cours - la chine et le monde depuis 1949

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.H… - LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS ‰„‰.
Introduction
En octobre 1949, la guerre civile chinoise – qui oppose les troupes communistes de Mao
Zedong aux troupes nationalistes de Tchang Kaï-Chek – se solde par la victoire des
communistes. Mao proclame alors la République populaire de Chine, un régime communiste
qui n’est reconnu par aucune puissance occidentale (elles reconnaissent le gouvernement en
exil de Tchang Kaï-Chek, installé sur à Taïwan, comme la Chine légale). Mao s’aligne,
jusqu’à la fin des années 1950, sur le modèle soviétique puis la rupture avec l’URSS est
consommée et la Chine tisse des liens plus étroits avec le « Tiers monde » et l’Occident.
À la mort de Mao, en 1976, un nouveau dirigeant, Deng Xiaoping, lui succède. Il lance une
politique de libéralisation et de modernisation de l’économie chinoise, que ses successeurs
poursuivent jusqu’à nos jours : il convertit l’économie chinoise au capitalisme (système
productif fondé sur la propriété privée des moyens de production et sur la concurrence), sans
pour autant abandonner le régime communiste. Cette décision permet à la Chine d’être
aujourd’hui la première puissance économique mondiale, devant les États-Unis.
Point méthode : Formuler une problématique pour une composition, c’est :
- poser une question qui fait émerger une situation paradoxale ;
- intégrer, dans la problématique, les lieux, dates et notions clefs de l’intitulé du sujet.
Problématique : Pourquoi la conversion de la Chine communiste au capitalisme à partir
du début des années 1980 lui a-t-elle permis de devenir une grande puissance mondiale ?
I. La Chine, entre copie et rejet du modèle soviétique Š ‰„‰-‰‡
A. La République populaire de Chine dans l’orbite de Moscou
Doc. vidéoprojeté : « Mao Zedong dans l’héritage des leaders communistes »
Doc. vidéoprojeté : « L’amitié entre la Chine et l’URSS »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que la Chine communiste, dans les
années 1950, est alignée sur le modèle du « grand frère soviétique ».
Le 1er octobre 1949, Mao proclame la République populaire de Chine (nom de la
Chine communiste, installée sur la partie continentale du pays) et il se rapproche de
l’URSS. La première affiche montre l’alignement idéologique et politique de la RPC sur
l’URSS. Mao est au premier plan avec, derrière lui, les portraits des idéologues
communistes (Marx, Engels) et des dirigeants soviétiques (Lénine et Staline) : il est
présenté comme leur héritier. De plus, l’affiche met en évidence le culte de la
personnalité (utilisation massive de la propagande autour d’une personnalité politique
afin de susciter une admiration de l’opinion publique) centré sur le chef, caractéristique
des démocraties populaires (expression désignant les régimes communistes pendant la
« Guerre froide » qui, contrairement à leur appellation, sont des dictatures).
La seconde affiche montre l’alignement diplomatique et économique de la RPC sur
l’URSS. Un soviétique et un chinois se serrent la main, symbole de la signature du traité
d’amitié sino-soviétique en février 1950. Il permet à la RPC de recevoir l’aide
économique soviétique : la collectivisation (mise en commun des moyens de
production) et la planification (fixation de quotas de production) sont mises en place ; la
priorité est donnée à l’industrie lourde (il y a une usine à l’arrière plan) et des ingénieurs
soviétiques supervisent la construction de barrages, d’usines et de voies ferrées.
Alignée sur l’URSS, la RPC participe, dans les premières années de la Guerre froide,
aux conflits dans lesquels l’URSS est impliquée en Asie : Pékin soutient le Vietminh
(organisation politique et paramilitaire communiste fondée en 1941 en Indochine qui
lutte contre la colonisation française afin d’obtenir l’indépendance) dans la guerre
d’Indochine (1946-1954) et les communistes dans la guerre de Corée (1950-1953).
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B. La rupture progressive entre la Chine communiste et l’URSS
Doc. 1 page 136 : « La position de la Chine à Bandung »
Doc. 2 page 237 : « Mao Zedong refuse la Coexistence pacifique »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer comment et pourquoi la Chine
communiste s’éloigne peu à peu du « grand frère soviétique ».
En avril 1955, la RPC participe à la conférence de Bandung (Indonésie), regroupant
29 États décolonisés d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique. Le ministre des affaires
étrangères chinois, Zhou Enlai, critique le colonialisme (idéologie prônant l’extension
de la souveraineté d’un État sur des territoires situés en dehors de ses frontières
nationales). Il propose aussi son aide économique aux pays du « Tiers monde »
(expression inventée en 1952 par le démographe français Alfred Sauvy pour désigner
les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie faiblement développés et intégrés à
aucun des deux blocs de la Guerre froide) et son appui politique aux nations encore
colonisées. C’est une façon de concurrencer l’URSS qui, jusque là, cherchait à séduire
ces nations pour les attirer dans son orbite. Moscou voit tout ceci d’un mauvais œil.
En février 1956, se tient à Moscou, le XXème congrès du PCUS où Khrouchtchev
annonce la déstalinisation (abandon de la pratique stalinienne du pouvoir marquée par la
terreur, la déportation dans les camps du Goulag et le culte de la personnalité. Mao
refuse cette nouvelle ligne, tout comme la « Coexistence pacifique » (phase de la Guerre
froide comprise entre 1953 et 1962, marquée par un apaisement volontaire des tensions
américano-soviétiques). Face aux critiques chinoises et à l’abandon du modèle
soviétique au profit du « Grand bond en avant » (politique mise en place entre 1958 et
1961 mobilisant les paysans pour de grands travaux et pour faire progresser la
production), l’URSS suspend son aide économique en 1960. En octobre 1962, Mao
traite Khrouchtchev de « traître » lors qu’il choisit de retirer ses missiles après la crise
de Cuba et déclare la guerre à l’Inde prosoviétique. Il dénonce également l’impérialisme
(politique étrangère menée par un État afin de dominer d’autres États par des moyens
autres que la conquête) soviétique au même titre que celui des États-Unis. La rupture est
consommée avec l’URSS mais la RPC se retrouve presque totalement isolée.
C. Une ouverture internationale pour la Chine qui reste limitée
Sur pression de Moscou, presque tous les États communistes ont tourné le dos à la
RPC. En Afrique, seule la Tanzanie s’inspire du modèle chinois pour développer son
agriculture ; en Europe, seule l’Albanie, pays communiste en rupture avec l’URSS,
soutient la RPC. Malgré le soutien chinois, les mouvements révolutionnaires maoïstes
restent marginaux, sauf les Khmers rouges au Cambodge. En Occident, certains
intellectuels sont éblouis par la « Révolution culturelle » (campagne de mobilisation des
jeunes lancée par Mao entre 1966 et 1969 pour lutter contre ses adversaires au sein du
PCC et conforter son pouvoir) et les idées diffusées par Mao dans Le Petit Livre rouge.
Mao se tourne donc vers l’Occident. En 1964, de Gaulle reconnaît la RPC comme la
Chine officielle. En 1971, elle obtient le siège de la République de Chine (nom de la
Chine nationaliste repliée à Taiwan) à l’ONU, et notamment au Conseil de sécurité.
Ceci lui permet d’obtenir le droit de veto et le droit de posséder légalement la bombe
atomique (elle l’a en réalité depuis 1964). Ce succès diplomatique pour la RPC est le
fruit du rapprochement entamé au début des années 1970 avec les États-Unis (ce faisant,
ils veulent affaiblir le poids de l’URSS dans le monde communiste en soutenant la
Chine) : en 1972, le président Nixon est en voyage officiel en Chine (c’est le premier
voyage d’un président états-unien en Chine depuis 1949).
⇒ Lorsque les communistes prennent le pouvoir en Chine en 1949, ils copient le
modèle soviétique puis s’en démarquent à la fin des années 1950 pour forger leur
propre voie de développement ; mais elle les isole sur la scène internationale.
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II. La Chine, une superpuissance mondiale majeure depuis ‰‡ ?
A. Des réformes économiques en rupture avec la tradition maoïste ?
Doc. 3 page 247 : « L’ouverture économique de la Chine depuis 1980 »
Doc. 2 page 242 : « Deng Xiaoping et les zones économiques spéciales »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que la politique menée par Deng
Xiaoping s’inscrit partiellement en rupture avec celle menée par Mao.
Mao meurt en 1976 et il est remplacé, après deux ans d’une véritable guerre de
succession, par Deng Xiaoping. En 1980, ce-dernier met en place une politique
économique, en partie en rupture avec le maoïsme (idéologie définie et mise en place
par Mao). En 1980, sont créées quatre « zones économiques spéciales » (lieux
bénéficiant de faibles droits de douane et d’impôts réduits) sur le littoral sud. En 1984,
dix villes littorales sont ouvertes aux investissements étrangers. En 1985, c’est le tour de
certaines régions rurales de pouvoir s’ouvrir à ces investissements étrangers. Enfin, en
1990, onze « zones franches » (ports exonérés de droits de douane) sont fondées dans
des ports. En dix ans, la Chine se convertit un peu au capitalisme et elle sort donc de
l’autarcie (situation dans laquelle un territoire cherche à se suffire à lui-même, avec ses
propres ressources, en se coupant commercialement du reste du monde) prônée par
Mao, au cours des années 1960 et 1970.
Mais la politique économique menée par Deng Xiaoping n’est pas en rupture totale
avec le modèle chinois. L’État chinois joue un rôle prépondérant parce que c’est lui qui
décide de la création des ZES et des zones franches, parce que les entreprises d’État y
sont encore majoritaires et parce que les capitaux étrangers ne représentent que 25% du
total des capitaux présents. De plus, au plan politique, la Chine reste une dictature
communiste inflexible : en mai 1989, des manifestations éclatent pour réclamer un
assouplissement du régime : le 4 juin, elles sont réprimées dans le sang (2000 morts) par
l’armée chinoise, ce qui soulève une indignation internationale.
B. Un géant devenu la première puissance économique mondiale
Doc. 3 page 242 : « Les principaux pays exportateurs dans le monde en 2001 et 2009 »
Doc. 8 page 244 : « Les entreprises chinoise parmi les 500 premières firmes… »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que la Chine s’est hissée, au début
des années 2000, parmi les premières puissances économiques mondiales.
Au cours des années 2000, la Chine est devenue, le premier exportateur mondial
(devant l’Allemagne et les États-Unis). En 2009, le pays représente près de 10% des
exportations mondiales (contre 4% en 2001, ce qui la plaçait au 6ème rang mondial). Ces
performances sont le résultat de la politique d’ouverture économique décidée par Deng
Xiaoping et poursuivie par ses successeurs, Jiang Zemin et Hu Jintao.
De plus, pendant la même décennie, la Chine est devenue le troisième pays détenant le
plus de FTN parmi les 500 premières mondiales. C’est le cas de Foxconn, assemble les
iPhone et les iPad pour le compte de la firme états-unienne Apple. Ceci est un signe
évident de la montée en puissance économique de la Chine.
Mais certains éléments ne sont pas abordés par les documents. La Chine intègre
l’Organisation mondiale du commerce (institution destinée à encadrer et à libéraliser les
échanges commerciaux) en 2001 et le G20 (forum regroupant les 20 premières
puissances économiques mondiales) en 2008, confirmant son statut de puissance
économique mondiale. Enfin, depuis décembre 2014, la Chine est au premier rang
mondial pour le PIB national, devant les États-Unis. Cette ascension est liée à la très
forte croissance économique (plus de 10%/an en moyenne) qu’elle a connue au cours
des années 2000 : la Chine est donc aujourd’hui davantage un « pays émergé » (pays
dont l’émergence économique est achevée) qu’un « pays émergent » (pays dont
l’émergence économique est encore en cours).
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C. Mais un État dont la puissance et le rayonnement sont limités
Mais la puissance économique chinoise est largement tributaire des marchés extérieurs
parce qu’elle est le premier exportateur mondial. De plus, elle fait encore figure, dans
bien des secteurs, de « pays atelier » (pays à qui des FTN occidentales sous-traitent la
fabrication de pièces détachées ou d’objets) même si l’industrie chinoise est de plus en
plus capable de fabriquer, toute seule, des produits à forte valeur ajoutée.
Au plan diplomatique et militaire, la Chine montre tous les signes d’une grande
puissance. Elle dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, son
armée est la plus nombreuse au monde (elle participe à de nombreuses « opérations de
maintien de la paix » sous l’égide de l’ONU, notamment en Afrique) et elle a envoyé
son premier taïkonaute (nom donné aux astronautes chinois) dans l’espace en octobre
2003. Mais des tensions persistent encore avec certains États :
- en Asie, les tensions sont fortes avec le Japon (la Chine réclame les îles
Senkaku et dénonce la non-reconnaissance de certains crimes japonais pendant
la Seconde Guerre mondiale) et avec le Vietnam (qui dénonce l’appropriation
par la Chine des iles Paracels et Spratleys en mer de Chine) ;
- l’Occident dénonce le non-respect des droits de l’homme, la nonreconnaissance des droits des minorités au Tibet (annexé par la Chine en 19501951) et le soutien chinois apporté à certains États (la Chine et la Russie
appuient notamment le régime de Bachar el-Assad en Syrie).
Enfin, au plan culturel, même si la Chine a organisé les Jeux olympiques d’été à Pékin
en 2008 et l’Exposition universelle à Shanghai en 2010, son rayonnement culturel est
limité, même s’il progresse. Ce sont pour l’instant encore les Chinois qui visitent
majoritairement les pays occidentaux (et non l’inverse). Cela dit, la diaspora (dispersion
d’un peuple à travers le monde) chinoise compte aujourd’hui 35 millions de personnes
et contribue à la diffusion de la culture chinoise dans le monde. En 2010, il existait 316
instituts Confucius (établissements culturels publics visant à dispenser des cours de
chinois et à participer à la diffusion de la culture chinoise dans le monde) dans 94 pays,
majoritairement en en Asie du Sud-Est, en Amérique du Nord et en Europe.
⇒ Après la mort de Mao en 1976, la politique de la Chine change : elle se
« convertit » au capitalisme, ce qui constitue un paradoxe pour un pays
communiste, et devient, en moins de trois décennies, la première puissance
économie mondiale. Mais son rayonnement diplomatique et culturel reste limité.
Conclusion
En 1949, les communistes remportent la guerre civile et mettent en place un régime
communiste, calqué sur l’URSS. Mais, Pékin prend ses distances puis rompt avec Moscou : la
Chine se trouve isolée sur la scène internationale. Elle se rapproche alors de l’Occident qui
commence à la reconnaître diplomatiquement à partir des années 1960. La véritable ouverture
de la Chine sur le monde se fait par l’économie avec la politique d’ouverture menée par Deng
Xiaoping dès 1980. Celle-ci permet à la Chine de devenir la puissance économique mondiale
mais son rayonnement diplomatique et culturel est encore limité.
Point méthode : Répondre à la problématique dans la conclusion d’une composition :
- il faut commencer par répondre à la problématique, posée en introduction ;
- puis il faut justifier avec une phrase ou deux la réponse apportée.
À partir de 1980, la « conversion » de la Chine au capitalisme lui permet de sortir de son
autarcie et de se faire une place dans la mondialisation. C’est cette ouverture économique sur
le monde qui lui permet de hisser au rang de première puissance économique mondiale.
Le régime communiste chinois résistera-t-il encore longtemps à un modèle économique
aujourd’hui entièrement tourné sur le capitalisme ?
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