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Laréq
Par J. Paul Tsasa/ Chercheur co – accompli
Evolution temporelle et conceptuelle de la probabilité
Laplace (1795) propose une première définition opérationnelle de la probabilité d’un événement, mais
l’attribue explicitement à Pascal : « la probabilité est une fonction dont le numérateur est le nombre de
cas favorable, et dont le dénominateur est le nombre de cas possibles ». Cette définition garde ses vertus
historiques mais demeure pas universellement valable, puisque, intrinsèquement, elle ne se réduit qu’à
des cas d’événements équiprobables.
Notons que la définition proposée par Laplace ne marque pas du tout le début de la pensée sur la
probabilité. En effet, comme le notent nombre d’historiens, notamment Ernet Coumet, le concept de
probabilité a fait également l’objet d’analyse par le savant des civilisations anciennes. Ainsi, Coumet
estime que le calcul de probabilité n’est pas né par hasard. Il est le fait d’une réflexion autour de
nombreuses situations concrètes vécues dans l’évolution et les développements de différents domaines
tels que le commerce, le contrat d’échange, les pratiques actuarielles, la médecine, etc.
Bien que longtemps ignoré en algèbre, géométrie, chimie et physique, le concept de probabilité a connu
une dynamique dans l’appréhension de sont contenu dès l’antiquité. Ainsi, par exemple, Aristote
considère la probabilité comme une opinion dont le caractère est généralement admis. Cicéron,
contrairement à Aristote ; associe la probabilité à la notion de vraisemblance.
Au XVIè siècle, Galilée établit un lien entre le concept de probabilité et la notion du risque. Et par la suite,
Bartolomé de Médina propose une définition proche du sens généralement admis à ce jour : la probabilité
est une traduction du caractère vraisemblable d’une idée. Il estimait que, une fois une opinion probable,
il est permis de la suivre, même si l’opinion opposée est plus probable.
Et enfin, Blaise Pascal et Pierre de Fermat, à travers une série de correspondance, intègre la notion de
hasard dans l’appréhension du concept de probabilité.
Les réflexions de Pascal et Fermat ont été sémantiques, puisqu’à l’origine d’une série d’innovations :
- Christian Huygens, encouragé par Pascal, publie en 1657, un premier traité sur la probabilité et
introduit la notion d’espérance mathématique ;
- Par la suite, Jakob Bernoulli, définit la variable aléatoire, établit le lien entre probabilité et
fréquence en cas de jeux répétés, propose la première expression de la loi binomiale et énonce
la loi des grands nombres [théorème de Bernoulli] ;
- Abraham de Moivre (1718) généralise l’usage de la combinaison ;
- Thomas Simpson (1755), sur base de travaux de Roger Coes, applique la théorie des erreurs aux
erreurs sur les observations ;
- Pierre – Simon Laplace (1812) énonce une première version du théorème central limite. Plus
tard, en 1901, Alexandre Liapounov donne sa version moderne et en 1910, Paul Lévy en fournit
la première preuve ;
- Emile Borel (1897) introduit les notions de mesure et d’ensembles mesurables. Ses travaux
seront complété par Henri Léon Lebesgue, avec la théorie de l’intégration ;
- Andrei Markov (1902) introduit les chaînes de Markov afin de généraliser la loi des grands
nombres par une série d’expérience dépendant les unes des autres ;