Un ictère pas si franc ! Bertrand COMBRES Réanimation Polyvalente - CHU Limoges ARCO-Vannes 21-22 Juin 2007 Mr R, 34 ans, hospitalisé en mai 2007, pour ictère et AEG Antécédents : épilepsie généralisée depuis l’âge de 17ans, sous bithérapie (Epitomax et Keppra introduit en avril 2007 en remplacement du Gardenal) Depuis 3 semaines : AEG : perte de 10kg, anorexie marquée Prurit intense Diarrhée Somnolence A l’admission Examen clinique : TA à 130/80, pouls à 110, T° à 37,7 C° Ictère avec lésions cutanées de grattage Abdomen souple, pas d’organomégalie Aires ganglionnaires libres Bilan biologique : NFS sans particularité Hypokaliémie (3,3 mmol/l) et fonction rénale normale Cytolyse hépatique (3N) modérée sans insuffisance hépatocellulaire Cholestase majeure : bilirubinémie à 435 µmol/l Suspicion hépatite cholestatique. Bilan étiologique Biologie : EPP et CRP = N Sérologies : VHB, VHC, VHA, VHE, HSV8, HSV6, HSV1, HSV2, CMV, VIH, négatives Immunologie : ACAN, Ac-anti-mitochondries, Ac antiML, ANCA négatifs Céruloplasmine et cuivre sérique normaux Ferritinémie augmentée Imagerie : Echographie abdominale : aspect de foie en gros grains, vésicule alithiasique, pas de dilatation des voies biliaires, pancréas homogène Diagnostic Cholestase intra-hépatique toxique d’origine médicamenteuse imputé au KEPPRA Sortie de l’hôpital Mais l’histoire n’est pas finie… Réhospitalisation la semaine suivante, devant l’aggravation du tableau clinique Ré-admission TA à 140/80 mmHg, pouls à150 b/min, apyrexie Conscience : glasgow 15, ralentissement idéomoteur Polypnée 35 cycles/min, SaO2:100% AA Sans signes de choc ni de défaillance cardiorespiratoire Oligoanurie Diarrhée persistante Bilan biologique Anémie microcytaire (Hb:11,7 gr/dl ; VGM 72 µ3) Ferritinémie:7360 ng/ml Hypokaliémie (2,4mmol/l) Hypercalcémie (2,95 mmol/l) et hyperphosphorémie Clairance de la créatinine (48 ml/mn/m2) Acidose métabolique décompensée (pH:7,35; HCO3:15 mmol/l) Bilan hépatique :Bilirubine totale à 613 µmol/l Cytolyse hépatique légère : 1,5 N (pas d’IHC) Lipase: 2269 UI/l Imagerie: Bili-IRM: pancréas oedématié Hypothèses diagnostiques ? Hypothèses retenues Hépatite médicamenteuse Hyperparathyroïdie primitive Pancréatite aigüe NEM Syndrôme paranéoplasique Examens complémentaires Bilan thyroïdien: T4 : 36,4 pg/ml T3 : 10,0 pg/ml TSH < 0,014 µUI/ml PTH : 2,8 pg/ml (10-55) Dosage Ac anti-TPO et anti-récepteur TSH positifs Echographie et scintigraphie thyroïdienne en faveur d’une maladie de Basedow PBH Crise aigüe thyrotoxique TEMPERATURE 99-100 100-101 TACHYCARDIE 5 99-109 INSUFFISANCE CARDIAQUE CONG. 5 absente 10 110-119 10 Peu intense Probabilité d’une crise thyrotoxique: 101-102 15 102-103 •>45 20 103-104 25 •25-44 probable >104 30 •<25 CAUSE DECLENCHANTE 120-129 15 modérée très vraisemblable 130-139 20 sévère >140 25 0 5 10 15 TROUBLES DES FONCTIONS SUP. TROUBLES absence peu vraisemblable DIGESTIFS 0 absents 10 0 agitation NON Score diagnostic adapté de Burch,Wartofsky 0 Troubles 10 Delirium, and al. fonctionnels psychose,lethargie 20 OUI 10 Metab ictèreClin North Am 20 Endocrinol 1993;Crise 22:263 30 comitiale,coma Discussion La crise aiguë thyrotoxique (« thyroid storm ») = exacerbation aiguë d’une hyperthyroïdie Fatale en l’absence de traitement Mortalité : 10 à 30 % malgré traitement Étiologies : chirurgie (thyroïde ou non), traumatisme, infection, toxémie gravidique… Discussion Étiologies des ictères: Auto-immune Foie cardiaque (cardiothyréose) Nécrose hépatique IIaire à embolisation sur FA Cirrhose biliaire primitive gravidique ATS : Néomercazole, PTU Sans rapport : hépatites virales, alcool, oestroprogestatifs, acetaminophène, Isoniazide, rifampicine, plantes médicinales Traitement Inhibition de la synthèse des hormones thyroïdiennes: Inhibition du relargage des hormones thyroidiennes: PTU, -Bloquants, Glucocorticoïdes Agents de contrastes radio-iodés (acide iopanoique) Blocage Beta-adrénergique: Lugol, Iodure de sodium Inhibition conversion périphérique de T4 en T3: PTU -Bloquants Traitement étiologique Evolution Instauration du traitement : disparition des signes de thyrotoxicose Mais augmentation de l’ictère, arrêt des ATS Persistance de l’ictère Finalement thyroïdectomie A l’heure actuelle, reprise alimentation normale, normalisation progressive des perturbations biologiques