l’omnipotence du Parti, a été enterrée. Le pouvoir est concentré entre les
mains du Bureau politique du PCC et surtout du CPBP (Comité
permanent du Bureau politique), qui a la mainmise sur le gouvernement,
la justice et l’armée. Cette domination s’accompagne des abus habituels:
non-respect de la justice et corruption. Difficile d’attendre du tandem au
pouvoir, Hu Jintao (président de la RPPC) et Wen Jiabao (Premier
ministre), le moindre changement: ils seraient, selon Lam, « obsédés de
façon pathologique par la peur de l’implosion du Parti » et n’auraient
qu’un but: lui préserver son statut de « parti dirigeant pérenne ». La mise
en avant par la direction d’une nouvelle idéologie, « la sinisation du
marxisme », voudrait dire en réalité qu’il n’est pas question d’adopter les
concepts occidentaux de démocratie et de droits de l’Homme.
Pour autant, peut-on utiliser le concept de totalitarisme pour qualifier
le régime chinois ?
C’est l’avis de Marie Holzman, qui, dans l’article écrit en collaboration
avec Chen Yan, affirme qu’aucune des bases du triple monopole,
économique, politique et idéologique mis en place sous Mao, n’a été
supprimée. Certes, la collectivisation a disparu, mais la privatisation s’est
faite au profit des cadres du Parti, qui ont toujours le contrôle de
l’économie. L’idéologie n’est plus tout à fait la même, mais elle est toujours
utilisée comme moyen de répression. Quant à la société, elle reste sous
contrôle puisque aucune force structurée ni organisation horizontale
susceptible de porter ombre à la toute puissance du Parti n’est autorisée.
Cependant, constate encore Marie Holzman, la société n’accepte plus
aussi facilement qu’auparavant cette mainmise du pouvoir. Sous l’impact
des transformations économiques, elle a énormément changé: elle s’est
diversifiée et est devenue très inégalitaire – l’une des plus inégalitaires du
CHINE, D’UN TOTALITARISMEÀ L’AUTRE
N° 41
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DOSSIER