ressant encore, aucun des patients
pour lesquels le diagnostic d’IDM
est exclu à la 1re heure n’a présenté
ce diagnostic au cours du suivi.
Comme cela a été précisé, et conformé-
ment aux recommandations(2), la plupart
des études ont utilisé le 99epercentile
pour seuil. Or, la Tn permettant de strati-
fier le risque, et le dosage hypersensible
permettant de détecter des concentra-
tions 10 fois plus faibles, la question a
été posée d’exclure dès l’admission les
patients dont les concentrations de TnT-
HS se trouvent à la limite de détection
de la technique.
R. Body et al. ont ainsi proposé une appro-
che où le dosage permet l’exclusion du
diagnostic d’IDM dès l’admission(6). Parmi
703 patients consultant aux urgences
pour douleur thoracique, la concentra-
tion initiale de TnT-HS était < 3 ng/L chez
195 d’entre eux. À 6 mois, aucun de ces
patients n’avait présenté d’IDM. Dans
cette gamme de concentrations,
la capacité du test à exclure le dia-
gnostique est de 100 %, quel qu’ait
été le délai des symptômes avant
prélèvement. Sur une cohorte de vali-
dation de 915 malades, un seul a pré-
senté une élévation secondaire de TnT-
HS au-delà du 99epercentile alors que la
concentration initiale était < 3 ng/L.
L’exemple de la TnT-HS et des progrès
liés à la meilleure connaissance de ses
caractéristiques illustre comment l’ap-
prentissage des marqueurs permet d’en
améliorer l’utilisation.
Ainsi, en intégrant la TnT-HS pas à
pas dans un raisonnement clinique
Bayesien, il est envisageable demain
de poser le diagnostic d’exclusion plus
rapide pour les patients exempts de
complications de l’athérothrombose
coronaire, mais aussi d’orienter et trai-
ter plus rapidement ceux constituant
un IDM. Au regard des études les plus
récentes, les progrès des techniques
de dosage permettront à n’en pas
douter d’améliorer encore les pratiques
cliniques.
Références
1. Hamm CW et al. N Engl J Med 1997 ; 337:1648-53.
2. Thygesen K et al. Eur Heart J 2007 ; 28:2525-38.
3. Reichlin T et al. N Engl J Med 2009 ; 361:858-67.
4. Keller T et al. N Engl J Med 2009 ; 361:868-77.
5. Reichlin T et al. Arch Intern Med 2012 ; 172:1211-8.
6. Body R et al. J Am Coll Cardiol 2011 ; 58:1332-9.
lyse de 6 études contrôlées, por-
tant sur 1 627 patients, elle est
associée à une diminution de
31 % de la mortalité(7, 8).
L’étude PROTECT(9) confirme l’intérêt de
ce suivi biologique, en retrouvant une amé-
lioration du pronostic des patients insuffi-
sants cardiaques surveillés avec le
NT-proBNP (valeur cible < 1 000 pg/mL),
associée à une optimisation de leur
traitement, avec une prescription plus forte
d’antagonistes des récepteurs minéralo-
corticoïdes (ARM) et une régression du
remodelage ventriculaire gauche. À noter
que cette étude retrouve ce bénéfice éga-
lement chez les patients de plus de 75 ans.
Il reste cependant à déterminer quelles
sont les modifications thérapeutiques qui
devraient être fondées sur les valeurs
des taux de PN. En effet, s’il paraît logique
de modifier les doses de diurétiques pro-
ximaux en fonction de ces concentrations
qui sont directement reliées au niveau
des pressions intraventriculaires, les poso-
logies des traitements à visée neurohor-
monale de l’insuffisance cardiaque, IEC,
ARAII, bêtabloquants, ARM, doivent obéir
aux recommandations internationales qui
en fixent les valeurs cibles. Cependant, il
paraît évident à l’analyse des études que
la connaissance des concentrations des
PN a un impact sur ces derniers traite-
ments, avec un effet incitatif, les taux
élevés amenant à majorer davantage les
traitements jusqu’à la dose optimale et
luttant contre l’inertie thérapeutique.
Ainsi de manière pragmatique, il sem-
ble pertinent de surveiller les concen-
trations des peptides natriurétiques
chez les patients d’âge ≤ 75 ans et
présentant une IC systolique, après
une décompensation pour sélection-
ner les plus à risque (NT-proBNP >
2 200 pg/mL) et leur proposer un suivi
renforcé mensuel. En phase de stabi-
lité, on instaure un contrôle tous les
3 mois chez les patients en stade
III-IV de la NYHA et tous les 6 mois
chez ceux en stade II, afin d’adapter
la posologie des diurétiques en ciblant
un taux de NT-proBNP < 1 000 ng/L,
après s’être assuré que les doses des
médicaments à action neurohormo-
nale sont le plus proche possible des
doses cibles recommandées. Un dosage
sera réalisé en cas de survenue de
symptômes atypiques pour détecter
précocement une décompensation à
un stade où elle est encore accessible
à une thérapeutique ambulatoire.
&Marqueurs
&Marqueurs
3
Tableau 1. Résultats des travaux s’intéressant à l’utilisation des peptides natriurétiques
de type B comme un guide du traitement de l’insuffisance cardiaque chronique
Valeur cible Résultats
Après une décompensation cardiaque
BATTLESCARRED (2010) NT-proBNP < 1 300 pg/mL Mortalité : NS
(n = 364), âge moyen : 76 ans ≤ 75 ans mortalité (15,5 vs 31 % à 3 ans,
p< 0,05)
> 75 ans NS
PRIMA (2010) Valeur cible individualisée Survie sans hospitalisation : NS
(n = 345), âge moyen : NT-proBNP sorties/J15
72 ans (≤ 2 492 pg/mL)
Cibles atteintes ≥75 % des visites Mortalité, p < 0,01
(58 % des patients)
VIENNESE (2010) NT-proBNP < 2 200 pg/mL Réhospitalisation pour IC
(n = 278) Mortalité : NS
En phase de stabilité
Troughton (2000) NT-proBNP < 736 pg/mL Décès et hospitalisations pour IC
(n = 69), âge moyen : 68 ans
STARTS (2007)
(n = 220), âge moyen : 66 ans BNP < 100 pg/mL Décès et hospitalisations pour IC
NYHA II-III
TIME-CHF (2009) Population totale Survie sans hospitalisation : NS
(n = 499), âge moyen : 77 ans < 75 ans : NT-proBNP < 400 pg/mL RR : 0,70 (IC 95 % : 0,49-1,01; p = 0,05)
NYHA II-IV ≥ 75 ans : NT-proBNP < 800 pg/mL RR : 0,70 (IC 95 % : 0,82-1,47; NS)
PROTECT (2010) NT-proBNP < 1000 pg/mL Evénement cxvx en rapport avec une
(n = 151), FE ≤40 % hospitalisation pour IC