Cours de Mathématiques Algèbre générale Hajmi 1 Sous groupes de Z Théorème 1.1 Les sous groupes de Z sont de la forme n Z. Preuve Déja pour tout n ∈ N, n Z est bien un sous groupe de Z. Soit maintenant H un sous groupe quelconque de Z, si H = {0}, on prend n = 0, sinon Soit n = min{x ∈ H , x > 0}, H est un sous groupe de Z, donc n Z ⊂ H , soit maintenant x ∈ H , on effectue la division euclidienne par n , x = nq + r , avec r < n . r = x − nq , donc r ∈ N ∩ H et 0 ≤ r < n, par minimalité de n , on obtient r = 0 et donc x = nq ∈ nZ, et par suite H = n Z. 2 Groupe engendré Soit A une partie d’un groupe G , l’intersection de tous les sous groupes de G contenant A est un sous groupe de G , appelé le sous groupe de G engendré par A et noté 〈A〉, c’est d’ailleurs le plus petit sous groupe de G contenant A. Réciproquement si H est un sous groupe de G , et s’il existe une partie A ⊂ G , telle que H = 〈A〉, alors A s’appelle partie génératrice de H . Remarque 1 1 – 〈;〉 = {0} 2 – A est un sous groupe de G si, et seulement si 〈A〉 = A. Remarque 2 Déterminer le sous groupe engendré par A, c’est faire toute les opérations possibles des éléments de A et de leurs inverses. 〈A = {a 1 a 2 ...a p /p ∈ N∗ , ∀i ∈ |[1, p ]|, (a i ∈ A ou a i−1 ∈ A)} 3 Groupe monogène, groupe cyclique Soient G un groupe et a un élément de G . On montre que le sous groupe engendré par le singleton {a } est le sous groupe noté 〈a 〉 et défini par : 〈a 〉 = {a k , k ∈ Z} Ce groupe s’appelle le sous groupe monogène engendré par l’élément a . ( Z →G L’application ϕ : est un morphisme de groupe dont k → ak l’image Imϕ est le sous groupe monogène engendré par a . – Si ϕ est injective, alors < a > est isomorphe a Z. on dit que a est d’ordre infini. – Supposons ϕ est non injective. ker ϕ qui est un sous groupe de Z est de la forme n Z. n est le plus petit entier non nul vérifiant a n = e . n s’appelle l’ordre de a et se note o(a ). ( an = e n = o(a ) ⇐⇒ a p = e ⇐⇒ n /p Dans ces conditions le sous groupe monogène < a > est réduit à l’ensemble de cardinal n suivant : < a >= {e , a , .., a n−1 } Définition 3.1 Un groupe cyclique est un groupe monogène fini Exemple 1 G un groupe, (a ,b ) ∈ G 2 tel que : o(a ) = 2, o(b ) = 3 et a b a = b −1 , déterminons le sous groupe de G engendré par {a ,b }. Si H = 〈{a ,b }〉 alors 1, a ,b, a b,b a ,b 2 ∈ H , pour conclure qu’il n’y aura pas d’autres éléments, il suffit de montrer que K = {1, a ,b, a b,b a ,b 2 } est un sous groupe de G , à l’aide d’une table de multiplication. 1 a b b2 ab ba 1 1 a b b2 ab ba a a 1 ab ba b b2 b b ba b2 1 a ab b2 b2 ab 1 b ba a ab ab b2 ba a 1 b ba ba b a ab b2 1 c/c : H = K Exercice 1 Montrer que H est isomorphe à S3 Exercice 2 le groupe S 3 est-il cyclique ? Remarque 3 Un isomorphisme de groupes conserve l’ordre. En effet, soit f : G → G 0 un isomorphisme de groupes. Soit a un élément de G . 1 – Si a est d’ordre infini, alors 〈a 〉 est isomorphe à Z via l’isomorphisme canonique s , il s’ensuit que f ◦ s est un isomorphisme de Z vers 〈f (a )〉. f (a ) est donc d’ordre infini. 2 – Supposons maintenant que a est d’ordre fini égal à n. Nous aurons : 2.a. (f (a ))n = f (a n ) = f (e G ) = e G 0 . 2.b. Soit k ∈ N tel que (f (a ))k = e G 0 , f étant injective, donc a k = e G , et par suite n divise k . Ce sont les deux conditions permettant de conclure que o(f (a )) = n . Exercice 3 Soit x un élément d’un groupe d’ordre fini, montrer que pour tout k ∈ N∗ : o(x ) o(x k ) = o(x ) ∧ k Exercice 4 Soient G un groupe, H et K deux sous groupes de G . on pose H K = {h.k /h ∈ H , k ∈ K } 1 – Montrer que : H K est un sous groupe de G ssi K H = K H . 2 – On suppose que G est fini, que H K est un sous groupe de G . Montrer que card(H).card(K) card(HK) = card(H ∩ K) Exercice 5 Soient H , K deux groupes cycliques de cardinaux resp p,q , montrer que le groupe produit H × K est un groupe cyclique si et seulement si p ∧ q = 1. 4 L’anneau Z/nZ On définit sur Z la relation suivante Rn : x Rn y ⇐⇒ x − y ∈ n Z (x = y [n ]) On vérifie sans peine que Rn est une relation d’équivalence, appelée relation de congruence modulo n . si x ∈ Z alors x̄ = {x + nk , k ∈ Z} = x + n Z est sa classe d’équivalence modulo n . notation L’ensemble quotient Z/Rn est noté Z/n Z Propriété 4.1 Z/n Z = {0̄, 1̄, 2̄, ..., n − 1}. Preuve Soit x̄ ∈ Z/n Z, on effectue la division euclidienne de x par n , ∃p, r tel que : x = np + r, 0 ≤ r ≤ n − 1, dans ce cas on a : x̄ = r̄ Théorème 4.1 Si pour tout x̄ , ȳ ∈ Z/n Z on pose x̄ +̇ȳ = x + y et x̄ · ȳ = x y , alors (Z/n Z, +̇, ·) est un anneau commutatif. ( Définition 4.1 Z → Z/n Z L’application s : est une surjection appelée la surjeck 7→ k̄ tion canonique de Z sur Z/n Z. Exercice 6 Soit n ∈ N. 1 – Montrer que n est divisible par 3 si et seulement si la somme de ses chiffres (quand on écrit n en base 10) est divisible par 3. 2 – Montrer que n est divisible par 8 si et seulement si le nombre formé par les trois derniers chiffres de n est divisible par 8. Théorème 4.2 - Théorème chinoix Si m et n deux entiers naturels non nuls premiers entre eux alors l’application : ¨ (Z/m n Z) −→ (Z/m Z) × (Z/n Z) f : x̄ m n → (x̄ m , x̄ n ) est un isomorphisme d’anneaux. Par conséquent pour tout (a ,b ) ∈ Z2 , le système : ( x = a [m ] S := x = b [n ] admet une unique solution modulo m n . Preuve f est bien une application parce que si x̄ m n = ȳ m n , alors m n divise x −y , et par suite chacun des entiers m et n vont diviser x − y , et donc x̄ m = ȳ m et x̄ n = ȳ n . Ensuite on vérifie sans peine que f est un morphisme d’anneaux et puis du fait que m et n sont premiers entre eux, alors ker f = {0̄m n }. Remarque 4: Solution pratique de S En écrivant l’identité de Bezout, u m + v n = 1 alors l’unique solution de S modulo m n est x 0 = b u m + a v n , c’est à dire que S = x 0 + m n Z. Exemple 2 Résoudre : ( x = 5[12] x = 3[25] Théorème 4.3 Soit k̄ ∈ Z/n Z, les propriétés suivantes sont équivalentes. 1 – k̄ est un générateur de Z/n Z. (Z/n Z = 〈k̄ 〉) 2 – k est premier avec n. 3 – k̄ est inversible dans l’anneau Z/n Z Preuve 1) =⇒ 2) 〈k̄ 〉 = {p k̄ , p ∈ Z}. 1̄ ∈ Z/n Z =⇒ =⇒ =⇒ ∃p, 1̄ = p k̄ ∃p,q ∈ Z, 1 = p k + q n n ∧k =1 2) =⇒ 3) . n ∧ k = 1 =⇒ ∃p,q ∈ Z, tel que p n + q k = 1 En passant aux classes modulo n , on obtient : 1̄ = q̄ k̄ , et donc k̄ est inversible dans l’anneau Z/n Z. 3) =⇒ 1) Soit x̄ ∈ Z/n Z, ∃p ∈ Z : k̄ p̄ = 1̄, ainsi : x̄ = 1̄x̄ = x̄ k̄ p̄ = x p k̄ . D’où x̄ ∈ 〈k̄ 〉. Remarque 5 G =< a > est un groupe cyclique d’ordre n , l’application : ¨ Z/n Z −→ G ϕ: k̄ → ak est un isomorphisme de groupe, et par conséquent : a k est un générateur de G si et seulement si, k est premier avec n. Corollaire 4.1 Z/p Z est un corps si et seulement si p est un nombre premier. Exercice 7 Résoudre dans Z/37Z le système ( 6̄x + 7̄y = 30 3̄x − 7̄y = 0̄ Exercice 8 Déterminer les morphismes de groupes entre (Z/nZ, +) et (Z/m Z, +) Exercice 9 Soit K un corps fini commutatif. Calculer Q x ∈K∗ x Exercice 10 Soit p un nombre premier strictement supérieur à 2. 1 – Quels sont les éléments de Z/p Z qui sont leurs propres inverses ? 2 – En déduire que p /(p − 1)! + 1 (théorème de Wilson) 5 Indicateur d’Euler Théorème définition 5.1 L’ensemble des éléments inversibles de l’anneau Z/n Z muni de la multiplication est un groupe appelé le groupe des unités de l’anneau Z/n Z et son cardinal ϕ(n ) s’appelle l’indicateur d’euler qui est aussi le cardinal de l’ensemble entiers strictement inférieurs à n et premiers avec n . 1.5 1 Calcul de l’indicateur d’Euler Soit p premier et α ∈ N∗ : Montrer que ϕ(p α ) = (p − 1)p α−1 Soit m et n premiers entre eux. On rappelle que l’application ¨ Z/m n Z −→ f : ẋ → Z/nZ × Z/m Z (x̄ , x̄¯ ) réalise un isomorphisme d’anneaux. En déduire que ϕ(m n ) = ϕ(m )ϕ(n) . (on dit que ϕ est multiplicative). Application : Calculer ϕ(396). Qk α Soit n ∈ N∗ et n = i =1 p i i sa décomposition primaire. Montrer que : ϕ(n ) = k Y α −1 (p i − 1)p i i i =1 =n k Y i =1 (1 − 1 ) pi Dans cette question on considère l’anneau (Z/n Z, +, .). 5.a. Montrer que (Z/n Z, +, .) est intégre ssi n est premier ssi (Z/n Z, +, .) est un corps. 5.b. "Si (G , .) est un groupe fini, alors ∀x ∈ G , o(x ) est fini et o(x )/cardG" (*) En utilisant (*) montrer que : ∀a ∈ Z, a ∧ n = 1 =⇒ a ϕ(n ) = 1 [n ] (Théorème d’Euler) 5.c. En déduire le petit théorème de Fermat : Si p est premier alors ∀x ∈ Z, x p = x [p ]. 5.d. En remarquant que 561 = 3 × 11 × 17, montrer que : 561/(2561 − 2) et 561/(3561 − 3). 5.e. Une application du théorème d’Euler : Soit n ∈ N, n ∧ 10 = 1. i) ii) 2.5 2 Montrer que n admet un multiple qui s’écrit uniquement avec des 1 en base 10. Donner un exemple d’un tel multiple dans les cas suivants : n = 19, n = 23 et n = 37. Système de codage RSA Soit p et q deux nombres premiers distincts suffisament grands, et pose n = pq . – On choisit un entier e avec : 1 < e < ϕ(n ) et e ∧ ϕ(n ) = 1 – Soit d un entier tel que : 1 < d < ϕ(n ) et e d = 1 (modϕ(n)) d¯ est donc l’inverse de ē modulo ϕ(n ). Une conséquence fondamentale de l’identité d’Euler est la formule suivante : Pour tout entier x tel que 1 < x < n , on a : (x e )d = x (mod n ) • Le couple (n , e ) s’appelle la clef publique de A (cette clef est publiée sur Internet). • Le couple (n , d ) s’appelle la clef privée de A (p,q et d doivent rester secrets). • x le message non crypté, x e message codé, la formule permet alors de retrouver le message non crypté à l’aide de la clef privée. Solution Puisque e d = 1 (mod ϕ(n )), ∃k ∈ N tel que : e d − ϕ(n )k = 1 Distinguons les deux cas suivants : • Si x ∧ n = 1, D’après le théorème d’Euler on a : x ϕ(n) = 1 [n] e d = 1 + k ϕ(n ), donc x e d = x [n ] . • Si x ∧ n 6= 1, alors x est un multiple de p ou x est un multiple de q . Remarquons d’abord que x ne peut pas être un multiple commun de p et de q , sinon, n /x ce qui est impossible car 1 < x < n. Supposons que p /x et que q 6| x (de même si q /x et p 6| x ), alors x p −1 6= 0 (mod q ) d’où (x p −1 )q −1 = 1 (mod q ). Ainsi, (x e )d = x 1 (x ϕ(n) )k = x (mod q ), encore (x e )d = x = 0 (mod p ), donc (x e )d = x (mod n ). Exemple d’application 1 on prend p = 7,q = 17, e = 11, n = 119 et ϕ(n ) = 96. 1 – Trouver d tel que 1 < d < 96 et e d = 1 (mod 96). 2 – On veut envoyer le message x = 5 à la personne A. Calculer y = x e (mod n ) (on chiffre le message x avec la clef publique de A). 3 – A reçoit le message crypté y . Calculer y d (mod n), et montrer que A peut retrouver le message original x (A déchiffre le message codé y avec sa clef privée). Solution 1 – On a e ∧ ϕ(n ) = 1, déterminer l’inverse d de e modulo 96 revient à la détermination des coeffcients de Bezout de l’indentité : 96k + e d = 1 Par l’algorithme des division successives, on trouve d = 35. 2 – Calcul de 511 (mod 119) : pour simplifier les calculs, on écrit l’exposant 11 en binaire : 11 = (1011)2 , d’où 511 = 52.52.51 = 67.25.5 = 45 (mod 119). 3 – Calcul de y d = (45)35 (mod n). on écrit l’exposant 35 en binaire : 35 = (100011)2 , d’où 5 y d = 452 .452 .45 = 18.2.45 = 5 (mod119). Lorsque A reçoit le message y , il calcule y d (mod n ) et obtient x , car y d = (x e )d = x (mod n ). 6 Idéal d’un anneau Rappelons qu’un anneau est un ensemble muni de deux LCI, l’une notée additivement et l’autre multiplicativement et tel que : (A, +) est un groupe commutatif La loi . est associative et admet un élément neutre noté 1. la multiplication est distributive par rapport à l’addition. Définition 6.1 Soit (A, +, .) un anneau commutatif. Une partie I de A est dite un idéal de A si : 1 – (I , +) est un sous groupe de (A, +). 2 – ∀a ∈ I , ∀x ∈ A : a x ∈ I (on dit que les éléments de I sont absorbants). Proposition 6.1 Soit I un idéal de A. I = A ⇐⇒ 1A ∈ I Preuve =⇒) trivial. ⇐=) Soit x ∈ A, 1A ∈ I =⇒ x = 1A x ∈ I =⇒ I = A. Remarque 6 Par conséquent si I est un idéal contenant aux moins un élément inversible a , alors 1A = a a −1 ∈ I , par suite I ne peut être aussi que l’idéal A. Propriété 6.1 La somme et l’intersection de deux idéaux de A est un idéal de A. Exemple 3 n Z est un idéal de (Z, +, .). Propriété 6.2 Soient A, B deux anneaux commutatifs et ϕ : A → B un morphisme d’anneaux : 1 – ∀x , y ∈ A : f (x + y ) = f (x ) + f (y ). 2 – f (x y ) = f (x )f (y ). 3 – f (1A ) = 1 B Alors kerf = {x ∈ A, f(x) = 0B } est un idéal de A. Théorème définition 6.1 Soit H une partie de A, l’intersection de tous les idéaux de A contenat H est idéal de A, appelé L’idéal engendré par H , noté 〈H 〉, c’est d’ailleurs le plus petit idéal de A contenant H . Théorème 6.1 Si a est un élément de A, alors l’idéal engendré par {a } est l’ensemble : a A = {a x /x ∈ A} noté 〈a 〉, appelé l’idéal principal engendré par a . Exercice 11 On pose p p Z[ 2] = {a + b 2, (a ,b ) ∈ Z2 }, p p Q[ 2] = {a + b 2, (a ,b ) ∈ Q2 } p 1 – vérifier que (Z[ 2], +, .) est un anneau et que le plus petit p p sous Corps de C contenant Z[ 2] est Q[ 2]. p p 2 – Pour z = a + b 2 on pose z = a − b 2 et N (z ) = z z , établir que N vérifie : – N (z z 0) = N (z )N (z 0 ). – N (z ) = 0 ⇒ z = 0. p – N (z ) ∈ {−1, 1} ⇐⇒ z inversible dans Z[ 2]. p p 3 – Montrer que : ∀a ∈ Q[ 2]∃z ∈ Z[ 2] tel que : |N (a − z )| < 1. 4 – En déduire que : p p p ∀z ∈ Z[ 2], ∀z 0 ∈ Z[ 2]\{0}, ∃q, r ∈ Z[ 2] tel que : z = q z 0 + r et |N (z )| < |N (z 0 )|. p Déteminer alors tous les ideaux de Z[ 2]. 7 Divisibilité dans un anneau commutatif Définition 7.1 Soient A un anneau commutatif intègre et a ,b ∈ A. on dit que a divise b et on ecrit a /b s’il existe c ∈ A tel que b = a c Remarque 7 a /b si et seulement si b ∈ 〈a 〉. Propriété 7.1 a /b ⇐⇒ 〈b 〉 ⊂ 〈a 〉 Preuve =⇒) Soit x ∈ 〈b 〉, donc ∃p ∈ A tel que : x = pb , b = c a donc x = p c a ∈ 〈a 〉 ⇐=) b ∈ 〈b 〉 ⊂ 〈a 〉, donc ∃c ∈ A, b = c a et par suite a /b Théorème 7.1 Les idéaux de Z sont de la forme n Z Preuve Vient du fait que les sous groupes de (Z, +) sont de la forme n Z, et que pour tout n ∈ N, n Z est un idéal de Z. Application Soient p,q ∈ Z, on a p Z +q Z et p Z ∩q Z sont des idéaux de Z, il existe donc deux entiers d , m tel que p Z + q Z = d Z et p Z ∩ q Z = m Z. Montrons que d = pgcd(p, q) et m = ppcm(p, q). • d = pgcd(p, q) p Z ⊂ p Z + q Z = d Z =⇒ d /p et de même d /q Soit r un diviseur commun de p et q , on aura p Z ⊂ r Z et q Z ⊂ r Z donc p Z + q Z ⊂ r Z c’est à dire d Z ⊂ r Z et par suite r /d , ainsi d = pgcd(p, q). • m = ppcm(p, q) m Z = p Z ∩ q Z ⊂ p Z donc p /m et de même q /m . Soit M un multiple commun de p et q , on aura M Z ⊂ p Z et de même M Z ⊂ q Z, ce qui fait que m Z ⊂ p Z ⊂ q Z = m Z ainsi m /M et par conséquent m = ppcm(p, q). d ∈ N, m ∈ N, d Z = p Z + q Z ⇐⇒ d = pgcd(p, q) m Z = p Z ∩ q Z ⇐⇒ m = ppcm(p, q) De ces résultats on déduit les deux fameux théorèmes. Théorème 7.2 (Théorème de Bezout) p et q premiers entre eux ⇐⇒ ∃u , v ∈ Z, p u + q v = 1 Preuve Le sens indirect est évident. Pour le sens direct, p g c d (p,q ) = 1, d’après ce qui précéde, Z = p Z + q Z, l’identité de Bezout en découle en disant que 1 ∈ Z = p Z + q Z et donc il existe p,q ∈ Z tel que 1 = u p + v q . Théorème 7.3 (Théorème de Gauss) p /a b et p premier avec a =⇒ p /b 8 L’anneau K[X ] Théorème 8.1 Si I est un idéal non nul de K[X ], alors il existe un unique polynôme unitaire π tel que I =< π > Preuve Pour l’existence, on s’inspire du cas de Z, du fait que Z et K[X ] ont la propriété commune d’être des anneaux "euclidiens". En effet : Soit I un idéal de K[X ], Soit n = min{deg P, P ∈ I \{0}} Soit P0 un polynôme réalisant ce minimum, en divisant par son coefficient dominant, on se ramène à un polynôme unitaire π tout en restant dans I , I est un idéal de K[X ], donc < π >⊂ I , soit maintenant P ∈ I , on effectue la division euclidienne par P, P = Qπ + R, avec deg R < n ou R = 0. R = P −Qπ, donc R ∈ I et par minimalité de π, on obtient R = 0 et donc P = Qπ. Pour l’unicité, on utilise le fait que si P et Q sont deux polynômes qui se divisent mutuellement, alors ils sont associés et si en plus ils sont unitaires alors ils seront égaux. Application Comme pour Z si P et Q sont deux polynômes non nuls de K[X ], alors < P > + < Q > et < P > ∩ < Q > sont des ideaux de K[X ], donc ils existent deux polynômes unitaires D et M tels que : < P > + < Q >=< D >, < P > ∩ < Q >=< M > D est alors le PGCD de P et Q, M le PPCM de P et Q. Nous avons aussi : Théorème 8.2 (Théorème de Bezout) P et Q deux polynômes premiers entre eux, alors : il existe U , V ∈ K[X ], U P + VQ = 1 Théorème 8.3 (Théorème de Gauss) D/PQ et P premier avec Q, alors : P/Q 9 Polynôme minimal A une K algèbre, a ∈A. L’application ϕ : K[X ] n X P= akXk −→ A k =0 morphisme d’algèbre : → P(a ) = n X k =0 akak est un (PQ)(a ) = P(a )Q(a ). (P + λQ)(a ) = P(a ) + λQ(a ). ϕ(1) = 1A Supposons que ϕ n’est pas injective, alors ker ϕ est un idéal non nul de K[X ], il existe un polynôme Πa unitaire unique tel que : ker ϕ =< Πa >= {QΠa , Q ∈ K[X ]} Πa est l’unique polynôme unitaire tel que : Πa (a ) = 0 et ∀P ∈ K[X ], P(a ) = 0 =⇒ Πa /P. Définition 9.1 Πa s’appelle le polynôme minimal de a , et tout polynôme de ker ϕ s’appelle un polynôme annulateur de a . Notation : Imϕ = {P(a), P ∈ K[X]} est noté K[a ]. Exemples 1 p 1 – R étant une Q algèbre, soit a = 2 + 1. 2 Nous avons (a − 1) = 2, donc a admet un polynôme minimal et Πa /(X − 1)2 − 2. Si deg Πa = 1, alors Πa = X + α, avec α ∈ Q. Or Πa (a ) = 0 et donc a = −α ∈ Q, ce qui est impossible, donc Πa = (X − 1)2 − 2 = X 2 − 2X − 1. 2 – u un endomorphisme nilpotent d’indice p ; u p = 0 et u p −1 = 6 0, le polynôme minimal de u est donc Πu = Xp. 1 3– a = 3 2 . M 2 (R) étant une R-algèbre. 4 7 10 a2 = = 5a + 2I 2 15 22 a n’est pas une matrice scalaire, donc elle ne peut pas annuler un polynôme de degré 1, et donc le polynôme minimal de a est : Πa = X 2 − 5X − 2 4 – Dans l’algèbre L (R[X ]) soit u l’endomorphisme Q → Q 0 . Supposons qu’il existe un polynôme n P P = a k X k annulateur de u ; n P k =0 k =0 a k u k = 0, en appliquant par exemple au polynôme de degré n : Q = X n , on obtient n P a k Q (k ) , mais on sait que la famille (Q (k ) )0≤k ≤n est libre, donc k =0 ∀k : a k = 0. On déduit que u n’admet pas polynôme minimal. Propriété 9.1 K[a ] est la plus petite sous algèbre de A contenant a . Preuve Du fait que ϕ est un morphisme d’algèbre alors K[a ] = Imϕ est une sous algèbre en plus contenant a . Soit B une sous algèbre de A contenant a , donc ∀k ∈ N, a k ∈ B , et par combinaison linéaire, on aura ∀P ∈ K[X ], P(a ) ∈ B , d’où K[a ] est la plus petite sous algèbre de A contenant A . Proposition 9.1 Si A est intègre, alors Πa est irréductible. Preuve Soient P et Q deux polynômes tels que Πa = PQ. 0 = Πa (a ) = P(a )Q(a ) et A intègre, donc P(a ) = 0 ou Q(a ) = 0, et par suite Πa divise P ou Q, et comme déja P et Q divisent Πa , donc (Πa et P) ou (Πa et Q ) sont associés, d’où l’irréductibilité de Πa . Proposition 9.2 a admet un polynôme minimal ssi K[a ] est une sous-algèbre de dimension finie, et dans ce cas dim K[a ] = deg Πa . Preuve =⇒) On suppose que a admet un polynôme minimal Πa de degré égal à n . Soit P(a ) ∈ K[a ], on effectue la division euclidienne de P par Πa , il existe Q, R ∈ K[X ] tel que P = QΠa + R, avec R = 0 ou deg R < n, on applique à a , on obtient P(a ) = R(a ) = n −1 X k =0 b k a k ∈ vect{1, a, .., an−1 } On en déduit que la famille {1, ..., a n−1 } est génératrice de K[a ], et donc K[a ] est de dimension finie. Montrons maintenant que dim K[a ] = n , pour cela on vérifie que cette famille est libre. n−1 P Soit (a k )0≤k ≤n−1 des scalaires tels que a k a k = 0, le polyk =0 nôme nP −1 a k X k est donc un polynôme annulateur de a de degré P= k =0 strictement inférieur à n , par minimalité de Πa , P ne peut être que le polynôme nul, ce qui fait que les scalaires a k sont tous nuls. ⇐=) On suppose que K[a ] est un K-ev de dimension finie égale à n, la famille (a k )0≤k ≤n est constituée de n + 1 vecteurs, donc elle est liée, c’est à dire l’existence de scalaires (a k )0≤n non tous nuls tels que n n P P a k X k est donc un polynôme non nul ana k a k = 0, P = k =0 k =0 nulateur de a , d’où l’existence du polynôme minimal. 10 Compléments Proposition 10.1 On suppose que a admet un pomi, si P ∈ K[X ] alors P(a ) est inversible dans K[a ] ssi P est premier avec Πa . Preuve =⇒) Soit x = P(a ) un élément inversible, donc il existe Q ∈ K[X ] tel que P(a )Q(a ) = 1, et dans ce cas Πa /1 − PQ, il existe U ∈ K[X ] tel que U Πa +PQ = 1, c’est l’identité de bezout qui est réalisée, d’où P et Πa sont premiers entre eux. ⇐=) On n’a qu’à remonter le sens direct. Théorème 10.1 Si A est intègre alors K[a ] est un corps. Preuve Soit P(a ) un élément non nul de A , donc Πa ne divise pas P et comme Πa est irréductible, donc Πa et P sont premiers entre eux, et en utilisant la proposition précédente x = P(a ) est non inversible. Exercice 12 Soit a une racine complexe de X 3 + X + 1, déterminer le polynôme minimal de a sur Q et donner les coordonnées de a 5 dans {1, a , a 2 } Exercice 13 A une algèbre et a un élément de A . On suppose que a admet un pomi, Montrer que si P ∈ K[X ] alors P(a ) est inversible dans K[a ] ssi P est premier avec Πa . Exercice 14 A une algèbre et a un élément de A admettant un pomi. Montrer que si A est intègre alors K[a ] est un corps. Exercice 15 C étant considéré comme une Q algèbre, a un élément algèbrique de C, montrer que les racines du polynôme minimal de a sont toutes simples