Cohomologie Galoisienne Mrozinski Colin Laboratoire de Mathématiques, CNRS UMR 6620 & Université Clermont-Ferrand II, France Séminaire des doctorants Notation • G est un groupe profini Exemple • G fini • G compact et totalement discontinu • G = Gal(Ω/k ) := GΩ • A est un groupe topologique discret abelien sur lequel G agit continuement par homomorphisme. On note G y A et (g, a) 7→ g.a. Groupes de cohomologie • Soit C n (G, A) l’ensemble des applications continues de Gn dans A. • On définit les applications de bord dn : C n (G, A) → C n+1 (G, A) par la formule dn (f )σ1 ,...,σn+1 = σ1 .fσ2 ,...,σn+1 + n X (−1)i fσ1 ,...,σi σi+1 ,...,σn+1 i=1 + (−1)n+1 fσ2 ,...,σn Définition • Un n-cocycle de G à valeurs dans A est une application α ∈ C n (G, A) telle que • α ∈ ker (dn ) • ασ1 ,...,σn = 1 dès que σi = 1 pour un certain i • On note Z n (G, A) l’ensemble des n-cocycles Définition • Un n-cobord de G à valeurs dans A est une application α ∈ C n (G, A) telle que • α ∈ Im(dn−1 ) • ασ1 ,...,σn = 1 dès que σi = 1 pour un certain i • On note B n (G, A) l’ensemble de n-cobords Définition On définit le n-ième groupe de cohomologie H n (G, A) := Z n (G, A)/B n (G, A) L’exemple de H 1 (G, A) Notons A multiplicativement et explicitons la construction de H 1 (G, A) : • Un 1-cocycle est une application continue α : G × G → A, σ 7→ ασ telle que : αστ = ασ σ.ατ ∀σ, τ ∈ G • 2 cocycles α, α0 ∈ Z 1 (G, A) sont cohomologues si il existe a ∈ A tel que ασ = aασ0 a−1 ∀ σ ∈ G L’exemple de H 2 (G, A) Explicitons la construction de H 2 (G, A) : • Un 2-cocycle est une application continue α : G × G → A, σ 7→ ασ telle que, ∀σ, τ ρ ∈ G σ.ασ,τ ασ,τ ρ = αστ,ρ ασ,τ et ασ,1 = α1,σ = 1 • 2 cocycles α, α0 sont cohomologues si il existe φ : G → A continue telle que φ(1) = 1 et 0 = (σ.φ(τ ))φ(στ )−1 φ(σ)ασ,τ ∀σ, τ ∈ G ασ,τ Suite exacte en cohomologie Soit 1 /A ι /B π /C /1 une suite exacte où ι(A) ⊂ Z (B). Il existe des applications δ 0 : C G → H 1 (G, A) δ 1 : H 1 (G, C) → H 2 (G, A) telle que la suite 1 → AG → B G → C G → H 1 (G, A) → H 1 (G, B) → H 1 (G, C) → H 2 (G, A) est exacte. Soit G un groupe fini, A un groupe abelien sur lequel G agit par automorphismes. Définition Une extension de G par A est une suite exacte 1 /A ι /E π /G /1 telle que • E agit sur A par automorphismes interieurs • Cette action étend celle de G sur A : xι(a)x −1 = ι(π(x).a) ∀x ∈ E, ∀a ∈ A Exemple E un groupe fini, A C E et G = E/A Définition • Deux extensions E, E 0 de G par A sont équivalentes si il existe un isomorphisme f : E → E 0 tel que le diagramme suivant commute : 1 /A ι 1 /A ι /E π /G /1 π /G /1 f / E0 • On dit qu’une extension est centrale si ι(A) est centrale dans E. Une interpretation de H 2 (G, A) Théorème 1. H 2 (G, A) est en bijection avec les classes d’équivalence d’extensions de G par A. 2. Supposons de plus que G agisse trivialement sur A, alors H 2 (G, A) est en bijection avec les classes d’équivalence d’extensions centrales de G par A. La théorie de Galois inverse Question principale Soit k un corps. Décrire les groupes G tel qu’il existe une extension galoisienne k ⊂ Ω de groupe G. En générale, on étudie le problème pour k = Q. Dans ce cas : Théorème (Schafarevitch) Tout groupe resoluble est groupe de Galois d’une extension de corps de nombre. Utilisation de la cohomologie (galoisienne) Soit 1 /A ι / G0 π /G /1 une extension centrale de G par A de classe [α] ∈ H 2 (G, A). Question de théorie de Galois inverse Soit k ⊂ Ω une extension de groupe G. Existe-t-il une extension k ⊂ Ω0 de groupe G0 telle que Ω0A = Ω? Problème de relevement équivalent Notons ks une extension séparable de k et soit f : Gks → G un morphisme surjectif continu. Existe-t-il un morphisme surjectif continu f 0 : Gks → G0 tel que le diagramme suivant commute : Gks f0 / G0 π Gks f /G Réponse de la cohomologie (galoisienne) Théorème Le problème de relevement à une solution si et seulement si f ∗ ([α]) = 0 ∈ H 2 (Gks , A) Notation Dans la suite, on note : • Ck la catégorie des extensions de k • Ens la catégorie des ensembles • Grpe la catégorie des groupes • Si F : Ck → Ens est un foncteur, K , L des extensions de k et ι : K → L un morphisme d’extension, pour a ∈ F(k ) on notera aL := F(ι)(a) dans F(L). • Si un groupe G agit sur un ensemble F, on note cette action par ∗ Définition Soient F : Ck → Ens un foncteur et G : Ck → Grpe un foncteur en groupe. On dit que G agit sur F si : 1. Pour chaque extension k ⊂ K , le groupe G(K ) agit sur F(K ). 2. Pour tout morphisme d’extensions ι : K → L, le diagramme suivant est commutatif : G(K ) × F(K ) G(ι),F(ι) G(L) × F(L) / F(K ) F(ι) / F(L) Notation Dans la suite, on notera • G y F à la place de “G : Ck → Grpe est un foncteur en groupe agissant sur un foncteur F : Ck → Ens ” • k ⊂ K ⊂ Ω à la place de ”k ⊂ K est une extension et K ⊂ Ω est une extension galoisienne“ Définition Soit G y F. Pour toute extension k ⊂ K , on définit une relation d’équivalence ∼K sur F(K ) : a ∼K a0 ⇐⇒ ∃g ∈ G(K ) tel que a = g ∗ a0 On note [a]K la classe d’équivalence correspondante. Problème de descente galoisienne Soit G : Ck → Grpe un foncteur en groupe agissant sur un foncteur F : Ck → Ens. Soit k ⊂ Ω une extension galoisienne et a, a0 ∈ k . 0 . A-t-on a ∼ a0 ? Supposons que aΩ ∼Ω aΩ k Définition Soit a ∈ F(k ), k ⊂ K ⊂ Ω. Un élément a0 ∈ F(K ) tel que 0 est appelé une K -forme tordue de a. aΩ ∼Ω aΩ On note Fa (Ω/K ) l’ensemble des classes de K -équivalence des K -formes tordues de a : 0 Fa (Ω/K ) := [a0 ]K ; a0 ∈ F(K ) et aΩ ∼Ω aΩ Soit a ∈ F(k ), k ⊂ K ⊂ Ω et soit G y F. On a une action de GΩ sur F(Ω) et G(Ω) telle que σ.(g ∗ a) = (σ.g) ∗ (σ.a) ∀σ ∈ GΩ , a ∈ F(Ω) and g ∈ G(Ω) Définition Un foncteur F : Ck → Ens satisfait la condition de descente si pour chaque k ⊂ K ⊂ Ω, l’application F(K ) → F(Ω) est injective et induit une bijection F(K ) ' F(Ω)GΩ À partir de maintenant, tout foncteur F : Ck → Ens satisfera la condition de descente galoisienne. Définition Soit G y F. Pour chaque a ∈ F(k ) et chaque extension k ⊂ K , posons StabG (a)(K ) := g ∈ G(K ); g ∗ aK = aK Pour chaque morphisme d’extension K → L, l’application G(K ) → G(L) se restreint en une application StabG (a)(K ) → StabG (a)(L). On a donc un sous-foncteur StabG (a) : Ck → Grpe Le foncteur de cohomologie galoisienne Soit k ⊂ K un extension et K ⊂ Ω une extension galoisienne. GΩ est un groupe profini. On peut donc construire le groupe de cohomologie galoisienne H 1 (GΩ , StabG (a)(Ω)), ainsi que le foncteur de cohomologie galoisienne H 1 (−, StabG (a)) : Ck → Ens∗ par H 1 (−, StabG (a))(K ) := H 1 (GKs , StabG (a)(Ks )) où K ⊂ Ks est une clôture séparable de K . Lemme de descente galoisienne Théorème Soit G y F, a ∈ F (k ). Alors pour chaque k ⊂ K ⊂ Ω, on a une bijection Fa (Ω/K ) ' ker H 1 (GΩ , StabG (a)(Ω)) → H 1 (GΩ , G(Ω)) fonctorielle en K ⊂ Ω. En particulier, si H 1 (−, G) = 1, on a un isomorphisme de foncteurs Fa ' H 1 (−, StabG (a)) Classification des algèbres Définition 1. Une k -algèbre simple centrale est une k -algèbre simple de centre k. Classification des algèbres Définition 1. Une k -algèbre simple centrale est une k -algèbre simple de centre k. 2. On note CSAn : Ck → Ens∗ le foncteur des classes d’isomorphismes des algèbres centrales simples de dimensions n2 Classification des algèbres centrales simples Définition 1. Une k-algèbre centrale simple est une k-algèbre simple de centre k. 2. On note CSAn : Ck → Ens∗ le foncteur des classes d’isomorphismes des algèbres centrales simples de dimensions n2 3. On note PGLn : Ck → Grpe le foncteur PGLn (K ) := AutK −alg (Mn (K )) Théorème On a un isomorphisme de foncteurs CSAn ' H 1 (−, PGLn ) Classification des algèbres étales Définition 1. Une k-algèbre commutative A est dite étale si elle verifie l’une des conditions équivalentes suivantes : • A ' k [X ]/(f ) où f est un polynôme séparable. • A ⊗ ks ' ks × · · · × ks Classification des algèbres étales Définition 1. Une k-algèbre commutative A est dite étale si elle verifie l’une des conditions équivalentes suivantes : • A ' k [X ]/(f ) où f est un polynôme séparable. • A ⊗ ks ' ks × · · · × ks 2. On note Étn : Ck → Ens∗ le foncteur des classes d’isomorphismes des algèbres étales de dimension n Théorème On a un isomorphisme de foncteurs Étn ' H 1 (−, Sn ) où Sn est considérer comme un GKs -groupe trivial pour toute extension k ⊂ K . Spoiler alert La cohomologie galoisienne permet de classifier • Les algèbre galoisiennes • Les espaces principaux homogènes • Les formes quadratiques (en particulier en construisant l’invariant de Hasse) • Applications en théorie de Galois inverse (problème du plongement Galoisien, forme trace, problème de Noether...) • Et j’imagine que ça doit pouvoir prouver Riemann, mais qui ça interesse?...