c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 1/17 X Maths 2 MP 2003 — Corrigé Ce corrigé est proposé par Julien Lévy (ENS Ulm) ; il a été relu par Jean Starynkévitch (ENS Cachan) et Walter Appel (Professeur en CPGE). Cette épreuve d’algèbre linéaire se propose de démontrer un élégant théorème de coréduction : Si E est un C-espace vectoriel et si G est un sous-groupe de GL(E) formé d’éléments unipotents, alors il existe une base de E dans laquelle tous les éléments de G sont représentés par des matrices triangulaires supérieures dont les coefficients diagonaux sont égaux à un. Ce problème ne requiert pas l’utilisation de théorèmes complexes, mais une certaine dextérité dans la manipulation des matrices et une bonne intuition en algèbre linéaire. Dans la première des quatre parties de ce problème, on effectue les calculs classiques des commutants de SO(2, R) d’une part, et de SO(n, R) pour n > 3 d’autre part. Dans la deuxième, on montre que le commutant d’une partie irréductible de L(C n ) est trivial. La troisième constitue la démonstration proprement dite du théorème de coréduction annoncé. Enfin, dans la quatrième et dernière partie de ce problème, on établit le lemme « clef » de la démonstration de la partie précédente : la seule sous-algèbre irréductible de L(C n ) contenant idn est L(C n ) tout entier. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 2/17 Indications Première Partie 2 Qu’est-ce qu’un élément de SO(2, R) ? 3.a Utiliser la question 1. 3.b Utiliser la rotation d’angle π/2 pour la dimension 2, et généraliser pour les dimensions supérieures. Deuxième Partie 4 Une matrice de SO(2, R) est une matrice de passage d’une base orthonormée directe vers une base orthonormée directe. 6 Utiliser la question 5. 7 Qu’a-t-on calculé dans la première partie ? Troisième Partie 8 Montrer que si x est nilpotent d’ordre p, alors (id −x) est inversible, d’inverse p−1 P xk . k=0 11 Quelle est la trace d’un endomorphisme nilpotent ? 12 Utiliser la question 11. 13 Faire une récurrence sur la dimension de E et utiliser la question 12. 14 Faire une récurrence sur la dimension de E et utiliser la question 13. Quatrième Partie 15.c Montrer que si x est un vecteur non nul de E, alors Wx = {w(x) w ∈ W} = E. 16 Construire W′ à partir de certains Vj qui ne sont pas dans W, en pensant au théorème de la base incomplète. 17 Montrer que Ai,j est dans le commutant de W. P 19 Calculer Ai,j (ei ). i 20 Utiliser les questions 15.c et 19. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 3/17 Première partie 1 Soit B une matrice de M (n, R) commutant a1 b1,1 a1 b1,2 a2 b2,1 a2 b2,2 AB = . .. .. . et an bn,1 a1 b1,1 a1 b2,1 BA = . .. a1 bn,1 an bn,2 a2 b1,2 a2 b2,2 .. . a2 bn,2 avec A. Alors, on a · · · a1 b1,n · · · a2 b2,n .. .. . . · · · an bn,n · · · an b1,n · · · an b2,n .. .. . . · · · an bn,n En identifiant les coefficients d’indice (i, j) dans l’égalité AB = BA, on trouve ai bi,j = bi,j aj . L’hypothèse ai 6= aj implique bien bi,j = 0 2 Le groupe SO(2, R) est constitué des matrices de la forme a −b b a où a et b sont des réels vérifiant a2 + b2 = 1. Soit A une matrice de M (2, R) commutant avec toute matrice de SO(2, R). Écrivons x y A= z t Soient a et b deux réels vérifiant a2 + b2 = 0. Calculons x y a −b a −b x y · = · z t b a b a z t xa + yb −xb + ya xa − zb ya − tb = za + tb −zb + ta xb + za yb + ta En mettant tous les termes de cette dernière égalité à gauche, il vient y+z t−x b =0 t − x −y − z En prenant (a, b) = (0, 1), on en déduit que x = t et y = −z. Réciproquement, il suffit de « remonter » les calculs pour vérifier que toute matrice de la forme x −y avec x ∈ R et y ∈ R y x commute avec toute matrice de SO(2, R). Le commutant de SO(2, R) est donc l’ensemble x −y x ∈ R, y ∈ R y x Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 4/17 Il est indispensable de connaître le groupe SO(2, R). Il faut aussi savoir que le groupe des déplacements de l’espace affine R2 est constitué des rotations et des translations. Le commutant que l’on a calculé est en fait le groupe des similitudes, auquel on a ajouté la matrice nulle. 3.a Soit n > 3. Soit B ∈ M (n, R) commutant avec toute matrice de SO(n, R). Montrons que B est une matrice diagonale. Montrons d’abord que b1,2 est nul. Notons 1 0 0 e A 0 e = 0 −1 0 A= où A 0 In−3 0 0 −1 Alors A t A = In donc A ∈ O(n, R). De plus, comme son déterminant vaut 1, A est dans SO(n, R). Puisque B commute avec A, et comme a1 6= a2 , d’après la question 1, b1,2 est nul. De même, pour i et j distincts dans [[ 1 ; n ]], comme n > 3, on choisit un k dans [[ 1 ; n ]], distinct de i et de j. Alors, en utilisant la matrice diagonale A dont les coefficients diagonaux sont −1 si ℓ = j ou k aℓ = 1 sinon on montre bi,j = 0. On en déduit que B est une matrice diagonale. Il est bon de connaître les différentes caractérisations des matrices orthogonales. La plus utile d’entres elles est sans doute celle utilisée ici : A ∈ O(n, R) ⇐⇒ t A A = In 3.b Soit B une matrice dans le commutant de SO(n, R). D’après la question 3.a, c’est une matrice diagonale. Notons (b1 , . . . , bn ) ses coefficients diagonaux et montrons que B = b1 In . Montrons par exemple b2 = b1 . Notons e 0 −1 A 0 e A= où A = 1 0 0 In−2 t Alors A A = In donc A ∈ O(n, R). En outre, e det In−2 = det A e =1 det A = det A. d’où A ∈ SO(n, R). Ainsi, A et B commutent. De plus, en notant e1 et e2 les deux premiers vecteurs de la base canonique de Rn , on a AB(e1 ) = A(b1 e1 ) = b1 e2 et BA(e1 ) = B(e2 ) = b2 e2 de sorte que b1 = b2 . Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr .