liance thérapeutique est de rigueur. De nouvelles modalités
d’information émergent afin de permettre à chacun de mieux
connaître sa maladie pour mieux la combattre. Les épilepsies
n’échappent pas à cette évolution.
Un besoin accru d’information
Des études ont mis en évidence le souhait des patients ou
des familles d’être mieux informés sur l’épilepsie (Prinjha S et
al., 2005, McNelis AM et al., 2007). Dans l’enquête réalisée en
Bretagne, la majorité des patients déclarent recevoir des infor-
mations à chaque consultation. Mais plus d’un tiers des patients
interrogés ne sont pas satisfaits de l’information reçue concer-
nant les traitements, la prévention des blessures, la grossesse,
l’hérédité, les loisirs et les aides sociales. Cependant, seuls 10 %
ne sont pas satisfaits du suivi médical proprement dit (Roué,
2007).
D’autres études confirment l’insuffisance des connaissances
des patients sur la maladie de façon générale et sur leurs droits et
devoirs. Un quart des patients dans l’enquête bretonne ne
savaient pas répondre à la question « Quel type de crise avez-
vous ? ». Un patient qui pourra donner une information sur son
propre cas fait gagner du temps et de l’efficacité à un soignant
rencontré aux urgences par exemple.
L’éducation thérapeutique est une notion
déjà ancienne
La reconnaissance officielle de l’éducation thérapeutique
vient d’être renforcée par la publication d’un guide méthodolo-
gique de la Haute Autorité de santé. L’éducation du patient est
l’un des objectifs majeurs du plan du ministère de la Santé et des
Solidarités pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes
atteintes de maladies chroniques 2007-2011 (avril 2007) (mesu-
resn°3,4,5,6).
Le nombre de publications sur ce sujet augmente, mais
l’évaluation des programmes fait souvent défaut ou est criti-
quable.
L’éducation thérapeutique est un « processus permanent,
intégré » dans les soins, « centré » sur le patient. L’éducation
thérapeutique permet d’aider les patients à acquérir ou mainte-
nir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur
vie avec une maladie chronique (définition pour la Haute Auto-
rité de santé). Cette notion de continuité traduit la nécessité de
prolonger le suivi au-delà d’une seule consultation médicale.
Beaucoup d’auteurs s’accordent à dire que la connaissance et la
compréhension de la maladie influencent la capacité du patient
à y faire face. Cela est valable pour différentes pathologies
chroniques.
Dans le diabète, il s’agit d’un « volet fondamental » de la
prise en charge selon les recommandations de l’HAS. Pour la
polyarthrite rhumatoïde, l’éducation thérapeutique est « re-
commandée » (grade B, HAS 2007). Des programmes pour
l’asthme sont aussi reconnus en particulier chez l’enfant (HAS
2002).
Pour l’épilepsie, les objectifs seraient aussi d’amener le pa-
tient à devenir acteur et à adhérer à son projet de soin. L’ambi-
tion étant ainsi d’améliorer le vécu, et d’influencer de façon
positive l’évolution de la maladie. L’objectif économique ne
doit pas être perdu de vue. Il est intéressant de pouvoir réduire
les passages aux urgences, les hospitalisations et les états de mal.
Une consultation médicale trop brève
Le temps de consultation est souvent limité pour évoquer
tous les paramètres associés à la maladie et permettre aux
patients d’exprimer leur propre questionnement. Le patient
doit être régulièrement informé des risques domestiques, de la
législation en matière de conduite automobile, des modalités de
suivi des grossesses. Certains patients consultent peu, réduisant
encore leur chance d’une mise à jour de leurs connaissances. La
démographie médicale actuelle et future ne permettra pas de
couvrir les besoins, et de nouveaux partenariats seront nécessai-
res. La majorité des parents et deux tiers des patients interrogés
souhaitent participer à des réunions d’information. Ce souhait
s’exprime indépendamment du contrôle des crises.
Le rôle des associations
Les associations de patients sont des partenaires essentiels.
Elles contribuent à la diffusion des connaissances sous diverses
formes (documents écrits, site Internet, conférences). Elles assu-
rent un soutien des patients et de leur famille en fonction de
leur implication locale. Elles diffusent le savoir-faire des pa-
tients. Les associations ont aussi besoin de professionnels de
santé. Les programmes d’éducation thérapeutique ne peuvent
pas s’élaborer sans le point de vue des patients dont les attentes
doivent être connues des soignants.
Les écoles de l’épilepsie
Différents programmes ont été réalisés à l’étranger, et cer-
tains d’entre eux ont été évalués.
L’objectif est d’améliorer la prise en charge des patients
concernés par la maladie épileptique en approfondissant leur
connaissance sur la maladie, et d’agir sur les conséquences
médicosociales et leur qualité de vie. Chaque session comporte
des cours sur la connaissance de l’épilepsie, sur l’apprentissage
des gestes pratiques, sur les aspects sociaux de la maladie, sur les
droits et devoirs du patient envers son employeur, son assu-
reur... À Genève, par exemple, cette école a pu démontrer que le
niveau de connaissances et les attitudes des patients influencent
la prévalence de l’état de mal épileptique (Dunand, 2001). Ces
sessions d’éducation chez une population d’adolescents ont
permis une amélioration de l’estime de soi (Regan, Gary, 1993).
L’évaluation d’un programme d’éducation germanique s’adres-
sant à des patients âgés de plus de 16 ans a aussi confirmé les
bénéfices (May et Pfafflin, 2002). Les patients ayant suivi les
sessions d’informations présentent moins de crises. Les patients
estiment avoir plus de connaissances et acceptent mieux leur
pathologie.
N. de Grissac-Moriez
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E
´pilepsies, vol. 20, n° 2, avril, mai, juin 2008
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