
Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2009 ; 13 : 68-77 71
tous les pays mais est plus fréquente en Asie de l’Est
et sur le pourtour de la Méditerranée. Sa prévalence
moyenne est estimée à 1/13 000. En Europe, c’est en
Italie que la prévalence est la plus élevée avec 2,5/100
000. L’atteinte des artères (3-5% des cas) touche
avec prédilection les vaisseaux pulmonaires et l’aorte
ascendante, cause essentielle de mortalité.[20 ; 21]
D) Aortites infectieuses
Syphilis
Le nom de syphilis est utilisé pour la première fois
par Girolamo Fracastoro en 1530 dans son œuvre
« Syphilis sive de morbo gallico », où il décrit l’histoire
allégorique d’un berger nommé Syphilus qui aurait été
le premier à contracter la maladie pour avoir mis en
colère les dieux...
La syphilis était la plus fréquente cause d’anévrysme
de l’aorte ascendante au début du siècle, mais depuis
l’avènement du traitement antibiotique, la syphilis
est désormais une cause exceptionnelle dans les pays
industrialisés. La période de latence pour voir apparaître
les complications aortiques est de 10 à 30 ans. Durant
la seconde phase les spirochètes infectent directement
la média de la paroi aortique, à l’origine d’une
thrombose des vasa-vasorum (tout particulièrement
de l’aorte ascendante), puis la destruction du collagène
et des fi bres élastiques. Il s’en suit la formation d’un
anévrysme. Les lésions infl ammatoires de l’anneau
aortique peuvent conduire à la sténose des ostia
coronaires [1 ; 14].
E) Aortites rhumatismales
1) Polychondrite atrophiante
La polychondrite chronique atrophiante est une
maladie infl ammatoire multi systémique d’étiologie
inconnue, affectant le cartilage. Elle est caractérisée
par des épisodes infl ammatoires récurrents affectant
les structures cartilagineuses et ayant pour résultat
l’endommagement ou la destruction des tissus.
L’incidence annuelle estimée aux Etats-Unis est de
3,5 personnes/1 000 000 d’habitants avec un pic
de déclenchement de la maladie vers l’âge de 50
ans. L’atteinte vasculaire est la seconde cause de
décès. L’insuffi sance aortique par dilatation de l’aorte
ascendante se retrouve dans près de 5 % des cas [22].
2) Spondylarthrite Ankylosante
La spondylarthrite ankylosante fait partie des
«spondylarthropathies’’, terme général qui recouvre
les arthrites réactionnelles. En Europe, la prévalence
de cette maladie est comprise entre 0,2 à 1% de la
population ; il ne s’agit donc pas d’une maladie rare.
Il existe une prédisposition génétique (présence de
l’antigène HLA-B27). Il est reporté dans la littérature
une atteinte de la racine aortique chez 61% des patients
porteurs d’une spondylarthrite ankylosante évaluée en
échographie cardiaque. L’analyse échocardiographique
peut retrouver un épaississement pariétal de la paroi
postérieure de la racine et/ou une dilatation de la
racine aortique en regard de la valve, sans dilatation des
sinus de Valsalva ou de la jonction sino tubulaire. Mais
malgré cette atteinte il n’est reporté dans la littérature
qu’un cas de dissection de l’aorte ascendante [23 ; 24].
F) Athérome
La maladie athéromateuse est une cause rare
d’anévrysme de l’aorte ascendante comparée à
l’anévrysme de l’aorte abdominale. Le ratio est de 1/7
en faveur de l’aorte abdominale. L’incidence augmente
avec l’âge.
G) Familial Thoracic Aortic Aneurysm Syndrom
Certaines familles sans manifestations cliniques
d’affections génétiques connues présentent une longue
histoire familiale d’anévrysme de l’aorte ascendante.
L’analyse de la base de données de l’équipe de Yale
par Coady et coll. retrouve près de 19% de patients,
non porteur d’une affection héréditaire connue, mais
avec une histoire familiale d’anévrysme [25]. Ces
malades sont signifi cativement plus jeunes que les
malades qualifi és de sporadiques, mais plus vieux que
les malades porteurs d’un syndrome de Marfan. Les
malades liés par une histoire familiale d’anévrysme ont
également un taux de croissance plus rapide de leur
anévrysme que les cas sporadiques ou les syndromes de
Marfan. Nous serons peut-être dans l’avenir capable de
rattacher ces syndromes familiaux d’anévrysme à une
entité nosologique défi nie.
H) La valve bicuspide
La bicuspidie est la malformation congénitale
cardiaque la plus fréquente, elle se rencontre chez 1 à
2% de la population [2]. Chez les malades de moins
de 70 ans la bicuspidie est la cause la plus fréquente de
dysfonctionnement valvulaire.
Sur une population asymptomatique du Minnesota,
sans insuffi
sance aortique ni rétrécissement aortique,
qui ne différait que sur le caractère bicuspide ou
La maladie annulo-ectasiante
V. Le Guillou et Coll.
Revue