pour être considéré comme relevant de l'apprentissage, le changement ne doit pas résulter principalement ou
uniquement de la maturation biologique ou psychophysiologique de l’organisme. Autrement dit,
l’apprentissage est de l’ordre de l’acquis et non pas de celui de l’inné. Contrairement aux comportements
innés, les comportements appris ne sont pas transmis d’une génération à l’autre par le truchement du code
génétique. L’apprentissage de ces comportements doit donc recommencer à chaque génération et pour
chaque individu. Toutefois, l’apprentissage – et la possibilité même de ce que les individus appartenant à une
même espèce peuvent potentiellement apprendre - dépend inévitablement du bagage génétique de l’espèce.
Les extraordinaires possibilités d'apprentissage qui caractérisent l’espèce humaine la distinguent
profondément des autres espèces animales;
le changement doit être stable, c'est-à-dire perdurer dans le temps et il ne doit pas résulter d’un mécanisme
psychophysiologique tel que la fatigue, le stress, le vieillissement ou de l’action d’une substance extérieure
agissant sur le comportement ou sur le psychisme;
le changement se traduit par un accroissement du répertoire comportemental du sujet ou de ses capacités à
réaliser une tâche, autrement dit le résultat de l’apprentissage est considérée comme un « progrès » dans le
développement du sujet. L’idée de « progrès » souvent considérée comme une « meilleure adaptation » à
l’environnement, implique un jugement sur la « valeur » de ce qui est appris, et indique l’importance de la
dimension éthique et normative du concept d’apprentissage.
Un peu d'histoire : le développement de l'approche cognitive de
l'apprentissage
Les quatre définitions citées plus haut partagent une autre idée importante. Elles décrivent l’apprentissage à la fois
en tant que changement dans le comportement (sous-entendu : phénomène qui peut être observé "publiquement",
en anglais on le qualifie aussi de "overt") et dans l’activité psychologique : mémoire, connaissances, compétences,
attitudes, habiletés, potentiel...) (sous-entendu : phénomène inobservable "publiquement", en anglais qualifié de
"covert").
Ces définitions intègrent donc des deux grands paradigmes de l’étude scientifique de l’apprentissage qui se sont
succédé au XXième siècle : le paradigme béhavioriste et le paradigme cognitif :
le paradigme béhavioriste était centré sur l'étude du comportement observable, excluant les "activités
psychologiques". Il a permis d'élaborer des connaissances sur lesapprentissages élémentaires, dans lesquels
les réponses comportementales sont sous le contrôle des stimuli environnementaux et qui sont réalisés sans
l'intervention de processus de symbolisation liés au langage.
le paradigme cognitif centré sur l'étude du comportement incluant des "activités psychologiques". En fait, ce
paradigme a proposé qu'il est possible d'étudier scientifiquement non seulement le comportement
"observable" mais aussi le comportement "inobservable" car "situé dans la tête" d'un individu. Il est centré
sur l'étude des apprentissages complexes assimilés aux apprentissages "symboliques" car médiatisées par
les processus symboliques liés au langage.
Notes et références
George, C. (1994). Apprentissage. Dans Bloch, H., Chemama, R. Gallo, A., Leconte, P. Le Ny, J-F. et al. (Éd).
Grand dictionnaire de la psychologie (pp. 58-64). Paris : Larousse.
Goupil, G. et Lusignan, G. (1993). Apprentissage et enseignement en milieu scolaire. Montréal : Gaëtan Morin.
L'apprentissage dans l'approche cognitive 2