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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 25 May 2017
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De plus, la définition du genre ne se limite pas aux organes génitaux que présente un individu. Des personnes
ayant toutes les caractéristiques physiques d'un homme peuvent se sentir profondément femme. Car les
différences entre hommes et femmes se jouent également au niveau du cerveau. C'est ce qu'on appelle la
différenciation sexuelle du cerveau. Celle-ci se déroule lors du développement de l'embryon jusqu'à la puberté.
Maître de recherches du FNRS et chef de projet au Groupe de recherche en neuroendocrinologie du
comportement au GIGA-neurosciences de l'Université de Liège, Julie Bakker étudie les mécanismes qui
sous-tendent la différenciation sexuelle du cerveau afin de mieux comprendre les troubles d'identité de genre.
La puberté, un moment de vérité pas facile à encaisser
Pour étudier la différenciation sexuelle du cerveau, Julie Bakker et son équipe travaillent non seulement sur
des modèles transgéniques de souris (voir article Un cerveau mâle ou femelle ? Une question d'œstradiol !)
mais également sur des modèles humains. Dans le cadre d'une étude récemment publiée dans la revue
Cerebral Cortex (1), la chercheuse s'est intéressée au syndrome d'insensibilité aux androgènes (CAIS). Les
personnes atteintes de ce dernier sont génétiquement des hommes mais ont une identité sexuelle féminine.
« Elles ont un chromosome X et un chromosome Y comme les hommes mais n'ont pas de récepteurs aux
androgènes et sont donc insensibles à ces hormones qui jouent un rôle clé dans la masculinisation des tissus
et du cerveau », explique Julie Bakker. Le CAIS entraine dès lors une apparence féminine. « En général on
se rend compte de ce trouble assez tard, au moment de la puberté lorsque les règles ne se présentent pas »,
indique la chercheuse. « On découvre alors que ces femmes n'ont pas d'utérus ou d'ovaires mais ont des
testicules en position abdominale. Dans la plupart de cas, il leur est conseillé de se faire enlever les testicules et
de suivre un traitement aux oestrogènes, des hormones sexuelles femelles ». Si cela leur permet de trancher
la question de leur identité sexuelle, ces femmes dépourvues d'une partie des organes génitaux féminins ne
peuvent avoir d'enfant…Une réalité très difficile à digérer pour celles qui s'étaient toujours imaginé devenir
un jour maman. Les travaux de Julie Bakker visent à mieux comprendre les rouages de la différenciation
sexuelle du cerveau de sorte de pouvoir mieux prévenir l'apparition de tels troubles et/ou mieux accompagner
et orienter les personnes qui en sont atteintes.
La masculinisation du cerveau, un affaire de chromosome Y ?
« Les individus présentant le CAIS sont intéressants pour tenter d'en savoir plus sur le rôle des hormones
sexuelles dans la différenciation du cerveau », souligne la scientifique. « Des études sur des rongeurs ont
montré que au-delà des hormones sexuelles, les gènes situés sur les chromosomes sexuels jouent un rôle
important dans la différenciation sexuelle du cerveau. Les personnes atteintes de CAIS peuvent nous aider
à déterminer si le chromosome Y entraîne une masculinisation du cerveau malgré l'absence d'influence des
hormones androgènes dans ce processus », précise Julie Bakker. En d'autres termes, ce syndrome peut
permettre aux scientifiques de savoir si ce sont plutôt les hormones ou les chromosomes sexuels qui sont
responsables de la masculinisation du cerveau humain.
Pour le savoir, Julie Bakker et ses collègues ont eu recours à la technique de rotation mentale. Cette
forme particulière d'imagerie donne des indications sur la capacité des personnes testées à faire tourner
mentalement une image en 2 ou 3 dimensions. « Nous avons utilisé cette technique car il existe des différence
très claires entre les capacités des hommes et des femmes pour ce genre d'exercice », explique la chercheuse.
En effet, les hommes et les femmes ont des performances assez caractéristiques - comme par exemple le
fait que les hommes sont plus rapides et font moins d'erreurs - mais ils utilisent aussi des régions cérébrales
différentes au cours de cet exercice. « Les femmes activent plutôt les lobes frontal et temporal tandis que