CORPS DE FONCTIONS DE VARIÉTÉS HOMOGÈNES
ET COHOMOLOGIE GALOISIENNE
Emmanuel Peyre
Résumé. — Soit Vune variété de drapeaux généralisée sur un corps k. Il
existe alors des extensions finies kide kpour 16i6m, des éléments αidu groupe
de Brauer de kiet une suite exacte naturelle
m
M
i=1
k
i
Nki/k(.αi)
KerH3(k,Q/Z(2))H3(k(V),Q/Z(2))CH2(V)tors
0.
Hi(k,Q/Z(2)) désigne le groupe de cohomologie galoisienne à valeur dans
Q/Ztordu deux fois et CH2(V)le groupe de Chow des cycles de codimension
deux modulo l’équivalence rationnelle.
Abridged English Version – For any field Lwe denote by Lsa separable clo-
sure of L. For any discrete Gal(Ls/L)-module M,Hi(L, M)is the Galois coho-
mology group of degree iwith coecients in M. If Lis a finite extension of L,
we denote by NL/L the corestriction map from Hi(L, M)to Hi(L, M). If ai
belongs to kfor 16i6nthen (ai)denote their images in H1(k, Z/2Z)and
(a1,...,an)the cup-product (a1)···(an). The Galois cohomology groups with
coecients in Q/Ztwisted twice are denoted by Hi(L, Q/Z(2)) and the Brauer
group of Lby BrL.
Let Vbe an integral smooth variety over a field L. Then Vsdenotes the pro-
duct V×Spec LSpec Ls. The function field of Vis denoted by L(V). The group
CHi(V)is the Chow group of cycles of codimension imodulo rational equiva-
lence. For any i>0, the sheaf Kiis the sheaf for Zariski topology corresponding
to the presheaf which maps an open set Uto Ki(U), the i-th group of Quillens
C. R. Acad. Sci. Paris Sér. I Math. 321 (1995), 891–896
2EMMANUEL PEYRE
K-theory. A generalized flag variety over Lis a projective variety over Lwhich is
homogeneous under the action of a connected linear algebraic group.
Theorem 1. — Let Vbe a generalized flag variety over a field k. Let Gbe the
Galois group of ksover k. Then the Picard group of Vsis a permutation module.
Thus it may be written as Ln
i=1 Z[G/Hi]where the groups Hiare open subgroups
of G. Let kibe the corresponding fields. There exist elements αiof Brkiand a natural
complex
m
M
i=1
k
i
Nki/k(.αi)
H3(k, Q/Z(2)) H3(k(V),Q/Z(2))
the homology of which is isomorphic to the torsion subgroup of CH2(V). In particu-
lar, this homology is finite.
The proof, which is a generalization of the proof of the main result in [Pe2], is
based upon a result of Bruno Kahn [Kah, corollaire 3.2] giving an isomorphism
KerH3(k, Q/Z(2)) H3(k(V),Q/Z(2))˜
H1(G, K2ks(V)/K2ks),
proposition 3.6 of [CTR], which yields an exact sequence
H1(Vs,K2)GH1(G, K2(ks(V))/H0(Vs,K2))
Ker(CH2(V)CH2(Vs)) H1(G, H1(Vs,K2))
and the following proposition :
Proposition 1. — The group Li,jNHj(Vs,Ki+j)is a free LiNKiks-module
with a canonical basis which is invariant under the action of Gal(ks/k). In particular
if i>0,
H1(Gal(ks/k), Hi(Vs,Ki+1)) = 0.
We then apply theorem 1 to get the following proposition :
Proposition 2. — Let kbe a field of characteristic dierent from 2 and contai-
ning a fourth root of unity. Let aibe elements of kfor 16i66. Let Vbe the
product of the four conics corresponding to the symbols (a2, a5),(a4, a1),(a6, a3)
and (a2a4a6, a1a3a5). Then (a1, a2, a3) + (a4, a5, a6)H3(k, Z/2Z)maps to 0in
H3(k(V),Z/2Z). In general, this defines a nontrivial element in CH2(V)tors.
VARIÉTÉS HOMOGÈNES ET COHOMOLOGIE GALOISIENNE 3
1. Notations et énoncé du résultat.
Pour tout corps L, on note Lsune clôture séparable de L. Pour tout Gal(Ls/L)-
module discret M, les groupes de cohomologie galoisienne Hi(Gal(Ls/L), M)
sont désignés par Hi(L, M). Si Lest une extension finie de L, on note NL/L
l’application de corestriction de Hi(L, M)àHi(L, M). Si la caractéristique de
Lne divise pas nalors µndésigne le groupe des racines n-ièmes de l’unité dans
Ls. Si Lest un corps de caractéristique exponentielle p,iun entier positif et jun
entier, on pose (cf. [Kah])
Hi(L, (Q/Z)(j)) = lim
(p,n)=1
Hi(L, µj
n)
et, si j= 0,1ou 2,
Hi(L, Qp/Zp(j)) = lim
r
Hij(L, Kj(Ls)/pr).
Si j= 0,1ou 2, on pose alors
Hi(L, Q/Z(j)) = Hi(L, (Q/Z)(j)) Hi(L, Qp/Zp(j)).
Si Vest une variété sur Let Lune extension de L,VLdésigne V×SpecL
Spec Let Vsla variété VLs. Si Vest intègre, k(V)désigne son corps de fonc-
tions. Le faisceau Kiest le faisceau pour la topologie de Zariski sur Vassocié
au préfaiseau U7→ Ki(U)Ki(U)désigne le i-ème groupe de K-théorie de
Quillen. Si Gest un groupe algébrique linéaire semi-simple, une variété de dra-
peaux généralisée sous Gest une variété projective qui est homogène sous G.
Le but de cette Note est de montrer le théorème suivant
Théorème 1. — Soit Gun groupe algébrique linéaire semi-simple sur un corps k
de groupe de Galois absolu G. Soit Vune variété de drapeaux généralisée sous G.
Alors le groupe de Picard de Vsest un module de permutation et se met donc sous
la forme Lm
i=1 Z[G/Hi]où les Hisont des sous-groupes ouverts de G. Soient kiles
corps correspondants. Il existe des classes αide Brkiet un complexe naturel
m
M
i=1
k
i
Nki/k(.αi)
H3(k, Q/Z(2)) H3(k(V),Q/Z(2))
dont l’homologie est canoniquement isomorphe au sous-groupe de torsion de CH2(V).
En particulier, cette homologie est finie.
4EMMANUEL PEYRE
2. K-cohomologie d’une variété de drapeaux généralisée.
Soient kun corps de clôture séparable kset Gle groupe de Galois de kssur
k. Soit Gun groupe algébrique linéaire semi-simple sur ket Vune variété de
drapeaux généralisée sous G. On fixe un sous-groupe parabolique Pde Gstel
que Vssoit isomorphe à P\Gset un sous-groupe de Borel Bde P. Soit Tun
tore maximal de B,Φl’ensemble des racines de Tdans Gset Wle groupe de
Weyl correspondant. La lettre désigne la base de Φcorrespondant à B. Pour
tout J,PJdésigne le sous-groupe parabolique correspondant, WJle sous-
groupe de Wengendré par les symétries sαpour αJet WJl’ensemble des
uniques éléments de longueur minimale dans les classes WJwlorsque wdécrit
W. On note WJ
ile sous-ensemble de WJdes éléments de longueur iet VJla
variété PJ\Gs. Pour tout wW,Xw,J désigne l’adhérence de l’image dans VJde
la double classe BwB. L’élément le plus long dans WJest noté wJ.
Proposition 1. — Avec les notations qui précèdent, le groupe Li,jNHj(VJ,Ki+j)
est un LiNKiks-module libre muni d’une base canonique donnée par les classes
[XJ,w]dans Hi(VJ,Ki)pour wappartenant à WJ
dimVJi. En outre l’application
w7→ wJwwinduit une bijection de WJ
idans WJ
dimVJiet, en posant ¯
w=wJww,
on obtient dans l’anneau de Chow LiNHi(VJ,Ki), la relation
(w, w)WJ
i×WJ
dimVJi,[XJ,w].[XJ,w] = δ¯
w,w[XJ,e]
[XJ,e]est la classe d’un point.
Démonstration. Soit πJ:GVJla projection canonique. Par [Bo, theorem
21.29], les sous-variétés πJ(BwB)pour wWJforment une décomposition cel-
lulaire de VJet pour tout wde WJla dimension de πJ(BwB)est égale à l(w).
Or les groupes Hi(VJ,Ki)coïncident avec CHi(VJ). Donc par [Fu, example
1.9.1], les classes [XJ,w]pour wappartenant à WJ
dimVJiengendrent Hi(VJ,Ki).
D’après [Dem, corollaire page 69], il s’agit d’une base lorsque J=;.
Un calcul élémentaire sur les longueurs montre que, si wWJ
i, alors wJww
appartient à WJ
dimVJi. On note π;,J :V;VJla projection canonique. Soit w
un élément de WJ
iet wun élément de WJ
dimVJi. Par [Bo, 21.29], π;,J (π;(BwJwB))
coïncide avec πJ(BwB). Comme l(wJw) = dim(V;)dim(VJ) + l(w), on obtient
VARIÉTÉS HOMOGÈNES ET COHOMOLOGIE GALOISIENNE 5
que π1
;,J (XJ,w) = X;,wJw. En appliquant [Dem, proposition 3.1] et [Fu, propo-
sition 8.3], on obtient
[XJ,w].[XJ,w] = [XJ,w].π;,J ([X;,w]) = π;,J (π
;,J ([XJ,w]).[X;,w])
=π;,J ([X;,wJw].[X;,w]) = π;,J (δwJw,ww[X;,e])
=δ¯
w,w[XJ,e].
Les éléments [XJ,w]pour wWJforment donc une base de l’anneau de Chow
et la formule d’intersection est démontrée.
Choisissons maintenant une bijection de {1,...,N}dans WJtelle que, si i6
i, alors l(wi)>l(wi). Pour tout icompris entre 0et Non note Oil’ouvert
Sj6iπJ(BwjB). Nous allons démontrer par récurrence sur ique, pour tout itel
que 16i6N, le LjNKjks-module Lj,lNHl(Oi,Kj+l)est libre avec une
base donnée par les classes
hπJ(BwjB)iHdim VJl(wj)(VJ,KdimVJl(wj))
jdécrit {1,...,i}. Pour i= 1 on a que l’ouvert O1est isomorphe à l’espace
ane de dimension dim VJet le résultat est une conséquence du théorème d’ho-
motopie pour la K-cohomologie (cf. [Sh, theorem 2.4]). Supposons le résultat
connu pour i1. Alors Ui=OiOi1=πJ(BwiB)est isomorphe à l’espace ane
de dimension l(wi). Par le théorème d’homotopie, on obtient que Hp(Ui,Kq)
est isomorphe à Kqkssi pest nul et est trivial sinon. Or on a des suites exactes
longues
··· → Hpd(Ui,Kqd)Hp(Oi,Kq)
Hp(Oi1,Kq)p,q
i
Hp+1d(Ui,Kqd)→ ···
d= dim VJl(wi). Mais si p > d, alors le groupe Hpd(Ui,Kpd)est trivial
et p1,p
i= 0. Si, par contre, p=d, alors sachant que
rk(Hp(VJ,Kp)) = #WJ
dim VJp=X
{i|l(wi)=dim VJp}
rk(Coker p1,p
i),
on obtient que les applications p,p1
isont triviales. Mais les morphismes i
sont Kks-linéaires et par hypothèse de récurrence LiNHp(Oi1,Kp+i)est
un LiNKiks-module libre. Donc toutes les applications p,q
isont nulles. En
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