N° 553 Juin 2015 REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 61 27 Abonnement : Le numéro ..................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) .............................. 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard Secrétariat : Christine Jorez Contact technique : Cyril Dehay – Tél. : 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : juin 2015 Catherine Chausseray, Michel Coladon, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Vanessa Pageot-Françoise SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » ...................................................... 3 ....................................................... 5 ................................................................................................................................................................................................................................... 7 SYSTÈME DE SOINS Dossier pharmaceutique : quels avantages ? (Michel Coladon) Brèves MÉDECINE Les maladies thyroïdiennes en huit questions (Vanessa Pageot-Françoise) La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir (Isabelle Coston) .................... 10 ............................................................... 12 PRÉVENTION Dengue et chikungunya : le risque s’installe dans l’Hexagone (Delphine Delarue) ........ 15 ............................................................................................................................................................................................................................... 18 SANTÉ Brèves VIE PRATIQUE / FAMILLE Le téléphone portable au collège, pour ou contre ? (Michel Coladon) ................................... 20 VIE PRATIQUE / EMPLOI Accident du travail : comment est-on indemnisé ? (Catherine Chausseray) ................. 22 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale. Juin 2015 – N° 553 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “France-Mutualité” ». Titre Numéro 552 – Mai 2015 Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? Solidaire et responsable, votre contrat santé Rubrique Nombre de signes Système de soins Système de soins 4 553 5 052 Brèves et filets (5) L’incontinence par urgenturie : ça se soigne Bronzage artificiel : halte à l’intox ! Eviter les petits maux en avion Brèves et filets (5) Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte Numéro 551 – Avril 2015 Quand le patient refuse les soins Brèves et filets (5) Système de soins Médecine Prévention Prévention Santé Environnement 5 129 6 540 6 235 5 040 4 287 5 993 Système de soins Système de soins 6 449 4 821 Infarctus du myocarde : les femmes aussi DMLA, une maladie de plus en plus répandue Fruits et légumes : halte aux idées reçues Déjouer le piège des sucres cachés Brèves et filets (5) Conduire à tout âge, c’est possible Numéro 550 – Mars 2015 Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer Brèves et filets (6) Médecine Médecine Prévention Prévention Santé Vie pratique 6 497 6 678 4 189 6 967 5 437 6 655 Système de soins Système de soins 5 441 5 563 Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé Brèves et filets (6) Santé Concilier grossesse et maladie chronique Médecine Herpès labial : un virus présent pour la vie Médecine Contraception : une méthode pour chaque femme Prévention La tétine : pour ou contre ? Education Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique Numéro 549 – Février 2015 Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins Prise de rendez-vous en ligne : où en est-on ? Système de soins 6 198 6 544 5 614 6 991 7 755 5 844 4 448 Brèves et filets (5) Brèves et filets (5) Apnées du sommeil : ces malades qui s’ignorent 5 391 4 866 7 353 Système de soins Santé Médecine 5 075 6 709 Juin 2015 – N° 553 – 3 Titre Rubrique Numéro 549 – Février 2015 Alimentation et activité physique : les bases du bien-être Prévention et de la santé Vrai-faux : les pieds, ces malmenés Forme Parler de sexualité à son adolescent Education Numéro 548 – Janvier 2015 Se soigner la nuit et le week-end Système de soins Les relations entre nutrition et santé passées au crible Médecine Naissance d’un médicament : du labo au patient Médecine L’arthrose, une maladie rhumatismale fréquente Santé Maux de tête chez l’enfant : faut-il s’inquiéter ? Santé Brèves et filets (6) Santé Seniors : quand la digestion et le transit ralentissent Bien-être Numéro 547 – Décembre 2014 Rémunération des médecins : un système à rénover Protection sociale Brèves et filets (6) Protection sociale Bien suivre son traitement pour éviter les complications Santé Cancer du sein : un risque multiplié par deux pour les filles Santé du Distilbène Violences contre les femmes : « On ne voit souvent Santé que la partie émergée de l’iceberg » Brèves et filets (6) Santé Numéro 547 – Décembre 2014 Futures mamans, préservez la beauté de vos jambes Prévention Hyperacousie : une maladie qui fait de plus en plus de bruit Prévention Acrophobie : en finir avec la peur de l’altitude Bien-être Proche d’un malade psychique, ne restez pas seul Bien-être Nombre de signes 5 457 6 481 6 265 7 296 5 524 6 995 5 686 6 756 7 118 4 457 7 340 5 400 6 570 5 550 9 450 4 930 4 930 4 690 5 830 5 080 Juin 2015 – N° 553 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 3 559 signes Encadré : 578 signes Dossier pharmaceutique : quels avantages ? Le dossier pharmaceutique (DP), accessible via la carte Vitale, fournit au pharmacien l’historique des médicaments prescrits ou achetés en libre-service, ce qui permet de prévenir le risque d’interaction entre plusieurs traitements. Un outil dont bénéficient aujourd’hui 36,7 millions d’assurés. 3 visuels : 01_Dossier Pharmaceutique Pour une fois, vous évitez la pharmacie du quartier, de peur de croiser la voisine qui jetterait un œil sur votre ordonnance où est écrit en toutes lettres : « Viagra ». Sauf que… « En cas d’angine de poitrine, le Viagra est formellement contre-indiqué. Si vous n’avez pas ouvert de dossier pharmaceutique, le pharmacien ne pourra pas deviner que vous êtes sous traitement pour cette angine et vous risquez alors une hypotension brutale susceptible de provoquer un accident coronarien aigu », prévient Eric Housieaux, président de l’ordre des pharmaciens de Picardie. C’est le principal avantage du dossier pharmaceutique (DP) : éviter les interactions entre médicaments, quelle que soit la pharmacie où vous vous rendez. Via votre carte Vitale, le pharmacien a accès à tout l’historique des médicaments, qu’ils soient prescrits par le médecin ou en vente libre. La « trace » est conservée quatre mois pour les médicaments et trois ans pour les traitements dits biologiques, qui ont été produits à partir d’une cellule ou d’un organisme vivant. Et si vous perdez votre « sésame vert », toutes les données de votre DP sont transférées sur votre nouvelle carte. Le dossier pharmaceutique permet aussi aux vacancières étourdies d’espérer, éventuellement, être dépannées d’une plaquette de pilule contraceptive, ou aux asthmatiques, de Ventoline. « Le système du DP est efficace, puisque 99,6 % des 23 000 officines de France sont raccordées », souligne le pharmacien picard. Ouvrir, fermer et modifier son dossier C’est au pharmacien de proposer l’ouverture d’un DP. Depuis 2007, date de la mise en place du dispositif, 36,7 millions de Français ont déjà sauté le pas. Les enfants, eux, sont rattachés à celui de leurs parents. A leur majorité, quand ils reçoivent leur propre carte Vitale, leur DP y est transféré. « Le DP est particulièrement recommandé pour les jeunes qui sont "nomades", entre leurs études et leur travail », observe Eric Housieaux. Les personnes âgées ou atteintes d’une maladie chronique Juin 2015 – N° 553 – 5 sont elles aussi un public prioritaire, pour les mêmes questions de suivi à long terme et de prévention du risque iatrogène. Autre point important dans la gestion de ce dossier : la possibilité de le fermer ou de le modifier à tout moment. « Certains refusent, pour des raisons qui leur sont propres, que tel médicament soit inscrit dans leur DP, constate le président de l’ordre picard. J’ai eu une seule fois le cas : c’était une personne alcoolodépendante qui ne souhaitait pas que son traitement de sevrage apparaisse. Pourtant, toutes les données sont confidentielles. » Vaccin : plus de prétexte pour oublier ses rappels « Combien d’adultes savent où ils en sont avec leurs vaccins ? demande Isabelle Adenot, présidente du conseil national de l’ordre des pharmaciens. Lorsque sera venu le moment du rappel, [les pharmaciens] pourront les inciter à se rendre chez leur médecin. » La mise en place de ce système de rappel automatique de vaccins est en cours. Grâce à l’historique du DP, qui garde en mémoire pendant vingt et un ans les derniers vaccins reçus, le pharmacien sera en mesure de signaler les échéances – par exemple, le DT-Polio est à renouveler à 7 ans, à 15 ans, puis tous les dix ans. Michel Coladon Encadré Rupture de médicaments Parallèlement au dossier pharmaceutique, les pharmaciens gèrent les ruptures de médicaments grâce à un outil informatique interne, commun à toutes les officines, qu’ils ont créé. Ils alertent le fabricant et s’informent sur la raison de la rupture et, surtout, sur la date de réapprovisionnement, « afin de prendre des dispositions, comme la proposition d’un médicament alternatif au patient », indique Eric Housieaux. Ce système interne prévient également toutes les officines françaises, en temps réel, des rappels et des retraits de lots de médicaments. Juin 2015 – N° 553 – 6 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 1 132 signes 021_LeChiffre Le chiffre Une récente étude de l’union régionale des professionnels de santé (URPS)* d’Ile-de-France dénonce le trop grand nombre d’oublis de rendez-vous chez le médecin. A cause de patients « amnésiques », les médecins libéraux franciliens estiment perdre chaque jour quarante minutes de temps de consultation. Les radiologues, les dermatologues et les ophtalmologistes déclarent plus de trois rendez-vous non honorés quotidiennement. Les cardiologues, les psychiatres et les généralistes sont quant à eux moins touchés par le phénomène, avec un à deux rendez-vous oubliés. Or les trois quarts des médecins, notamment les généralistes et les pédiatres, reçoivent jusqu’à cinq demandes de consultation en urgence par jour. Ce temps perdu aurait pu être mis à profit pour prendre en charge les demandes de soins « non programmés », que les praticiens ont du mal à intercaler dans leur emploi du temps chargé. * « Rendez-vous médicaux non honorés, demandes de soins non programmés : état des lieux et solutions en Ile-de-France », enquête de l’URPS médecins libéraux Ile-deFrance, mars 2015. Résultats détaillés sur Urps-med-idf.org. 022_Extension TiersPayant Calibrage : 599 signes 023_BurnOut Calibrage : 981 signes Extension du tiers payant aux bénéficiaires de l’ACS Depuis le 1 er juillet 2015, les bénéficiaires de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) profitent du tiers payant chez le généraliste. C’est la première étape de la généralisation de la dispense d’avance de frais pour tous les assurés, prévue d’ici à 2017 dans la loi de santé. L’ACS s’adresse aux personnes dont les ressources sont comprises entre le plafond d’attribution de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) et 35 % au-delà. Fin 2014, le nombre de personnes bénéficiant de l’ACS s’élevait à 1,2 million. Burn-out : les derniers rebondissements Le chemin vers la reconnaissance du burn-out (ou syndrome d’épuisement professionnel) comme maladie professionnelle est long et semé d’embûches. La commission des Affaires sociales de la Haute Assemblée avait retiré cet amendement du projet de loi sur le dialogue social, et les sénateurs, en majorité de droite, ont rejeté le 24 juin dernier des amendements de rétablissement déposés par la gauche et le gouvernement. C’était en effet le cheval de bataille du député socialiste Benoît Hamon, qui était parvenu, fort du soutien d’une trentaine d’autres députés, à faire voter par l’Assemblée que « les pathologies psychiques peuvent être reconnues comme maladies d’origine professionnelle » aux Juin 2015 – N° 553 – 7 mêmes conditions que les autres. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, souhaite à son tour réintroduire le burn-out dans la liste des maladies professionnelles. Une affaire complexe, qui connaîtra certainement encore de nombreuses péripéties. Calibrage : 792 signes 024_Medecine Travail 025_Vaccination Médecine du travail : un rapport qui inquiète l’Ordre des médecins Le rapport « Aptitude et médecine du travail », remis fin mai au gouvernement, suscite beaucoup de méfiance de la part de l’Ordre des médecins. Celui-ci pointe, dans un communiqué, « une réelle méconnaissance de l’activité des médecins du travail sur le terrain, voire une vision caricaturale de leur exercice ». Il s’étonne par ailleurs qu’aucune des propositions qu’il avait formulées lors des auditions préalables n’ait été retenue. D’après l’Ordre, « les changements de règles préconisées concernant les visites médicales et l’aptitude ne règlent en rien les problèmes actuels de la médecine du travail » et, plus grave, le rapport dénigre les médecins du travail en mettant en doute leurs compétences et leur déontologie. Calibrage : 1 096 signes Vaccination : des remises en cause dangereuses Un enfant de 6 ans est décédé en Espagne en juin dernier après avoir contracté la diphtérie, une maladie qui avait totalement disparu en Europe. Ses parents avaient refusé de le faire vacciner de peur de lui « faire courir un risque ». Peu de temps avant (le 13 mai), le professeur Joyeux, avec sa pétition sur les dangers de la vaccination, relançait une vieille polémique : en raison de la pénurie de certains vaccins en France (vaccins tétra et pentavalents), qui oblige actuellement à recourir au vaccin hexavalent (hépatite B, diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite et Haemophilus b), ce médecin incitait les parents à refuser de faire vacciner leurs enfants. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a voulu mettre un terme à cette montée de défiance, en répondant au professeur Joyeux que la vaccination ne se discutait pas, mais la pétition de celui-ci a tout de même recueilli 680 000 signatures. Enfin, le Conseil national de l’ordre des médecins est monté au créneau en déposant une plainte le 25 juin dernier contre le professeur. Juin 2015 – N° 553 – 8 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 4 666 signes Encadré : 568 signes Les maladies thyroïdiennes en huit questions Elle ne pèse que 10 grammes, mais régule tout notre organisme : c’est la thyroïde. Environ six millions de Français souffrent d’un dysfonctionnement de cette glande, signe que les hormones font le Yo-Yo entre l’hypo et l’hyperthyroïdie. 3 visuels : 03_Thyroide 1. On peut vivre sans thyroïde. Vrai, mais… « On peut vivre sans thyroïde, mais pas sans hormones thyroïdiennes », précise le docteur Françoise Borson-Chazot, endocrinologue au CHU de Lyon. Les enfants qui naissent sans thyroïde ou chez qui celle-ci ne fonctionne pas correctement présentent des retards graves de croissance et de maturation de cerveau : c’est ce que l’on appelle l’hypothyroïdie congénitale. « Depuis 1976, elle est systématiquement dépistée chez tous les nouveau-nés, et le développement de ces enfants, traités précocement, est normal », ajoute l’endocrinologue. Chez un adulte, l’absence d’hormones thyroïdiennes déclenche tous les symptômes de l’hypothyroïdie (lire l’encadré) et, si elle est prolongée, un ralentissement des fonctions vitales qui peut aller jusqu’au coma. 2. L’iode a une action préventive. Vrai. Pour que la thyroïde fonctionne, il lui faut de l’iode. On en trouve surtout dans le lait, la viande, les œufs et tous les crustacés. Les Français ne sont plus carencés en iode, grâce à une alimentation équilibrée et aux sels de table iodés pour la plupart. Exception à la règle : les femmes enceintes, qui en manquent. « Elles ont besoin de 200 à 250 milligrammes par jour, au lieu de 150 pour un adulte. Il est très important de prendre un supplément iodé tout au long de la grossesse », conseille l’endocrinologue. 3. L’hypothyroïdie ne fait pas bon ménage avec la grossesse. Vrai. L’hypothyroïdie n’est pas à prendre à la légère chez la femme enceinte, en raison des risques d’hypertension artérielle, d’avortement spontané ou d’hémorragie après l’accouchement. Le fœtus peut, lui aussi, être touché et connaître une anomalie du développement cérébral et de certains de ses organes. « C’est la raison pour laquelle le dépistage chez la femme enceinte est primordial, notamment en cas d’antécédents de dysfonctionnement de la tyroïde chez elle ou dans Juin 2015 – N° 553 – 9 sa famille, de goitre ou de maladie auto-immune (le diabète par exemple, NDLR) », insiste le docteur Borson-Chazot. 4. Constamment fatiguée, c’est le signe d’une hypothyroïdie. Faux. « La fatigue n’est pas un signe distinct de l’hypothyroïdie. Elle est commune à l’hyperthyroïdie et à de nombreuses maladies chroniques », exlique le docteur Borson-Chazot. Il est important de noter ses phases de fatigue dans un agenda ou sur un calendrier et de consulter son médecin traitant, qui orientera si besoin vers un spécialiste. 5. Un goitre est inquiétant. Faux. Un goitre est synonyme d’augmentation du volume de la thyroïde, mais ne doit pas être pour autant une source d’angoisse. C’est à la puberté que le goitre se forme, sous l’action des hormones. « La plupart des goitres sont à peine visibles. Il s’agit d’un renflement d’une taille équivalente à celle de la première phalange du pouce », précise le docteur Borson-Chazot. En revanche, associé à une saillie du globe oculaire, le goitre est l’un des symptômes de la maladie de Basedow – l’hyperthyroïdie. Elle touche en majorité des femmes entre 30 et 40 ans. 6. Qui dit nodule, dit dysfonctionnement de la thyroïde. Faux. La présence d’un nodule ne rime pas forcément avec un trouble de la fonction thyroïdienne. Le nodule est une « boule » de petite taille (de la tête d’une épingle à une noix), indolore, qui se développe dans l’un ou dans les deux lobes de la thyroïde. En deçà de 2 centimètres, il est seulement repérable lors d’un examen échographique. Lorsqu’il est plus gros, un médecin peut le sentir en palpant le cou. 7. La seule solution aux nodules est la chirurgie. Faux. Tout dépend de la nature du nodule : s’il est bénin, une surveillance régulière de sa taille et du taux d’hormones (TSH) suffit. Si les médecins le suspectent d’être cancérigène (seuls 5 % des nodules thyroïdiens le sont), ils préconisent alors une ablation chirurgicale du lobe de la thyroïde où siègent les nodules ou de l’ensemble de la thyroïde. L’opération se passe sous anesthésie générale. 8. Les médicaments sont à prendre toute la vie. Faux. Pour l’hyperthyroïdie, le traitement est provisoire, le but étant de faire baisser le taux de TSH jusqu’à retrouver un équilibre dans le fonctionnement de la thyroïde. En moyenne, le traitement dure entre douze et dix-huit mois. En revanche, les médicaments contre l’hypothyroïdie sont prescrits toute la vie, puisque leur rôle est justement de remplacer un déficit d’hormones thyroïdiennes. Vanessa Pageot-Françoise Juin 2015 – N° 553 – 10 Encadré Symptômes de l’hypo et de l’hyperthyroïdie Hypothyroïdie (production insuffisante d’hormones) - Battements cardiaques lents. - Prise de poids. - Fatigue. - Sensibilité au froid. - Peau épaisse et gonflée. - Troubles de la mémoire et de la concentration. - Constipation. Hyperthyroïdie (production trop importante d’hormones) - Battements cardiaques forts et rapides. - Tremblements. - Faiblesse musculaire et fatigue. - Perte de poids malgré une augmentation de l’appétit. - Agitation, anxiété, insomnie. - Transpiration abondante et intolérance à la chaleur. - Diarrhée. Juin 2015 – N° 553 – 11 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 5 057 signes Encadré : 1 376 signes La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir La chirurgie ambulatoire permet au malade de rentrer chez lui le soir même de son opération. Une pratique qui progresse en France. La plupart des patients restent cependant attachés au séjour à l’hôpital, qu’ils jugent plus sécurisant. Et pourtant… 2 visuels : 04_Chirurgie Ambulatoire En France, près d’une opération sur deux (49,9 %) est aujourd’hui réalisée en ambulatoire, selon les derniers chiffres de 2014 de l’Association française de chirurgie ambulatoire (Afca). L’objectif de 50 % fixé par le précédent gouvernement pour 2016 est donc quasiment atteint, et les 62,2 % prévus pour 2020 le seront certainement aussi. La France part pourtant avec un grand retard par rapport à ses voisins d’Europe du Nord (trente ans vis-à-vis des Anglais notamment), et ne parlons pas des Etats-Unis, où ce mode opératoire est pratiqué depuis les années 60 et concerne désormais plus de 80 % des interventions. Une pratique qui tend à se généraliser Aujourd’hui, l’Hexagone amorce une véritable révolution quant aux pratiques chirurgicales en ambulatoire : « Nous abordons une phase transitoire. Il faut gagner la confiance des patients », explique le professeur Corinne Vons, présidente de l’Afca, membre du comité exécutif de l’International Association for Ambulatory Surgery (IAAS) et chirurgien digestif. Des « simples » traitements de la cataracte aux extractions de dents, on est passé en dix ans à des interventions de plus en plus complexes, comme l’ablation de la vésicule biliaire, voire du côlon ou d’un fragment de poumon. Le Plan cancer 2014-2019, du gouvernement Hollande, prévoit même que 50 % de la chirurgie du cancer du sein pourra être réalisée en ambulatoire, comme pratiquement toutes les opérations, grâce à de nouvelles techniques d’anesthésie et d’intervention. « Avec l’évolution des pratiques et des traitements, on pourrait presque tout envisager », indique le professeur Vons, qui milite pour le développement de la chirurgie ambulatoire en France et pense que « tout sera un jour possible », y compris les opérations réalisées actuellement en urgence. « Le tout est de bien évaluer et gérer les risques postopératoires et d’avoir une parfaite organisation du planning des opérations, précise-t-elle. Le mieux : une unité de chirurgie ambulatoire conçue pour une “marche en avant”, où le patient ne revient jamais sur ses pas, où il n’a pas de chambre attribuée qui reste inutilisée quand il n’y est pas. » Juin 2015 – N° 553 – 12 Quels bénéfices pour le patient ? Pour le professeur Vons, les mentalités doivent changer : « Les gens sont frileux. Ils pensent, à tort, qu’ils seront mieux traités à l’hôpital, plus en sécurité. Or, ils gagnent en confort à rentrer chez eux. Il y a beaucoup plus d’avantages à rester chez soi après une opération. » Ainsi, les enfants et plus encore les personnes âgées ont besoin de garder leurs repères. S’il demeure à l’hôpital, le patient risque davantage de se retrouver avec une perfusion pour la nuit et restera dépendant des infirmières. Aujourd’hui, celui qui vient d’être opéré peut sortir le soir même s’il remplit tous les critères des tests de surveillance médicale autorisant sa sortie*, parmi lesquels l’abscence de douleur. Chez certains patients en orthopédie par exemple, un cathéter et une pompe sont implantés pour administrer directement les médicaments antidouleur. Autre bénéfice pour les malades : le taux d’infections nosocomiales est diminué significativement. Il a été démontré que, de 0,98 % en conventionnel, il est passé à 0,48 % en ambulatoire. Par ailleurs, « une étude danoise menée sur près de 60 000 interventions en 2012 a montré que, trente jours après l’opération, 1,21 % des malades seulement sont revenus à l’hôpital, dont 0,5 % pour des complications hémorragiques (non graves), 0,44 % pour des infections et 0,09 % pour des accidents thromboemboliques », détaille le professeur Vons, qui ajoute : « La chirurgie ambulatoire est une chirurgie d’excellence. Elle n’est réalisable que si les patients n’ont ni douleurs ni nausées. En chirurgie ambulatoire, toutes les imperfections de la prise en charge sont visibles. On n’a pas droit à l’erreur. » Eduquer à la culture de l’ambulatoire Le chirurgien informe le patient sur toutes les étapes de sa prise en charge. Ce dernier doit savoir quelles sont les suites habituelles de l’opération et quels signes doivent l’alerter. « Il n’est plus infantilisé, mais devient acteur, explique le professeur Vons. En Angleterre et au Danemark, il n’y a plus d’appels la veille (les recommandations préconisent un appel la veille de l’opération pour rappeler au malade les consignes, comme la préparation cutanée ou la prise de médicaments, NDLR). La présence d’un accompagnant a même été supprimée. Les patients sont éduqués progressivement, et mieux ils le sont, plus on peut lever certaines barrières de sécurité. » Isabelle Coston * Pour sortir de l’hôpital après une intervention en ambulatoire, il faut avoir un résultat de 9/10 au score de Chung, qui évalue l’aptitude du patient selon des critères spécifiques (nausées, douleur, autonomie…). Encadré Des économies, oui, mais des investissements d’abord Par la libération en ressources humaines et en lits, la chirurgie ambulatoire permet une meilleure organisation des services de chirurgie, ainsi qu’une réduction des coûts pour les établissements de santé et Juin 2015 – N° 553 – 13 l’Assurance maladie. A condition toutefois de procéder à de nouveaux aménagements, car « on ne peut pas faire du nouveau avec de l’ancien : il est impératif d’investir pour adapter l’hôpital à la chirurgie ambulatoire », souligne le professeur Corinne Vons, présidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire (Afca), membre du comité exécutif de l’International Association for Ambulatory Surgery (IAAS) et chirurgien digestif, qui décrit une situation actuelle encore mal adaptée à l’ambulatoire, due au retard de la France dans ce domaine. « Les malades sont loin des blocs, les praticiens doivent revenir pour signer les autorisations de sortie. On perd en facilité », ajoute-t-elle. Et de conclure : « Les établissements hospitaliers français sont de véritables hôtels, constitués en majeure partie de chambres. C’est parfois encore le malade qui décide de la date de sa sortie et qui, souvent, demande à la différer pour convenance personnelle. Il est trop déresponsabilisé, et cela ne va ni dans le sens de la qualité et de la sécurité de sa prise en charge, ni dans celui des économies de santé. » Juin 2015 – N° 553 – 14 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 687 signes Encadré 1 : 1 154 signes Encadré 2 : 1 437 signes Dengue et chikungunya : le risque s’installe dans l’Hexagone 2 visuels : 05_Dengue Chikungunya Le moustique tigre, vecteur des virus du chikungunya et de la dengue chez l’homme, est désormais implanté dans vingt départements en France métropolitaine. Et il est très probable, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), que dans les années à venir ces maladies vectorielles parfois très graves se propagent rapidement en Europe. De simples mesures de prévention, associées à une surveillance épidémiologique renforcée, permettent, heureusement, de limiter le nombre de malades. Alors qu’elles ne touchaient jusqu’à présent que les populations les plus démunies d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, les maladies vectorielles transmises par le moustique tigre (Aedes albopictus) concernent désormais aussi les Européens. En 2014, en France métropolitaine, 489 cas de chikungunya et 201 cas de dengue ont fait l’objet d’une déclaration obligatoire aux autorités sanitaires, tandis que le réseau national de laboratoires chargé d’établir les diagnostics rapportait, de son côté, 2 327 cas de chikungunya et 953 cas de dengue. « Ces deux pathologies ne cessent de s’étendre à travers le monde, constate Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche « Arbovirus et insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur. Le phénomène est lié à l’extension de l’implantation de Aedes albopictus dans plusieurs régions et notamment dans les zones où les températures augmentent en raison du réchauffement climatique. » C’est le cas en France métropolitaine : selon de récentes données de l’Institut de veille sanitaire (INVS), le moustique tigre, repéré pour la première fois dans les Alpes-Maritimes en 2004, est aujourd’hui installé dans vingt départements. Transmission locale avérée Si les cas importés de pays où sévissent des épidémies demeurent majoritaires, le risque de transmission dans l’Hexagone est désormais bien avéré : en 2014, quatre cas autochtones de dengue et un foyer de chikungunya (onze cas confirmés) ont été détectés respectivement en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et à Montpellier. « Ces cas concernent des personnes qui ne sont pas parties à l’étranger et qui se sont fait piquer par un moustique infecté lors d’un de ses repas de sang sur un Juin 2015 – N° 553 – 15 voyageur malade, précise Anna-Bella Failloux. La combinaison du changement climatique et de l’intensification des échanges va faire que ce type de cas risque de se multiplier et de progresser vers le nord. » Dans la majorité des cas, le chikungunya ne met pas en jeu le pronostic vital, bien qu’il soit plus problématique chez les patients déjà fragiles. Ses symptômes se caractérisent par l’apparition brutale d’une forte fièvre (supérieure à 38,5 °C), des douleurs et des gonflements articulaires, accompagnés parfois d’éruptions cutanées. La maladie peut évoluer vers des formes chroniques, avec persistance des douleurs articulaires pendant plusieurs mois. En revanche, la dengue, notamment dans sa forme hémorragique, peut être bien plus grave, même chez des malades au départ bien portants. Lorsqu’elle se complique, ses symptômes initiaux (forte fièvre, céphalées, douleurs articulaires et musculaires, asthénie, lombalgie) deviennent particulièrement violents : vomissements, maux de ventre, saignements muqueux, léthargie ou agitation. « Actuellement, il n’existe aucun traitement antiviral pour ces maladies, ajoute la responsable de l’unité de recherche. On gère uniquement les symptômes avec du paracétamol, en veillant bien à l’hydratation du patient. » Nettoyer son jardin et son balcon Afin de protéger la population, les autorités sanitaires ont mis en place en 2006 un plan national anti-dissémination pour la métropole, réactivé chaque année pendant la période d’activité du moustique (de mai à novembre). Ce plan associe un dispositif de surveillance humaine à des mesures locales de démoustication. « Chacun peut agir à son niveau : par exemple, en nettoyant régulièrement son jardin ou son balcon pour éliminer les gîtes larvaires possibles, c’est-à-dire les petits contenants d’eau tels que les pots de fleurs, les vases, une gouttière bouchée, une brouette que l’on n’a pas retournée, un pneu usagé… » Dans l’idéal, les fenêtres et les lits doivent être équipés d’une moustiquaire. L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) conseille également de porter des vêtements amples et longs, notamment à la tombée de la nuit et à l’aube, et d’utiliser des répulsifs, essentiellement sur les parties découvertes. Attention aux doses appliquées sur les enfants et les femmes enceintes : lisez bien la notice de ces produits, car ils contiennent des substances qui peuvent être toxiques. Delphine Delarue Encadré 1 Bientôt un vaccin contre la dengue Cela fait maintenant une vingtaine d’années que Sanofi Pasteur travaille à l’élaboration d’un vaccin contre la dengue. Sa commercialisation ne devrait désormais plus tarder : le sérum, efficace contre les quatre sérotypes du virus, sera disponible d’ici à la fin de l’année. En novembre dernier, le laboratoire annonçait le succès de son dernier essai clinique de phase III, réalisé sur près de 21 000 personnes en Juin 2015 – N° 553 – 16 Amérique latine et dans les Caraïbes. « [Les] résultats montrent une efficacité globale de 60,8 % contre toutes les formes de la maladie chez les enfants et les adolescents âgés de 9 à 16 ans ayant reçu trois doses du vaccin, indique Sanofi Pasteur dans un communiqué. Les analyses montrent également une protection contre la dengue sévère dans 95,5 % des cas, ainsi qu’une réduction de 80,3 % du risque d’hospitalisation pendant la durée de l’étude. » Quelques mois auparavant, d’autres essais effectués en Asie avaient également été concluants. Sanofi Pasteur produit déjà le vaccin dans son nouveau centre de Neuville-sur-Saône (Rhône), « conçu pour fournir rapidement de larges quantités de vaccins ». Encadré 2 Des maladies très surveillées Depuis 2006, la dengue et le chikungunya font l’objet d’une surveillance épidémiologique particulière en France métropolitaine. Celle-ci repose sur trois dispositifs parallèles. Tout d’abord, la déclaration obligatoire (DO), qui s’applique toute l’année à l’ensemble du territoire : le médecin ou le biologiste qui diagnostique l’une de ces maladies doit le signaler à l’agence régionale de santé (ARS). Les données sont transmises à l’Institut national de veille sanitaire (INVS), chargé de la surveillance de l’état de santé de la population. Deuxième dispositif : des laboratoires volontaires transmettent à l’INVS les résultats des prélèvements sanguins effectués sur les patients. Enfin, un troisième dispositif consiste à renforcer la surveillance dans les départements où le moustique est implanté pendant sa période d’activité, du 1er mai au 30 novembre. Tous les cas (importés et autochtones, mêmes uniquement suspectés) font l’objet d’un signalement immédiat auprès de l’ARS et des ententes départementales de démoustication. Cela entraîne la mise en place d’enquêtes épidémiologiques (détermination des déplacements du patient) et déclenche des mesures de lutte anti-vectorielle (destruction de gîtes larvaires, désinsectisation du domicile et des environs). Des actions de démoustication locales peuvent également être décidées par le préfet dans les zones où le moustique tigre est très présent. Juin 2015 – N° 553 – 17 SANTÉ (brèves) Calibrage : 831 signes 061_InegalitesSante Maternelle Les inégalités de santé débutent à la maternelle Selon la dernière Enquête nationale de santé en milieu scolaire, publiée en juin par la Direction de la recherche, des études et des stat istiques (Drees), les enfants de 6 ans issus de familles aux revenus modestes sont en moins bonne santé que ceux dont les parents sont cadres. Ainsi, 16 % des enfants d’ouvriers souffrent de surcharge pondérale, or ils ne sont que 7 % dans les familles de cadres. Autre exemple : 60 % des enfants de cadres se brossent les dents plusieurs fois par jour, alors que les enfants d’ouvriers ne sont que 47 % à le faire. Résultat : ces derniers sont 30 % à avoir au moins une dent cariée, contre seulement 8 % chez les enfants de cadres. Des écarts inquiétants, qui n’ont pas beaucoup évolué depuis le précédent rapport sur la question, daté de 2006. Calibrage : 1 176 signes 062_Benzodiazepines 063_LeChiffre Benzodiazépines : les risques d’une prise au long cours confirmés La Haute Autorité de santé (HAS) vient de réévaluer l’intérêt thérapeutique des benzodiazépines anxiolytiques (Xanax, Lexomil…) dans le traitement de l’anxiété. Conclusion : ces médicaments demeurent efficaces, mais essentiellement à court terme (sur une période de huit à douze semaines). Au-delà, « leurs effets indésirables et le risque de dépendance […] doivent conduire à inscrire leur prescription dans une stratégie à court terme, soit dans un contexte de crise aiguë d’angoisse, soit en seconde intention dans les troubles anxieux ou les troubles de l’adaptation », indique la HAS dans un communiqué. Parmi les effets secondaires redoutés : des troubles de la vigilance et de la mémoire, des risques de chute… Si la Haute Autorité préconise le maintien du taux actuel de remboursement des benzodiazépines (65 %), elle a tout de même publié une fiche mémo afin d’aider les médecins à proposer à leurs patients des stratégies d’arrêt progressif de ce type de médicament. En 2014, plus de 7 millions de personnes auraient consommé des anxiolytiques, dont 16 % en traitement chronique sur plusieurs années. Calibrage : 1 058 signes Le chiffre En Ile-de-France, 57 % des étudiants et un tiers des lycéens n’utilisent pas systématiquement de préservatif lors d’un rapport sexuel. C’est ce que nous apprend un récent sondage Harris Interactive mené pour la Smerep, première mutuelle étudiante régionale Paris-Ilede-France. Conséquence directe d’un tel comportement : les jeunes filles ont de plus en plus souvent recours à des solutions d’urgence. Un tiers Juin 2015 – N° 553 – 18 des lycéennes qui ont déjà eu des rapports sexuels ont eu besoin au moins une fois de la pilule du lendemain. Pire : elles sont 11 % à avoir déjà subi une interruption volontaire de grossesse (IVG), tout comme 4 % des étudiantes. Cette enquête nous renseigne également sur l’importance du stress chez les jeunes, qui touche 42 % des étudiants franciliens. Un stress essentiellement dû aux études, aux soucis financiers et aux problèmes de santé. En France, une très large majorité d’étudiants (80 %, et jusqu’à 87 % parmi les Franciliens) ne vont pas consulter le médecin quand ils sont malades et préfèrent pratiquer l’automédication. Calibrage : 810 signes 064_MyopieJeunes 065_BoissonsSucrees La myopie s’installe chez les jeunes D’après une étude britannique publiée dans le revue Ophtalmology, près d’un Européen sur deux âgés de 25 à 29 ans est myope, soit 47 % des jeunes ! Un chiffre qui se rapproche dangereusement de celui d’Asie de l’Est, où près de huit jeunes sur dix sont myopes. Outre l’hérédité, les chercheurs pointent la généralisation des études comme facteur essentiel de cette « épidémie ». Passer beaucoup de temps à lire à l’intérieur, de trop près et avec un éclairage insuffisant fragilise l’œil et favorise l’apparition de la myopie. Le risque est encore accru par la multiplication des écrans. Les chercheurs insistent également sur les troubles oculaires qui pourraient à l’avenir concerner cette génération de myopes : glaucome, cataracte ou encore dégénérescence de la rétine. Calibrage : 831 signes Les boissons sucrées responsables de 184 000 décès par an Chaque année, dans le monde, 184 000 personnes meurent en raison de leur consommation de boissons sucrées, révèle une étude menée par l’université de Boston. C’est la toute première fois que l’impact de ces boissons sur la population est évalué à l’échelle planétaire. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé 62 enquêtes menées entre 1980 et 2010 dans 51 pays et ont étudié les dossiers de plus de 610 000 patients. Selon leurs conclusions, les boissons sucrées (sodas, thés glacés, boissons énergisantes) sont responsables de 133 000 décès liés au diabète, de 45 000 morts par maladie cardiovasculaire et de 6 450 autres dus au cancer. C’est dans les pays à revenus faibles ou moyens que l’on trouve le plus de victimes, Mexique et Etats-Unis en tête. Juin 2015 – N° 553 – 19 VIE PRATIQUE / FAMILLE Calibrage Texte principal : 3 189 signes Encadré 1 : 181 signes Encadré 2 : 743 signes Le téléphone portable au collège, pour ou contre ? 2 visuels : 07_PortableCollege Votre enfant vient de rentrer en 6e et vous n’avez toujours pas tranché la question du téléphone portable. D’un côté, vous seriez rassuré s’il pouvait vous joindre à tout moment en cas de grève des transports ou de changement de planning, par exemple. De l’autre, vous êtes réticent à cautionner un écran supplémentaire, accessible par votre (jeune) ado vingt-quatre heures sur vingt-quatre, alors que vous venez seulement d’établir les règles d’usage de l’ordinateur et de la télévision. Pour Sophie R., parent d’élève, Paris XIX e : « Notre fils, Raphaël, a eu un portable à son entrée en 6 e, car pour la première fois il prenait seul les transports en commun. C’était un moyen de nous rassurer et, plus ou moins, de le “pister”. Nous avions encadré l’utilisation de son téléphone par un forfait minimum. Depuis, rien à redire : il passe très peu d’appels et s’en sert surtout pour jouer et passer le temps dans le métro. Au cours de l’année scolaire, il se l’est fait confisquer deux fois : la première, parce qu’il avait oublié de l’éteindre en arrivant au collège, et son portable a sonné en classe ; la deuxième, parce qu’il l’utilisait dans le car lors d’une sortie scolaire. Notre fille, plus jeune, réclame déjà un téléphone, alors qu’elle n’est qu’en primaire. Nous savons qu’il sera plus difficile d’encadrer sa pratique… » Pour Flore, élève en 4 e dans un collège de Toulouse : « J’ai eu un portable pour mes 12 ans, mais sans connexion Internet. Je m’en sers essentiellement pour écouter de la musique dans le bus, entre la maison et le collège, ou pour envoyer des SMS à mes copines, le soir. Les surveillants, à la récré, ne disent rien quand on s’en sert. On le range avant d’entrer en cours, car on sait qu’on n’a pas le droit de l’utiliser… Enfin, on le met sur vibreur, et si on a un message on y jette juste un coup d’œil vite fait pour savoir qui c’est. » Contre François P., professeur d’espagnol dans un collège de Haute-Garonne : « Il y a eu un changement de comportement depuis la généralisation du Juin 2015 – N° 553 – 20 smartphone, il y a environ cinq ans. Aujourd’hui, tous les élèves ou presque en ont un, et cela dès la cinquième. L’usage en est très encadré, avec la sanction de la confiscation de leur téléphone, et les élèves le savent. C’est en début d’année qu’il y a le plus de dérives en classe, où ils continuent d’écouter de la musique, finissent leur partie de jeu ou sont sur les réseaux sociaux. Dans le collège, nous avons eu un seul cas d’élève qui a pris une vidéo pendant le cours à l’insu du professeur ! Je n’ai encore jamais eu d’élève qui trichait via son smartphone ou cherchait une traduction en direct, par exemple… En fin d’année, le dernier jour de classe, c’est le seul moment où je lâche du lest. En juin, les 3 e faisaient des photos de groupe et souhaitaient que je me joigne à eux pour un selfie, et j’ai accepté. C’est l’exception à la règle. Nous avons aussi la chance d’avoir une directrice d’établissement intéressée par le numérique. Elle fait venir des intervenants pour sensibiliser les élèves à ce sujet, et notamment au cyberharcèlement via les réseaux sociaux. » Michel Coladon Encadré 1 En chiffre • 47 % des 12-17 ans avouent utiliser leur portable en cours. • 54 % y reçoivent des appels. • 7 % filment leur professeur à leur insu. (Source : enquête TNS-Sofres, 2011.) Encadré 2 Le cadre législatif Les règlements intérieurs des collèges interdisent depuis longtemps l’usage du téléphone portable dans leur enceinte, mais les enseignants et les directeurs demandaient un soutien législatif au niveau national, afin d’asseoir ce principe. C’est la loi du 12 juillet 2010, dite Grenelle 2, qui a instauré l’interdiction pour les élèves d’utiliser un téléphone portable dans l’enceinte d’une école maternelle, élémentaire et au collège, afin de les protéger des ondes électromagnétiques. En clair : le collégien ne peut pas se servir de son portable pour regarder l’heure ou comme calculatrice pendant le temps de classe. Sur les temps de récréation et d’interclasse, c’est le règlement intérieur qui en définit l’utilisation. Juin 2015 – N° 553 – 21 VIE PRATIQUE / EMPLOI Calibrage Texte principal : 4 737 signes Encadré 1 : 763 signes Encadré 2 : 621 signes Accident du travail : comment est-on indemnisé ? 2 visuels : 08_AccidentTravail Un accident sur votre lieu de travail ou sur le trajet qui y mène peut vous obliger à vous arrêter, voire à cesser votre activité. C’est alors la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la Sécurité sociale qui prend en charge l’indemnisation des jours non travaillés et des frais médicaux. Encore faut-il faire certaines démarches et être bien informé sur ses droits. Tous les salariés du privé bénéficient de la couverture accidents du travail et maladies professionnelles, quel que soit leur contrat (CDI, CDD, travail temporaire…), du moment qu’ils cotisent au régime général de la Sécurité sociale. L’employeur a presque systématiquement l’obligation légale de compléter les indemnités journalières de la Sécurité sociale pour que la victime de l’accident n’ait pas de perte de revenu. Quelle définition ? Pour qu’un dommage corporel ou psychique puisse être qualifié d’« accident du travail », il doit remplir deux conditions : être un fait accidentel, daté avec précision et à l’origine d’une lésion corporelle ou psychique ; s’être produit alors que la victime était sous l’autorité de son employeur au moment des faits. C’est ce qui est arrivé à Clément D., technicien de maintenance dans l’industrie agroalimentaire, qui a dû cesser son travail pendant deux mois à la suite de la chute sur son pied d’un chariot de 80 kilos : « Je portais pourtant mon équipement de sécurité, mais le chariot m’a heurté sur le dessus du pied, juste après la coque de la chaussure. » S’ensuit un très gros hématome, puis une phlébite. « Le terme "accident du travail" ne fait pas seulement référence à l’accident physique, précise Nadiège Félicie, juriste en droit social à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il prend également en compte les conséquences psychologiques, qui sont plus difficiles à prouver et nécessitent des témoins, lorsqu’elles découlent d’une agression verbale par exemple. » L’accident peut également survenir lors d’un déplacement professionnel, au cours du trajet aller et retour entre la résidence principale ou secondaire et le lieu de travail ou encore entre le lieu habituel de repas et le lieu de travail. Juin 2015 – N° 553 – 22 Comment le faire reconnaître ? « Si votre lésion est survenue sur votre lieu de travail et au moment où vous deviez vous y trouver, vous bénéficiez de la présomption d’imputabilité, une notion juridique créée pour protéger l’intégrité physique et psychique du travailleur », explique Nadiège Félicie. Ce n’est donc pas au salarié d’apporter la preuve, mais à l’employeur ou à la caisse d’assurance maladie, au cas où ces derniers voudraient contester le caractère professionnel de l’accident. Il vous appartient toutefois de faire établir par votre médecin traitant, dans les vingt-quatre heures, un certificat médical initial, que vous transmettrez à votre employeur. Ce dernier a ensuite quarante-huit heures pour déclarer l’accident à l’Assurance maladie. Il doit en outre vous fournir une feuille d’accident du travail, qui vous ouvre une prise en charge à 100 % des frais médicaux liés à votre accident, dans la limite des tarifs de base de l’Assurance maladie. Vous n’aurez donc pas à avancer ces frais. Parfois, la caisse d’assurance maladie fait des recherches, demande l’avis d’experts, se renseigne auprès de gendarmes ou de témoins éventuels. Elle peut également vous solliciter pour des informations complémentaires. Cela a été le cas pour Clément D., convoqué pour un contrôle. Il a repris son travail depuis plusieurs mois. Comme il souffrait toujours d'une inflammation du talon d'Achille due à l'accident, son médecin traitant avait arrêté une date de guérison et prolongé son « accident du travail » : Clément D. n'était pas en arrêt, mais bénéficiait de la prise en charge de ses soins au titre de l'accident du travail. Ce denier a été définitivement clôturé une fois la guérison des lésions constatée par le médecin conseil de la Sécurité sociale. Clément D. a donc pu renvoyer sa feuille de soins d'accident du travail à sa caisse d'assurance maladie. Pas de rupture de contrat Le Code du travail stipule que l’employeur ne peut pas rompre le contrat du salarié victime d’un accident, sauf pour faute grave ou s’il est dans l’impossibilité de maintenir l’intéressé pour un motif étranger à l’accident ou à la maladie professionnelle. La rupture d’un commun accord est donc impossible durant l’arrêt de travail, l’employé étant protégé par la loi. La Cour de cassation a néanmoins statué, dans un arrêté du 30 septembre 2014, en déclarant qu’une convention de rupture pouvait être valablement conclue au cours d’un arrêt consécutif à un accident du travail ou à une maladie professionnelle. Catherine Chausseray Encadré 1 Accident de travail et maladie professionnelle La maladie professionnelle se distingue, par son caractère lent et évolutif, de l’accident de travail, qui survient brutalement. L’origine et la date de l’accident sont connues précisément, alors qu’il est plus difficile d’apporter la preuve de la relation de cause à effet entre la maladie et Juin 2015 – N° 553 – 23 les nuisances (physiques, chimiques, biologiques) auxquelles est exposé le travailleur dans son entreprise. Pour être reconnue comme professionnelle et donner lieu à réparation, la maladie doit figurer dans l’un des tableaux de maladies professionnelles, pour les travailleurs du régime général, annexés au Code de la Sécurité sociale. Ceux-ci sont réactualisés par décret en fonction des nouvelles connaissances médicales. Encadré 2 Responsabilité de l’employeur Lorsque la responsabilité de l’employeur est mise en cause, si les conditions de sécurité n’ont pas été assurées, la victime peut demander une indemnisation complémentaire en engageant une action judiciaire, auprès d’un tribunal civil, puis pénal, pour faire reconnaître la « faute inexcusable » de l’employeur. Cette action est soumise à une prescription de deux ans (article L. 431-2 du Code de la Sécurité sociale). Il faut alors prouver que l’employeur aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver. Juin 2015 – N° 553 – 24