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La prise en compte du risque et de l’incertitude dans les actes quotidiens de consommation
semble devenir une préoccupation évidente pour le consommateur : ces risques ne se cantonnent
plus à des biens spécifiques de nature addictive (cigarettes, alcool, drogues) mais peuvent être
étendus à une large gamme de produits de consommation courante comme, par exemple, les
aliments, les produits ménagers, la wifi et les téléphones portables, produits pour lesquels, le
consommateur peut s’interroger, à tort ou à raison, sur la nature risquée de leur consommation, du
fait de la présence inhérente, accidentelle ou frauduleuse d’éléments nocifs pour la santé.
Concernant les biens alimentaires, les études scientifiques dévoilent progressivement l’étendue
des risques potentiels associés à leur consommation quotidienne : certains de ces risques sont liés
aux produits eux-mêmes lorsque qu’ils sont consommés dans des proportions non raisonnables
(e.g. maladies cardio-vasculaires associées à une alimentation trop riche en graisses et sucres),
tandis que d’autres sont liés à la présence d’éléments nocifs tels que des composés chimiques ou
encore des micro-organismes pathogènes. Parallèlement à cette distinction, nous pouvons
distinguer les risques dont les effets possibles surviennent très rapidement après l’acte de
consommation (e.g. la survenue de toxi-infections liées à la présence de micro-organismes
pathogènes) et les risques dont les effets possibles surviennent avec une durée de latence
relativement longue (e.g. la survenue de cancers liés à la présence de pesticides).
Cependant, quelque soit le cas de figure envisagé, le consommateur peut penser qu’il existe un
lien entre la quantité qu’il consomme et l’exposition au risque. Dans cet article, nous nous
intéressons à la consommation d’un bien générant un risque sanitaire à effet immédiat.
Formellement, il convient alors d’ajouter une dimension de risque au programme habituel de
consommation. Pour cela, nous utilisons le concept de bien à risque, défini comme un bien dont
la consommation procure simultanément un bien-être et un risque dont la probabilité
d’occurrence est perçue par le consommateur comme une fonction croissante de la quantité
consommée. Dans une première partie, nous détaillerons le programme du consommateur
lorsqu’un risque pour la santé dépend de la quantité consommée par le consommateur. Dans une
seconde partie, nous analyserons les effets de l’introduction du risque sur les préférences du
consommateur, notamment selon le degré de sévérité perçu. Dans les troisième et quatrième
parties, nous montrerons les effets singuliers respectifs sur l’équilibre de consommation ainsi que
la déformation de la fonction de demande partielle. Dans la cinquième partie, nous appliquerons
ce modèle au cas d’un choix de consommation face à un risque alimentaire de toxi-infection.
1. Programme du consommateur face à un risque endogène dépendant de la quantité
consommée
Nous partons tout d’abord d’un modèle simple de consommation à deux biens consommés
respectivement en quantités x et z et où le premier bien
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est choisi comme numéraire :
,
x z
(1)
Sous contrainte que :
z
z
y x p z
y p
> > (2)
Nous considérons que les hypothèses habituelles du modèle standard sont vérifiées, en particulier
la convexité des préférences. Dans ces conditions, on sait qu’il existe un équilibre (x*, z*) ainsi
que des fonctions de demande partielle dont les propriétés sont bien connues.
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Par la suite, par souci de simplification, nous parlerons des biens x et z.