des formateurs, des orthophonistes, des conseillers en insertion, des psychologues, la conférence de Jean-Louis
Paour a ouvert la voie à cinq séminaires, prévus du 19 au 26 février à l'université des Antilles : « déclencher la
motivation grâce à l'éducation cognitive » ; « prévenir et gérer l'agressivité dans les relations interindividuelles
avec l'éducation cognitive » ; « apprendre à apprendre à l'école maternelle et dans l'enseignement spécialisé » ;
« éducation cognitive et handicap mental : retards du développement intellectuel » ; « prévenir le décrochage
scolaire avec l'éducation cognitive » .
La conférence et les cinq séminaires s'inscrivent aussi dans un contexte particulier, comme le rappelle Guylaine
Soavi, docteur en psychologie, et directrice de l'AECD.
« LA FRACTURE SOCIALE EST DE PLUS EN PLUS FORTE »
« Dans l'environnement socio-économique dans lequel nous vivons, la fracture sociale est de plus en plus forte
et il est très important d'amener les personnes rencontrant des difficultés d'insertion sociale et professionnelle ou
d'apprentissage scolaire à remédier à celles-ci par le biais de l'éducation cognitive. » Mais de quoi s'agit-il ? « Elle
vise à faire acquérir des outils cognitifs aux personnes qui ne les ont pas développés ou qui ne les utilisent pas
correctement » , explique le conférencier. Et de rappeler que l'éducation de la pensée est une vieille histoire. Elle
remonte à l'époque de Socrate (470-399 avant Jésus-Christ), de Comenius (1592-1670), de Montaigne (1533-
1592), ou encore de Dewey (1859-1952). Toutefois, l'histoire de l'éducation cognitive commence véritablement
après la Seconde Guerre mondiale. Jean-Louis Paour cite l'universitaire américain, Douglas Hofstadter : «
L'éducation est cognitive par ses objectifs et ses moyens » . Selon lui, elle permet, par exemple, de réagir avec
souplesse aux situations qui se présentent, ou encore de tirer profit de circonstances fortuites. « Les publics en
difficulté n'ont pas un vocabulaire étendu, on ne leur apprend donc pas à réussir mais à comprendre » , insiste le
professeur émérite de l'université de Provence. « On met les apprenants en situation de résolution de problèmes,
en position d'action, l'intérêt étant de les aider à prendre conscience de leurs difficultés et d'aider les formateurs
à connaître le fonctionnement de ces individus. »
« LA CONNAISSANCE DE SOI ET LA CONFIANCE EN SOI »
Au cours de la conférence, le spécialiste du développement conceptuel a parlé à plusieurs reprises de méta-
cognition. Il s'agit de la représentation que l'apprenant a des connaissances qu'il possède et de la façon dont il
peut les construire et les utiliser. En somme, le formateur doit rendre l'apprenant capable de réfléchir sur ses
connaissances et de comprendre les raisonnements qu'il engage pour utiliser et construire de nouvelles
connaissances. Il faut donc rendre l'apprenant conscient des stratégies d'apprentissage qu'il met en ?oeuvre
pour apprendre et comprendre le monde. La métacognition est indissociable de la connaissance de soi et de la
confiance en soi. Ce sont des concepts-clés sur lesquels le formateur se base pour élaborer la relation entre
l'apprenant et le savoir. Le formateur va lui permettre d'apprendre à utiliser au mieux ses mémoires c'est-à-dire
l'amener à construire des compétences métamnésiques. Car l'être humain a tendance à privilégier le traitement
à la surface. « Le système automatique, qui est rapide, impulsif, inconscient et peu coûteux, a en effet tendance
à prendre le pas sur l'attentionnel, qui est profond, conscient, mais plus coûteux » , conclut Jean-Louis Paour.