FranceMutualite_556

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N° 556
Novembre 2015
REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par
L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE
255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81
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Directeur de la publication : Gérard Quittard
Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 ;
Christine Jorez, 01 40 43 61 27
Coordination éditoriale : Laurence Hamon
Rédactrice en chef : Sylvie Irissou
Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard
Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00
Ont collaboré à ce numéro :
Réalisé par la CIEM
67, rue Blomet
75015 Paris
Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue,
Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte
Numéro de CPPAP :
0518 G 83108
Numéro ISSN :
0015 – 9670
Dépôt légal :
novembre 2015
Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les
articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France
Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit.
SOMMAIRE
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité »
..............................................
3
SYSTÈME DE SOINS
Des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticoagulant
(Léa Vandeputte)
..............................................................................................................................................................
5
Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes (Catherine Chausseray) ....................... 8
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
11
MÉDECINE
Syndrome du choc toxique : les tampons hygiéniques sont-ils dangereux ?
(Delphine Delarue) ......................................................................................................................................................... 13
PRÉVENTION
Des mains propres pour un hiver en bonne santé (Benoît Saint-Sever) ................. 15
Iatrogénie : quand les médicaments font plus de mal que de bien
(Léa Vandeputte) ............................................................................................................................................................. 18
SANTÉ
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
21
VIE PRATIQUE / ÉDUCATION
Poursuivre sa scolarité à l’hôpital (Isabelle Coston) .................................................................... 24
Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface
imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale.
Novembre 2015 – N° 556 –
2
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers
de « France-Mutualité »
Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue,
« France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante
derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez
télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de
l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “FranceMutualité” ».
Titre
Rubrique
Numéro 555 – Octobre 2015
Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous
Système de soins
L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA
Système de soins
Brèves et filets (6)
Système de soins
Electrosensibilité : en voie de reconnaissance
Médecine
Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes
Médecine
Le vaccin contre la grippe en dix questions
Prévention
Brèves et filets (5)
Santé
Quand le chien de la famille devient dangereux
Vie pratique
pour les enfants
Numéro 554 – Septembre 2015
Tiers payant généralisé : une mesure controversée
Système de soins
Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ?
Système de soins
Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service
Système de soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Quand la presbytie s’installe
Médecine
Apprentissage précoce de la musique : un atout pour
Education
la scolarité
Brèves et filets (5)
Santé
Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/
et de mon chien en sept questions
Famille
Numéro 553 – Juin 2015
Dossier pharmaceutique : quels avantages ?
Système de soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Les maladies thyroïdiennes en huit questions
Médecine
La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir
Médecine
Dengue et chikungunya : le risque s’installe en France
Prévention
Brèves et filets (5)
Santé
Le téléphone portable au collège, pour ou contre ?
Vie pratique/
Famille
Accident du travail : comment est-on indemnisé ?
Vie pratique/
Emploi
Numéro 552 – Mai 2015
Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ?
Système de soins
Nombre
de signes
4 160
6 566
5 769
9 038
5 213
6 307
5 050
6 403
7 364
4 380
5 551
5 826
6 259
5 870
4 851
4 104
4 137
4 600
5 234
6 433
7 278
4 706
4 113
6 121
4 553
Novembre 2015 – N° 556 –
3
Titre
Numéro 552 – Mai 2015
Solidaire et responsable, votre contrat santé
Rubrique
Nombre
de signes
Système de soins
5 052
Brèves et filets (5)
L’incontinence par urgenturie : ça se soigne
Bronzage artificiel : halte à l’intox !
Eviter les petits maux en avion
Brèves et filets (5)
Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte
Numéro 551 – Avril 2015
Quand le patient refuse les soins
Système de soins
Médecine
Prévention
Prévention
Santé
Environnement
5 129
6 540
6 235
5 040
4 287
5 993
Système de soins
6 449
Brèves et filets (5)
Système de soins
4 821
Infarctus du myocarde : les femmes aussi
DMLA, une maladie de plus en plus répandue
Fruits et légumes : halte aux idées reçues
Déjouer le piège des sucres cachés
Brèves et filets (5)
Conduire à tout âge, c’est possible
Numéro 550 – Mars 2015
Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer
Brèves et filets (6)
Médecine
Médecine
Prévention
Prévention
Santé
Vie pratique
6 497
6 678
4 189
6 967
5 437
6 655
Système de soins
Système de soins
5 441
5 563
Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé
Brèves et filets (6)
Santé
Concilier grossesse et maladie chronique
Médecine
Herpès labial : un virus présent pour la vie
Médecine
Contraception : une méthode pour chaque femme
Prévention
La tétine : pour ou contre ?
Education
Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique
Numéro 549 – Février 2015
Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins
6 198
6 544
5 614
6 991
7 755
5 844
4 448
5 075
Novembre 2015 – N° 556 –
4
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 458 signes
Encadré 1 : 1 093 signes
Encadré 2 : 1 189 signes
Des entretiens pharmaceutiques
pour les patients sous anticoagulant
Les patients sous traitement anticoagulant sont invités par
l’Assurance maladie à un entretien avec leur pharmacien.
Objectif : réduire les accidents liés au risque d’hémorragie.
3 visuels :
01_Entretiens
Pharmaceutiques
Chaque année, les anticoagulants par antivitamine K (AVK) sont
responsables de 17 300 hospitalisations et de près de 4 000 décès.
Utilisés pour traiter diverses pathologies, ces médicaments
empêchent la formation de caillots sanguins, mais peuvent, s’ils sont
mal dosés, provoquer des hémorragies. Ils nécessitent donc des
précautions particulières. C’est la raison pour laquelle, depuis le mois
de juin 2013, les patients qui suivent depuis plus de six mois un
traitement anticoagulant, par exemple Préviscan, Coumadine ou
Sintrom, sont invités par l’Assurance maladie à prendre rendez-vous
avec leur pharmacien pour un entretien. Une bonne connaissance du
traitement et des signaux d’alerte et un suivi régulier suffisent, en
effet, à diminuer le risque d’accident. Les entretiens pharmaceutiques
s’inscrivent ainsi dans une démarche d’accompagnement des
malades.
Deux rendez-vous dans l’année
« Le patient vient nous voir à la pharmacie avec le courrier de
l’Assurance maladie pour adhérer au programme de suivi, explique
Marcelline Grillon, pharmacienne et vice-présidente de la section A
des pharmaciens d’officine de l’ordre des pharmaciens. Nous prenons
rendez-vous, et lorsque nous le recevons pour le premier entretien,
cela se déroule dans une pièce préservant la confidentialité au sein
de l’officine. Nous recueillons des informations sur le patient en suivant
un questionnaire type, qui aborde les connaissances générales sur le
traitement, la vie quotidienne et l’alimentation, mais aussi la surveillance
biologique. » Les patients sous AVK doivent régulièrement réaliser des
prises de sang pour surveiller leur INR (pour International Normalized
Ratio), un test destiné à mesurer la coagulation. C’est en fonction de
ces résultats que le médecin ajuste le traitement.
« Une fois le questionnaire terminé, nous répondons aux éventuelles
questions, puis nous donnons des explications sur le traitement,
les complications et les interactions médicamenteuses et alimentaires »,
Novembre 2015 – N° 556 –
5
poursuit Marcelline Grillon. A l’issue de l’entretien, le pharmacien remet
au patient, s’il n’en possède pas encore, un livret d’accompagnement
pour noter les résultats de ses prises de sang et les éventuels
ajustements de dosage. Cette première prise de contact est complétée
par un second entretien organisé dans l’année, « plus rapide et [qui]
permet de récapituler ce qui a été dit précédemment, mais aussi de faire
un point sur le traitement », ajoute la pharmacienne. Ce suivi est
totalement pris en charge par l’Assurance maladie, le patient n’a rien à
débourser. Le pharmacien, lui, est rémunéré à hauteur de 40 euros par
patient et par an pour deux entretiens minimum.
Améliorer la relation et ouvrir le dialogue
« L’objectif n’est pas d’infantiliser le patient, souligne Marcelline Grillon,
mais d’évaluer les fragilités s’il y en a, de donner des conseils hygiénodiététiques et, surtout, d’ouvrir le dialogue. » Fin 2014, un premier bilan
du dispositif a été réalisé : pour près de neuf pharmaciens sur dix*,
celui-ci s’inscrit pleinement dans les missions de conseil et
d’accompagnement liées à leur profession ; 74 % estiment qu’il permet
de développer les connaissances des patients sur leur traitement et
71 % pensent qu’il améliore les relations avec les malades. Du côté
des patients, une majorité d’entre eux déclarent que les entretiens
permettent de prendre conscience de l’importance du suivi et de mieux
comprendre le traitement. Un avis partagé par Thierry, sous AVK
depuis trois ans : « Maintenant, ma pharmacienne me connaît et je
sais que je peux lui demander conseil si j’ai besoin de soigner un petit
tracas du quotidien. Par exemple, si j’ai mal aux dents ou à la tête, elle
pourra me donner un médicament adapté qui ne risque pas d’interagir
avec mon traitement. » Si, pour le moment, ces entretiens n’ont pas
prouvé leur efficacité dans la réduction des accidents, l’évaluation a
montré que la part des patients ne réalisant pas assez d’INR a diminué
chez ceux qui avaient adhéré au dispositif. Un premier indicateur
encourageant pour l’Assurance maladie.
Léa Vandeputte
* Etude quantitative réalisée par téléphone par l’institut A+A en septembre 2014
auprès d’un double échantillon de patients et de pharmaciens.
Encadré 1
Les nouvelles attributions des pharmaciens
La convention nationale des pharmaciens, signée en 2012, intègre un
objectif d’accompagnement des malades chroniques, formalisé par la
mise en place des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous
traitement anticoagulant par antivitamine K (AVK). Depuis
décembre 2014, les pharmaciens sont aussi partie prenante du
dispositif d’accompagnement des patients asthmatiques. Alors que
l’asthme concerne 6,8 % de la population française, soit 4,5 millions
de patients, ces entretiens ne sont destinés, dans un premier temps,
Novembre 2015 – N° 556 –
6
qu’aux patients asthmatiques chroniques en initiation ou en reprise
de traitement. Le malade sous corticoïdes inhalés reçoit une lettre
de l’Assurance maladie l’invitant à se rendre dans une pharmacie
pour un entretien. Sur place, le pharmacien l’informe et le conseille
sur l’utilisation de son traitement, tout en en contrôlant la bonne
observance. Totalement pris en charge, ce suivi ne coûte rien pour
le patient. Le pharmacien est rémunéré à hauteur de 40 euros par
an et par patient directement par l’Assurance maladie.
Encadré 2
Témoignage
Thierry, un patient sous traitement anticoagulant : « J’ai été reçu
deux fois par ma pharmacienne de quartier. Chaque entretien a eu
lieu dans un bureau de l’officine. Le premier rendez-vous, qui a duré
une vingtaine de minutes, a permis de faire un point sur mon
traitement. La pharmacienne m’a donné des conseils et m’a
prévenu du risque d’interaction entre mon traitement anticoagulant
et les médicaments pour soigner les petits bobos du quotidien
comme l’aspirine. Je sais maintenant que je ne dois pas associer
ces deux molécules sous peine de risquer une hémorragie. Le
second rendez-vous a eu lieu environ six mois plus tard. Cette fois,
il s’agissait plus d’un entretien de suivi. La pharmacienne a regardé
mes derniers résultats d’INR* et m’a interrogé sur mon état de santé
général. Comme je n’avais pas de question particulière à poser ou
de soucis à signaler, l’entrevue a été plus rapide. J’étais déjà bien
suivi par mon médecin traitant et mon cardiologue, mais ces
entretiens m’ont permis de recevoir des conseils complémentaires
et d’échanger avec ma pharmacienne. »
* INR, pour International Normalized Ratio, est un test destiné à mesurer la
coagulation du sang.
Novembre 2015 – N° 556 –
7
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 450 signes
Encadré 1 : 872 signes
Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes
Les Français méconnaissent les règles encadrant les dons de
sperme et d’ovocytes. Qui peut donner ? Dans quel cadre ?
Quelle est la législation actuelle ? Démêlez le vrai du faux
avec [nom de votre magazine].
2 visuels :
02_DonDeGametes
Il faut être en couple pour faire un don
Faux. Il n’est pas nécessaire d’être en couple : les personnes seules,
séparées ou divorcées, si elles sont en bonne santé, peuvent donner
des ovocytes ou des spermatozoïdes.
Le consentement du conjoint du donneur est demandé
Vrai. Les donneuses et les donneurs, s’ils sont officiellement en
couple, doivent obtenir le consentement de leur conjoint.
Il faut déjà avoir eu un enfant pour donner ses spermatozoïdes
ou ses ovocytes
Faux. C’était vrai jusqu’à il y a encore peu de temps, mais comme les
dons de gamètes sont encore trop peu nombreux pour répondre aux
besoins des couples infertiles – dont 3 000 sont dans l’attente d’un don
en France, selon l’Agence de la biomédecine –, ils sont désormais
ouverts à tous. Afin de doubler le nombre de donneuses et de donneurs,
le ministère de la Santé, par un décret publié le 15 octobre 2015, a
autorisé le don des personnes n’ayant pas eu d’enfant. Si la quantité de
gamètes prélevés est suffisante, la moitié pourra être conservée par
congélation dans un centre d'assistance médicale à la procréation
(AMP) sur demande du donneur et utilisée ultérieurement au bénéfice
de celui-ci s’il devenait infertile et souhaitait recourir lui-même à une AMP.
On peut faire un don d’ovocytes jusqu’à la ménopause
Faux. Une femme peut donner ses ovocytes de 18 à 37 ans. Au-delà
de cette limite d’âge, fixée par les médecins pour optimiser les
chances de grossesse, le don n’est plus possible, en raison d’une
baisse de la fertilité. Le nombre et la qualité des ovocytes
commencent en effet à diminuer à partir de 37 ans.
On peut donner ses spermatozoïdes sans limite d’âge
Faux. Chez les hommes aussi il y a une limite d’âge au-delà de
laquelle le don de spermatozoïdes n’est plus accepté. Un homme
peut donner son sperme à partir de 18 ans et jusqu’à 45 ans.
Novembre 2015 – N° 556 –
8
La donneuse ne sait pas combien d’ovocytes ont été prélevés
Vrai. Les centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme
(Cecos) préfèrent ne pas communiquer à la donneuse le nombre
d’ovocytes qui ont été prélevés afin de ne pas la décevoir si celui-ci
se révèle insuffisant. Un don permet en moyenne le recueil d’une
dizaine d’ovocytes, qui peuvent être répartis entre deux ou trois
receveuses.
Les enfants nés d’un don peuvent connaître l’identité des
donneurs
Faux. Même si la question de la levée de l’anonymat est
actuellement posée par plusieurs associations d’enfants nés du don,
en France les dons d’ovocytes et de spermatozoïdes sont anonymes.
Un enfant issu d’un don ne peut pas connaître l’identité du donneur
ou de la donneuse qui a permis sa naissance. Les Cecos conservent
le nom des donneurs pendant plusieurs années, mais le couple qui
bénéficie du don ne peut pas avoir accès à ces informations. De
même, les donneurs et les donneuses ne peuvent pas connaître
l’identité du couple receveur.
Seuls les couples infertiles peuvent bénéficier d’un don
Vrai. Il faut que l’infertilité d’un des deux ait été constatée
médicalement pour pouvoir bénéficier d’un don dans le cadre d’une
assistance médicale à la procréation. Il existe toutefois des exceptions
pour certains couples fertiles susceptibles de transmettre une maladie
grave. Le couple doit en outre être composé d’une femme et d’un
homme (lire également l’encadré).
Le don de sperme « artisanal », qu’il soit gratuit ou non, est
interdit et sanctionné par la loi
Vrai. Des banques de sperme étrangères en commercialisent via
Internet. Certains hommes proposent aussi leur sperme, avec ou sans
rémunération, notamment sur les réseaux sociaux. Ces pratiques,
illégales en France, peuvent être punies de deux à cinq ans
d’emprisonnement et de 30 000 à 75 000 euros d’amende. Elles
enfreignent les règles d’anonymat, de gratuité et de libre consentement
au don, inscrites dans la loi de bioéthique. Rappelons que le don de
spermatozoïdes doit être réalisé dans le cadre strict de l’assistance
médicale à la procréation et pratiquée dans un établissement autorisé.
Pour ne faire courir aucun risque sanitaire à la femme du couple
receveur, tout est vérifié : qualité du sperme, antécédents personnels et
familiaux du donneur, absence de maladies graves ou héréditaires
transmissibles.
Catherine Chausseray
Novembre 2015 – N° 556 –
9
Encadré
Homosexuelles, célibataires :
deux rapports préconisent l’ouverture de la PMA
à toutes les femmes
Deux rapports publics ont jeté un pavé dans la mare en juillet 2015.
Le premier, émanant du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et
les hommes (HCEFH), et le second, présenté devant une
commission sénatoriale par le défenseur des droits, Jacques Toubon,
préconisaient l’extension de la procréation médicalement assistée
(PMA) aux femmes homosexuelles et célibataires. Les raisons
invoquées : la discrimination des homosexuelles et des femmes
seules et l’aspect incohérent de la loi, qui reconnaît le droit à
l’adoption pour les célibataires et les homosexuels. Les médecins le
savent bien et dénoncent une loi qui ferme les yeux sur une réalité :
chaque année, de nombreuses femmes se rendent à l’étranger, en
Belgique ou en Espagne notamment, pour recourir à une PMA.
Novembre 2015 – N° 556 –
10
SYSTÈME DE SOINS
(brèves)
Calibrage : 1 102 signes
031_SecuriteSociale
Fraudes à la Sécu : nouveau record
Le montant des fraudes à la Sécurité sociale a atteint 196 millions d’euros
en 2014, selon le journal Les Echos*. C’est un nouveau seuil qui a ainsi
été franchi. En 2013, il s’élevait déjà à 167 millions d’euros, soit une
hausse des montants de 17 % en un an. Les plus grands fraudeurs ne
sont pas ceux que l’on croit : 37 % de l’argent détourné des caisses de la
Sécu le sont par des professionnels de santé, comme des médecins qui
émettent de fausses feuilles de soins ou facturent des visites à domicile
fictives. Viennent ensuite les établissements de santé, qui représentent
27 % des fraudes (52,6 millions d’euros). Les assurés ne sont qu’en
troisième position dans ce palmarès de la « triche », avec moins de 20 %
des fraudes (38,8 millions d’euros). Ce sont, notamment, des personnes
qui bénéficient indûment de la couverture maladie universelle
complémentaire (CMUC). Certains transporteurs sanitaires sont aussi
dans le viseur des services de vérification des fraudes de Bercy.
* « Santé : un nouveau record de fraudes détectées », Les Echos, 26 octobre 2015.
032_SoinsDentaires
Calibrage : 1 009 signes
Soins dentaires : des tarifs prohibitifs
En raison d’un reste à charge trop élevé pour leur budget, quatre
Français sur dix renoncent à des soins dentaires, d’après les chiffres du
réseau de soins Santéclair, partenaire de plusieurs organismes de
complémentaire santé. Après avoir fait réaliser un devis par un dentiste,
38 % des patients ont en effet décidé de ne pas y donner suite et
17,8 % n’ont réalisé qu’une partie des soins préconisés. Les tarifs pour
la pose d’implants sont particulièrement élevés, et le taux de
renoncement s’élève à 44 % pour ce type d’intervention. Lorsque la
somme à payer par le patient, une fois déduits les remboursements de
l’Assurance maladie et de la complémentaire santé, dépasse les
1 000 euros, ce sont 60 % des personnes qui ne se font pas soigner. La
Cour des comptes vient d’ouvrir une enquête sur les pratiques et les
tarifs des dentistes. Les résultats seront publiés courant 2016, avant la
renégociation de la convention entre les dentistes et l’Assurance maladie.
033_Vaccin
Calibrage : 955 signes
Vaccin contre la rougeole :
17,1 millions de vies sauvées depuis 2000
Le nombre de décès dus à la rougeole a chuté de 79 % dans le monde,
passant de 546 800 en 2000 à 114 900 en 2014. Selon les estimations
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 17,1 millions de vies ont
Novembre 2015 – N° 556 –
11
été sauvées depuis le début du siècle, grâce notamment à
l’augmentation de la couverture vaccinale contre cette maladie virale
hautement contagieuse. Le taux de vaccination stagne pourtant depuis
quatre ans, après avoir progressé entre 2000 et 2010.
En 2014, les campagnes de vaccination de masse ont concerné environ
221 millions d’enfants. Si la plupart des pays incluent le vaccin contre la
rougeole dans leur programme de vaccination systématique, seuls 63 %
ont atteint la cible de 90 % d’enfants recevant la première dose. De plus,
et si l’OMS recommande deux doses de vaccin pour être bien protégé,
seuls la moitié des enfants dans le monde ont eu droit à la seconde dose.
Calibrage : 940 signes
034_Publicite
Publicité : vers un assouplissement de la loi Evin
L’Assemblée nationale va étudier en deuxième lecture un
assouplissement de la loi Evin, dans le cadre de l’examen du projet de
loi santé. Cet amendement distinguera la publicité sur les boissons
alcoolisées – qui reste interdite – de l'information œnologique. Il sera
alors possible de faire la promotion d’une région de production viticole,
de son patrimoine culturel, gastronomique ou paysager sans que cela
soit considéré comme une publicité condamnable. Ce texte suscite
toutefois de vives réticences, notamment de la part de la ministre de la
Santé, Marisol Touraine, mais aussi des associations. Dénonçant dans
une lettre ouverte « la pression d'un lobby qui cherche à endormir avec
un vocabulaire trompeur », ces dernières tiennent à rappeler que,
« chaque fois que la publicité s'accroît de 10 %, la consommation, celle
des jeunes en premier lieu, augmente mécaniquement de 2,5 % ».
035_AccidentTravail
Calibrage : 1 055 signes
Le chiffre : 600 accidents du travail par heure
En 2014, 1,1 million d’accidents du travail, de trajet ou maladies
professionnelles ont été reconnus et pris en charge par la Caisse
nationale d’assurance maladie, dont plus de 750 000 ont entraîné un
arrêt de travail ou une incapacité permanente, soit une moyenne de
600 accidents par heure, dont 250 avec arrêt. Après deux ans de
baisse consécutive, 2014 marque un palier, mais la fréquence des
accidents du travail reste à l’un des niveaux les plus bas des
soixante-dix dernières années. Les activités de services comme l’aide
et le soin à la personne connaissent néanmoins une hausse des
accidents de 6 %, et le BTP reste le secteur le plus sinistré, avec un
indice de fréquence deux fois supérieur à la moyenne. Tous secteurs
d’activité confondus, les principales causes d’accident du travail sont
la manutention manuelle et les chutes (de plain-pied ou de hauteur).
Enfin, les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent 87 %
des maladies professionnelles, et les maladies liées à l’amiante, 7 %.
Novembre 2015 – N° 556 –
12
MÉDECINE
Calibrage
Texte principal : 3 680 signes
Encadré 1 : 1 149 signes
Syndrome du choc toxique : les tampons
hygiéniques sont-ils dangereux ?
3 visuels :
04_ChocToxique
Cet été, le témoignage d’un jeune mannequin californien
amputé de la jambe à la suite d’une infection déclenchée par
le port de tampons hygiéniques a fait paniquer des milliers de
femmes. En réalité, ce type de syndrome toxique est rarissime
et se manifeste uniquement quand plusieurs facteurs de
risque très spécifiques sont réunis. Explications.
En juin 2015, le site américain Vice diffuse des photos du jeune
mannequin Lauren Wasser, amputée de la jambe droite « à cause
d’un tampon » hygiénique. Rapidement, la Toile s’emballe. Les
clichés sont publiés en boucle sur les réseaux sociaux et la panique
gagne les internautes. Une étudiante française lance même une
pétition – qui recueille des dizaines de milliers de signatures – pour
que la marque Tampax affiche la composition de ses tampons sur les
emballages. En quelques jours seulement, la psychose s’est
installée. Faut-il continuer à utiliser ces protections hygiéniques ? Si
la question est récurrente aux Etats-Unis depuis déjà plusieurs
années, elle est très récente en France. Pour les spécialistes, il s’agit
avant tout de calmer le débat : le syndrome du choc toxique (SCT)
qui a conduit à l’amputation du mannequin américain « est
extrêmement rare », tient à souligner le professeur Olivier Graesslin,
chef du service gynécologie-obstétrique au CHU de Reims. Seule
une vingtaine de cas sont recensés chaque année dans l’Hexagone.
Staphylocoque aureus
« Le SCT est certes majoritairement lié à l’utilisation de tampons
hyperabsorbants, mais aussi à la présence d’une bactérie, le
staphylocoque aureus, dans le vagin de la patiente. Pour déclencher
un SCT, il faut donc déjà être porteuse de ce germe. Or, il s’agit d’une
souche bien particulière*, qui n’est pas commune », précise le
professeur. On suppose que ce staphylocoque est importé le plus
souvent par l’utilisatrice elle-même, lorsqu’elle introduit le tampon sans
s’être lavé les mains (lire l’encadré « Tampons : mode d’emploi »).
On ne sait pas vraiment pourquoi, mais c’est cette bactérie qui,
associée au port d’un tampon hyperabsorbant, va générer parfois (ce
n’est pas systématique) une infection au niveau cervico-vaginal.
Novembre 2015 – N° 556 –
13
« Favorisé par le port prolongé du tampon et la présence du sang
menstruel – un très bon milieu de culture pour les bactéries –, le
staphylocoque va produire très rapidement une grande quantité de
toxines, explique le professeur Graesslin. Celles-ci vont passer dans
la circulation sanguine au travers de la muqueuse vaginale, inonder
et empoisonner le sang, avant de provoquer le choc toxique. » Les
premiers symptômes s’apparentent à un début de grippe : forte fièvre,
grosse fatigue, douleurs diffuses, frissons.
Agir vite
Il peut également y avoir des nausées, des vomissements et une
éruption cutanée sous forme d’érythrodermie, c’est-à-dire une rougeur
qui disparaît par vitropression, un peu comme un coup de soleil. Si rien
n’est fait, en quelques heures la pression artérielle chute, le débit
circulatoire ralentit et les organes cessent de fonctionner. Ce sont les
complications vasculaires qui peuvent conduire au développement de
nécroses et à la nécessité d’une amputation. « Si le choc n’est pas pris
en charge très rapidement, par des mesures de réanimation associées
à une antibiothérapie adéquate (à base de pénicilline, NDLR), il peut
aboutir au décès. Heureusement, plus on intervient vite, moins il y a de
séquelles », ajoute le professeur Graesslin. C’est la raison pour
laquelle il faut se rendre aux urgences le plus vite possible dès les
premiers symptômes.
Delphine Delarue
* Souches TSST-1, productrices de la toxine du choc toxique staphylococcique.
Encadré
Tampons : mode d’emploi
« Il y a un facteur de risque important dans le déclenchement d’un
syndrome du choc toxique (SCT) : le port prolongé d’un tampon
hyperabsorbant. Il s’agit de la situation la plus décrite dans la
littérature scientifique », explique le professeur Olivier Graesslin,
chef du service gynécologie-obstétrique au CHU de Reims. Les
tampons trop absorbants empêchent l’air de passer et, portés trop
longtemps, ils induisent un phénomène d’irritation et de macération
qui va favoriser la prolifération des germes. « Evidemment, il n’est
pas question d’interdire l’utilisation des tampons, mais de rappeler
les règles d’hygiène de base, la première étant le lavage
systématique des mains avant chaque mise en place », ajoute le
professeur. Idéalement, un tampon se change toutes les quatre
heures et ne doit en aucun cas être porté plus de huit heures. On
recommande aussi l’usage de serviettes hygiéniques la nuit pour
limiter le port nocturne prolongé. Enfin, on ne met jamais de tampon
en dehors des règles pour absorber des pertes inhabituelles (sang
ou pertes colorées). Celles-ci doivent toujours conduire à consulter
rapidement.
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14
PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 4 003 signes
Encadré : 1 269 signes
Des mains propres pour un hiver
en bonne santé
3 visuels :
05_MainsPropres
Les mains sont les principaux vecteurs de contamination
virale et bactérienne. Chaque hiver, les campagnes de
communication rappellent l’importance de leur hygiène pour
éviter la transmission de maladies infectieuses. Mais encore
faut-il savoir comment bien les laver…
« Les mains transportent toutes sortes de microbes et de pathogènes »,
rappelle le docteur Kadoudja Chemlal, chargée d’expertise à l’Institut
national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En
période hivernale, les maladies infectieuses comme la grippe, le
rhume ou encore la gastro-entérite se propagent par contact direct
d’une personne infectée à une autre, mais aussi par contact avec des
objets contaminés par les précédents utilisateurs. Prendre le temps
de se laver les mains permet de limiter les transmissions de germes
et de préserver sa santé comme celle des autres. A la maison ou au
bureau, observer quelques règles d’hygiène est donc essentiel tout
au long de l’année, et pas seulement en période d’épidémie.
Cinq ou six lavages par jour
« Il suffit d’adopter quelques réflexes simples, explique le docteur
Chemlal. Comme on enlève ses chaussures quand on rentre chez soi
le soir, il faut aussi se laver les mains. Dans la journée, nous avons
pris les transports en commun, tapé sur notre clavier d’ordinateur ou
touché divers objets qui peuvent abriter des germes, il est donc
important de procéder à un nettoyage. On doit également le faire
avant de préparer le repas, avant de s’occuper de son bébé, après
s’être mouché ou avoir éternué ou encore en sortant des toilettes.
Cinq ou six lavages quotidiens sont souvent nécessaires. » Mais pour
un lavage efficace, quelques règles doivent être respectées.
Simple et efficace : le lavage à l’eau et au savon
Utiliser de l’eau et du savon est le mode de lavage le plus simple et le
plus efficace. L’INPES rappelle que « l’usage du savon est à privilégier,
surtout lorsque les mains sont sales ou souillées ». Commencez par
mouiller vos mains avec de l’eau chaude ou froide, puis versez une
noisette de savon, avant de frotter. « Nous recommandons d’utiliser
Novembre 2015 – N° 556 –
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du savon liquide, car les pains de savon restent humides après
utilisation et peuvent retenir des bactéries en surface », souligne le
docteur Chemlal.
« Pour une hygiène impeccable, il faut frotter environ trente secondes »,
poursuit-elle. Le savon doit mousser et aucune zone ne doit être
oubliée. Frottez les doigts, les paumes, le dessus des mains et les
poignets, puis entrelacez vos mains pour nettoyer entre les doigts, et
terminez en insistant sur les ongles. Enfin, rincez vos mains à l’eau
courante pendant une dizaine de secondes.
Sécher minutieusement
« L’humidité résiduelle semble favoriser la transmission du virus,
comme cela a été démontré pour les bactéries », indique l’Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)*, qui
recommande de « sécher les mains soigneusement ». « Utilisez de
préférence une serviette en papier à usage unique, conseille le
docteur Chemlal. Chez soi, on peut également se servir d’un torchon,
à condition de le laver régulièrement. En ce qui concerne les séchoirs
à air chaud ou froid, certains avancent qu’ils seraient des aérosols à
microbes, mais aucune étude ne le prouve. D’ailleurs, si les mains sont
correctement lavées, le jet d’air ne devrait pas diffuser d’organismes
pathogènes. »
Enfin, et contrairement à une idée reçue, se laver les mains ne les
abîme pas : « La peau des mains est très résistante, assure le docteur
Chemlal. Bien sûr, il faut éviter d’utiliser systématiquement du liquide
vaisselle à la place du savon, par exemple : trop caustique, il n’est pas
prévu pour cet usage. »
Benoît Saint-Sever
* Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)
relatif à l’utilisation de désinfectants pour les mains à peau saine (produits
hydroalcooliques, PHA) par le grand public, dans le cadre de l’épidémie de la grippe
A (H1N1), 28 septembre 2009.
Encadré
Le gel hydroalcoolique pour un lavage d’appoint
Faciles à transporter, les solutions hydroalcooliques peuvent être
bien pratiques, par exemple en voyage. D’après un sondage
INPES-BVA* réalisé en novembre 2012, 78 % des Français
déclarent en utiliser, et ce pourcentage grimpe à 83 % chez les
parents de jeunes enfants. Son usage est fréquent pour près d’un
Français sur deux en extérieur et pour un Français sur trois au
domicile. Cependant, l’Agence nationale de sécurité du médicament
et des produits de santé (ANSM) recommande l’utilisation de
solutions et gels hydroalcooliques uniquement en l’absence de point
d’eau disponible. « Pour être efficace, le gel doit être appliqué sur
des mains qui ne sont pas souillées, car il désinfecte, mais n’enlève
pas les saletés », précise le docteur Kadoudja Chemlal, chargée
Novembre 2015 – N° 556 –
16
d’expertise à l’INPES. Il faut également respecter les consignes
d’utilisation : verser le produit au creux de la main, frotter les doigts,
les paumes, le dessus des mains, les poignets et la zone entre les
doigts jusqu’à ce que les mains soient bien sèches.
* « Attitudes et comportements en matière de prévention de la transmission des
virus de l’hiver », étude Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
(INPES)-BVA, novembre 2012.
Novembre 2015 – N° 556 –
17
PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 4 254 signes
Encadré : 1 620 signes
Iatrogénie : quand les médicaments font
plus de mal que de bien
Les médicaments sont indispensables, mais ils sont parfois
source d’accidents. Surdosage, non-respect de la posologie
ou encore interactions sont autant de situations qui peuvent
avoir des conséquences graves sur la santé des patients.
4 visuels :
06_Iatrogenie
La iatrogénie médicamenteuse, qui désigne les effets indésirables
provoqués par les médicaments, entraîne chaque année plus de
128 000 hospitalisations*. Elle concerne toute la population, mais
l’exposition à ce risque est plus importante lorsque l’on avance en
âge, et plus particulièrement si l’on prend plusieurs traitements. Les
plus de 65 ans représentant plus de 18 % de la population française
en 2015, selon l’Institut national de la statistique et des études
économiques (Insee), la iatrogénie se révèle donc un véritable enjeu
de santé publique.
Un risque accru avec l’âge
En vieillissant, l’organisme devient plus sensible. Le foie et les reins
éliminent moins bien les médicaments. A cette modification physique
s’ajoute une éventuelle diminution des capacités cognitives, qui rend
difficile le suivi des traitements. Chez les plus de 65 ans, les effets
indésirables sont alors deux fois plus fréquents et plus graves,
puisque 10 à 20 % entraînent une hospitalisation.
Le risque de iatrogénie est également amplifié lorsque la personne
souffre de maladie chronique et consomme chaque jour plusieurs
médicaments pour traiter diverses pathologies. Selon la Haute
Autorité de santé (HAS)*, en France, la consommation journalière
moyenne est de 3,6 spécialités chez les personnes âgées de 65 ans
et plus ; elle passe de 3,3 par jour pour les 65-74 ans à 4 pour les
75-84 ans et à 4,6 pour les 85 ans et plus.
Les causes des accidents médicamenteux sont multiples et peuvent
se cumuler. Les plus fréquentes sont un mauvais dosage, une
erreur dans la prise du traitement (avaler son comprimé le soir au
lieu de le prendre le matin) ou le non-respect de ce dernier, une
interaction (notamment en cas d’automédication en plus du
traitement habituel), une prescription inappropriée ou encore des
effets indésirables.
Novembre 2015 – N° 556 –
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Reconnaître un accident médicamenteux
Connaître les signaux d’alerte de l’accident médicamenteux permet
de réagir rapidement et de prévenir son médecin ou son pharmacien.
La iatrogénie regroupe des symptômes très divers, qui peuvent être
bénins ou plus graves. En fonction de la sensibilité, de l’âge, de la
morphologie et de l’état de santé du malade ou de la nature des
médicaments, les réactions sont très variables. Cependant, en cas de
fatigue, de diminution de l’appétit, de perte de poids, de vertiges, de
malaise, de troubles de l’équilibre, de chute, de pertes de mémoire,
de maux digestifs ou urinaires, de palpitations ou de problèmes de
vision, il faut alerter un professionnel de santé. Ces manifestations
peuvent en effet être dues aux médicaments.
Dialoguer avec son médecin et son pharmacien
Des gestes simples et un peu de bon sens permettent de prévenir le
risque de iatrogénie. Afin de regrouper les conseils de professionnels
pour mieux vivre avec son traitement, le Leem a édité un Guide du
bon usage des médicaments**. La première consigne est simple : il
faut respecter la posologie et la prescription. Nombre de comprimés,
horaire des prises, durée : suivez à la lettre les indications de votre
médecin et de votre pharmacien et ne décidez jamais seul
d’interrompre ou de suspendre un traitement. Le dialogue avec les
professionnels de santé est essentiel : n’hésitez pas à poser des
questions à votre médecin, informez-le de vos différents traitements,
signalez-lui un éventuel effet indésirable et, surtout, faites des bilans
réguliers.
A la maison, conservez vos médicaments dans leur emballage d’origine
et, en cas de générique, notez (ou votre pharmacien) sur la boîte le nom
de la spécialité inscrit sur l’ordonnance. Enfin, il est fortement
recommandé de demander conseil à son médecin ou à son pharmacien
avant d’acheter des médicaments sans ordonnance.
Léa Vandeputte
* « Consommation médicamenteuse chez le sujet âgé : consommation, prescription,
iatrogénie et observance », rapport de la Haute Autorité de santé (HAS), professeur
Sylvie Legrain, 2005.
** Guide disponible dans les salles d’attente et téléchargeable gratuitement sur le
site du Leem : Leem.org/article/guide-du-bon-usage-des-medicaments.
Encadré
Les seniors sont prêts à changer leurs habitudes
A la demande du Leem (Les Entreprises du médicament), l’Institut
français des seniors a réalisé un sondage sur la perception de la
consommation des médicaments*. Il en ressort que, bien que les
seniors soient en bonne santé – « près des deux tiers des plus de
50 ans vont globalement bien » –, ils sont de grands
consommateurs de soins et de médicaments : « 71 % des plus de
Novembre 2015 – N° 556 –
19
50 ans prennent des médicaments une ou plusieurs fois par jour,
contre 86 % des plus de 75 ans. » Cela dit, 19 % des seniors
« reconnaissent qu’il leur arrive d’oublier de prendre leur
médicament », 16 % « qu’il leur arrive d’arrêter un traitement par
eux-mêmes » et 2 % qu’ils se trompent parfois de dose ou qu’ils
confondent les médicaments… Contrairement aux idées reçues,
90 % des seniors « accepteraient que leur médecin révise leur
ordonnance pour vérifier sa pertinence ; et même pour 51 %, à
chaque visite », et « 74 % suivraient de façon certaine le conseil de
leur pharmacien s’il leur recommandait de ne pas prendre tel ou tel
médicament susceptible d’entraîner un effet nocif sur les autres ».
Enfin, ils n’associent pas forcément le fait de consulter un médecin
à la rédaction d’une ordonnance et à la prise de médicament. Seuls
2 % des seniors verraient le fait de partir sans ordonnance comme
« un manque d’attention à leur souffrance ».
* Sondage réalisé entre le 23 et le 29 mars 2015 auprès de 3 173 personnes de
plus de 50 ans. Enquête « Perception et consommation de médicaments par les
seniors », Institut française des seniors-Les Entreprises du médicament (Leem),
avril 2015.
Novembre 2015 – N° 556 –
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SANTÉ (brèves)
Calibrage : 996 signes
071_Diabete
072_Audition
Diabète : des complications graves liées à la maladie
Sur les 3 millions de personnes en France traitées pour un diabète,
près de 8 000 ont dû subir une amputation du membre inférieur à la
suite d’une plaie au pied, plus de 17 000 ont connu un accident
vasculaire cérébral (AVC) entraînant une hospitalisation, près de
12 000 ont été hospitalisées pour un infarctus du myocarde et
4 256 ont été dialysées à cause d’une insuffisance rénale sévère. Des
complications graves, qui surviennent beaucoup plus fréquemment
chez les personnes diabétiques que chez les autres. Le risque pour les
malades est en effet multiplié par 9 dans les cas d’insuffisance rénale,
par 7 pour les amputations, par 1,6 pour les AVC et par 2,2 pour les
infarctus. Ces chiffres inquiétants illustrent bien la nécessité pour les
personnes souffrant de diabète, en plus de bien suivre leur traitement,
d’éviter ou d’agir sur les facteurs aggravants modifiables tels que le
tabagisme, le surpoids et l’hypertension artérielle.
Calibrage : 1 011 signes
Troubles auditifs : un Français sur dix est concerné
Un Français sur dix entend mal, selon les dernières estimations
rapportées par Le Parisien le 26 octobre dernier. Face à ces chiffres,
les médecins alertent sur la nécessité d’un dépistage dès l’apparition
des premiers signes de dégradation des capacités auditives. La perte
de l’audition, qui est progressive et irréversible, peut en effet
entraîner un isolement social et une baisse des facultés mentales.
Sur les 6 millions de Français qui connaissent des problèmes d’audition,
seuls 1,5 million portent un appareil. Ces troubles, généralement
causés par le vieillissement de l’oreille (presbyacousie), sont
désormais de plus en plus fréquents chez les jeunes. Pour les
prévenir, les médecins conseillent de préserver son audition en
modifiant ses habitudes d’écoute : les jeunes, particulièrement, ont
tendance à écouter de la musique au casque à un niveau de décibels
beaucoup trop élevé. Une fois les dommages causés, on ne peut plus
revenir en arrière.
071_Sommeil
Calibrage : 952 signes
Dette de sommeil : les Français cumulent
Les Français sont en manque de sommeil, selon les résultats d’une
étude menée par le cabinet de communication Occurrence*. Ce
déficit de sommeil s’élève à deux semaines par an, en moyenne. Il
est plus important de 2,4 jours par rapport aux habitants des autres
villes. Et ce sont les femmes qui dorment le moins, avec un manque
Novembre 2015 – N° 556 –
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de 342 heures de sommeil par an, contre 289 heures pour les
hommes. La conséquence est évidente : les trois quarts des Français
ressentent de la fatigue au cours de la journée et un sur six se sent
fatigué tous les jours de la semaine. Les chercheurs soulignent que
les actifs ont une dette de sommeil plus importante (50 heures de
sommeil en moins) que ceux qui ne travaillent pas.
* « Dette de sommeil annuelle française : 16 milliards d’heures », Occurrence, étude
réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 Français de 18 ans et plus, représentatif
de la population métropolitaine.
Calibrage : 1 001 signes
074_Harcelement
De nouveaux dispositifs pour lutter contre le harcèlement à l’école
Chaque année, en France, 700 000 élèves sont victimes de
harcèlement. Pour lutter contre ce fléau, le ministère de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a
présenté deux nouveaux outils à l’occasion de la première Journée
nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, qui a eu lieu le
5 novembre. Un numéro de téléphone, le 30 20*, et un site Web,
Nonauharcelement.education.gouv.fr, permettront désormais aux
élèves victimes ou aux jeunes témoins, mais aussi aux parents et aux
professionnels de s’informer, de comprendre ce phénomène et de
savoir vers qui se tourner pour être aidé. Ces dispositifs s’intègrent
dans le plan d’action en quatre axes de la lutte contre le harcèlement
à l’école décidé par le ministère, comprenant la sensibilisation, la
prévention, la formation et la prise en charge.
* Service accessible du lundi au vendredi de 9 à 18 heures (sauf les jours fériés),
appel gratuit.
075_FemmeEnceinte
Calibrage : 1 310 signes
La mortalité maternelle en baisse
Le nombre de décès maternels dans le monde est passé de
532 000 environ en 1990 à 303 000 en 2015, selon un rapport publié
dans la revue The Lancet. Plusieurs organismes, parmi lesquels
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef, le Fonds des
Nations unies pour la population (UNFPA), le groupe de la Banque
mondiale et la Division de la population des Nations unies, ont
comptabilisé le nombre de décès de femmes survenant pendant la
grossesse, à l’accouchement ou au cours des six semaines suivant la
naissance de l’enfant. Résultat : ce chiffre a baissé de 44 % par
rapport à 1990. Le taux de mortalité maternelle est aujourd’hui de 216
pour 100 000 naissances vivantes, contre 385 pour 100 000 en 1990.
Une nette amélioration, mais la situation est différente selon les pays.
Seuls neuf pays (le Bhoutan, le Cap-Vert, le Cambodge, les Maldives,
la Mongolie, le Laos, l’Iran, le Rwanda et le Timor oriental) ont atteint
l’objectif fixé par l’ONU de réduire de trois quarts leur taux de
Novembre 2015 – N° 556 –
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mortalité maternelle, alors que trente-neuf autres pays ont enregistré
des « progrès significatifs ». Il reste donc encore du chemin à
parcourir, d’autant que l’ONU s’est fixé un nouvel objectif : atteindre
un ratio de moins de 70 décès de femmes pour 100 000 naissances
en 2030.
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VIE PRATIQUE / ÉDUCATION
Calibrage
Texte principal : 5 723 signes
Encadré 1 : 745 signes
Encadré 2 : 333 signes
Poursuivre sa scolarité à l’hôpital
Chaque année, près de 11 000 élèves, des plus petits aux plus
grands, suivent des cours alors qu’ils sont hospitalisés.
2 visuels :
08_ScolariteHopital
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades prévoit que,
« dans la mesure où leurs conditions d’hospitalisation le permettent,
les enfants en âge scolaire ont droit à un suivi scolaire adapté au sein
des établissements de santé ». Quelle que soit la durée de leur
hospitalisation, enfants et adolescents peuvent suivre des cours
dispensés par des enseignants de l’Education nationale ou des
professeurs bénévoles, envoyés à leur chevet par des associations.
Près de 800 enseignants du primaire au collège sont détachés par
l’Education nationale, essentiellement dans les grands services
hospitaliers. Ils donnent principalement des cours de français et de
mathématiques, mais aussi, lorsque les jeunes patients sont
suffisamment en forme, d’histoire-géographie et de sciences. Des
classes sont aménagées dans des hôpitaux pour les enfants qui
peuvent s’y rendre. Certains jeunes y passent même leur brevet ou
leur bac. Quant aux associations, véritables partenaires de l’Education
nationale, elles sont indispensables : plusieurs milliers de bénévoles
complétent l’offre de cours partout en France, notamment pour les
collégiens et les lycéens, voire pour les étudiants en classes
préparatoires.
Un enseignement sur mesure
Réviser un contrôle, faire ses devoirs…, « il y a autant d’attentes et
de besoins que d’élèves, explique Joséphine Piat, directrice de
l’association L’Ecole à l’hôpital pour Paris et l’Ile-de-France. Le
médecin hospitalier fait une demande de prise en charge. La
coordinatrice de l’association, qui dispose d’un bureau au sein de
l’établissement hospitalier, rencontre chacun des jeunes individuellement
afin de proposer un ou plusieurs cours en fonction de leurs souhaits »,
précise-t-elle. Une organisation bien rodée, puisque cette association,
créée en 1929 et agréée par l’Education nationale depuis 1996, compte
pas moins de vingt-deux coordinatrices en région parisienne, dont
quatre sont des bénévoles. A l’hôpital Mignot, à Versailles, par exemple,
la coordinatrice travaille avec l’équipe médicale du service de pédiatrie,
qui lui confie les jeunes en capacité d’avoir cours. Elle constitue son
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équipe d’enseignants bénévoles au début de l’année et établit un
planning de leurs disponibilités par demi-journées. Elle prépare
également leurs interventions, ce qui permet à l’enseignant, lorsqu’il
se rend au chevet du patient, de connaître exactement les attentes
de ce dernier. Certains élèves souhaitent être à jour lorsqu’ils
retrouveront les bancs de l’école ; d’autres veulent davantage se
préparer aux épreuves, comme le brevet ou le bac ; d’autres encore
profiteront de cette occasion d’avoir un cours particulier pour combler
une lacune, revoir un point précis qui n’a pas été complètement
assimilé en classe. « Le professeur s’adapte aussi au contexte médical.
Certains cours durent vingt minutes, d’autres une heure et demie, tout
dépend de l’état de fatigue du jeune », souligne Béatrice Oudot,
présidente de la Fédération pour l’enseignement des malades à
domicile et à l’hôpital (FEMDH).
Maintenir le plaisir d’apprendre
Une hospitalisation en pédiatrie dure en moyenne 2,8 jours. Même
pour un séjour de courte durée, l’enfant peut recevoir un cours, s’il le
désire. « Certains jeunes atteints de maladie chronique ou qui doivent
subir des dialyses ou une chimiothérapie, par exemple, viennent
régulièrement à l’hôpital. Tous les cas de figure sont possibles »,
indique Joséphine Piat. Aujourd’hui, la tendance des hôpitaux est à la
réduction des temps de séjour. Les enfants rentrent plus tôt chez eux,
mais ils ne sont pas toujours en mesure de reprendre immédiatement
l’école. Toujours à l’initiative des équipes médicales, ils peuvent a lors
se voir prodiguer des cours à domicile.
La grande majorité des enfants acceptent ces cours individuels.
Fragilisés par la maladie, ils reprennent confiance. « Ils sont fiers d’eux
malgré la fatigue, et cela contribue à leur guérison, constate Béatrice
Oudot. Comme ils ne sont pas contraints, ils redécouvrent le plaisir
d’apprendre. » Les jeunes de plus de 15 ans, ne fréquentant donc plus
les services pédiatriques, mais ceux qui sont dévolus aux adultes, ont
aussi la possibilité d’apprendre à l’hôpital. « Pour ceux qui ont quitté
l’école, cela peut être l’opportunité de se remettre en route pour les
études, ajoute Béatrice Oudot. Nous pouvons monter un projet avec
eux. »
Un pont entre la vie « normale » et la maladie
Les cours à l’hôpital font du bien aux enfants, c’est un constat des
médecins et des enseignants : « Les médecins sont convaincus
des bienfaits de la poursuite de la scolarité des enfants. Cela participe
du soin », assure Joséphine Piat. L’école tient une place prépondérante
dans la vie de l’enfant et il est important de ne pas le couper de son
quotidien. « Si tout à l’hôpital le renvoie à sa maladie, les cours lui
permettent de conserver un lien social, une dynamique », observe
Béatrice Oudot. Penser à l’école projette le jeune patient en dehors de
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l’hôpital, dans la « vraie vie ». « Me concentrer sur le bac, ça m’aide
beaucoup dans la guérison, parce que je suis “après” la maladie »,
déclare Thibault sur une vidéo mise en ligne sur le site de L’Ecole à
l’hôpital. Thibault a d’ailleurs obtenu son bac, qu’il a passé dans
l’établissement hospitalier. Il est aujourd’hui en rémission et envisage
des études de médecine. Grâce aux cours, la vie continue.
Isabelle Coston
Pour plus d’infos : L’Ecole à l’hôpital pour Paris et l’Ile-de-France, Lecolealhopital-idf.org ;
la Fédération pour l’enseignement des malades au domicile et à l’hôpital (FEMDH),
Femdh.fr.
Encadré 1
Des disparités géographiques
Quand l’Education nationale n’a pas d’implantation dans
l’établissement hospitalier, ce sont les associations qui prennent le
relais. La Fédération pour l’enseignement des malades au domicile
et à l’hôpital (FEMDH) regroupe 65 associations et compte
2 500 professeurs bénévoles. Dans les régions ou les départements
où elle n’est pas représentée, comme en Bretagne, ce sont d’autres
associations qui sont à l’œuvre. Les élèves qui ne bénéficient pas
de ces dispositifs peuvent suivre un enseignement par le Centre
national d’enseignement à distance (Cned). La plupart des hôpitaux
sont en lien avec les établissements scolaires.
Pour plus d’infos : Cned.fr, le site du Centre national d’enseignement à distance
(Cned).
Encadré 2
L’ensemble des associations adhérentes à la Fédération pour
l’enseignement des malades au domicile et à l’hôpital (FEMDH)
recherche tout au long de l’année des enseignants bénévoles.
Enseignant en activité ou à la retraite, si vous souhaitez vous
engager au chevet des enfants hospitalisés, rendez-vous sur le site
Internet Femdh.fr.
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