IGAS, RAPPORT N°2015-105R 5
[12] Dans un certain nombre de cas, la séparation spatiale entre l’USLD et l’EHPAD n’est pas
même effective, renforçant un rapprochement susceptible de conduire à l’indifférenciation des
structures. Cette confusion peut être subie par l’établissement et découler de contraintes
architecturales ; plus rarement, elle est revendiquée par des chefs d’établissement ou des
médecins qui ne souhaitent pas concentrer les personnes les plus malades dans un même espace
et qui redoutent un effet de « ghettoïsation ». Au final, la partition entre USLD et EHPAD a été
opérée dans l’écrasante majorité des cas même si elle peut s’avérer partielle.
[13] En matière de suffisance de l’offre de soins, la mission a constaté une forte inégalité de la
répartition de l’offre de lits par habitant en fonction des territoires. Cette inégalité est toutefois
censée refléter une différence de besoins, puisque le nombre de places en USLD a été calibré en
2006, pour chaque territoire, en fonction du nombre de personnes identifiées comme
correspondant aux nouveaux critères d’éligibilité au long séjour. Si la mission n’a pas été en
mesure de relever, dans les régions enquêtées, un déficit manifeste de places d’USLD,
l’évaluation régulière de la situation de la population accueillie en USLD et en EHPAD devrait
trouver à s’imposer afin de permettre un « recalibrage » éventuel du nombre de lits d’USLD
impartis par territoire.
[14] En matière tarifaire, les USLD bénéficient d’une tarification ternaire constituée d’un tarif
« soins », d’un tarif « dépendance » et d’un tarif « hébergement ». Ce cadre tarifaire est
strictement le même, au plan des principes, que celui retenu pour les EHPAD. Il est censé
donner lieu, pour les tarifs « dépendance » et « soins », à une objectivation de la situation des
personnes accueillies et de leurs besoins de soins et d’accompagnement. Cette objectivation
passe par des indicateurs médico-économiques caractérisant l’état de la population accueillie, le
« GMP » (GIR Moyen Pondéré) et le « PMP » (PATHOS Moyen Pondéré).
[15] La mission a notamment mis en évidence les limites du référentiel « PATHOS », qui sert
à calculer un « PMP » censé refléter quantitativement le besoin de soins médico-techniques
d’une population donnée. Si certaines limites du référentiel, notamment en ce qui concerne la
prise en compte de la prévention, donnent actuellement lieu à des travaux spécifiques destinés à
pallier les biais identifiés, d’autres insuffisances de l’outil n’ont pas été correctement
appréhendées et continuent de poser des difficultés.
[16] Les limites intrinsèques aux instruments médico-économiques sont accentuées par une
application non nécessairement homogène des instruments et, plus fondamentalement, par une
mesure de référence de l’état de la population accueillie par chaque structure qui est susceptible
de n’avoir aucun lien avec l’état de la population réellement prise en charge. Ainsi, les dotations
« soins » attribuées aux USLD par les ARS, et le calibrage, au niveau national, des enveloppes
régionales « soins » mises à disposition des ARS se fondent sur des paramètres n’ayant pas
évolué -ou de manière très marginale- depuis 2006. Comment comprendre que l’objectivation
de la situation de la population accueillie repose sur une mesure effectuée il y a dix ans alors
que la durée moyenne de séjour en USLD approche seulement 18 mois ? En définitive, le mode
de tarification, pour la partie « soins », s’apparente davantage, en l’état actuel, à une « dotation
historique » largement indépendante des caractéristiques des personnes prises en charge. Ce
fonctionnement ne favorise guère la spécialisation des structures puisqu’il incite les USLD à
prendre, à dotation constante, les patients les moins lourds.
[17] En ce qui concerne la partie dépendance, qui donne lieu à une quantification des besoins
via le « GMP », la mission a pu constater que l’instrument de mesure de la perte d’autonomie
d’une population ne jouait pas pleinement son rôle de « modulateur » des financements accordés
par le Département. Son montant paraît surtout dépendre des contraintes financières des
Départements et obéit largement à une dynamique de reconduction historique ajustée d’un taux
directeur appliqué de manière très peu différenciée selon les structures.