J’m’ennuie de ma mère! Bonjour,
C’est avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation
lancée par Dre Quesnel de prendre la plume pour
vous adresser quelques mots. J’œuvre au sein du
réseau depuis plus de 30 ans et, à titre de nouvelle
présidente-directrice générale de l’Agence, je suis
bien consciente de la réalité et des charges de
travail importantes des médecins omnipraticiens.
Pour cela, je tiens à vous remercier de votre
engagement quotidien à offrir à la population
montérégienne des soins et des services de grande qualité.
L’amélioration de l’exercice de la profession passe par
l’organisation des soins et des services et, à ce titre, la colla-
boration interprofessionnelle permet une meilleure prise en
charge des clientèles vulnérables, ces dernières occupant
souvent une grande partie de votre temps. Il s’agit donc
d’une avenue que nous encourageons et que nous conti-
nuerons à soutenir dans les prochaines années. Les CSSS
sont vos partenaires dans les modalités de soutien à la
pratique médicale; déjà plus de 30 GMF sont constitués et
4 cliniques-réseau fonctionnent. Un guichet d’accès pour
les clientèles orphelines et un intervenant pour les
personnes avec maladies chroniques sont ou seront
bientôt mis en place dans chaque territoire. En paral-
lèle, nous continuons à faire des représentations
vigoureuses auprès des différentes instances du
Ministère afin d’augmenter les effectifs médicaux.
Comme vous le savez sûrement, le DrJean Rodrigue
siège à la Table de concertation sur l’accès aux
médecins de famille et aux services de première
ligne récemment mise en place par le ministre. Cette
nomination est une excellente nouvelle pour nous tous
puisqu’elle nous permettra de faire entendre une voix
supplémentaire auprès des instances ministérielles. J’en
profite donc pour féliciter chaleureusement le DrRodrigue
pour cette nomination.
Je vous souhaite un très bel été!
Claire Pagé
Présidente-directrice générale, ASSS Montérégie
Le processus de renouvellement des GMF a été
amorcé en février 2009. À titre de rappel, une
rencontre a eu lieu avec tous les responsables de
GMF en novembre 2008. Les directives ministé-
rielles ont été exposées lors de cette rencontre,
mais surtout, la démarche préconisée par l’Agence
et le DRMG a été bien expliquée.
Le comité de direction du DRMG a soutenu que
cette démarche de renouvellement des GMF devait
à la fois être équitable, c'est-à-dire favoriser un juste partage
des ressources entre les GMF, et être respectueuse de chacune
des particularités des GMF. La Montérégie est une région
très disparate où l’on retrouve à la fois des secteurs très
urbanisés et des secteurs ruraux isolés des grands centres
urbains. La répartition des effectifs médicaux n’est pas
égale. L’évaluation des offres de service doit tenir compte
de ces différences.
Dans un premier temps, une démarche de collecte de données
est en cours. Chacun des GMF est visité et ceci permet de
relativiser les différents contextes de pratique. L’Agence
recueille un ensemble de données émanant des
GMF : inscriptions, nombre d’ETP, offre de service,
etc. Le représentant local du DRMG est associé de
près à cette tournée : il participe à la visite, il reçoit
et étudie les rapports d’analyse des offres de service
pour chacun des GMF de son territoire.
Dans un deuxième temps, le COSM et le comité de
direction du DRMG se positionneront sur les plans
d’action à donner aux différents GMF. Des critères d’appré-
ciation pour l’évaluation des GMF qui n’ont pas atteint leur
cible d’inscriptions ont été émis par le Ministère. Les plans
d’action proposés se baseront sur ces critères. Ils devraient,
nous l’espérons, être cohérents, et surtout respecter les
deux valeurs que nous avons mises de l’avant lors de notre
rencontre de novembre : l’équité et le respect.
Ces plans d’action nous amèneront « harmonieusement »
vers le renouvellement de l’accréditation qui devrait avoir
lieu dans la prochaine année.
DrMichel Camirand, président du COSM
Le comité sur l’organisation
des services médicaux de première
ligne (COSM)
Le dossier de l’heure : le renouvellement des GMF
je débute ma semaine de garde…
Sept jours de garde, disponible 24 heures
sur 24. Sept jours où le temps suspend
un peu son cours. Madame «X»,
première patiente. Raison de
consultation:délirium de novo. Civière
45… Dans un corridor bondé,
Madame «X» me regarde, regard
hagard. De toute évidence, il faudra
appeler la famille. Questionnaire
impossible. 6 h 30, pas vraiment
une heure décente pour appeler
les gens. Je la rassure, remettant la
petite couverture de flanelle sur
ses épaules. Je ne crois pas qu’elle
sait ce que je fais dans la vie, ni ce
qu’elle fait ici. En attendant, je
recherche son dossier antérieur,
m’attendant à une « brique ». Surprise,
un dossier très mince. Dans le calme du
matin, j’apprends qu’au début des années
50, Madame «X» avait été hospitalisée trois
jours pour une exérèse d’ongle incarné…
Trois jours où Sœur Antiseptique avait consigné
religieusement tous les détails du changement de
pansement, la façon dont elle faisait bataille aux méchants
microbes. Je ne crois pas qu’ils ont su lui résister… On ne
voit plus ça de nos jours… Les bactéries nous résistent tout
le temps…
Bon, il faut que je me mette à l’œuvre, j’ai tellement à
faire… Demandes de consultations diverses, d-dimères
augmentés, QT allongés… Curieuses demandes de consul-
tations… Je me souviens, il n’y a pas si longtemps, les
demandes n’étaient pas si pointues. Pyélonéphrites qui
demandent une antibio iv., thrombophlébites qui deman-
dent de l’héparine iv. On gardait tous ces cas à l’hôpital…
Je me souviens aussi, qu’exaspérée de m’être fait réveiller à
3 heures du matin pour un temps de céphaline afin d’ajuster
la dose d’héparine, on avait pensé à instaurer des proto-
coles… Puis l’héparine de bas poids moléculaire. Enfin, tout
ça pour nous faciliter la tâche, et pourtant, 15 ans plus tard,
j’ai l’impression que la tâche est de plus en plus lourde.
Pourquoi? Malgré tous les beaux projets, les plateaux
techniques, je me sens de plus en plus seule et débordée.
Parlons-en des beaux projets! Je me souviens que jeune, ma
mère et moi avions entrepris un projet de piquer des cour-
tepointes. Ma mère, très habile couturière, me demandait
de l’aider pour la technique de piquage;
j’étais assez bonne à ce niveau. Mon
père, voyant mon talent certain, décida
de nous acheter un énorme métier
à piquer. Maman l’installa dans une
pièce qui est vite devenue un lieu
de rendez-vous pour toutes les
femmes du voisinage, un lieu de
rencontres, d’échanges, de psycho-
thérapie! J’étais aussi complice
dans cette horde de femmes,
piquant avec elles. Puis, ma
grand-mère est décédée. Elle
avait un métier à tisser dans le
sous-sol et j’en héritai. Ma mère,
un peu sceptique, laissa quand
même le métier entrer dans la pièce
où le métier de piquage était déjà
maître et roi. Or, le métier à tisser prit
trop de place, les amies de ma mère
délaissèrent peu à peu le piquage et
espacèrent leurs visites. Ma mère perdit
d’un même coup tout son soutien social.
Prenant son courage à deux mains, elle ordonna
que le métier à tisser sorte de la pièce, malgré la
résistance de mon père. D’un seul coup, les amies de ma
mère revinrent et la maison fut à nouveau pleine de joyeux
ramages…
Je trouve que, quoique simpliste, le problème d’hospitali-
sation dans les établissements ressemble à celui de ma mère.
On nous a offert plein de beaux projets, qui semblaient
faisables, mais, manifestement, nous ne savons les faire
fonctionner. Nous n’avons pas le temps non plus. Il nous
faudrait quelqu’un comme ma mère, qui n’a pas peur de
dire « assez » pour aspirer à l’équilibre et au bien-être. On
nous a tellement inculqué que nous, omnipraticiens,
pouvions tout faire, que nous avons fini par le croire. Nous
avons pris sur notre dos bien des responsabilités : bureau,
hospit., rôle de parent. Même, avoir une « qualité de vie »
est devenu un projet qu’on veut mener à bien. Paradoxale-
ment, la qualité de vie s’avère une tâche… Je surprends
souvent les « plus vieux » à dire : « S’il arrête de travailler ce
médecin-là, je ne sais pas comment on va faire pour le
remplacer ». Ce médecin est-il conscient de toute cette
pression? J’espère que non, mais ça m’inquiète quand
même. J’m’ennuie de ma mère…
Dre Isabel Mayrand,
représentante du DRMG, CSSS de la Haute-Yamaska
6h30,
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Un mot de Claire Pagé, présidente-directrice générale, ASSS Montérégie
Un mot d’Isabel Mayrand,
Représentante du DRMG, CSSS de la Haute-Yamaska