FranceMutualite_567

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N° 567
Décembre 2016
REVUE MENSUELLE (10 numéros) fondée en 1959 par
L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE
255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81
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Vente et abonnement à nos bureaux.
Directeur de la publication : Gérard Quittard
Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81
Christine Jorez, 01 40 43 61 27
Coordination éditoriale : Laurence Hamon
Rédactrice en chef : Sylvie Irissou
Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00
Ont collaboré à ce numéro :
Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue,
Réalisé par la CIEM
67, rue Blomet
75015 Paris
Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari
Numéro de CPPAP :
0518 G 83108
Numéro ISSN :
0015 – 9670
Dépôt légal :
décembre 2016
Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les
articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France
Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit.
SOMMAIRE
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité »
..............................................
3
SYSTÈME DE SOINS
PlacedelaSante.fr : mettre la santé au cœur
des débats électoraux (Delphine Delarue) ............................................................................................... 5
L’Université des patients : reconnaître l’expertise des malades
pour améliorer les soins (Catherine Chausseray) ............................................................................. 7
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
10
MÉDECINE
Automédication : les règles à respecter (Léa Vandeputte) ................................................... 13
PRÉVENTION
Des médecins engagés
contre les perturbateurs endocriniens (Delphine Delarue) .................................................... 15
Travailler devant un écran
n’est pas sans risque (Isabelle Coston) ................................................................................................... 18
FORME – BIEN-ÊTRE
Cinq remèdes maison
qui ont fait leurs preuves (Aliisa Waltari) ................................................................................................. 22
SANTÉ
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
25
VIE PRATIQUE – ÉDUCATION
Maladies chroniques à l’école :
quels aménagements ? (Benoît Saint-Sever) .................................................................................... 28
Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface
imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale.
Décembre 2016 – N° 567 –
2
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers
de « France Mutualité »
Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue,
« France Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante
derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez
télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de
l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste » et « Collection “France
Mutualité” ».
Titre
Rubrique
Nombre
de signes
Numéro 566 – Novembre 2016
Médicaments : acheter sur Internet en toute sécurité
Système de soins
3 980
Brèves et filets (6)
Réveiller la mémoire par les odeurs
Système de soins
Médecine
5 344
3 696
Cinétose : un mal bénin mais très désagréable
Prévention
4 065
Quand les cheveux se font vieux
Forme – Bien-être
4 118
Mon enfant fait des cauchemars
Forme – Bien-être
4 544
Brèves et filets (5)
Circuler à vélo : les règles à connaître
Santé
Vie pratique /
Education
5 722
4 852
Numéro 565 – Octobre 2016
Soins dentaires : encore trop d’abus
Système de soins
4 542
Brèves et filets (6)
L’otite séreuse : une maladie à ne pas négliger
Système de soins
Médecine
6 221
4 132
Intestin irritable : des solutions existent
Médecine
4 581
Enceinte à 40 ans : un suivi particulier
Prévention
5 605
Gauchers et droitiers : quelles différences ?
Forme – Bien-être
5 007
Santé
Vie pratique /
Environnement
Numéro 564 – Septembre 2016
Contrats seniors : la Mutualité française opposée au projet Système de soins
de labellisation du ministère de la Santé
4 914
6 116
Pourquoi choisir une vraie mutuelle ?
Système de soins
5 454
Brèves et filets (5)
Endométriose : des douleurs à ne pas prendre à la légère
Cigarette électronique : où en est-on aujourd’hui ?
Pédiatrie : les idées fausses d’il y a trente ou quarante ans
Boissons énergisantes : une pratique de consommation à
risque
Brèves et filets (5)
Télétravail : des avantages et des inconvénients
Système de soins
Médecine
Prévention
Prévention
Forme – Bien-être
5 680
4 586
4 666
5 238
4 989
Santé
Vie pratique /
Environnement
5 325
5 772
Brèves et filets (5)
Pollution intérieure : aérez votre logement !
4 662
Décembre 2016 – N° 567 –
3
Numéro 563 – Juin 2016
Coopaname : le travail réinventé
Economie sociale
4 548
Ehpad : bien vieillir à l’abri des dérives sectaires
Système de soins
4 605
Brèves et filets (5)
Système de soins
Est-il possible de détecter un risque de rupture d’anévrisme Médecine
?
5 680
3 311
Sel : attention aux abus
Prévention
4 107
Le sport, c’est bon pour mon enfant
Forme – Bien-être
4 921
Brèves et filets (5)
Faites maigrir votre poubelle
Santé
Vie pratique /
Environnement
5 325
4 828
Numéro hors-série – Mai 2016
Des Etats généraux pour la santé visuelle
Etats généraux de
la santé visuelle
Basse vision : une prise en charge de qualité encore peu
Etats généraux de
répandue
la santé visuelle
L’ophtalmologie, une discipline à la pointe de l’innovation
Etats généraux de
la santé visuelle
La coopération professionnelle comme solution à la pénurie Etats généraux de
d’ophtalmologistes
la santé visuelle
Numéro 562 – Mai 2016
Citiz-France : une coopérative pour développer l’autopartage Economie sociale
Le dossier médical partagé, pour une meilleure coordination Système de soins
des soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Résistance aux antibiotiques : où en est-on ?
Médecine
Compléments alimentaires : utiles ou dangereux ?
Prévention
Hammam et sauna : de nombreux bienfaits,
Forme – Bien-être
peu de contre-indications
Brèves et filets (5)
Santé
Congé parental d’éducation : c’est papa qui s’occupera de Vie pratique /
bébé
Famille
Numéro 561 – Avril 2016
L’HAD, une alternative à l’hospitalisation traditionnelle
Système de soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Troubles de l’équilibre : quand l’oreille interne est en cause Médecine
Premiers secours : bien réagir pour sauver des vies
Prévention
Y a-t-il de « bonnes » et de « mauvaises » graisses ?
Prévention
Les « serious games » : des jeux vidéo thérapeutiques
Bien-être
Brèves et filets (5)
Santé
Ateliers solidaires : donner une seconde vie aux objets
Vie pratique /
Environnement
4 876
4 735
5 187
6 270
5 789
6 326
4 852
5 616
4 493
3 092
4 960
4 075
6 241
4 939
7 526
7 167
7 985
5 187
5 078
4 058
Décembre 2016 – N° 567 –
4
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 575 signes
PlacedelaSante.fr : mettre la santé au cœur
des débats électoraux
5 visuels :
01_PlaceDeLaSante
La Mutualité française vient de lancer PlacedelaSante.fr, un
site participatif destiné à décrypter les programmes des
candidats à la présidentielle 2017 en matière de santé et de
protection sociale. L’idée est aussi d’inviter les internautes à
faire part de leurs préoccupations sur ces sujets, puis
à interpeller ceux qui souhaitent accéder aux plus hautes
fonctions de l’Etat.
Faire en sorte qu’à l’occasion de la présidentielle 2017 la santé et la
protection sociale aient enfin la place qu’elles méritent au sein des
débats électoraux : c’est l’objectif du site participatif PlacedelaSante.fr,
lancé le 1er décembre par la Mutualité française, en partenariat avec le
think tank Terra Nova, la Fondation pour l’innovation politique
(Fondapol) et la Fondation Jean-Jaurès. « La santé est au cœur des
préoccupations de nos concitoyens, a expliqué Thierry Beaudet,
président de la Mutualité française, lors de la présentation du site à la
presse. Un récent sondage* nous apprend d’ailleurs que les
propositions des candidats [dans ce domaine] auront un impact sur leur
vote. » Pourtant, jusqu’à présent, les interrogations des Français en la
matière – par exemple au sujet du médecin de famille qui part à la
retraite sans remplaçant, des déserts médicaux ou de la dépendance
d’un parent âgé – ne sont pas réellement évoquées par ceux qui
souhaitent accéder aux plus hautes fonctions de la République. « Or
c’est justement lorsque les préoccupations des Français ne sont pas
prises en compte […] que l’on assiste à la montée des mouvements
contestataires, ajoute Thierry Beaudet. Avec PlacedelaSante.fr, nous
voulons mettre ces enjeux au cœur des débats. C’est une démarche
citoyenne : nous souhaitons contribuer à éclairer nos concitoyens sur
ces sujets qui les concernent. »
Contenu pédagogique
Pour ce faire, le site propose aux internautes un contenu
pédagogique qui leur permettra d’explorer les grandes questions de
santé (l’accès aux soins, la télémédecine, le maintien de l’autonomie,
la prévention, le financement de la protection sociale ou encore le
rôle des complémentaires santé), de décrypter les propositions qui
Décembre 2016 – N° 567 –
5
seront faites tout au long de la campagne présidentielle, puis
d’interpeller les candidats. De leur côté, les think tanks partenaires
apporteront, au fil des mois, leur analyse sur ces différents sujets.
Ouvert à tous et participatif, PlacedelaSante.fr invite également les
citoyens à commenter les contenus et à poster leurs propres tribunes.
Ces messages, qui permettront d’identifier leurs inquiétudes et leurs
idées, seront directement portés à la connaissance des candidats ou
de leurs représentants « à l’occasion d’un grand événement qui se
tiendra courant février », a indiqué la Mutualité française. Enfin, le
site a aussi vocation à évaluer l’action de celui qui aura remporté la
présidentielle : après l’élection, une rubrique dédiée vérifiera la
concordance entre les paroles du candidat élu et les actes de la
nouvelle majorité en place.
Pas de prise de position
Avec PlacedelaSante.fr, la Mutualité se réclame d’une démarche
« experte, ouverte et transpartisane ». « L’idée n’est pas de prendre
position pour tel ou tel candidat, mais bien de contribuer à nourrir les
débats et à éclairer les véritables choix de société qu’impliquent les
propositions », a précisé Thierry Beaudet. Lors du lancement du site,
le président de la Mutualité française a par exemple livré les
premières analyses chiffrées des programmes des candidats déjà
déclarés. On a ainsi appris que, si l’Assurance maladie se concentrait
sur le remboursement des affections graves ou de longue durée,
comme le propose François Fillon, cela permettrait de réaliser
20 milliards d’euros d’économies. En revanche, une telle mesure
ferait peser sur les ménages ou leur complémentaire un coût
supplémentaire moyen de 300 euros par personne et par an, soit
1 200 euros pour un couple ayant deux enfants. Autre exemple : si,
comme le propose Jean-Luc Mélenchon, l’Assurance maladie devait
rembourser 100 % des dépenses de santé, cela représenterait pour
elle un surcoût de 42,4 milliards d’euros, ce qui représente en
moyenne 638 euros par an et par personne, soit 2 553 euros pour
une famille avec deux enfants. Des analyses pratiques et concrètes,
donc, qui permettront aux citoyens d’y voir plus clair dans les
programmes à la lumière des grands enjeux, plutôt complexes, de
santé et de protection sociale.
Delphine Delarue
* Baromètre santé 360, Odoxa, novembre 2016.
Pour en savoir plus : PlacedelaSante.fr.
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6
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 6 799 signes
L’Université des patients :
reconnaître l’expertise des malades
pour améliorer les soins
Depuis 2009, une association abritée par l’université Pierre-etMarie-Curie, à Paris, permet aux patients, aux aidants et aux
soignants de suivre une formation diplômante en s’appuyant
sur leur propre expérience, afin qu’ils puissent intervenir au
cœur même du système de santé.
4 visuels :
02_UniversitePatients
Aux personnes touchées par une ou plusieurs pathologies chroniques
– ils sont 17 millions en France –, Catherine Tourette-Turgis,
psychologue et professeur en sciences de l’éducation, a voulu offrir la
possibilité de convertir leur expérience de la maladie, des traitements
et du monde médical en savoir utile aux autres.
Mettre son expérience au service de tous
Cette militante de la première heure, qui accompagnait dès 1984 les
personnes atteintes du sida, a donc créé en 2009 l’Université des
patients. Logée au sein de la faculté de médecine de l’université
Pierre-et-Marie-Curie, à Paris, la structure accueille des personnes
atteintes de maladie chronique, des aidants et des soignants dans un
cursus universitaire diplômant afin qu’ils deviennent patients experts,
formateurs ou intervenants en éducation thérapeutique. Plus
récemment, deux nouveaux diplômes universitaires (DU) sont venus
compléter l’offre. Un DU Accompagnement du parcours patient en
cancérologie et un DU Démocratie sanitaire se sont en effet ajoutés à
celui d’éducation thérapeutique, avec lequel tout a commencé. En
2016-2017, cinquante-cinq étudiants ont rejoint les bancs de la
faculté.
Changer la relation patient-soignant
Le combat de Catherine Tourette-Turgis s’inscrit dans une volonté de
faire reconnaître le besoin qu’ont les malades de participer
activement à leur prise en charge. Grâce à l’Université des patients,
ils peuvent enfin faire valoir leur expertise. Ils acquièrent la légitimité
qui leur manquait pour être davantage impliqués dans le parcours de
soins. « J’ai pris la mesure de leur envie d’étudier, de partager leur
expérience, de transmettre leur histoire », témoigne Catherine
Décembre 2016 – N° 567 –
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Tourette-Turgis, qui ajoute que « les malades ont fait leurs preuves
vis-à-vis des médecins, qui, pour la plupart, sont désormais
convaincus de la force d’un partenariat patient-soignant ». Au cours
de la formation, les étudiants apprennent à mieux connaître la
psychologie des soignants, et inversement, ce qui permet d’améliorer
leurs relations. Quand on sait qu’une consultation ne dure que
quelques dizaines de minutes, mieux vaut être préparé, car il est
important, pour le patient comme pour le médecin, de bien se faire
comprendre.
Quand on parle de diplôme, on pense naturellement aux débouchés.
Ici, tous ne viennent pas forcément étudier dans la perspective
d’exercer un nouveau métier. C’est le cas de Catherine, qui souffre
depuis plusieurs années d’un cancer chronique et qui, tout en
améliorant ses connaissances, trouve à l’Université des patients les
réponses et le soutien qu’elle recherchait en vain jusqu’alors.
Des études pour rester debout
« Je suis depuis cinq ans dans une situation de cancer chronique,
c'est-à-dire un cancer qui s’est métastasé. Cela se traite, mais ne se
guérit pas. C’est une configuration assez récente, peu connue du
grand public, avec un côté tabou, “mort-vivant”, même pour le monde
médical. On n’en parle pas », explique Catherine, qui se rappelle
avoir vécu « dans une relative solitude pendant les deux premières
années qui ont suivi l’annonce ». Cette femme de 47 ans décrit une
nouvelle vie faite de renoncements : « Je suis des traitements de
chimio et de radiothérapie, de thérapies ciblées, plus ou moins
lourds, mais qui ne s’arrêtent jamais. Il m’a fallu abandonner
certaines occupations en raison de la fatigue… et m’en inventer
d’autres. De plus, je devais subir la gêne de certains, leur malaise
face à ma maladie. » Le DU d’éducation thérapeutique et celui,
aujourd’hui, d’accompagnement du parcours patient en cancérologie
lui ont permis « de [se] tenir debout, de mettre en échec [sa] peur ».
Ils lui ont aussi donné « des outils concrets pour faire des projets
collectifs avec des soignants et d’autres patients partenaires, et
soutenir des malades en début ou en phase aiguë de la maladie »,
car, dit-elle, « il n’y a aucune raison de renvoyer le patient vers sa
solitude, et on peut accompagner les autres malades quand on l’est
soi-même ». Elle précise d’ailleurs qu’« une partie des cours sont
assurés par des médecins ou des cancérologues de renom,
convaincus qu’il faut utiliser l’expertise des patients ».
Un autre regard
« Les étudiants se sentent enfin utiles. Ils ne sont plus identifiés
comme des malades, ils changent de statut », constate le professeur
Tourette-Turgis, qui raconte que « l’émotion est palpable quand ils
reçoivent leur carte d’étudiant. La reprise des études est pour eux le
Décembre 2016 – N° 567 –
8
moyen de reprendre pied dans la vie sociale. Au cours d’un dîner, par
exemple, les gens n’osaient pas toujours leur adresser la parole. Là,
ils peuvent parler de ce qu’ils font, de leurs projets ». Une fierté et un
bonheur que confirme Eric Salat, patient expert, enseignant à
l’Université des patients et codirecteur du nouveau DU Démocratie en
santé, qui souligne les difficultés, mais aussi la satisfaction de faire
cours à ces étudiants pas tout à fait comme les autres : « Enseigner à
des malades demande plus d’attention pédagogique, d’empathie et
d’implication. » Parmi eux, « certains ont des problèmes cognitifs qui
entraînent des troubles de la mémoire ou de l’attention », ce qui
l’amène à « trouver des astuces, des supports, des moyens
nouveaux qui leur permettent de suivre les cours et de retenir les
enseignements ». Le professeur estime en être largement
récompensé par l’enthousiasme de ses étudiants : « Ils considèrent
leur entrée dans ce cursus comme une chance. C’est comme si on
leur offrait un cadeau en les acceptant. Ils ont tellement envie
d’apprendre, de repousser leurs propres limites… »
Des cursus ouverts à tous
Pour entrer à l’Université des patients, « il n’y a pas de sélection à
proprement parler, les étudiants ne sont pas forcément issus des
élites comme on pourrait le penser, tous n’ont pas bac + 10, loin de
là, indique le professeur Tourette-Turgis. Un entretien nous permet
de nous assurer que ces études conviendront à la personne, en
tenant compte de sa maladie, de son état de fatigue, etc. ». Pour
prendre en charge les frais de scolarité, de transport, d’hébergement
à Paris pour ceux qui viennent de loin, l’Université des patients est
soutenue par le mécénat, notamment celui de la fondation
MSDAvenir. « Il y a aussi un fort engagement de l’équipe
pédagogique, ce qui participe à la force du projet, ajoute-t-elle. Nos
étudiants se sentent respectés, valorisés, le fait d’étudier les aide
aussi à aller mieux. »
Catherine Chausseray
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9
SYSTÈME DE SOINS
(brèves)
Calibrage : 847 signes
031_OrthoptistesBilans
Visuels
Les orthoptistes sont autorisés à réaliser des bilans visuels
Un décret paru le 6 décembre au Journal officiel autorise les orthoptistes
exerçant dans des cabinets de médecins ophtalmologistes à réaliser le
bilan visuel d’un patient pour des lunettes. La mesure, introduite dans la
loi Santé, vise à réduire les délais pour une prise de rendez-vous, qui
varient aujourd’hui de 60 à 111 jours en moyenne. Désormais,
l’orthoptiste interviendra sur la « préparation de l’examen médical » et
pourra également dispenser des séances « d’apprentissage à la
manipulation et à la pose de lentilles de contact », précise le texte. De
son côté, l’ophtalmologiste ne se chargera plus que de la prescription.
Ce décret vient concrétiser la volonté exprimée par la ministre de la
Santé, Marisol Touraine, de généraliser la coopération entre les deux
professions.
Calibrage : 889 signes
032_LombalgiesAccidents
Travail
033_EcartsFranceChirurgie
Les lombalgies représentent 20 % des accidents du travail
Dans son rapport annuel, la branche accident du travail-maladies
professionnelles (AT-MP) de l’Assurance maladie révèle que les
lombalgies sont en cause dans un accident du travail sur cinq. Alors
que, « depuis deux ans, la fréquence des accidents du travail, de
trajet et des maladies professionnelles se stabilise », celle des
lombalgies, elle, est en augmentation. De plus, ces dernières
représentaient près de 15 % des accidents de trajet et 7 % des
maladies professionnelles reconnues en 2015. Les principales
causes du mal de dos lié au travail sont la manutention manuelle
(50 % des cas) et les chutes de hauteur et de plain-pied (10 %).
D’après les calculs de la branche AT-MP, cette pathologie coûte près
de 1 milliard d’euros par an, soit l’équivalent du coût total de tous les
autres troubles musculo-squelettiques (TMS).
Calibrage : 1 367 signes
De grands écarts en France au niveau des actes chirurgicaux
Le ministère de la Santé publie pour la première fois un « Atlas des
variations des pratiques médicales ». Ce rapport répertorie la
fréquence de la dizaine d’actes chirurgicaux les plus répandus :
ablation des amygdales, de l’appendice, d’une tumeur bénigne de la
prostate, de la vésicule biliaire, de l’utérus ou de la thyroïde, ou
encore césarienne, chirurgie de l’obésité (ou bariatrique) ou du
syndrome du canal carpien, pose d’une prothèse de genou ou de
hanche. Des écarts parfois très importants sont à noter selon les
régions. Par exemple, en 2014, le taux d’ablation d’une tumeur
Décembre 2016 – N° 567 –
10
bénigne de la prostate a été de 145 pour 100 000 habitants dans
l’Ariège, quand la Savoie affichait un taux de 323 pour 100 000. Les
habitants du Bas-Rhin et des Vosges seraient bien plus nombreux
(plus de 200 opérations pour 100 000 habitants) à se faire poser une
prothèse du genou que ceux des départements d’outre-mer (90 pour
100 000). Ces disparités suscitent bien des interrogations auxquelles
les auteurs de l’étude n’apportent pour l’instant qu’un début de
réponse, invoquant les choix des patients et des médecins, mais
aussi des différences quant à l’offre de soins. Dans les mois à venir,
l’analyse de ces variations devrait en faire émerger les causes et
permettre d’améliorer l’égalité d’accès aux soins.
034_InegalitesAccesSoins
035_VaccinsObligatoires
Calibrage : 979 signes
Inégalités d’accès aux soins : la France peut mieux faire
Le « Panorama de la santé en Europe », publié par l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) conjointement
avec la Commission européenne, montre que les plus pauvres sont de
plus en plus nombreux, y compris en France, à renoncer à se soigner. Il
souligne l’impact de la crise financière de 2008, qui ne s’est pas
résorbé, puisque l’accès aux soins n’a depuis cessé de reculer parmi les
populations les moins fortunées des vingt-huit pays européens étudiés.
Même si la France reste relativement bien classée, 2,8 % des Français
(contre 3,6 % en moyenne à l’échelle européenne) renonçaient encore à
se soigner pour des raisons financières, à cause de l’éloignement des
services ou encore de délais d’attente jugés trop longs. Chez les 20 %
de la population ayant les revenus les plus bas, le taux de renoncement
aux soins s’élève à 6,6 %, passant au-dessus de la moyenne
européenne (6,4 %).
Calibrage : 1 177 signes
Les vaccins doivent-ils devenir obligatoires ?
Pour lutter contre la défiance grandissante des Français envers les
vaccins et améliorer le taux de couverture vaccinale, la ministre de la
Santé, Marisol Touraine, a mis en place un comité d’orientation de la
concertation citoyenne sur la vaccination, qui s’est penché durant six
mois sur la question. Composé de représentants de la société civile,
de professionnels de santé et de chercheurs, il a émis un rapport
dans lequel il suggère, notamment, d’élargir l’obligation vaccinale.
Actuellement, en France, seuls trois vaccins sont obligatoires
(diphtérie, tétanos, poliomyélite). Le comité propose d’étendre
l’obligation aux vaccins contre la coqueluche, l’hépatite B, la bactérie
Hæmophilus influenzæ, le pneumocoque, le méningocoque C et les
virus de la rougeole, des oreillons, de la rubéole. Les auteurs
préconisent pour cela une prise en charge intégrale du coût des
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vaccins par le régime obligatoire de l’Assurance maladie, soit environ
150 millions d’euros par an. Ces propositions vont être évaluées par
la ministre, qui, si elle les retient, devra faire un gros effort de
communication pour répondre aux nombreuses critiques qu’elles ne
manqueront pas de susciter.
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MÉDECINE
Calibrage
Texte principal : 4 056 signes
Encadré: 544 signes
Automédication : les règles à respecter
Que ce soit pour un rhume, un mal de gorge ou un mal de
tête, les Français sont nombreux à se soigner eux-mêmes,
sans passer par la case médecin. Pour contrer ces petits
troubles du quotidien, ils vont réutiliser un médicament déjà
prescrit ou en acheter sans ordonnance en pharmacie. Une
pratique risquée si certains points de vigilance ne sont pas
respectés.
4 visuels :
04_Automedication
Selon une enquête réalisée par l’institut Ipsos pour l’Association
française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication
responsable (Afipa) et publiée en mars 2016, 80 % des Français
auraient eu recours à l’automédication afin de traiter des troubles
bénins au cours de l’année passée. Pour 92 % des personnes
interrogées, les symptômes auraient disparu sans qu’elles aient eu
besoin de consulter un médecin. Quelque 91 % des Français se
sentiraient d’ailleurs capables de gérer seuls certains « problèmes de
santé simples ». De leur côté, les médecins généralistes sondés
reconnaissent que 45 % de leurs patients sont capables de soigner
par eux-mêmes les maux bénins. Ils concèdent également que le
développement de l’automédication pourrait désengorger leur cabinet
(59 %), réduire les dépenses de santé (53 %) et leur permettre de se
recentrer sur des problèmes sanitaires plus lourds (63 %).
Traiter les troubles bénins
Le Conseil national de l’ordre des médecins définit l’automédication
comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes,
pour elles-mêmes ou pour leurs proches, et de leur propre initiative,
de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’AMM
(autorisation de mise sur le marché, NDLR), avec la possibilité
d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens ». Autrement
dit, le patient qui souffre d’un rhume, d’un mal de gorge, de tête, de
dent ou de ventre ou encore d’un petit traumatisme pioche dans la
pharmacie familiale ou se rend directement en officine pour acheter
des médicaments.
Le recours à l’automédication présente un avantage de taille pour le
patient : la rapidité. Dans certaines régions, obtenir un rendez-vous
avec un médecin généraliste peut s’avérer difficile, alors que les
Décembre 2016 – N° 567 –
13
officines sont plus accessibles. « Certains patients se servent
directement dans les produits en libre accès, d’autres viennent
demander conseil au comptoir, observe Marcelline Grillon,
pharmacienne et vice-présidente de la section A des pharmaciens
d’officine de l’Ordre des pharmaciens. Dans tous les cas, nous
accompagnons les patients dans leur choix, nous les conseillons et
leur posons des questions pour éliminer d’éventuelles contreindications ou des indices de gravité qui retarderaient le diagnostic.
Si le patient nous présente sa carte Vitale et qu’il a un dossier
pharmaceutique, nous pouvons consulter son historique pour éviter le
risque d’interaction avec un autre traitement, puis nous renseignons
le nom des médicaments pris, ce qui est important pour la sécurité
des dispensations ultérieures. »
Demander conseil au pharmacien
En effet, l’automédication n’est pas sans risque. Elle peut entraîner
un retard de diagnostic, engendrer une dépendance à certaines
substances, et les interactions avec d’autres médicaments ou avec
certains aliments peuvent avoir des conséquences sur la santé. « Les
antihistaminiques sont, par exemple, contre-indiqués aux personnes
qui sont traitées pour un glaucome. L’ibuprofène est, lui, interdit aux
femmes enceintes », illustre la pharmacienne. Le premier réflexe doit
donc être de solliciter les conseils de son pharmacien avant de se
soigner seul.
« Même vendus sans ordonnance, les produits d’automédication
restent des médicaments, il est donc important de lire la notice, de
respecter les doses maximales et de vérifier que la date de
péremption n’est pas dépassée, poursuit Marcelline Grillon. Pour
traiter les enfants, il est nécessaire d’être vigilant sur le dosage.
Enfin, si au bout de quelques jours les symptômes persistent, il ne
faut pas hésiter à consulter son médecin et à lui indiquer quels
médicaments on a pris. »
Léa Vandeputte
Encadré
La conservation des médicaments
La bonne conservation des médicaments participe à la préservation
de leur efficacité, mais aussi au respect des règles de sécurité.
Ainsi, il est conseillé de les garder dans un endroit sec, à l’abri de la
chaleur et inaccessible aux enfants, l’idéal étant une armoire située
en hauteur et fermée. Ils doivent être rangés dans leur boîte
d’origine avec leur notice. Les médicaments non utilisés ou périmés,
qu’ils soient entamés ou non, doivent être rapportés en pharmacie,
où ils seront collectés, puis détruits.
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14
PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 4 659 signes
Encadré : 1 387 signes
Des médecins engagés contre les perturbateurs
endocriniens
4 visuels :
05_Perturbateurs
Endocriniens
Depuis 2013, l’association Alerte des médecins sur les
pesticides milite pour une meilleure régulation des substances
polluantes ayant un impact sur notre santé. Leur dernière
campagne de communication visait plus particulièrement les
perturbateurs endocriniens, ces molécules que l’on retrouve
partout dans notre environnement et auxquelles les fœtus et les
jeunes enfants sont particulièrement sensibles.
« Perturbateurs endocriniens : la société doit protéger les femmes
enceintes et leurs bébés ». C’est le slogan choisi, en mai dernier, par
l’association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) pour sa
campagne de communication. « On sait aujourd’hui qu’en agissant
sur notre système hormonal, les perturbateurs endocriniens, ces
substances que l’on retrouve dans de très nombreux produits de
grande consommation, contribuent à l’augmentation du nombre de
cancers hormonodépendants, des malformations génitales, des
troubles de la fertilité, mais aussi du diabète ou de l’obésité »,
explique le docteur Michel Nicolle, vice-président de l’association. Et
c’est notamment au moment de la grossesse et des premières
années de vie que l’exposition est la plus dangereuse. Le fœtus et les
jeunes enfants conservent l’impact toxique acquis pendant de
nombreuses années et les conséquences sur leur santé peuvent se
manifester à l’âge adulte et sur plusieurs générations. Autre élément
important désormais reconnu : ce n’est pas la dose de perturbateurs
endocriniens (PE) qui fait le poison. Ils peuvent agir à des doses
infimes sur le système hormonal des plus jeunes alors qu’ils ne sont
pas forcément dangereux, même à haute dose, chez les adultes.
Aider les médecins dans leur pratique
« Face à ces problématiques, les médecins ne savent pas toujours
comment agir en termes de prévention, ajoute le docteur Nicolle. C’est
pour cela que notre campagne ne s’adresse pas seulement au grand
public, mais aussi à eux, l’idée étant de les aider dans leur pratique. »
Parmi les outils diffusés à l’occasion de cette campagne et toujours
accessibles sur le site de l’association (Alerte-medecins-pesticides.fr) :
Décembre 2016 – N° 567 –
15
des affiches de prévention à mettre aux murs des cabinets médicaux,
des brochures à diffuser aux patients et des guides de conseils.
Parallèlement, Alerte des médecins sur les pesticides organise des
réunions d’information avec des généralistes, des spécialistes et des
sages-femmes dans toute la France.
L’association milite aussi pour la généralisation, dans la pratique des
médecins, d’une consultation « préconceptionnelle » axée sur les PE.
L’idée est de proposer un questionnaire aux couples souhaitant faire
un enfant afin qu’ils puissent évaluer leurs risques d’exposition aux
perturbateurs endocriniens selon leurs habitudes de vie. En fonction
des résultats, le médecin pourra leur donner des conseils de
prévention. « Des solutions de bon sens existent pour se protéger,
précise le docteur Nicolle. Ce sont des habitudes à prendre. En fait, il
s’agit surtout de revenir aux basiques d’antan. » On trouve en effet
des perturbateurs endocriniens (bisphénol A, phtalates, parabènes…)
dans la plupart des produits modernes fabriqués par l’industrie
pétrochimique : objets en plastique, PVC, mais aussi cosmétiques et
certains pesticides, notamment les organochlorés.
Bannir le plastique de la cuisine
L’association conseille par exemple de bannir le plastique de la
cuisine, de préférer les ustensiles et les contenants en verre, en inox
ou en céramique et de privilégier l’alimentation biologique. Elle
recommande aussi de préférer les bocaux en verre aux boîtes de
conserve : on peut encore, parfois, y trouver du bisphénol A malgré
son interdiction dans les contenants alimentaires. Ne réchauffez pas
les récipients en plastique au micro-ondes (la chaleur accélère la
migration des PE dans la nourriture) et, concernant les cosmétiques
et les produits d’hygiène, n’utilisez que les produits nécessaires et en
petite quantité. Privilégiez par exemple le pain de savon au gel
douche, la lessive en poudre à la lessive liquide et, pour le ménage,
le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude. Pour faire votre choix,
vous pouvez vous aider des labels, comme l’Ecolabel européen ou
Cosmebio, ou vous laisser guider par le site Noteo.info, qui évalue
les produits en fonction de leurs performances sanitaires et
environnementales. Enfin, pour les jouets, choisissez ceux qui sont
estampillés « sans phtalates » et « sans PVC », fabriqués avec des
tissus et du bois brut, sans vernis, avec une peinture d’origine
végétale (labels Oko, Spiel Gut et NF petite enfance).
Delphine Delarue
Décembre 2016 – N° 567 –
16
Encadré
Et la réglementation ?
En France, la seule interdiction effective sur les perturbateurs
endocriniens (PE) concerne le bisphénol A (BPA), proscrit des
contenants alimentaires depuis la fin du mois de janvier 2015. De son
côté, la Commission européenne a récemment publié, avec trois ans
de retard, sa définition des PE et les a intégrés dans deux projets de
texte pour la réglementation des pesticides et des biocides. Cette
réglementation pourrait ensuite concerner les plastiques et les
cosmétiques, mais l’interdiction totale semble encore bien loin.
D’autant que, selon les ONG et les associations européennes, les
critères retenus par la Commission écartent le principe de précaution
et ne sont pas assez restrictifs pour les industriels : pour que
l’interdiction d’un PE soit effective, il faudra que son impact sur la
santé humaine ait été identifié sur la base d’un niveau de preuves
particulièrement élevé et très difficile à atteindre. Cette insuffisance
de cadre a tout récemment conduit une centaine de scientifiques à
signer l’appel « Perturbateurs endocriniens : halte à la manipulation
de la science » (publié par Le Monde le 29 novembre 2016), dans
lequel ils demandent une réglementation plus stricte qui permette
réellement de limiter l’exposition des populations. Ils accusent en
outre l’industrie pétrochimique de tout faire pour ralentir les avancées
dans ce domaine.
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PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 6 500 signes
Encadré : 644 signes
Travailler devant un écran n’est pas sans risque
Entre temps de travail et loisirs, nombreuses sont les
personnes qui passent plus de huit heures par jour devant un
écran. Or cette habitude peut avoir des effets sur la santé.
Pour limiter les risques, de bonnes pratiques sont
nécessaires.
5 visuels :
06_TravaillerSurEcran
L’informatique est omniprésente dans l’environnement de travail, et le
temps que l’on passe devant un écran ne cesse d’augmenter. Dans le
secteur tertiaire, beaucoup restent toute la journée assis devant un
ordinateur et, une fois rentrés chez eux, certains s’y remettent, pour
surfer sur le Net par exemple. Une telle pratique n’est pourtant pas
anodine. Même s’il ne s’agit pas d’un risque immédiat, de mauvaises
habitudes peuvent, à la longue, générer des troubles de santé. Le
travail sur écran « ne constitue pas un risque soumis à une
surveillance médicale particulière, précise Marie-Anne Gautier,
médecin du travail et expert d’assistance médicale à l’Institut national
de recherche et de sécurité (INRS), mais les deux principaux facteurs
de risques associés au travail devant un écran sont les contraintes
visuelles et celles sur l’appareil locomoteur ».
La sédentarité en cause
« Dans les métiers du BTP ou de la maintenance, les contraintes
exercées sur le corps sont évidentes. Celui-ci est très sollicité et les
postures sont souvent inconfortables et contraignantes, remarque
Laurent Kerangueven, ergonome et expert d’assistance conseil en
prévention à l’INRS. Lorsque l’on regarde travailler un salarié du
secteur tertiaire, c’est beaucoup moins évident. »
Il met en garde contre les dangers de la sédentarité et préconise de
« saisir la moindre occasion pour bouger de son poste, car la posture
statique, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est une source
importante de troubles musculo-squelettiques (TMS) ». Selon
l’ergonome, un cercle vicieux risque de s’installer : « Quand une
personne travaille huit heures par jour à son bureau pratiquement sans
bouger, bien souvent, en fin de journée, elle conserve un
comportement sédentaire. Le temps passé derrière un écran se
prolonge une fois rentré à la maison, avec la télévision, le smartphone,
la tablette… » De plus, les douleurs que l’on peut ressentir, liées à ce
type de travail, incitent à faire le moins d’efforts possible.
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Le haut du corps qui souffre
Il est fréquent que les personnes travaillant sur écran se plaignent de
douleurs au dos, à l’épaule, au coude, au poignet ou à la nuque. Le
poignet et les doigts, par exemple, sont sollicités de manière
répétitive. « Les douleurs peuvent aussi être dues à la position de la
souris, notamment quand cette dernière se situe trop loin du clavier :
toutes les articulations du membre supérieur (épaule, coude, poignet)
sont alors en dehors de leur zone de confort », observe Laurent
Kerangueven, qui conseille de rapprocher au maximum la souris du
clavier. De même, la façon dont on frappe sur les touches peut
concourir à l’apparition de TMS. Il est recommandé que la frappe soit
effectuée le plus souvent avec les poignets « flottants », sans appui
continuel sur la table. Les douleurs aux cervicales sont très
fréquentes elles aussi, et pour les éviter, il faut placer le haut de
l’écran au niveau des yeux. Il convient de faire de même lors de
l’utilisation prolongée d’un ordinateur portable, en le plaçant sur un
support incliné.
Reposer ses yeux
Les yeux, fixés sur un écran en permanence, sont également très
sollicités. « Tout dépend de la personne, nuance Marie-Anne Gautier.
Des troubles de la convergence peuvent se déclarer du fait de la
fatigue des muscles oculomoteurs, aggravée par le travail sur
écran. » « Il ne faut pas hésiter à consulter un ophtalmologiste si l’on
ressent régulièrement des picotements des yeux ou des maux de
tête, car ils peuvent être révélateurs de petits défauts de la vision »,
ajoute Laurent Kerangueven. « L’intensité du travail est plus en
cause que l’écran lui-même », souligne Marie-Anne Gautier, qui
recommande de « profiter d’un coup de téléphone, par exemple, pour
quitter son écran des yeux et relâcher l’accommodation en regardant
loin, sans chercher à fixer quelque chose ».
Les remèdes
Faire des pauses régulières est essentiel. « Selon les besoins, il est
conseillé de s’arrêter, de se lever, de marcher pendant cinq minutes
toutes les heures ou pendant un quart d’heure toutes les deux
heures, indique-t-elle. Concernant l’écran lui-même, il y a un grand
principe : il doit être perpendiculaire à la fenêtre afin que l’on ne soit
pas ébloui et qu’il n’y ait pas de reflets ni de sources lumineuses
dans l’axe direct du regard. » Il faut être attentif aux moindres
signaux d’inconfort que le corps envoie, car « une petite douleur qui
se manifeste une fois par semaine peut survenir de plus en plus
souvent avec de plus en plus d’acuité et, pour les cas les plus
graves, conduire à une perte de capacité fonctionnelle », alerte
Laurent Kerangueven. Il n’y a pas d’aménagement idéal, mais
certains points doivent être vérifiés : un siège mal réglé occasionnera
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des douleurs dorso-lombaires, un écran mal orienté fera souffrir les
cervicales, etc. Le Code du travail précise d’ailleurs que l’employeur
se doit d’informer et de former ses salariés sur les modalités
d’utilisation de l’écran et de l’équipement de travail.
Déconnecter pour être moins stressé
On accuse aussi souvent le travail sur écran d’être un facteur de
stress. Selon Marie-Anne Gautier, il n’en est pas le premier
responsable, « c’est plutôt la nature de la tâche : certains postes
cumulent plusieurs facteurs de risques psychosociaux, comme un
travail très dense avec peu d’autonomie et pas de soutien de la
hiérarchie ». Laurent Kerangueven convient néanmoins que « les
NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la
communication, NDLR), en réduisant la frontière entre vie privée et
vie professionnelle, peuvent contribuer au stress, car les gens
consultent plus facilement leurs e-mails professionnels, par exemple,
lorsqu’ils sont chez eux, restant ainsi constamment reliés à leur
travail ». Enfin, si le stress n’est pas une conséquence directe du
travail sur écran, il peut avoir un impact indirect sur l’apparition de
troubles musculo-squelettiques : « Les personnes sont plus tendues,
leurs muscles plus contractés, ce qui augmente la charge
biomécanique des muscles et des tendons, explique Laurent
Kerangueven. De plus, le stress a pour effet d’entraîner la sécrétion
de certaines hormones qui favorisent la survenue de TMS. »
Isabelle Coston
Encadré
La bonne posture devant son écran
• Les cuisses doivent être horizontales et les pieds à plat sur le sol
ou sur un repose-pieds.
• L’angle entre le bras et l’avant-bras ne doit pas être inférieur à 90
degrés, et la main doit être orientée dans le prolongement de
l’avant-bras.
• Le dossier du siège doit être bien réglé afin de soutenir le bas du
dos et la courbure dorsale.
• La barre d’espacement du clavier doit se trouver à une distance de
10 à 15 cm du bord de la table, et la souris à côté du clavier, dans
l’alignement de l’épaule.
• Le haut de l’écran doit être au niveau des yeux, ou un peu plus
bas pour les porteurs de verres progressifs.
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FORME – BIEN-ÊTRE
Calibrage
Texte principal : 5 739 signes
Cinq remèdes maison qui ont fait leurs preuves
Les fameuses
efficaces pour
Certaines, par
adhésif contre
études.
5 visuels :
07_RemedesMaison
recettes de grand-mère se révèlent souvent
lutter contre les petits maux du quotidien.
exemple le miel contre la toux ou le ruban
les verrues, ont même été validées par des
1. Le miel contre la toux
Remède de grand-mère par excellence, le miel utilisé contre la toux et
le mal de gorge s’avère plutôt efficace. Plusieurs études le démontrent,
quelques-unes affirmant même que le miel serait plus efficient que
certains sirops antitussifs classiques, notamment sur la toux sèche
nocturne. Ses bienfaits viendraient de sa concentration importante en
antioxydants et de ses vertus antiseptiques, qui favorisent la
cicatrisation. La grande quantité de sucre qu’il contient augmenterait
en outre la production d’opioïdes endogènes, utiles contre la douleur.
Ainsi, une demi-cuillère à café pour les enfants de 2 à 5 ans, une
cuillère à café jusqu’à 11 ans et deux cuillères pour les plus grands et
les adultes avant de se coucher (et de se laver les dents !) suffiraient à
calmer la toux et permettraient aux enrhumés de passer une meilleure
nuit. Attention toutefois à ne pas donner de miel aux bébés de moins
de 1 an. Encore fragile, leur système immunitaire ne leur permet pas
de lutter efficacement contre les Clostridium botulinum, des bactéries
que l’on retrouve parfois dans le miel et qui sont à l’origine du
botulisme infantile. Enfin, en cas de toux persistante (plus de quelques
jours), consultez votre médecin traitant.
2. Le ruban adhésif contre les verrues
Une étude américaine datant de 2002 a démontré les vertus du ruban
adhésif en toile (duct tape) contre les verrues. Les chercheurs ont
comparé l’efficacité de ce remède maison bien connu à celle de la
cryothérapie. Sur une période de deux mois, les verrues de patients
traités avec le duct tape ont disparu plus rapidement que celles des
patients traités à l’azote. Ce phénomène serait lié à l’irritation causée
par le ruban adhésif, qui encouragerait le système immunitaire à
s’attaquer au virus responsable de la verrue, le papillome humain. Le
traitement consiste à laisser un morceau de ruban adhésif sur la
verrue pendant six à sept jours. Il faut ensuite l’enlever, puis rincer la
verrue, la gratter avec une pierre ponce et appliquer un nouveau
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morceau de ruban adhésif pendant le même laps de temps.
L’opération doit être répétée jusqu’à disparition complète de la lésion.
Sachez toutefois que la plupart des verrues sont bénignes et qu’elles
disparaissent généralement naturellement en quelques mois.
3. La pommade antitoux contre les mycoses des ongles
Cette recette surprenante a montré son efficacité grâce à une étude de
l’US Air Force publiée dans le Journal of the American Board of Family
Medicine. Pour vérifier le bien-fondé de cette pratique conseillée dans
de nombreux forums sur le Net, les chercheurs ont demandé aux
participants d’appliquer Vicks Vaporub (composé de thymol, de menthol,
de camphre et d’huile d’eucalyptus) sur l’ongle atteint au moins une fois
par jour pendant quarante-huit semaines. Résultat : sur les dix-huit
testeurs, cinq ont été guéris complètement, dix l’ont été partiellement et
trois n’ont pas constaté de changement. La moitié des participants s’est
déclarée « satisfaite, voire très satisfaite » par les résultats obtenus. La
célèbre pommade, indiquée habituellement dans le traitement de la toux
et des infections respiratoires, constituerait donc une alternative
honorable aux traitements traditionnellement prescrits par les médecins
(terbinafine, itraconazole, griséofulvine ou fluconazole). Des remèdes
pas toujours efficaces et dont les effets secondaires sur le foie ne sont
pas anodins.
4. Le gingembre contre les nausées
Les femmes enceintes connaissent bien ce remède maison, dont les
vertus contre les nausées et les vomissements de la grossesse sont
reconnues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces
bienfaits ont été démontrés par plusieurs travaux et notamment par
une étude australienne publiée en 2004 dans la revue Obstetrics
& Gynecology. Selon les chercheurs, la consommation de 250 mg de
gingembre quatre fois par jour réduirait de 30 % la fréquence des
nausées. Une bonne nouvelle pour les futures mamans, quand on
sait que les médicaments habituellement prescrits, les antiémétiques,
présentent des risques de malformation congénitale. Et ce n’est pas
tout : d’autres études ont montré l’efficacité du gingembre contre le
mal des transports, le mal de mer ou encore contre les effets
secondaires des traitements de chimiothérapie. Ce sont notamment
les phénols contenus dans le rhizome de la plante (sa racine) qui
agiraient directement sur la muqueuse de l’estomac ainsi que sur la
sécrétion de salive, de sucs gastriques et de bile.
5. Le bouillon de poulet contre le rhume
On ne sait pas vraiment expliquer pourquoi, mais le bouillon et la
soupe de poulet aideraient à combattre (un peu) les symptômes du
rhume. C’est du moins ce qu’avancent deux études, menées en 1978
et en 2000. La plus récente a démontré qu’en inhibant la migration
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d’un certain type de globules blancs, les neutrophiles, la soupe de
poulet diminuait l’inflammation associée au rhume et en allégeait
ainsi les symptômes (la congestion nasale essentiellement). « La
soupe de poulet peut [donc] contenir un certain nombre de
substances ayant une activité thérapeutique bénéfique », estiment les
chercheurs. L’étude plus ancienne comparait quant à elle les effets
du bouillon de poulet à ceux de l’eau chaude et de l’eau froide. Elle
expliquait que le bouillon était plus efficace pour liquéfier
temporairement (pas plus que quelques minutes) le mucus nasal et
dégager les voies respiratoires.
Aliisa Waltari
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SANTÉ (brèves)
Calibrage : 1 177 signes
081_IVGMedicamenteuse
082_UneCigaretteParJour
L’IVG médicamenteuse provoque souvent d’intenses douleurs
Une enquête réalisée dans onze centres pratiquant l’interruption
volontaire de grossesse (IVG) a montré que les douleurs
occasionnées par une IVG médicamenteuse étaient fréquentes et
pouvaient se révéler très fortes. Parmi les 453 patientes interrogées,
huit sur dix affirmaient en effet avoir dû prendre des antidouleurs
pendant cinq jours. Un quart d’entre elles rapportaient avoir ressenti
des douleurs très intenses, en particulier au cours du troisième jour,
celui où le deuxième médicament est administré. L’IVG
médicamenteuse étant considérée par le public et les personnels des
hôpitaux comme facile d’accès, simple et rapide, les femmes qui y
ont recours ne sont pas toujours suffisamment informées et
préparées aux effets secondaires. Outre les douleurs, des
saignements très abondants peuvent survenir au moment de
l’expulsion de l’œuf. Les femmes pour qui c’était la première
grossesse et celles ayant habituellement des règles douloureuses
sont plus sujettes aux douleurs causées par une IVG
médicamenteuse. Il semblerait que l’intensité de celles-ci dépende
également de la dose de médicament administrée.
Calibrage : 1 129 signes
Une cigarette par jour, c’est encore trop
Vous pensiez qu’en ne fumant qu’une cigarette par jour vous ne
mettiez pas votre vie en danger ? Eh bien vous vous trompiez : ce
n’est pas parce que vous êtes un « petit fumeur » que vous ne courez
aucun risque d’être atteint d’un cancer ou d’une maladie
cardiovasculaire ou respiratoire. Si réduire sa consommation de
tabac est toujours bon, l’arrêter complètement est encore le meilleur
moyen pour éviter un décès prématuré dû au tabac. D’après une
vaste étude menée aux Etats-Unis et publiée dans la revue médicale
américaine JAMA Internal Medicine, même les plus faibles niveaux
d’exposition au tabac sont nuisibles pour la santé. Une personne ne
fumant ne serait-ce qu’une cigarette par jour a en effet neuf fois plus
de risques de mourir d’un cancer du poumon qu’un non-fumeur. Les
chercheurs ont également constaté que les personnes ayant fumé
une à dix cigarettes par jour tout au long de leur vie avaient tout de
même un risque 50 % plus élevé d’être touchées par des maladies
cardiovasculaires qu’un non-fumeur et six fois plus de risques de
contracter une maladie respiratoire.
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Calibrage : 986 signes
083_GrippeHomeopathie
Grippe : les médicaments homéopathiques ne remplacent pas
le vaccin
En pleine campagne de vaccination contre la grippe saisonnière,
l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de
santé (ANSM) rappelle qu’« aucun médicament homéopathique ne
peut être considéré comme un vaccin ». Cet avertissement vise à
dénoncer l’utilisation trompeuse de la désignation « vaccin
homéopathique », qui n’a aucune valeur. Des médicaments
homéopathiques avec autorisation de mise sur le marché (AMM)
peuvent avoir une indication dans la prévention ou le traitement de
l’état grippal, mais ils « ne peuvent se substituer [aux] vaccins
antigrippaux, notamment pour les personnes appartenant aux
groupes pour lesquels cette vaccination est recommandée », ajoute
le Conseil supérieur d’hygiène publique de France. En France, seuls
trois vaccins grippaux inactivés sont commercialisés et pris en charge
par l’Assurance maladie dans le cadre de la campagne 2016
(Influvac, Immugrip et Vaxigrip).
Calibrage : 994 signes
084_WebzineSanteJeunes
Un webzine consacré à la santé des jeunes
A l’occasion du lancement du plan Bien-être et santé des jeunes,
présenté par le président de République, François Hollande, le
Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) crée un webzine
semestriel sur la santé des adolescents*. Disponible gratuitement, le
premier numéro est consacré à l’accès aux soins des jeunes.
Interactif, il fait intervenir de nombreux médecins et présente des
initiatives prises en faveur de la prévention et de l’amélioration de la
prise en charge des ados. A travers cette publication, le Cnom
appelle à un renforcement de la médecine scolaire. « Alors que la
France ne compte aujourd’hui qu’un médecin scolaire pour
11 000 élèves, il est impossible pour ces praticiens de jouer leur rôle
de prévention, de dépistage et de détection des conduites à risque
chez les collégiens et les lycéens », indique-t-il.
* Conseil-national.medecin.fr, rubrique « Actualités », puis « Webzine Santé des
adolescents », 1er décembre 2016.
Calibrage : 1 111 signes
085_AddictionsTravail
Addictions au travail : plus de 20 millions d’actifs concernés
Les addictions dans le monde du travail toucheraient plus de 20
millions d’actifs en France. Alcool, tabac et cannabis sont les trois
substances psychoactives les plus consommées, mais les
médicaments ne sont pas en reste. Face à ces chiffres, la Mission
interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites
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addictives (Mildeca) a fait de la prévention de ces comportements en
milieu professionnel « un enjeu primordial pour améliorer la santé, la
sécurité et la qualité de vie au travail des salariés et des agents
publics ». A travers le nouveau plan Santé au travail 2016-2020, qui
mentionne pour la première fois ce type de conduites, les entreprises,
les administrations et les partenaires sociaux ont pris conscience de
la nécessité de prévenir et de prendre en charge les addictions. Mais
pour la Mildeca, il est impératif d’aller plus loin en inscrivant la
prévention « dans le champ plus large de l’amélioration des
conditions de travail, en considérant que le travail est un déterminant
de la santé des salariés et des agents ».
Décembre 2016 – N° 567 –
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VIE PRATIQUE – ÉDUCATION
Calibrage
Texte principal : 5 283 signes
Encadré : 616 signes
Maladies chroniques à l’école :
quels aménagements ?
4 visuels :
09_MaladiesChro
niquesEcole
Asthme, diabète, épilepsie, cardiopathie ou allergies
alimentaires, les maladies chroniques touchent aussi les
enfants sur les bancs de l’école. Malgré leur pathologie, ils
ont heureusement la possibilité de suivre une scolarité
normale, à condition de prendre des précautions. La famille,
l’équipe éducative, le médecin scolaire et le jeune doivent,
ensemble, mettre en œuvre les adaptations nécessaires.
En France, les maladies chroniques toucheraient entre 1,5 et 4 millions
des 0 à 20 ans, selon les sources. Derrière le terme « maladies
chroniques » se cachent de nombreuses pathologies qui se
caractérisent par leur durée et par leurs répercussions sur la vie
quotidienne des enfants et de leur entourage. La plus courante est
l’asthme, suivi par les allergies, le diabète insulino-dépendant et
l’épilepsie. Certains sont touchés par des pathologies moins répandues,
comme la drépanocytose, l’hémophilie, les arthrites juvéniles, les
cardiopathies, la mucoviscidose ou encore des maladies rares. Pour
suivre leur scolarité dans de bonnes conditions malgré la maladie, ces
élèves peuvent bénéficier d’un projet d’accueil individualisé (PAI).
Préserver la continuité du traitement
Ce dispositif définit les adaptations apportées à la scolarité de
l’enfant. Il doit également permettre la prise de traitement ou la mise
en place d’un protocole d’urgence. Un document formalisé est ainsi
établi à la demande de la famille à partir des prescriptions du
médecin qui suit l’élève. Ce praticien émet des recommandations,
valables pour une année scolaire, qui prennent en compte la
pathologie, l’âge et le degré d’autonomie de l’enfant.
Conseillé par le médecin scolaire, le directeur ou le chef d'établissement
est responsable de la mise en place du PAI. « Ce plan concerne l’école
(enseignants, directeur…), mais aussi les autres structures d’accueil de
l’enfant : crèche, halte-garderie, cantine scolaire, accueil périscolaire,
centre de loisirs…, indique Caroline Genet, médecin de l’Education
nationale en Gironde. Chaque intervenant doit être informé des besoins
que nécessite l’état de santé de l’élève, en respectant au maximum la
confidentialité des données médicales. Le médecin explique et montre à
l’équipe comment le traitement doit être administré. Par exemple, au
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primaire, un élève diabétique contrôlera sa glycémie sous la surveillance
d’un adulte et, en fonction du résultat, pourra se “resucrer” ou, au
contraire, s’administrer de l’insuline. Le médecin donne aussi la conduite
à tenir dans les situations d’urgence, par exemple en cas de réaction
allergique sévère, en montrant le maniement d’un stylo d’adrénaline. »
Dans les établissements secondaires, l’équipe éducative s’appuie sur
les compétences de l’infirmière scolaire. « Nous avons à la fois un rôle
de conseiller technique et d’accompagnement, explique Anne Routier,
secrétaire nationale du Syndicat national des infirmiers et infirmières
éducateurs de santé (Snies). Notre présence contribue à rassurer les
enseignants, les familles ainsi que les élèves, qui peuvent nous solliciter
à l’infirmerie. Enfin, nous faisons le lien avec le médecin scolaire sur le
terrain. »
Des adaptations au cas par cas
Au-delà de l’aspect purement médical, le PAI prévoit une éventuelle
adaptation de l’emploi du temps de l’élève. Des périodes de repos, de
soins ou des temps pour prendre des médicaments peuvent par
exemple être planifiés. La pédagogie est également ajustée par les
enseignants en fonction des besoins, et l’enfant peut bénéficier d’une
assistance pédagogique à domicile (Apad). Des aménagements sont
aussi proposés dans le cadre des examens, à travers l’obtention d’un
temps additionnel pour réaliser les épreuves. Les classes vertes et
les voyages scolaires demandent, quant à eux, une préparation
spécifique. « Avant un voyage scolaire, nous revoyons l’intégralité du
dispositif avec les infirmiers scolaires, l’équipe enseignante et les
parents, puis, si le séjour se déroule à l’étranger, nous devons
traduire le PAI dans la langue du pays », explique le docteur Genet.
La pathologie de l’élève demande parfois qu’une adaptation des
bâtiments de l’établissement soit réalisée. « Par exemple, la création
de toilettes privées avec des conditions d’hygiène spécifiques peut
s’avérer nécessaire pour les enfants atteints de mucoviscidose »,
illustre-t-elle.
Autre moment de la journée à l’école qui peut demander des
aménagements : le repas. En cas d’allergie alimentaire ou de
pathologie nécessitant un régime spécifique (une intolérance au
gluten, par exemple), les services de restauration scolaire s’adaptent
et prévoient un menu de substitution adapté pour chaque élève. En
revanche, pour les élèves polyallergiques, des paniers-repas devront
être préparés par la famille. Un réfrigérateur et un micro-ondes seront
alors mis à disposition.
La mise en œuvre du PAI nécessite d’anticiper les besoins de l’élève
atteint d’une maladie chronique. Pour cela, le médecin et l’infirmier
scolaires recommandent aux parents de prendre contact le plus tôt
possible avec l’établissement et de solliciter les conseils du médecin
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traitant. Cette étape importante permet une prise en charge optimale
de l’enfant et participe à sa réussite scolaire.
Benoît Saint-Sever
Encadré
Le sport à l’école et les maladies chroniques
Le projet d’accueil individualisé (PAI) intègre les recommandations
du médecin qui suit l’élève vis-à-vis des cours d’éducation physique
et sportive (EPS). Les activités sportives ont des bienfaits physiques
(renforcement musculaire, amélioration des fonctions respiratoires),
mais participe aussi à la socialisation (appartenance à un groupe,
échange avec les camarades). Selon leur pathologie, certains
enfants ou adolescents seront dispensés de sport de manière totale
ou partielle. D’autres auront besoin d’aide pour adapter leur pratique
à leur tolérance à l’effort.
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