on peut également se servir d’un torchon, à condition de le laver régulièrement. En ce qui concerne les séchoirs à air chaud ou froid, certains avancent qu’ils seraient des aérosols à microbes, mais aucune étude ne le prouve. D’ailleurs, si les mains sont correctement lavées, le jet d’air ne devrait pas diffuser d’organismes pathogènes. » Enfin, et contrairement à une idée reçue, se laver les mains ne les abîme pas : « La peau des mains est très résistante, assure le docteur Chemlal. Bien sûr, il faut éviter d’utiliser systématiquement du liquide vaisselle à la place du savon, par exemple : trop caustique, il n’est pas prévu pour cet usage. » Benoît Saint-Sever * Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) relatif à l’utilisation de désinfectants pour les mains à peau saine (produits hydroalcooliques, PHA) par le grand public, dans le cadre de l’épidémie de la grippe A (H1N1), 28 septembre 2009. Encadré Le gel hydroalcoolique pour un lavage d’appoint Faciles à transporter, les solutions hydroalcooliques peuvent être bien pratiques, par exemple en voyage. D’après un sondage INPES-BVA* réalisé en novembre 2012, 78 % des Français déclarent en utiliser, et ce pourcentage grimpe à 83 % chez les parents de jeunes enfants. Son usage est fréquent pour près d’un Français sur deux en extérieur et pour un Français sur trois au domicile. Cependant, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande l’utilisation de solutions et gels hydroalcooliques uniquement en l’absence de point d’eau disponible. « Pour être efficace, le gel doit être appliqué sur des mains qui ne sont pas souillées, car il désinfecte, mais n’enlève pas les saletés », précise le docteur Kadoudja Chemlal, chargée Novembre 2015 – N° 556 – 16 d’expertise à l’INPES. Il faut également respecter les consignes d’utilisation : verser le produit au creux de la main, frotter les doigts, les paumes, le dessus des mains, les poignets et la zone entre les doigts jusqu’à ce que les mains soient bien sèches. * « Attitudes et comportements en matière de prévention de la transmission des virus de l’hiver », étude Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES)-BVA, novembre 2012. Novembre 2015 – N° 556 – 17 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 254 signes Encadré : 1 620 signes Iatrogénie : quand les médicaments font plus de mal que de bien Les médicaments sont indispensables, mais ils sont parfois source d’accidents. Surdosage, non-respect de la posologie ou encore interactions sont autant de situations qui peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des patients. 4 visuels : 06_Iatrogenie La iatrogénie médicamenteuse, qui désigne les effets indésirables provoqués par les médicaments, entraîne chaque année plus de 128 000 hospitalisations*. Elle concerne toute la population, mais l’exposition à ce risque est plus importante lorsque l’on avance en âge, et plus particulièrement si l’on prend plusieurs traitements. Les plus de 65 ans représentant plus de 18 % de la population française en 2015, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la iatrogénie se révèle donc un véritable enjeu de santé publique. Un risque accru avec l’âge En vieillissant, l’organisme devient plus sensible. Le foie et les reins éliminent moins bien les médicaments. A cette modification physique s’ajoute une éventuelle diminution des capacités cognitives, qui rend difficile le suivi des traitements. Chez les plus de 65 ans, les effets indésirables sont alors deux fois plus fréquents et plus graves, puisque 10 à 20 % entraînent une hospitalisation. Le risque de iatrogénie est également amplifié lorsque la personne souffre de maladie chronique et consomme chaque jour plusieurs médicaments pour traiter diverses pathologies. Selon la Haute Autorité de santé (HAS)*, en France, la consommation journalière moyenne est de 3,6 spécialités chez les personnes âgées de 65 ans et plus ; elle passe de 3,3 par jour pour les 65-74 ans à 4 pour les 75-84 ans et à 4,6 pour les 85 ans et plus. Les causes des accidents médicamenteux sont multiples et peuvent se cumuler. Les plus fréquentes sont un mauvais dosage, une erreur dans la prise du traitement (avaler son comprimé le soir au lieu de le prendre le matin) ou le non-respect de ce dernier, une interaction (notamment en cas d’automédication en plus du traitement habituel), une prescription inappropriée ou encore des effets indésirables. Novembre 2015 – N° 556 – 18 Reconnaître un accident médicamenteux Connaître les signaux d’alerte de l’accident médicamenteux permet de réagir rapidement et de prévenir son médecin ou son pharmacien. La iatrogénie regroupe des symptômes très divers, qui peuvent être bénins ou plus graves. En fonction de la sensibilité, de l’âge, de la morphologie et de l’état de santé du malade ou de la nature des médicaments, les réactions sont très variables. Cependant, en cas de fatigue, de diminution de l’appétit, de perte de poids, de vertiges, de malaise, de troubles de l’équilibre, de chute, de pertes de mémoire, de maux digestifs ou urinaires, de palpitations ou de problèmes de vision, il faut alerter un professionnel de santé. Ces manifestations peuvent en effet être dues aux médicaments. Dialoguer avec son médecin et son pharmacien Des gestes simples et un peu de bon sens permettent de prévenir le risque de iatrogénie. Afin de regrouper les conseils de professionnels pour mieux vivre avec son traitement, le Leem a édité un Guide du bon usage des médicaments**. La première consigne est simple : il faut respecter la posologie et la prescription. Nombre de comprimés, horaire des prises, durée : suivez à la lettre les indications de votre médecin et de votre pharmacien et ne décidez jamais seul d’interrompre ou de suspendre un traitement. Le dialogue avec les professionnels de santé est essentiel : n’hésitez pas à poser des questions à votre médecin, informez-le de vos différents traitements, signalez-lui un éventuel effet indésirable et, surtout, faites des bilans réguliers. A la maison, conservez vos médicaments dans leur emballage d’origine et, en cas de générique, notez (ou votre pharmacien) sur la boîte le nom de la spécialité inscrit sur l’ordonnance. Enfin, il est fortement recommandé de demander conseil à son médecin ou à son pharmacien avant d’acheter des médicaments sans ordonnance. Léa Vandeputte * « Consommation médicamenteuse chez le sujet âgé : consommation, prescription, iatrogénie et observance », rapport de la Haute Autorité de santé (HAS), professeur Sylvie Legrain, 2005. ** Guide disponible dans les salles d’attente et téléchargeable gratuitement sur le site du Leem : Leem.org/article/guide-du-bon-usage-des-medicaments. Encadré Les seniors sont prêts à changer leurs habitudes A la demande du Leem (Les Entreprises du médicament), l’Institut français des seniors a réalisé un sondage sur la perception de la consommation des médicaments*. Il en ressort que, bien que les seniors soient en bonne santé – « près des deux tiers des plus de 50 ans vont globalement bien » –, ils sont de grands consommateurs de soins et de médicaments : « 71 % des plus de Novembre 2015 – N° 556 – 19 50 ans prennent des médicaments une ou plusieurs fois par jour, contre 86 % des plus de 75 ans. » Cela dit, 19 % des seniors « reconnaissent qu’il leur arrive d’oublier de prendre leur médicament », 16 % « qu’il leur arrive d’arrêter un traitement par eux-mêmes » et 2 % qu’ils se trompent parfois de dose ou qu’ils confondent les médicaments… Contrairement aux idées reçues, 90 % des seniors « accepteraient que leur médecin révise leur ordonnance pour vérifier sa pertinence ; et même pour 51 %, à chaque visite », et « 74 % suivraient de façon certaine le conseil de leur pharmacien s’il leur recommandait de ne pas prendre tel ou tel médicament susceptible d’entraîner un effet nocif sur les autres ». Enfin, ils n’associent pas forcément le fait de consulter un médecin à la rédaction d’une ordonnance et à la prise de médicament. Seuls 2 % des seniors verraient le fait de partir sans ordonnance comme « un manque d’attention à leur souffrance ». * Sondage réalisé entre le 23 et le 29 mars 2015 auprès de 3 173 personnes de plus de 50 ans. Enquête « Perception et consommation de médicaments par les seniors », Institut française des seniors-Les Entreprises du médicament (Leem), avril 2015. Novembre 2015 – N° 556 – 20 SANTÉ (brèves) Calibrage : 996 signes 071_Diabete 072_Audition Diabète : des complications graves liées à la maladie Sur les 3 millions de personnes en France traitées pour un diabète, près de 8 000 ont dû subir une amputation du membre inférieur à la suite d’une plaie au pied, plus de 17 000 ont connu un accident vasculaire cérébral (AVC) entraînant une hospitalisation, près de 12 000 ont été hospitalisées pour un infarctus du myocarde et 4 256 ont été dialysées à cause d’une insuffisance rénale sévère. Des complications graves, qui surviennent beaucoup plus fréquemment chez les personnes diabétiques que chez les autres. Le risque pour les malades est en effet multiplié par 9 dans les cas d’insuffisance rénale, par 7 pour les amputations, par 1,6 pour les AVC et par 2,2 pour les infarctus. Ces chiffres inquiétants illustrent bien la nécessité pour les personnes souffrant de diabète, en plus de bien suivre leur traitement, d’éviter ou d’agir sur les facteurs aggravants modifiables tels que le tabagisme, le surpoids et l’hypertension artérielle. Calibrage : 1 011 signes Troubles auditifs : un Français sur dix est concerné Un Français sur dix entend mal, selon les dernières estimations rapportées par Le Parisien le 26 octobre dernier. Face à ces chiffres, les médecins alertent sur la nécessité d’un dépistage dès l’apparition des premiers signes de dégradation des capacités auditives. La perte de l’audition, qui est progressive et irréversible, peut en effet entraîner un isolement social et une baisse des facultés mentales. Sur les 6 millions de Français qui connaissent des problèmes d’audition, seuls 1,5 million portent un appareil. Ces troubles, généralement causés par le vieillissement de l’oreille (presbyacousie), sont désormais de plus en plus fréquents chez les jeunes. Pour les prévenir, les médecins conseillent de préserver son audition en modifiant ses habitudes d’écoute : les jeunes, particulièrement, ont tendance à écouter de la musique au casque à un niveau de décibels beaucoup trop élevé. Une fois les dommages causés, on ne peut plus revenir en arrière. 071_Sommeil Calibrage : 952 signes Dette de sommeil : les Français cumulent Les Français sont en manque de sommeil, selon les résultats d’une étude menée par le cabinet de communication Occurrence*. Ce déficit de sommeil s’élève à deux semaines par an, en moyenne. Il est plus important de 2,4 jours par rapport aux habitants des autres villes. Et ce sont les femmes qui dorment le moins, avec un manque Novembre 2015 – N° 556 – 21 de 342 heures de sommeil par an, contre 289 heures pour les hommes. La conséquence est évidente : les trois quarts des Français ressentent de la fatigue au cours de la journée et un sur six se sent fatigué tous les jours de la semaine. Les chercheurs soulignent que les actifs ont une dette de sommeil plus importante (50 heures de sommeil en moins) que ceux qui ne travaillent pas. * « Dette de sommeil annuelle française : 16 milliards d’heures », Occurrence, étude réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 Français de 18 ans et plus, représentatif de la population métropolitaine. Calibrage : 1 001 signes 074_Harcelement De nouveaux dispositifs pour lutter contre le harcèlement à l’école Chaque année, en France, 700 000 élèves sont victimes de harcèlement. Pour lutter contre ce fléau, le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a présenté deux nouveaux outils à l’occasion de la première Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, qui a eu lieu le 5 novembre. Un numéro de téléphone, le 30 20*, et un site Web, Nonauharcelement.education.gouv.fr, permettront désormais aux élèves victimes ou aux jeunes témoins, mais aussi aux parents et aux professionnels de s’informer, de comprendre ce phénomène et de savoir vers qui se tourner pour être aidé. Ces dispositifs s’intègrent dans le plan d’action en quatre axes de la lutte contre le harcèlement à l’école décidé par le ministère, comprenant la sensibilisation, la prévention, la formation et la prise en charge. * Service accessible du lundi au vendredi de 9 à 18 heures (sauf les jours fériés), appel gratuit. 075_FemmeEnceinte Calibrage : 1 310 signes La mortalité maternelle en baisse Le nombre de décès maternels dans le monde est passé de 532 000 environ en 1990 à 303 000 en 2015, selon un rapport publié dans la revue The Lancet. Plusieurs organismes, parmi lesquels l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le groupe de la Banque mondiale et la Division de la population des Nations unies, ont comptabilisé le nombre de décès de femmes survenant pendant la grossesse, à l’accouchement ou au cours des six semaines suivant la naissance de l’enfant. Résultat : ce chiffre a baissé de 44 % par rapport à 1990. Le taux de mortalité maternelle est aujourd’hui de 216 pour 100 000 naissances vivantes, contre 385 pour 100 000 en 1990. Une nette amélioration, mais la situation est différente selon les pays. Seuls neuf pays (le Bhoutan, le Cap-Vert, le Cambodge, les Maldives, la Mongolie, le Laos, l’Iran, le Rwanda et le Timor oriental) ont atteint l’objectif fixé par l’ONU de réduire de trois quarts leur taux de Novembre 2015 – N° 556 – 22 mortalité maternelle, alors que trente-neuf autres pays ont enregistré des « progrès significatifs ». Il reste donc encore du chemin à parcourir, d’autant que l’ONU s’est fixé un nouvel objectif : atteindre un ratio de moins de 70 décès de femmes pour 100 000 naissances en 2030. Novembre 2015 – N° 556 – 23 VIE PRATIQUE / ÉDUCATION Calibrage Texte principal : 5 723 signes Encadré 1 : 745 signes Encadré 2 : 333 signes Poursuivre sa scolarité à l’hôpital Chaque année, près de 11 000 élèves, des plus petits aux plus grands, suivent des cours alors qu’ils sont hospitalisés. 2 visuels : 08_ScolariteHopital La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades prévoit que, « dans la mesure où leurs conditions d’hospitalisation le permettent, les enfants en âge scolaire ont droit à un suivi scolaire adapté au sein des établissements de santé ». Quelle que soit la durée de leur hospitalisation, enfants et adolescents peuvent suivre des cours dispensés par des enseignants de l’Education nationale ou des professeurs bénévoles, envoyés à leur chevet par des associations. Près de 800 enseignants du primaire au collège sont détachés par l’Education nationale, essentiellement dans les grands services hospitaliers. Ils donnent principalement des cours de français et de mathématiques, mais aussi, lorsque les jeunes patients sont suffisamment en forme, d’histoire-géographie et de sciences. Des classes sont aménagées dans des hôpitaux pour les enfants qui peuvent s’y rendre. Certains jeunes y passent même leur brevet ou leur bac. Quant aux associations, véritables partenaires de l’Education nationale, elles sont indispensables : plusieurs milliers de bénévoles complétent l’offre de cours partout en France, notamment pour les collégiens et les lycéens, voire pour les étudiants en classes préparatoires. Un enseignement sur mesure Réviser un contrôle, faire ses devoirs…, « il y a autant d’attentes et de besoins que d’élèves, explique Joséphine Piat, directrice de l’association L’Ecole à l’hôpital pour Paris et l’Ile-de-France. Le médecin hospitalier fait une demande de prise en charge. La coordinatrice de l’association, qui dispose d’un bureau au sein de l’établissement hospitalier, rencontre chacun des jeunes individuellement afin de proposer un ou plusieurs cours en fonction de leurs souhaits », précise-t-elle. Une organisation bien rodée, puisque cette association, créée en 1929 et agréée par l’Education nationale depuis 1996, compte pas moins de vingt-deux coordinatrices en région parisienne, dont quatre sont des bénévoles. A l’hôpital Mignot, à Versailles, par exemple, la coordinatrice travaille avec l’équipe médicale du service de pédiatrie, qui lui confie les jeunes en capacité d’avoir cours. Elle constitue son Novembre 2015 – N° 556 – 24 équipe d’enseignants bénévoles au début de l’année et établit un planning de leurs disponibilités par demi-journées. Elle prépare également leurs interventions, ce qui permet à l’enseignant, lorsqu’il se rend au chevet du patient, de connaître exactement les attentes de ce dernier. Certains élèves souhaitent être à jour lorsqu’ils retrouveront les bancs de l’école ; d’autres veulent davantage se préparer aux épreuves, comme le brevet ou le bac ; d’autres encore profiteront de cette occasion d’avoir un cours particulier pour combler une lacune, revoir un point précis qui n’a pas été complètement assimilé en classe. « Le professeur s’adapte aussi au contexte médical. Certains cours durent vingt minutes, d’autres une heure et demie, tout dépend de l’état de fatigue du jeune », souligne Béatrice Oudot, présidente de la Fédération pour l’enseignement des malades à domicile et à l’hôpital (FEMDH). Maintenir le plaisir d’apprendre Une hospitalisation en pédiatrie dure en moyenne 2,8 jours. Même pour un séjour de courte durée, l’enfant peut recevoir un cours, s’il le désire. « Certains jeunes atteints de maladie chronique ou qui doivent subir des dialyses ou une chimiothérapie, par exemple, viennent régulièrement à l’hôpital. Tous les cas de figure sont possibles », indique Joséphine Piat. Aujourd’hui, la tendance des hôpitaux est à la réduction des temps de séjour. Les enfants rentrent plus tôt chez eux, mais ils ne sont pas toujours en mesure de reprendre immédiatement l’école. Toujours à l’initiative des équipes médicales, ils peuvent a lors se voir prodiguer des cours à domicile. La grande majorité des enfants acceptent ces cours individuels. Fragilisés par la maladie, ils reprennent confiance. « Ils sont fiers d’eux malgré la fatigue, et cela contribue à leur guérison, constate Béatrice Oudot. Comme ils ne sont pas contraints, ils redécouvrent le plaisir d’apprendre. » Les jeunes de plus de 15 ans, ne fréquentant donc plus les services pédiatriques, mais ceux qui sont dévolus aux adultes, ont aussi la possibilité d’apprendre à l’hôpital. « Pour ceux qui ont quitté l’école, cela peut être l’opportunité de se remettre en route pour les études, ajoute Béatrice Oudot. Nous pouvons monter un projet avec eux. » Un pont entre la vie « normale » et la maladie Les cours à l’hôpital font du bien aux enfants, c’est un constat des médecins et des enseignants : « Les médecins sont convaincus des bienfaits de la poursuite de la scolarité des enfants. Cela participe du soin », assure Joséphine Piat. L’école tient une place prépondérante dans la vie de l’enfant et il est important de ne pas le couper de son quotidien. « Si tout à l’hôpital le renvoie à sa maladie, les cours lui permettent de conserver un lien social, une dynamique », observe Béatrice Oudot. Penser à l’école projette le jeune patient en dehors de Novembre 2015 – N° 556 – 25 l’hôpital, dans la « vraie vie ». « Me concentrer sur le bac, ça m’aide beaucoup dans la guérison, parce que je suis “après” la maladie », déclare Thibault sur une vidéo mise en ligne sur le site de L’Ecole à l’hôpital. Thibault a d’ailleurs obtenu son bac, qu’il a passé dans l’établissement hospitalier. Il est aujourd’hui en rémission et envisage des études de médecine. Grâce aux cours, la vie continue. Isabelle Coston Pour plus d’infos : L’Ecole à l’hôpital pour Paris et l’Ile-de-France, Lecolealhopital-idf.org ; la Fédération pour l’enseignement des malades au domicile et à l’hôpital (FEMDH), Femdh.fr. Encadré 1 Des disparités géographiques Quand l’Education nationale n’a pas d’implantation dans l’établissement hospitalier, ce sont les associations qui prennent le relais. La Fédération pour l’enseignement des malades au domicile et à l’hôpital (FEMDH) regroupe 65 associations et compte 2 500 professeurs bénévoles. Dans les régions ou les départements où elle n’est pas représentée, comme en Bretagne, ce sont d’autres associations qui sont à l’œuvre. Les élèves qui ne bénéficient pas de ces dispositifs peuvent suivre un enseignement par le Centre national d’enseignement à distance (Cned). La plupart des hôpitaux sont en lien avec les établissements scolaires. Pour plus d’infos : Cned.fr, le site du Centre national d’enseignement à distance (Cned). Encadré 2 L’ensemble des associations adhérentes à la Fédération pour l’enseignement des malades au domicile et à l’hôpital (FEMDH) recherche tout au long de l’année des enseignants bénévoles. Enseignant en activité ou à la retraite, si vous souhaitez vous engager au chevet des enfants hospitalisés, rendez-vous sur le site Internet Femdh.fr. Novembre 2015 – N° 556 – 26