1 LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949 Introduction: La première

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LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
Introduction:
La première moitié du XXe siècle est placée sous le signe de la dépendance de la Chine vis vis des
puissances étrangères (Européens, Américains et Japonais).
[[ Cette situation issue du XIXe siècle n’est cependant plus acceptée par les Chinois. La chute de l'Empire et la
proclamation de la République en 1912, le mouvement du 4 mai 1919 marquent le début d’une nouvelle période dans
les relations de la Chine avec le monde, caractérisée par la volonté de s’affranchir de la domination des puissances
étrangères et de retrouver la puissance chinoise disparue.
L’arrivée au pouvoir des nationalistes du Guomindang en 1928 et le développement du marxisme sous sa
forme soviétique (le Parti communiste chinois est créé en juillet 1921) représentent deux manifestations opposées de
cette volonté de renouveau. Cette antagonisme est à l'origine de la guerre civile, entamée en 1927, entre nationalistes
et communistes. ]]
Ces deux paragraphes entre crochets peuvent être supprimés de l'introduction pour une composition type BAC.
La victoire des Communistes en 1949 marque le début d’une nouvelle étape dans l’histoire de la Chine.
Comment s'est construite et comment a évolué la puissance chinoise depuis 1949?
Comment la Chine est-elle devenue un État moderne et une puissance majeure?
= Mouvement du 4 mai 1919: le 4 mai 1919, 3000 étudiants chinois manifestent à Pékin en réaction aux clauses du
Traité de Versailles (traité de paix de la Première Guerre mondiale) qui accordent au Japon (allié de la France de la
GB et des EU lors de la 1ère GM) les anciennes possessions allemandes en Chine.
I. Comment la Chine communiste s'affirme-t-elle sur la scène internationale durant l'ère maoïste (1949-1976)?
A. La Chine, pôle asiatique du communisme, dans l'orbite de l'URSS:
La victoire des communistes:
La guerre civile entre communiste du PCC et nationalistes du Guomindang, commencée en 1927 puis
suspendue en 1937 (cf. union des nationalistes et des communistes contre l'envahisseur japonais), reprend en 1946.
Vaincus, les nationalistes, dirigés par Tchang Kaï-chek, se réfugient à Taïwan. Mao Zedong, chef du PCC, proclame
la République populaire de Chine (RPC) le 1er octobre 1949. Les puissances occidentales (sauf la Grande-Bretagne
pour garder Hong Kong) ne reconnaissent pas la RPC; le régime nationaliste de Taiwan reste à leurs yeux l'autorité
chinoise légale.
= PCC: Parti communiste chinois fondé en 1921 par des animateurs de la révolte du 4 mai 1919. Il est dirigé par
Mao Zedong à partir du milieu des années 1930.
= Guomindang : ou « Parti nationaliste chinois ››, parti politique fondé en 1912 par Sun Zhongshan (ou Sun Yat-sen).
Il contrôle le gouvernement de la république de Chine de 1928 à1949. Il est alors dirigé par Tchang Kaï-chek (Jiang
Jieshi), qui crée une dictature anticommuniste à parti unique s'inspirant du fascisme.
= Mao Zedong (1893-1976): Fils de paysans aisés, cet instituteur est un des fondateurs du Parti communiste chinois
en 1921. Durant la guerre civile qui oppose les communistes aux nationalistes, il devient un chef, un théoricien et un
stratège, très populaire. Il conduit la « Longue Marche ›› (1934-1935) qui permet aux communistes d'échapper au
Guomindang. En 1935, il prend la tête du PCC. Il proclame en 1949 la RPC et conserve le pouvoir jusqu'à sa mort en
1976. Les purges et l'échec du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle n'empêchent pas le
développement d'un fort culte de la personnalité, en Chine comme en Occident, autour du « Grand Timonier››.
La Chine communiste réaffirme sa souveraineté par des gains territoriaux:
La RPC revendique certains territoires jadis intégrés à l'Empire chinois. Elle envahit en 1950 le Tibet (perdu
en 1912) et en 1951, un traité rattache le Tibet à la RPC. L'URSS lui rend quelques zones frontalières que la Russie
tsariste avait annexées. Mais Pékin doit accepter la perte de la Mongolie, État indépendant dès 1921, et ne peut
récupérer Hong Kong, Macao, ni Taiwan protégée par les États-Unis.
La Chine, acteur majeur de la Guerre froide en Asie:
La mauvaise situation économique du pays - sous-industrialisation, faible production agricole, inflation -
conduit Mao à signer en 1950 un traité « d'amitié, d'alliance et d'assistance mutuelle ›› avec l'URSS qui l'avait
soutenue pendant la guerre civile. C'est la seule grande puissance à la reconnaître et à lui fournir une aide financière et
technique. Cette alliance conduit la Chine à adopter le modèle soviétique (planification, collectivisation).
La guerre froide permet à la Chine de s'affirmer en Asie : Pékin soutient le Viet-minh contre la France
dans la guerre d'Indochine (1946-1954) et intervient dans la guerre de Corée (1950-1953) au cours de laquelle près
de 3 millions de «volontaires» chinois vont se battre au côté des soldats nord-coréens contre les troupes sud-coréennes
et américaines sous mandat de l'ONU. Les accords mettant fin à ces conflits sont donc négociés en présence des
Chinois.
= Viet-minh : ligue pour l'indépendance du Vietnam fondée en 1941. Dominée par les marxistes, elle dirige la guerre
contre le colonisateur français.
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= La guerre d’Indochine est un conflit armé qui se déroula de 1946 à 1954 en Indochine française. Elle prend fin
avec la défaite française de Dien Bien Phu et les accords de Genève (1954). Ces derniers aboutissent à la sortie de
l'Indochine de l’Empire colonial français et à la division en deux États rivaux du territoire vietnamien: le Nord-
Vietnam communiste (capitale Hanoï) et le Sud-Vietnam soutenu par les Américains (capitale Saïgon). Ce conflit fit
plus de 500.000 victimes.
= La Guerre de Corée (1950-1953) a opposé la République de Corée (Corée du Sud), soutenue par les Etats-Unis et
les Nations unies, à la publique populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), soutenue par la République
populaire de Chine et l'Union soviétique. Elle fut le résultat de la partition de la Corée à la suite d'un accord entre les
Alliés victorieux de la guerre du Pacifique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La péninsule coréenne était
occupée par l'empire du Japon depuis 1910. Après la reddition du Japon, États-Unis et Union soviétique se partagèrent
l'occupation de la péninsule le long du 38e parallèle, avec au sud des forces américaines d'occupation et au nord des
forces soviétiques. La Guerre de Corée a commencé par l'invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord à l'été
1950. Elle s'est terminée par l'armistice de Panmunjeom (1953) qui a entériné un retour à la situation d'avant-guerre.
Aucun traité de paix n'a été ratifié depuis entre les deux Corées.
B. Durant les années 1960, la rupture sino-soviétique favorise l'isolement de la RPC:
La dégradation des relations sino-soviétiques après la mort de Staline (1953):
En 1956, la RPC critique la déstalinisation et la coexistence pacifique adoptés par Khrouchtchev, successeur
de Staline. Mao les interprète comme un renoncement à propager la révolution communiste à travers le monde.
En 1958, Mao lance le « Grand Bond en avant ››, une politique de développement qui vise à industrialiser
massivement les campagnes et s'écarte du modèle économique soviétique. Les Soviétiques critiquent publiquement
cette politique maoïste.
Dénonçant la déstalinisation, Mao revendique l'héritage de Staline et prétend faire de la Chine le nouveau
leader du monde communiste. Moscou suspend son aide économique en 1960 et rapatrie ses techniciens, au moment
l'échec du Grand Bond devient de plus en plus évident (le GBA provoque une famine qui fait près de 20 millions
de victimes; les productions agricoles connaissent dès 1958 une chute sévère => ce n'est qu'en 1963 qu'elles retrouvent
le niveau de 1957). C'est la rupture sino-soviétique.
En 1962, la Chine accuse l'URSS de trahison quand celle-ci retire ses missiles de Cuba sous la pression des
États-Unis. L'explosion de la première bombe atomique chinoise (1964) inquiète l'URSS. Des incidents a la frontière
sino-soviétique en 1969 font même craindre un conflit.
= Coexistence pacifique: doctrine de la politique étrangère soviétique définie en 1956 par Khrouchtchev. Elle veut
établir des relations plus sereines et pacifiées entre l'URSS et le bloc occidental
= Déstalinisation : politique menée par l'URSS de 1953 à 1964 qui met fin à la terreur stalinienne et au culte de la
personnalité sans remettre en cause le régime communiste. Les crimes de Staline sont dénoncés dans un rapport secret
présenté par Khrouchtchev lors du XXe Congrès du PCUS (Parti communiste de l'Union soviétique) en 1956.
= Grand Bond en avant (1958-1961): Politique de développement lancée en 1958 par Mao. Elle repose sur une
campagne de mobilisation des masses paysannes au sein de «communes populaires›› pour réaliser de grands travaux
et augmenter la production industrielle et agricole.
= Commune populaire: unité politico-administrative située en zone rurale et regroupant de 2000 à 20.000 familles
paysannes. Les communes populaires furent créées lors du Grand Bond en avant. Tous les biens sont collectifs et
gérés par la commune populaire qui doit subvenir à tous ses besoins afin de vivre en quasi-autarcie. Les unités de
production industrielle y sont mises au service de l'agriculture. L'expérience des communes populaires prend fin au
début des années 1980.
La RPC tente de se poser en leader du Tiers-monde et propose un modèle de communisme concurrent de
l'URSS:
A la conférence de Bandung (1955), la Chine affiche sa solidarité avec les luttes du tiers-monde
contre le colonialisme et l'impérialisme. La conférence de Bandung (Indonésie) en 1955 marque l'entrée des pays
du tiers-monde, récemment issus de la décolonisation, sur la scène internationale. Représentée par son premier
ministre, Zhou Enlai, la Chine s'y pose comme un des leaders du tiers-monde aux côtés de l'Inde et apporte son
soutien à la décolonisation et à la lutte contre l'impérialisme des anciennes puissances coloniales.
= Zhou Enlai (1898-1976): Issu d'une famille aisée, cet intellectuel devient un des principaux dirigeants du Parti
communiste chinois (PCC) à partir de 1927 et un proche de Mao. Il est Premier ministre à partir de 1949. Partisan
d'une politique réaliste, il prend ses distances avec la Révolution culturelle et initie la modernisation de la Chine que
met en œuvre Deng Xiaoping après sa mort.
Dans les années 1960, la RPC rivalise avec l'URSS pour séduire les nouveaux États du Tiers-Monde.
La Chine propose un modèle communiste concurrent de celui de l'URSS. Toutefois, la rivalité croissante avec l'Inde
empêche la mise en place d'un véritable leadership chinois au sein du tiers-monde. Un conflit armé frontalier oppose
même les deux pays en 1962 (Le Tibet, annexé par la Chine ne joue plus son rôle d'Etat-tampon pacifique entre les
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deux puissances; à la suite de la répression de l'insurrection tibétaine de 1959, le dalaï-lama se réfugie en Inde il
forme un gouvernement tibétain en exil).
Zhou Enlai se rend à plusieurs reprises en Afrique dans les années 1960 et certains pays africains acceptent
l'aide de Pékin (Somalie, Guinée, etc.). La Chine aide au financement de grands projets comme la ligne de chemin de
fer Tanzanie-Zambie. Toutefois, seule la Tanzanie s'inspire du modèle chinois pour développer son agriculture.
En Asie, malgré le soutien chinois, les mouvements révolutionnaires maoïstes restent marginaux, excepté les
Khmers rouges au Cambodge.
= Khmers rouges: nom des communistes maoïstes du Cambodge. En révolte contre leur gouvernement des 1967, ils
prennent le pouvoir de 1975 à 1979 avec l'aide de la Chine et commettent un génocide contre leur peuple.
En Europe de l'Est, l'Albanie est l'unique pays marxiste qui soutient la RPC après sa rupture avec l'URSS.
L'URSS suspend alors son aide économique à l'Albanie. La Chine prend le relais, faisant de l'Albanie son principal
allié au sein du mouvement communiste international.
En Occident, certains intellectuels sont éblouis par la Révolution culturelle et les idées de Mao diffusées
dans le Petit Livre rouge. En France, se développe à l'extrême gauche un courant maoïste qui séduit de nombreux
jeunes et prend une part active aux évènements de Mai 68.
A la fin des années 1960, la Chine est un pays relativement isolé sur la scène internationale. Les troubles
intérieurs liés à la Révolution Culturelle affaiblissent le pays malgré l'aura internationale du maoïsme. Si elle dispose
de la bombe A (atomique) dès 1964, la Chine n'a pas les moyens d'intervenir significativement sur la scène
internationale et reste isolée.
= Révolution culturelle (1966-1969) : campagne de «mobilisation des masses» lancée par Mao en 1966 contre les
élites en place. Elle dure jusqu'à sa mort en 1976. Mao s'appuie à cette occasion sur les jeunes (les «gardes rouges ››)
contre ses adversaires au sein du PCC. La Révolution culturelle a pour but officiel de briser les « dérives bourgeoises››
des élites et d'affirmer le pouvoir de Mao sur le parti. Son bilan humain est lourd (10 à 60 millions de morts), surtout
chez les intellectuels et les cadres du parti. Le Petit Livre rouge, un recueil de citations de Mao, est le principal outil
de la propagande maoïste lors de la révolution culturelle. Celle-ci permet à Mao de conforter son pouvoir, mais elle
engendre un désordre qui affaiblit le pays.
C. Comment la RPC rompt-elle son isolement international au début des années 1970?
Le rapprochement avec l'Occident et les Etats-Unis. La Chine cherche à sortir de son isolement diplomatique,
après sa rupture avec I'URSS en 1960. La rivalité avec Moscou conduit Pékin à se tourner vers le monde capitaliste.
En 1964, la RPC est reconnue par la France, bientôt suivie par d'autres États.
Au début des années 1970, les États-Unis de Nixon veulent se désengager de la guerre du Vietnam en évitant
que leur retrait ne profite à l'URSS, principale alliée, avec la Chine, du Nord-Vietnam communiste. De leur té, les
Chinois s'inquiètent également de l'influence croissante de l'URSS au Vietnam. Ces éléments expliquent le
rapprochement des EU et de la RPC. Durant l'été 1971, ce rapprochement se concrétise par la visite en Chine de
Henry Kissinger, conseiller diplomatique du président des EU, venu préparer la future visite du président Nixon. Les
États-Unis voulaient jouer sur la division du monde communiste pour affaiblir Moscou et favoriser le règlement du
conflit vietnamien en amenant la Chine à faire pression sur son allié nord-vietnamien. Les Chinois espéraient de leur
côté rompre leur isolement international et lever l'opposition des EU à leur entrée à l'ONU. En 1973, les accords de
paix de Paris mettent fin à la présence militaire américaine au Vietnam. Pourtant, les troupes américaines parties, le
conflit reprend et le Nord-Vietnam finit par vaincre le Sud en 1975, unifiant le pays sous un régime communiste.
=Diplomatie du ping-pong: cette expression désigne le rapprochement sino-américain durant les années 1970. La
visite en Chine de Henry Kissinger en 1971 avait été précédée, quelques mois plus tôt, par une visite de l'équipe
américaine de ping-pong. Depuis 1949, seuls 11 américains avaient été accueillis sur le sol chinois.
La reconnaissance internationale. En octobre 1971, La République populaire de Chine entre à l'ONU et
devient un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à la place de la Chine nationaliste de Taïwan. Cette
reconnaissance internationale se traduit par la visite en 1972 du président américain Nixon et par la reconnaissance
officielle de la Chine communiste par les États-Unis en 1978.
Le rôle international de la Chine demeure limité. Le bilan économique et humain de la Révolution culturelle (10
à 60 millions de morts) a profondément affaibli la Chine. Malgré ses succès diplomatiques du début des années 1970,
les échanges de la Chine avec le reste du monde restent modestes, car son ouverture économique est insuffisante.
- L'influence chinoise reste faible en Asie. Le régime cambodgien des Khmers rouges parvenu au pouvoir en 1975 et
allié de la Chine est renversé en 1979 par le Nord-Vietnam, qui a préféré l'alliance avec l'URSS à l'alliance chinoise. A
la fin des années 1970, la Chine n'est pas encore une puissance régionale majeure en Asie.
- Hors d'Asie, la RPC ne s'implante vraiment qu'en Afrique, elle soutient des guérillas indépendantistes comme au
Mozambique ou en Angola. À la mort de Mao, en 1976, la RPC n'est pas une puissance mondiale.
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II. Depuis 1976: la spectaculaire ascension d’une puissance émergente
Dans quelle mesure la Chine est-elle devenue une grande puissance ?
Quels sont les aspects et les limites de la puissance chinoise aujourd'hui ?
A. A partir de 1976, la Chine donne la priorité à l’essor économique en faisant le choix de la
modernisation et de l’ouverture sur le monde:
Le tournant de 1976-78. Mao Zedong et Zhou Enlai meurent en 1976. La Chine est alors un pays du tiers-monde,
rural et sous-industrialisé. Un tiers des habitants vit dans une extrême pauvreté. Deng Xiaoping, chef de file des
formateurs, s'impose contre les tenants de l'orthodoxie maoïste et prend le pouvoir fin 1978. Il lance alors une
politique de rupture: les Quatre modernisations (agriculture, industrie, recherche, défense) doivent combler le retard
de développement et faire de la Chine une véritable puissance. De nombreux Chinois victimes des excès de la
Révolution culturelle sont réhabilités, mais toute démocratisation est écartée.
= Quatre modernisations: Programme de réformes économiques marquant l'entrée de la Chine dans la voie du
libéralisme.
= Deng Xiaoping (1904-1997): Fils d'un paysan chinois, Deng Xiaopíng étudie en France il est séduit par le
marxisme. Membre du PCC en 1923, compagnon de route de Mao depuis les années 1930, il occupe de hauts postes
dans les années 1950. Écarté du pouvoir pendant la Révolution culturelle, il revient sur le devant de la scène dans le
sillage de Zhou Enlai. Pragmatique, modernisateur, il devient progressivement le véritable dirigeant de la Chine à la
mort de Mao en 1976, jusqu'à sa disparition en 1997. Il est à |'origine des réformes qui libéralisent l'économie
chinoise. Mais il refuse de démocratiser le régime et autorise l'usage de la force contre les manifestants de la place
Tian'anmen en juin 1989.
La Chine adopte un nouveau modèle économique: le «socialisme de marché››.
Libéralisation: Deng Xiaoping donne la priorité à la libéralisation économique, à l'industrie légère et à
l'agriculture. Les terres sont décollectivisées (le paysan reçoit le libre usage de la terre, mais n'en obtient pas la
propriété). Les sociétés d'État deviennent autonomes et les entreprises privées sont autorisées.
Ouverture: En 1980, la politique d'ouverture du territoire par la création des ZES (Zones économiques
spéciales) sur son littoral relance la croissance en favorisant l'arrivée de capitaux étrangers, pour l'essentiel en
provenance de la diaspora chinoise. Au cours des années 1980, cette politique d'ouverture économique s'étend à de
nombreuses villes et régions du littoral chinois. La Chine devient alors un pays-atelier et connaît un taux de croissance
du PIB d'environ 10 % par an depuis les années 1980.
= Socialisme de marché: expression désignant le nouveau modèle économique chinois issu des réformes de Deng
Xiaoping. Le socialisme de marché associe la libéralisation et l'ouverture de l'économie au maintien d'un régime
politique communiste autoritaire à parti unique.
= ZES: Zones économiques spéciales, zones franches bénéficiant d'avantages spéciaux (faibles droits de douane,
libre rapatriement des investissements et des bénéfices, impôts réduits pour les entreprises étrangères qui s'y installent)
qui les rendent attractives pour les investisseurs étrangers. Leur objectif est d'attirer l'installation d'industries à
vocation exportatrice. En 1980, s'ouvrent les quatre premières ZES: Shenzhen, Zhuhai, Shantou, Xiamen.
L'évolution de la diplomatie chinoise durant les années 1980. Désormais, la Chine privilégie l'économie aux
dépens de l'idéologie et n'aide plus les révolutionnaires étrangers. Elle ne cherche plus à propager la révolution
communiste à travers le monde mais plutôt à attirer les investisseurs étrangers. Elle intègre la Banque mondiale et le
FMI en 1980, multiplie les accords commerciaux avec les pays occidentaux. La coopération scientifique et culturelle
se développe ; de jeunes Chinois étudient a l'étranger. Le non-respect parla Chine des droits de l'homme et sa
répression du nationalisme tibétain entraînent parfois des tensions, mais sans remettre en cause les relations avec
l'Occident.
B. La crise des années 1989-1992
La modernisation et l'ouverture économique creusent les inégalités sociales et régionales. Grâce aux réformes
voulues par Deng Xiaoping, le niveau de vie s'élève. Mais les inégalités se creusent: la Chine urbaine et littorale
s'enrichit alors que, dans les campagnes de l'intérieur, la misère persiste. Des millions de paysans migrent vers les
villes côtières pour chercher du travail. Par ailleurs, de nombreux Chinois sont mécontents de l'inflation, de la
corruption qui s'aggrave et du manque de liberté.
Le massacre du 4 juin 1989. Encouragés par la glasnost, les étudiants réclament une libéralisation du régime.
L'agitation s'intensifie en 1989, qui marque les 70 ans du mouvement du 4 mai 1919 et du bicentenaire de la
Révolution française. Mais le 4 juin, à kin, l'armée disperse les manifestants et tue plus de 2000 personnes, malgré
les appels à la modération des pays occidentaux. La chute du Mur de Berlin, quelques mois plus tard, en novembre,
1989 demeurera sans conséquence politique en Chine.
= Glasnost: «transparence» en russe, nom donné à la politique appliquée à partir de 1985 par Mikaïl Gorbatchev en
URSS visant à rétablir la liberté d'expression.
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= mouvement du 4-Mai: nom donné à un mouvement nationaliste chinois, principalement dirigé contre les
prétentions de l'Empire du Japon sur la Chine, qui débute le 4 mai 1919.
Des sanctions de courte durée. Les pays occidentaux gèlent leurs contacts avec la Chine, qui est condamnée par
l'ONU. Pékin renforce alors ses liens avec Moscou et les pays en développement. Mais les multinationales restent
attirées par le faible niveau des salaires en Chine et par le vaste marché que constitue ce pays très peuplé et en essor
rapide. C'est pourquoi les Occidentaux renouent avec Pékin dès 1992.
C. Forces et faiblesses d'une puissance émergente:
La Chine acquiert une influence économique majeure dans les années 2000:
La Chine occupe le deuxième rang économique mondial pour le PIB depuis 2010. Son taux de croissance tourne
autour de 10% par an dans les années 1990 et 2000 grâce à sa capacité à imiter les inventions des entreprises
partenaires dans les ZES. Elle est devenue l'atelier du monde (ex: 75 % de la production de montres de la planète).
Mais aujourd'hui, elle ne se contente plus de produire des objets bas de gamme et d'accueillir les multinationales
étrangères. Elle mise sur l'innovation et ses entreprises investissent hors du pays. Sa part dans le commerce mondial
est devenue prépondérante: en 2011, elle est le premier exportateur mondial et le deuxième importateur, ce qui lui
permet de devenir le créancier du monde.
La croissance économique donne à la Chine une nouvelle place sur la scène mondiale. Elle remplace le Japon en
crise depuis les années 1990 comme moteur de la croissance en Asie. En 2001, elle fait son entrée à l'Organisation
mondiale du commerce et elle intègre le G20 en 2008. Elle obtient également en 2008 l'organisation des Jeux
olympiques (Pékin) et en 2010 celle de l'Exposition universelle (Shanghai). Sa capacité à investir, par le biais des
entreprises de sa diaspora, en Afrique et en Amérique latine, lui permet d'y faire reculer l'influence américaine et
européenne.
La Chine, une puissance géopolitique en devenir?
La Chine cultive le patriotisme pour renforcer son régime; elle n'accepte pas les ingérences des démocraties en
faveur du Tibet, des droits de l'homme ou de Taiwan. Elle a éliminé les vestiges des traités inégaux du XIXème
siècle en récupérant Hong Kong (1997) et Macao (1999). Après la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni,
Deng Xiaoping y a justifié le maintien d'une démocratie libérale par l'expression « un État, deux systèmes ». Des
soldats chinois participent à des missions de paix de l'ONU. Mais, malgré ses efforts de modernisation militaire, la
Chine ne peut rivaliser avec les États-Unis.
= traités inégaux: nom donné par les Chinois aux traités imposés à partir de 1842 par les grandes puissances
européennes, les Etats-Unis ou le Japon. La Chine devait, en vertu de ces traités, limiter ses droits de douane, céder
des concessions ou des territoires, laisser les étrangers se soustraire à l'autorité des tribunaux chinois, etc...
La Chine est encore en retrait sur la scène mondiale. Hors sa place au Conseil de sécurité de l'ONU, elle n'a pas
la capacité de s'impliquer dans les crises géopolitiques internationales. Bien qu'elle dispose du 2ème budget militaire
du monde, et malgré le succès des lancements spatiaux des taïkonautes (nom donné aux astronautes chinois depuis le
lancement d'une première fusée dans l'espace en 2003), elle accuse encore un retard technologique important.
La Chine est vue en Asie comme une puissance menaçante. Les conflits frontaliers avec le Vietnam et l'Inde, la
revendication d'îles (ex: les îles Senkaku) en mer de Chine, le soutien à la Corée du Nord communiste et la méfiance
réciproque avec le Japon, entretiennent cette situation. Cette image négative vise à être combattue par le nouveau plan
quinquennal adopté par le PCC en octobre 2010, avec comme outil le doublement mondial du nombre d'ambassades
culturelles (instituts Confucius).
La principale limite de la puissance chinoise est l'absence de démocratie politique. La Chine reste une dictature
communiste, avec le PCC comme parti unique. La croissance chinoise profite d'abord aux dirigeants politiques et
économiques du régime. La libéralisation politique du régime, «cinquième modernisation» demandée en 1989 par
les étudiants de la place Tien an-men est inexistante. Les pressions exercées par Pékin sur les États qui reçoivent la
visite du dalaï-lama, chef des Tibétains en exil depuis l'annexion de 1959, le maintien en prison du dissident politique
Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010, la censure d'Internet et l'emprisonnement d'internautes chinois militants,
montrent l'absence de libertés politiques dans ce pays devenu en partie capitaliste.
BILAN:
En 1949, les communistes diriges par Mao Zedong prennent le pouvoir dans une Chine encore rurale et
pauvre. Ils fondent un régime qui tente de moderniser le pays à marche forcée et d'en faire une grande puissance, mais
les progrès sont insuffisants. Après la mort de Mao, ses successeurs décident donc d'ouvrir la Chine aux
investissements étrangers. La croissance s'accélère et le pays devient en 2010 la deuxième économie mondiale ainsi
qu'un acteur majeur des relations internationales.
Toutefois, la Chine est encore une puissance incomplète, en devenir, qui doit faire face à de nombreux défis
internes et ne dispose pas encore de tous les attributs de la puissance.
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