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Vol. 26 No. 2 2015 Formation continue
rencier d’une ostéomyélite bactérienne. La
biopsie ouverte permet par contre l’exclusion
d’une néoplasie (ostéosarcome, sarcome de
Ewing) ou d’une histiocytose langerhan-
sienne. La biopsie ouverte ne peut être rem-
placée par la biopsie à l’aiguille fine en raison
des fréquents résultats erronés.
Deux à trois semaines après les premiers
symptômes on voit les premières lésions ra-
diologiques sous forme d’ostéolyses, de sclé-
rose (fig. 5) et d’hyperostoses (fig. 6). La
scintigraphie osseuse, pratiquée autrefois
régulièrement, ne saisit que 75 % des foyers.
Par l’IRM sont diagnostiqués tous les foyers,
y compris ceux non visibles à la radiologie
conventionnelle, l’IRM étant sensible déjà
pendant les phases précoces de la maladie,
alors qu’il n’y a qu’un œdème de la moelle et
pas encore d’érosions osseuses. Les études
récentes étayent l’utilité de l’IRM corps entier.
Le diagnostic est accéléré par la mise en
évidence d’images typiques de lésions os-
seuses bilatérales et multifocales. L’IRM du
corps entier permet aussi une meilleure ap-
préciation de l’activité de la maladie. Elle
permet la découverte de foyers asymptoma-
tiques, ce qui est particulièrement important
pour les localisations spinales en raison des
complications possibles.
Traitement
D’après la littérature 50 % des patients sont
initialement traités par antibiotiques, bien que
l’antibiothérapie n’influence pas la maladie.
Les antirhumatismaux non-stéroïdiens
sont les médicaments de premier choix et
apportent une résolution des symptômes
chez la moitié des patients. Lorsque la mala-
die évolue par poussées, des traitements de
courte durée par corticoïdes sont possibles.
En deuxième ligne on utilise la salazopyrine
ou le méthotrexate. Une amélioration des
symptômes ne s’obtient pourtant que chez
une minorité de patients et plutôt chez ceux
souffrant simultanément d’arthrite.
Ces dernières années plusieurs publications
mentionnent l’emploi de bisphosphonates
(BP). En pédiatrie les BP sont utilisés pour les
enfants avec un risque élevé de fractures
dans le cadre d’une ostéogénèse imparfaite
ou en cas d’ostéoporose primaire ou secon-
daire. Les BP, dont fait partie le pamidronate
utilisé fréquemment, sont des inhibiteurs effi-
caces des ostéoclastes, tout en ayant un effet
anti-inflammatoire. Entre 50 et 75 % des pa-
tients avec CNO montrent, d’après les don-
nées publiées jusqu’ici avec de petites séries,
une bonne réponse à ce traitement.
Il est intéressant de constater que, d’après
ces travaux, l’IRM de contrôle montre souvent
la persistance d’une ostéite subclinique
même en présence d’une bonne réponse cli-
nique dans le sens d’une suppression de la
douleur. Cette constatation corrobore l’obser-
vation selon laquelle les images radiologiques
ne corrèlent pas avec la clinique.
Les BP occasionnent de nombreux et impor-
tants effets indésirables, comme des fractures
atypiques ou ostéonécroses de la mâchoire.
Bien que ces effets secondaires n’aient pas été
décrits chez l’enfant, il faut se rappeler que la
demi-vie des BP est de 10 ans. L’indication au
traitement devrait donc se poser avec prudence
tout particulièrement pour le sexe féminin. C’est
le cas aussi pour les inhibiteurs du TNF-α, qui
montrent parfois une réponse favorable mais
s’accompagnent d’une immunosuppression.
Conclusion
Une ostéomyélite n’est pas toujours d’origine
infectieuse! La présentation clinique de l’os-
téomyélite non-bactérienne en tant que pro-
cessus inflammatoire de l’os est très variable.
L’évolution de l’ostéomyélite non-bactérienne
est bénigne dans 80 % des cas et régresse
spontanément au courant de quelques mois
dans la plupart des cas. Les décours chro-
niques durant plusieurs années sont pourtant
grevés d’une morbidité significative. L’atteinte
vertébrale peut entraîner des complications
avec des fractures de vertèbres, vertebra
plana et formation de scoliose. Des fractures
pathologiques et guérisons avec séquelles
sont possibles aussi en d’autres localisations.
Il n’existe actuellement pas d’études contrô-
lées par placebo et randomisées, le traite-
ment de la CNO est donc empirique. Les
douleurs osseuses et l’atteinte vertébrale
représentent le plus grand défi thérapeutique.
L’inclusion des patients dans un large registre
européen (www.printo.it/eurofever) permet-
tra à l’avenir d’effectuer des études prospec-
tives avec des cohortes plus importantes, afin
de concevoir des traitements plus efficaces.
Références
1) Jansson AF, Grote V. ESPED Study Group. Nonbac-
terial osteitis in children: data of a German Inci-
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pamidronate in 9 pediatric patients with persistent
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Correspondance
Dr. med. D. Kaiser
Leitende Aerztin
Pädiatrie & Kinderrheumatologie
Kinderspital Luzern
6000 Luzern 16
daniela.kaiser@luks.ch
Les auteurs certifient qu’aucun soutien finan-
cier ou autre conflit d’intérêt n’est lié à cet
article.
Figure 6: Radiographie de la clavicule gauche avec image d’hyperostose