mouvement à secondes, échappement à che-
villes et sonnerie, cristal, cadran, éguilles,
fond de la boite gravé avec soin et autres frais
dépendant du mouvement, 1200 livres
(réglé 1000)10 ».
Épargnée par le dauphin en 1772, la pendule
du grand cabinet nécessita néanmoins l’an-
née suivante les soins de Pinon qui, pour -
36 livres, la répara et la remit en état, refai-
sant l’aiguille des secondes11. Ici encore elle
suivit Louis XVI, mais dans ses appartements
intérieurs où elle donna l’heure dans la salle à
manger aux salles neuves dite des porce-
laines. Considérée comme étrangère au
Garde-Meuble de la Couronne, elle ne fut pas
inventoriée par cette administration avant
1791. Restée à Versailles, elle fut intégrée
dans le grand récolement qui précéda les
ventes révolutionnaires: « N° 1748 – une
grande pendule ornée de cinq enfants avec
corne d’abondance, massue d’armes et autres
attributs de guerre, le tout doré d’or moulu,
6000 livres12 ». La note «échangé » qui
accompagne cette description révèle qu’elle
échappa à la grande session de ventes versail-
laises qui dispersa 17182 lots entre le 25 août
1793 et le 11 août 1794. Le 13 décembre
1794 elle fit en effet partie des objets
«qui sans être nécessaires à l’instruction,
seront jugés propres aux échanges», sous le
n° 14 et une estimation ramenée à 5 50013.
Le 12 avril 1796 elle était attribuée pour une
valeur de 3 000 livres au citoyen Abraham
Alcan14, entrepreneur général des vivres de
l’armée de Rhin et Moselle, et à ce titre un des
gros créanciers de la République15 : «une
autre pendule d’un horloger de Capet surmon-
tée de 5 amours ». Nous l’avons retrouvée en
1985 au musée Pouchkine près de Saint-
Pétersbourg et avions espéré la faire figurer à
l’exposition organisée à Paris en 1989 et
consacrée au destin des collections
royales16. Depuis, nos collègues russes ont
pu poursuivre son histoire à partir des achats
effectués en 1798 auprès du négociant
Xavier-François Labensky pour l’ameuble-
ment du tsar Paul Ier au château Saint-
Michel17. Elle semble être alors encore entiè-
rement dorée et les figures pourraient n’avoir
été bronzées que pour être en conformité
avec les bronzes plus modernes acquis pour
le souverain.
Notons que les Menus-Plaisirs avaient à nou-
veau traité les thèmes des deux pendules
65
FÉVRIER 2016
La Paix et l’Abondance
, baromètre allégorique.
Sculpture de J.-J. Lemaire. Versailles, musée national
des châteaux de Versailles et de Trianon. © RMN-Grand
Palais (château de Versailles) / Daniel Arnaudet
2 Arch. nat., O1 3036, dossier 2, pièce 252. Il pourrait
s’agir aussi d’une manifestation de curiosité technique
car les mémoires d’horlogers témoignent de nombreuses
réparations liées à des démontages intempestifs.
3 Arch. nat., O1 3510, O1 3329 f° 202.
4Ibid. et O1 3371.
5Ibid., O1 3089, dossier 4, pièce 35. Avant l’envoi aux
Tuileries elle était entreposée chez Lamy Gouge
horloger et valet de chambre du Roi (O1 3510).
6 Ibid., O1 3510.
7 A. Maze-Sencier, Le Livre des Collectionneurs, Paris
1885, pp. 276-277. G. Bapst, « Notes et souvenirs
artistiques sur Marie-Antoinette », Gazette des
Beaux-Arts, 1893-2, pp. 384-386.
8 P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIesiècle,
Paris 1987, p. 460.
9 Je remercie Vincent Bastien de m’avoir signalé
cette vente.
10 Arch. nat., O1 3029B.
11 Ibid., O1 3041, dossier 2, pièce 413.
12 Bibl. Hist. Ville de Paris, Manuscrit MS 796, f° 132 sq.
Arch. Musée du Louvre, V3 (1eliasse), janvier 1795.
13 Arc. Dép. Yvelines, 2 Q 67.
14 Bibl. Municipale Versailles, Manuscrit 437, n° 14
de la Liste civile.
15 C. Baulez, « Le choix du citoyen Alcan »,
Drouot 1984-1985, pp. 149-151.
16 cat. expo. De Versailles à Paris. Le destin des
collections royales, Centre culturel du
Panthéon, mairie du Vearrondissement de Paris,
ouvrage collectif sous la direction de
Jacques Charles-Gaffiot, 1989, n° 94, pp. 249-250.
17 I. Zek, « Bronzes d’ameublement et meubles
français achetés par Paul Ier pour le château Saint-
Michel de Saint-Pétersbourg en 1798-1799 », Bulletin
de la Société de l’Art français, 1994 (1995),
pp. 142-143, 156, 158.