AU QUOTIDIEN | MM22, 30.5.2016 | 109 Banque Migros L’essor chinois suscite l’admiration. Mais attention aux apparences! Son expansion repose sur des fondamentaux chancelants. Albert Steck est responsable d’analyse de marché et des produits à la Banque Migros. Si on le compare à la conjoncture morose de l’Occident, un tel chiffre paraît franchement loufoque. D’ailleurs, la réalité se présente sous un jour nettement moins rose. Le graphique ci-contre montre comment la prospérité des Chinois a évolué ces dernières années – y compris par rapport à la Suisse dont l’indice correspond à une valeur de 100. Ces données font apparaître que l’expansion de ces dernières décennies a surtout permis au pays de réduire les effets du déclin cataclysmique observé durant le règne de Mao Zedong jusqu’à la disparition de celui-ci en 1976. Il est aussi frappant de Produit intérieur brut (PIB) par habitant en comparaison avec la Suisse (indice: 100). 120% 100% 80% ■ Suisse ■ Grande-Bretagne ■ Taïwan ■ Ex-Union soviétique ■ Chine 60% 40% 20% 5 201 5 0 201 200 0 199 5 200 0 5 199 198 5 0 198 197 0 196 5 197 0 196 195 0 195 5 193 5 194 0 194 5 0 192 5 193 0 5 0% 192 Cette instabilité différencie la Chine d’une économie mature, comme celle de la Suisse, qui a pu surmonter sans problème un marasme passager. Inversement, en Chine, une phase de stagnation conduirait très vite à de grandes perturbations – ce que le Parti communiste essaie résolument de contrer avec ses objectifs de croissance ambitieux. Selon le plan quinquennal établi, la Chine doit croître au moins de 6,5% par an entre 2016 et 2020. La longue marche vers la prospérité 191 L’économie chinoise fait penser à une bicyclette. Pour conserver son équilibre, elle a besoin de la vitesse. A savoir, en l’occurrence, la croissance économique. Si celle-ci tombe au-dessous d’un certain seuil, elle risque de basculer. Tel un vélo. Sources: Banque Migros, Maddison project, OCDE. constater, depuis les années cinquante, l’écart croissant entre Taïwan et la Chine communiste continentale. Que le gouvernement appuie sur le champignon de la croissance (ou qu’il doive s’y mettre) constitue déjà un signe indiquant que l’économie actuelle se trouve dans une situation préoccupante. Le produit intérieur brut chinois (PIB) repose pour la moitié sur des investissements, contre seulement un quart en Suisse, par exemple. Les conséquences de cette bulle des investissements se traduisent par de gigantesques surcapacités, en particulier dans les aciéries ou la construction navale. Les vecteurs de cette croissance malsaine sont les 150 000 entreprises aux mains de l’Etat. On estime que 30 000 d’entre elles sont des firmes zombies artificiellement maintenues en vie. Au lieu de corriger ce déséquilibre, le Parti communiste suit un autre plan: maintenir la pédale toujours plus enfoncée – et ne freiner en aucun cas. MM Actuellement, sur blog.banquemigros.ch Informations et graphiques complémentaires sur l’évolution de la Chine. Publicité TORNADO BERNETTA Le changement climatique transforme aussi la Suisse. Compensez maintenant vos émissions de CO2 avec myclimate. www.myclimate.org