Médecine du Maghreb 1999 n°78
et elles sont généralement survenues au décours d’infection
des voies aériennes supéri e u res. Ces poussées ont justifi é
une biopsie hépat i q u e, qui a montré une fi b rose centro -
lobulaire sans caractère extensif, une hyperplasie Kuppfe-
rienne.
D evant les poussées ch o l e s t atiques succédant a des infe c -
tions O.R.L. sans rétention cholostéro-lipidique ni de gran-
de cy t o l yse et les données histologiques à la biopsie du
foie, le diagnostic de maladie de Byler est retenu.
Le malade est toujours sous traitement symptomat i q u e
avec surveillance de la ch o l e s t a s e , surtout de la fo n c t i o n
hépatique et la survenue d’ H.T.P.
Cas n°2
K. Meryem, fillette de 4 mois, 6ème de sa fratrie.
Elle a présenté à 20 jours de vie un ictère cutanéo-
muqueux, d’allure ch o l e s t a tique avec urines foncées et
selles décolorées. On ne retrouve pas de cas similaire dans
la famille et il n’y a pas de consanguinité.
L’ examen clinique a re t r ouvé une hépat o m é g alie fe rm e
sans splénomégalie.
La cholestase clinique est confirmée biologiquement avec :
b i l i rubine conjuguée = 91 mg/l, P-alcalines = 3200 u/l,
mais sans rétention ch o l e s t é ro-lipidique (ch o l e s t é rol =
1,36g/l). La cytolyse est très importante avec des transami-
nases dépassant 500 u/l.
L’ é ch ographie hépat o b i l i a i re a éliminé une atrésie de la
voie biliaire principale.
La patiente est décédée au cours de l’hospitalisation dans
un tableau de septicémie à point de départ O.R.L ave c
aggravation de la cholestase.
Le diagnostic de maladie de Byler est retenu sur l’associa-
tion d’une cholestase clinique et biologique sans rétention
ch o l e s t é ro - l i p i d i q u e , une aggravation de la cholestase à
l’occasion d’une infection et sans anomalie de la vo i e
biliaire principale à l’échographie
DISCUSSION
1 - Epidémiologie
La maladie de Byler est une hépat o p a thie très ra r e.
L’ é va l u a tion de sa fréquence est impossible à cause du
manque d’étude épidémiologique assez large et les publ i -
cations ne font mention que de cas isolés. Sa transmission
génétique est de type autosomique récessive, la consan-
guinité est quasi constante et l’on peut re t ro u ver des cas
familiaux, toutefois les données génétiques actuelles ne
nous permettent pas de déterminer les hétérozygotes.
L’ a ffection intéresse indiff é remment les deux sexes et la
l i t t é rat u re rap p o r te 33 filles et 31 garçons, cep e n d a n t
RAZEMON rap p o r te dans une série de 7 cas une fo rt e
proportion de garçons (5/7).
2 - Étude clinique
La cholestase se révèle généralement au cours de la pre -
mière année de vie. Elle est précédée d’un prurit intense tel
le cas de notre premier patient. L’ i c t è re est d’intensité
variable, mais les selles sont décolorées et les urines sont
foncées. Nos deux patients avaient un tableau complet de
ch o l e s t a s e. L’ h é p at o m é galie est re t rouvée dans nos deux
o b s e rvations, elle est constante dans cette affection, et
quand la splénomégalie ap p a raît, elle traduit le re t e n t i s -
sement portal de la maladie.
La maladie évolue par poussées, et ces dern i è res peuve n t
ê t re précédées d’une infection interc u rrente en part i c u l i e r
O.R.L, comme c’était le cas chez nos patients.
D’autres signes cliniques peuvent être retrouvés tel que le
ra ch i t i s m e , un syndrome hémorragi q u e , des tro u bl e s
visuels, enfin des signes neurologiques. Ces anomalies sont
s e c o n d a i res à un tro u ble d’ab s o rption des vitamines lipo-
solubles (vitamines A, D, E, K).
La surve n ue de l’HTP ou de l’hépat o - c a r cinome n’est
qu’une complication commune à toutes les cirrhoses quelle
que soit leur étiologie.
3 - Étude paraclinique
Elle manque de spécificité si ce n’est que la dissociat i o n
des éléments biologiques de la cholestase est pat h og n o -
monique de la maladie.
Cette cholestase se caractérise par :
* Une augmentation de P. alcalines, de la bilirubine sur-
tout conjuguée, de la 5 nu cléotidase et ceci a été noté
chez nos 2 patients, en plus d’une diminution de la clai-
rance de la bromosulfophtaleïne,
* Les sels biliaires sont très augmentés et ils peuvent
atteindre 60 fois la normale,
* Les taux de ch o l e s t é rol et des lipides totaux restent
n o rmaux. C’était la situation de nos malades. D’autres
examens ne sont pas spécifiques à la maladie de Byler
tels que :
MALADIE DE BYLER… 17