Plusieurs études récentes ont montré qu’il existe des différences
entre les concentrations en Nt-proBNP des chats témoins en bon-
ne santé, des chats atteints de cardiopathie asymptomatiques et
des chats souffrant d’insuffisance cardiaque congestive.1,2
Ce test peut donc se révéler utile sur le plan de la clinique, en tant
que test initial permettant de dépister une affection cardiaque
suspectée chez un chat. En outre, ce test peut aider à différen-
cier les causes respiratoires des causes cardiaques en cas de
dyspnée chez un chat symptomatique.3,4
Pression artérielle : La pression artérielle de Tabor, mesurée à
l’aide d’un sphygmomanomètre et d’une sonde Doppler, était
normale (la moyenne des cinq mesures réalisées dans une pièce
calme était de 150 mmHg).
Résultats de l’échocardiogramme : Les figures 1 à 3 mettent en
évidence une hypertrophie ventriculaire gauche. (Ce n’est pas
la meilleure incidence pour effectuer des mesures quantitatives,
mais la réalisation d’une coupe petit axe en mode M révèle une
épaisseur de paroi de 6,5 mm.) L’examen montre une hypertro-
phie asymétrique du septum ; une obstruction dynamique de la
chambre de chasse du ventricule gauche (présence d’un mou-
vement systolique antérieur du feuillet de la valve mitrale) et une
insuffisance mitrale associée sont également documentées.
Les figures 2 et 3 montrent une partie de la valve mitrale à l’origine
de l’obstruction dynamique de la chambre de chasse du ventri-
cule gauche. Cette obstruction entraîne des turbulences du flux
sanguin dans la chambre de chasse du ventricule gauche, ce
qui contribue au souffle cardiaque. Le soulèvement de la valve
mitrale provoque une insuffisance de cette dernière et, à la suite,
une régurgitation mitrale. Une hypertrophie de l’atrium gauche est
également observée.
Diagnostic final
Il s’agit-là d’un tableau clinique assez représentatif d’un chat pré-
sentant une myocardiopathie hypertrophique obstructive
(CMHO). La forme obstructive, confirmée par la présence d’un
mouvement systolique antérieur de la valve mitrale, est une com-
posante fréquente de la maladie (signalée dans plus de 60 % des
cas). Un souffle cardiaque est souvent découvert de façon for-
tuite au cours de l’examen clinique. Dans le cas présent, l’aug-
mentation de la concentration en Nt-proBNP est venue étayer
l’hypothèse d’une cardiopathie, qui a été confirmée et documen-
tée par l’échocardiographie de contrôle.
Prise en charge recommandée
Le traitement d’une myocardiopathie asymptomatique chez le
chat reste controversé et il n’y a pas à l’heure actuelle de consen-
sus quant à sa prise en charge. À ce jour, on ne dispose d’aucun
élément permettant d’affirmer que le traitement permet de ralentir
l’évolution de la maladie ou de retarder l’apparition des signes
cliniques, ou qu’il en améliore le pronostic.
Certains cardiologues préfèreraient ne pas recommander de trai-
tement alors que d’autres se prononceraient en sa faveur. Compte
tenu de la présence d’une obstruction dynamique de la chambre
de chasse du ventricule gauche, un bêta-bloquant tel que l’até-
nolol pourrait être administré une ou deux fois par jour et la dose
adaptée de manière à atteindre une fréquence cardiaque au re-
pos comprise entre 160 et 180 battements par minute. Un inhibi-
teur calcique pourrait être envisagé étant donné l’importance de
l’hypertrophie ventriculaire gauche. Un inhibiteur de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine (IECA) pourrait également être envi-
sagé du fait de la dilatation de l’atrium gauche. Certains cardiolo-
gues auraient éventuellement recours à l’association d’un IECA et
d’un inhibiteur calcique ou un bêta-bloquant.
L’intervalle auquel il est nécessaire d’effectuer un contrôle est sub-
jectif. Dans le cas où un bêta-bloquant a été administré, il semble
raisonnable de revoir le chat au bout de 1 à 2 semaines afin de
mesurer sa fréquence cardiaque et d’adapter la dose en consé-
quence. De nombreux cardiologues pratiqueraient une nouvelle
échocardiographie au bout de 6 à 12 mois. Des radiographies du
thorax seraient indiquées dans le cas où le chat viendrait à pré-
senter des signes cliniques d’insuffisance cardiaque congestive
(tachypnée, dyspnée, toux ou syncope, par exemple).
L’intérêt de réaliser une surveillance des concentrations en Nt-
proBNP est actuellement à l’étude. Il est nécessaire de mener des
études supplémentaires pour établir s’il existe une corrélation en-
tre l’augmentation des concentrations en Nt-proBNP et l’évolution
de la maladie, ou pour savoir si une prise en charge réussie s’ac-
compagne d’une stabilisation ou d’un abaissement des concen-
trations en Nt-proBNP.
Bien que la prise en charge de la cardiopathie de Tabor ne soit
pas simple, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt de pouvoir poser
un diagnostic avec certitude. Les propriétaires de Tabor savent
maintenant que leur chat a une affection cardiaque. Il peut leur
être demandé de surveiller l’animal plus étroitement afin d’être à
même de déceler tout signe évoquant l’apparition d’une insuffi-
sance cardiaque congestive (accélération de la fréquence respi-
ratoire, dyspnée, toux, intolérance à l’exercice ou léthargie). En
cas de signes cliniques, les propriétaires de Tabor sauront qu’ils
doivent consulter leur vétérinaire dans les plus brefs délais.
Références
1. Connolly DJ, Soares Magalhaes RJ, Syme HM, Boswood A, Fuentes VL,
Chu L, Metcalf M. Circulating natriuretic peptides in cats with heart disease.
J Vet Intern Med. 2008;22:96–105.
2. Fox PR, Oyama MA, MacDonald K, Reynolds CA. Assessment of Nt-
proBNP concentration in asymptomatic cats with cardiomyopathy [ACVIM
Abstract 191]. J Vet Intern Med. 2008;22:759.
3. Wess G, Daisenberger P, Hirschberger J. The utility of NT-proBNP to diffe-
rentiate cardiac and respiratory causes of dyspnea in cats [ACVIM Abstract
28]. J Vet Intern Med. 2008;22:707.
4. Fox PR, Oyama MA, MacDonald K, Reynolds CA. Comparison of Nt-proB-
NP concentration in cats with acute dyspnea from cardiac or respiratory
disease [ACVIM Abstract 65]. J Vet Intern Med. 2008;22:719.
Figure 3. Coupe grand axe en mode 2D correspondant à une image en sy-
stole. Le signal de l’échographie Doppler couleur apparaît sur cette image.
Nous voyons des turbulences du flux sanguin dans la chambre de chasse
du ventricule gauche (représentées par l’aspect moucheté en couleur). Un
jet de régurgitation mitrale (RM) est également visible, probablement du
fait du soulèvement de la valve mitrale.
Chambre de chasse du
ventricule gauche
Atrium gauche
RM