Courir de Paris à Pékin : quelles adaptations biomécaniques et musculaires ? MILLET Guillaume, MORIN JeanJean-Benoît, DEGACHE Francis, VERNEY Julien, FEASSON Léo, OULLION Roger Roger Laboratoire de Physiologie de l’Exercice, EA 4338, Université de Saint-Etienne - email : guillaume.millet@univ [email protected] INTRODUCTION • La course d’ultrad’ultra-endurance induit un certain nombre d’adaptations physiologiques et biomécaniques • On ne connaît pas la nature et l’amplitude de ces adaptations à la suite d’un effort aussi extrême que courir de Paris à Pékin • Le raid de Philippe Fuchs en 2008 est donc une occasion unique d’explorer les capacités d’adaptation d’un organisme humain soumis à un effort de ce type. type. • Ici la force musculaire, la biomécanique de la foulée et l’économie l’économie de course ont été étudiées. But de l’étude : examiner les modifications de la technique de course et de la force musculaire des quadriceps induites par 8500 km de course à pied en 161 jours. FORCE MUSCULAIRE BIOMÉ BIOMÉCANIQUE DE LA FOULÉ FOULÉE PRE POST 0.30 0.27 0.24 (1) 0.21 0.18 0.15 8 10 12 14 16 Temps de suspension (s) 0.15 0.12 (2) 0.09 0.06 0.03 0.00 8 10 12 14 16 Fréquence (Hz) 3.5 3.4 (3) 3.3 3.2 3.1 3.0 8 10 12 Vitesse (km/h) 14 16 95 75 (4) 55 35 Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la force du quadriceps avant et après le raid Paris-Pékin en fonction de la vitesse de contraction (de -30°/s à +240 °/s) : 160 -9% 140 M om ent de force (Nm ) Temps de contact au sol (s) 0.33 Oscilations verticales (J/kg/m) Charge moyenne début appui (% BM) 9 Les modifications de la foulée ont été étudiées grâce à un tapis roulant instrumenté qui permet d’analyser les forces au sol dans les 3 dimensions 9 Philippe a été testé avant et après le raid à 5 vitesses différentes différentes (8 à 16 km/h) sur le plan biomécanique et énergétique (consommation d’oxygène) AVANT APRES -22% -22% 120 -25% 100 -28% 80 60 40 15 8 10 12 14 16 1.0 20 0 - 30°/s 0.8 0.4 60°/s 120°/s 180°/s 240°/s Vitesse de contraction 0.6 (5) 0.2 8 10 12 Vitesse (km/h) 14 16 Ces larges modifications de technique de course sont associées avec une très légère hausse de la dépense énergétique à vitesse donnée, i.e. une mineure dégradation de l’économie de course 9 Résumé des principaux résultats présentés cici-dessus : (1) pas de changement de temps passé au sol à chaque foulée, (2) Ì nette de la phase aérienne et par conséquent (3) Ê de la fréquence de foulée 9 Cela permet de (4) diminuer les variations verticales du centre de gravité et (5) de diminuer la charge imposée à chaque appui. Philippe est donc moins fort musculairement après le raid. Les pertes de force ne sont pas constantes Ö elles augmentent avec la vitesse de contraction. La perte de force supérieure aux vitesses de contractions élevées peut s’expliquer par des modifications du type de fibres musculaires (muscle plus lent) et/ou par des adaptations du système nerveux central. La faiblesse musculaire est associée avec une perte de 3 à 5% de la circonférence du quadriceps. De pertes de masse grasse (-5% au moment du test soit 3 semaines après la fin du raid) expliquent sans doute en grande partie ce chiffre mais une perte de masse musculaire n’est pas à exclure. CONCLUSION D’importantes modifications dans la façon de courir de Philippe ont été notées. Toutes ces adaptations vont dans le sens d’un « lissage » de la foulée. Ceci peut être expliqué par une modification des qualités musculaires musculaires - mesurées grâce à l’ergomètre isocinétique - et/ou par une adaptation technique mise en place dans le but de minimiser les lésions induites par la course. Pour des efforts aussi extrêmes, l’économie de course n’est plus plus le facteur limitant : le coureur cherche avant tout à se préserver sur le plan musculomusculo-tendineux et articulaire.