Choix d’une technique chirurgicale dans le traitement de l’ostéomyélite
ou ostéite chronique des os longs
Mukisi Mukaza Martin, MD. Ph.D., ULB
Introduction
Dans les pays aux structures médicales efficaces, le traitement précoce des infections osseuses, bien codifié, a permis
de diminuer sensiblement le taux des ostéomyélites hématogènes chroniques. Les formes aigues d’OstéoMyélite
Aigue (OMA) passent à la chronicité dans 47 à 72% des cas en milieu africain. L’ostéite post-traumatique ou post-
opératoire est moins fréquente en Europe (0-2%) rapport aux pays pauvres (voisine de 20%).
Le traitement de l’Ostéomyélite Hématogène et l’Ostéite chronique (OHC OC) nécessite une excision ou l’ablation de
matériel infecté, associée à une antibiothérapie par voie générale (bithérapie, de 6 semaines à 3 mois) ou locale
(chapelets de gentamycine, bio-diffuseurs, billes de plâtre de Paris imprégnée d’antibiotique). Plusieurs techniques
chirurgicales, du curetage simple à des gestes complexes sont décrites. Leur multiplicité témoigne de leurs
imperfections et de la difficulté à traiter les infections osseuses. La fréquence élevée des ostéomyélites, des ostéites
post-opératoires ou post-traumatiques, leur passage à la chronicité en absence de traitement précoce et adapté,
nécessitent une évaluation de leur prise en charge chirurgicale dans les pays en voie de développement.
Objectif
Nous illustrons ce thème sous forme d’un projet de recherche dont l’objectif principal est le choix d’une (des)
technique (s) chirurgicale (s) simple (s), efficace(s) et moins coûteuse(s) pour le traitement des OHC ou OC.
Méthode de la recherche
Dans le mois qui nous a été imparti pour élaborer ce projet, nous avons utilisé Internet pour réaliser une enquête sur la
fréquence des hospitalisations, la thérapeutique, le coût et les causes des OHC et OC. Huit centres hospitaliers sur 10
d’Afrique et des Antilles (Haïti) ont répondu à ce questionnaire. Compte tenu des conditions socio-économiques des
régions consultées, nous proposons deux techniques chirurgicales associées à une antibiothérapie locale par billes de
plâtre imprégnées de gentamycine (Gypse-Genta):
- en un temps, conservatrice (excision ou pirogage et fermeture);
- en deux temps, excision suivie de greffe spongieuse à ciel ouvert selon la technique de Papineau (modifiée).
Critères d’inclusion: tout patient porteur d’une OHC ou OC, après information.
Critères de non inclusion: ostéo-arthrites des nourrissons, transformations carcinomateuses, refus du patient ou de la
famille (mineur), respectant les prescriptions éthiques. Il s’agira d’une étude prospective transversale ouverte d’une
durée de 5 ans (60 patients).
Le diagnostic est basé sur les antécédents, la clinique (signes locaux, fistulisation…) la biologie, la bactériologie et la
radiologie du membre concerné. L'examen clinique est la clef du diagnostic et de la décision opératoire en absence
d’examens spécialisés et d’une imagerie moderne (scintigraphie, TDM, IRM).
Evaluation
Les critères de succès du traitement sont l’assèchement du foyer infectieux, la consolidation, la durée et le nombre de
récidive. Des critères "secondaires" d’évaluation seront considérés: la durée d'hospitalisation, le coût du traitement.
Organisation pratique
Le schéma de la recherche clinique comprend un volet curatif (évaluation des techniques chirurgicales choisies
associée à une antibiothérapie locale) et un volet préventif (identification des causes du retard de traitement des
ostéomyélites aigues et d’ostéites post-traumatiques ou post-opératoires).
Critères de faisabilité
Une analyse fonctionnelle préalable sera réalisée pour étudier la faisabilité et le lieu d’implantation de ce projet
(budget, motivation des investigateurs associés en tenant compte des conditions socio-économiques de ces pays).
Bénéfices attendus
L’efficacité du traitement chirurgical et médical dans les OHC et OC, l’amélioration des moyens de prévention et du
traitement de l’ostéomyélite aigue, la réduction des ostéites post-opératoires et post-traumatiques, la réduction du coût
du traitement, la formation clinique continue, la valorisation scientifique de l’Université, le transfert de technologie et
la création d’un pôle Université-Entreprise seront les retombées attendues de cette recherche clinique.
Conclusion
La multiplicité des techniques chirurgicales témoigne des difficultés à traiter les infections osseuses. Les techniques
chirurgicales permettant une conservation et un comblement de la cavité post-curetage par des implants diffuseurs
d’un ou plusieurs antibiotiques à doses efficaces constituent une nouvelle piste à explorer.